@Marie75 Vous écrivez "J’ai l’impression comme Mélanie que c’est assez courant de ne pas associer l’apprentissage du nom des lettres à leur son en maternelle " Nous n’avons donc pas la même impression.
Je continue à vous citer pour plus de clarté : “une amie professeure des écoles m’a dit que pas mal d’enfants avaient du mal à l’arrivée en CP avec les consonnes occlusives à cause de ça (difficultés à comprendre que TU se lit tu et non pas téu par exemple).” Je suis d’accord avec le constat de la difficulté.
En revanche, les échanges de tout type que j’ai pu avoir tendent à montrer exactement l’inverse, c’est-à-dire qu’on s’applique à faire croire à l’enfant qu’il doit entendre des bruits qu’on appelle à tort des sons. Et on dit “pe” avec un souffle pour le e pour tenter de leur faire entendre le “son” de la lettre p.
Selon la définition que je donne au mot consonne une consonne est occlusive par définition. Il se trouve que ce dont vous parlez ce sont effectivement des occlusives. Les définitions sont comme les faits, elles sont têtues : le bruit de l’occlusive (donc de la lettre t que vous avez prise en exemple) est le bruit provoqué par l’ouverture des organes phonatoires nécessaire pour laisser passer l’air. Ce passage provoque un son (une voyelle ou une solsonne) dépendant de l’organisation de la cavité buccale à ce moment-là.
Avant l’ouverture l’air ne passe pas.
À l’ouverture il passe.
Quand il passe, il provoque deux effets à la fois : l’émission du bruit de l’ouverture, l’émission du son qui sort. Le bruit d’ouverture, c’est la consonne. Le son qui sort, c’est la voyelle.
Donc il n’y a un bruit d’ouverture que lorsqu’il y a un son qui sort. Autrement dit pour que les occlusives soient prononcées on est bien obligé de laisser sortir l’air ; bruit et son ou bruit et solsonne sont donc indissociables.
Ce qui gêne les jeunes enfants c’est qu’on s’applique à leur dire que lorsqu’ils voient p ils doivent entendre pe et qu’on est persuadé qu’on leur dit cela en prononçant le p seul, chose impossible puisqu’une voyelle, fut-elle e, est physiologiquement associée à la consonne. Comme tout le monde, lorsqu’ils voient la lettre p dans un mot ils entendent, pe, pa, pu, pin… ps, pf … mais pas p. Idem à la fin, ou rien.
Je continue en citant :
Vous dites que pour votre fille :" l’apprentissage des lettres est surtout axé sur l’écriture" ce serait une très bonne chose ou plutôt ce qui serait super serait l’écriture et la lecture intimement associées. Mais vous ajoutez que c’est “pour que les enfants puissent écrire des mots en capitales et qu’on les nomme par leur nom sans associer leur son”. Pour moi, écrire des mots en nommant les lettres, ce n’est pas écrire, c’est reproduire des dessins de lettres. Écrire, c’est produire du sens, c’est écrire ce que l’on pense. Il faut donc que le texte soit pensé par l’enfant et que, éventuellement, si on souhaite qu’une relation graphophonologique soit mise en évidence, il oralise sa production au fur et à mesure.
Je continue et termine en commentant le dernier paragraphe “en effet au milieu d’une phrase un mot se terminant par une consonne occlusive sera associé à la première lettre du mot suivant” Dont acte.
Suite du paragraphe “Mais si c’est le dernier mot de la phrase qui se termine par une occlusive, ou si le mot suivant commence par une consonne, il faut bien prononcer la consonne occlusive en faisant uniquement son bruit (lac de Côme, j’ai perdu mon sac, j’irai droit au but…)”
Je vais répondre d’abord à la dernière partie de la phrase : " si le mot suivant commence par une consonne, il faut bien prononcer la consonne occlusive en faisant uniquement son bruit (lac de Côme"). C’est le même cas de figure qu’en milieu de phrase : il y a une double fermeture, c puis d, mais c’est la même chose que le cas précédent.
Ensuite la 1ère partie de la phrase et l’exemple qui lui est associé. " Mais si c’est le dernier mot de la phrase qui se termine par une occlusive, (…) il faut bien prononcer la consonne occlusive en faisant uniquement son bruit (…) j’ai perdu mon sac, j’irai droit au but…)"
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Dans certaines régions les régions le mot termine sur la consonne, c’est-à-dire par un bruit, donc par définition par quelque chose que l’on n’entend pas (ce qui a pour effet de raccourcir la voyelle précédente, elle s’en trouve happée par la fermeture de la consonne). Donc on n’entend rien .
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Dans d’autres, la consonne se complète clairement d’un e : dans le midi on dit “j’ai perdu mon sake” en insistant sur “ke”.
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Dans d’autres encore, on ajoute cette voyelle de façon tellement discrète que l’on est persuadé ne pas l’ajouter. C’est ce qui se passe dans les écoles…. Dites “sac”. Si vous faites entendre le c, alors vous faites obligatoirement entendre une sorte de e derrière. Cela n’a rien à voir avec le nom de la lettre. Vous ne faites pas “uniquement son bruit”.
Prononcez à la suite : saccade, sac de pommes de terre, sac. Ensuite recommencez en faisant suivre “sac” prononcé comme à votre habitude de “a”. Faites la même chose avec iPad.
Entendez-vous que vous que la réalisation de c dans saccade, et dans sac de pommes de terre est la même ? C’est le bruit qui précède le a. Entendez-vous que dans “c’est mon sac” soit le c ne s’entend pas, soit son bruit s’entend accompagné d’un son plus ou moins long. Dites “C’est mon sac. Ah mais je le veux !” Vous constaterez en le disant de plus en plus vite que soit vous complétez le c soit vous le liez au a qui suit.
Peut-être la différence de prononciation du mot Salud! d’une région à l’autre d’Espagne, vous aidera-t-elle à comprendre ? Dans certaines régions on ne l’entend pas du tout.