Répartitions des niveaux, quand ça se passe mal... que faire ?


#1

Cette année nous sommes deux dans l’école sur six à suivre la démarche de Céline. Nous avons donc “coupé” nos classes en deux et avons chacun des MS / GS.
L’année prochaine un troisième collègue va se “lancer” ( chouette ! ) il a actuellement des PS, je me suis dit que l’on pourrait avoir chacun les trois niveaux de façon équilibrée ( 1/3 de chaque )
La directrice ne l’entend pas de cette façon, elle en a assez que les parents “comparent” nos classes et surtout ne sais pas quoi leurs répondre quand ils lui demandent de mettre leur enfant dans une des classes “montessori” ( j’ai beau lui dire que je n’ai pas une classe montessori, elle confond pédagogie et matériel …)
Elle nous propose de prendre tous les grands de l’école répartis en trois classes et de compléter avec quelques moyens, cela donnerait 20 GS et 7 ou 8 MS. Comme cela elle peut rassurer les parents, tous les enfants seront au moins une année dans une classe " innovante".
Cela ne ressemble plus du tout à la classe multi niveaux dont nous révions… :frowning:

Comment la convaincre de nous laisser les trois niveaux ?

Elle m’a déjà dit que de toute façon c’est elle qui trancherait. Elle souhaite brasser les élèves tous les ans pour ne pas avoir deux “circuits parrallèles” dans l’école.

Merci pour vos conseils !


#2

Bonjour,

Il est vrai que c’est elle qui a le dernier mot, mais toutefois je vois deux options:

  • en discuter avec les autres collègues. Si ces derniers n’y voient pas d’inconvénients, alors proposez de faire un vote sur la répartition au conseil des maîtres. Il serait quand même intenablepour un directeur de faire un choix contre l’avis de la majorité de ses adjoints.
  • discuter de ce projet avec l’ien de circonscription, en lui expliquant la nécessité du mélange des âges. C’est lui qui prend la décision en dernier recours, sa décision outrepasse celle de la directrice.

Je trouve incroyable que des collègues se voient interdits d’innover au prétexte que ça dérange ceux qui souhaitent ne rien changer dans leurs classes.
Je comprends bien que ça les embêtent que les parents demandent vos classes, ils se sentent remis en cause dans leurs compétences, mais ils devraient plutôt saisir l’occasion pour rebondir et modifier leurs pratiques eux aussi.


#3

Il faut bien avouer que cela met les autres collègues, et la directrice en particulier dans un situation délicate. Cela peut effectivement créer des tensions dans l’école si il y a deux “circuits parallèles”. Je vais peut-être me faire l’avocat du diable, mais je comprends son point de vue. Nous avons certes notre liberté pédagogique, mais là en plus nous prenons un peu en otage celle des autres collègues. C’est quand même violent pour eux, même si c’est pour le bien des enfants.

Vous êtes deux cette année, trois l’année prochaine… qui sait peut-être quatre, puis cinq ou six les autres années. Explore les pistes de Mélanie, mais quand même en restant conciliante et bienveillante avec les autres collègues, elles ont peut-être besoin d’un tout petit peu plus de temps pour se lancer.

Mais c’est sûr que 20GS et 8 MS, c’est pire que MS/GS moitié moitié. Il faudrait presque refuser cette proposition, en attendant des jours meilleurs !

La meilleure solution est vraiment de chercher à se regrouper… et à prendre des directions.


#4

Merci pour tes propositions !

C’est vrai qu’on" dérange ceux qui ne souhaitent rien changer dans leur classe", je m’en rend compte, l’ambiance n’est plus aussi bonne qu’avant… Au départ ils rigolaient gentiment en nous voyant retirer les bancs, puis des meubles…maintenant que les résultats sont là, ils sont moins critiques mais n’osent pas encore franchir le pas.

Je ne vais pas discuter avec l’inspectrice pour le moment, elle est en mode " prè-retraite" et a laissé la main à une conseillère qui nous critique beaucoup, je pense qu’on lui fait peur !!

Je vais continuer à expliquer l’importance du multi-niveaux dans cette pédagogie en espérant être suffisamment convaincante .

A suivre…


#5

C’est quand même violent pour eux, même si c’est pour le bien des enfants.

Tu as bien résumé la situation ! Je vais jouer la carte “conciliante et bienveillante”.

Les inscriptions ne sont pas finies, et s’il y a beaucoup de PS, ce sera peut-être une solution pratique de les répartir dans plusieurs classes.
Nous serons trois l’année prochaine et c’est déjà bien, soyons patients !


#6

Je trouve que c’est violent pour vous aussi d’être empêchés de travailler comme vous voulez, juste au motif que des collègues se sentent moins efficaces que nous.
Je trouve que c’est violent d’empêcher des enfants de “dépasser” les autres simplement parce que des collègues veulent se protéger du regard des parents d’élèves qui ne pourront bien sûr pas s’empêcher de comparer les classes. Il s’agit d’un nivellement par le bas pour ne pas créer de soit-disant injustice entre les enfants.

Dans votre cas, la création de 3 classes multi-âges est possible sans que les autres soient lésés, donc je trouve tout à fait injuste de vous en empêcher.


#7

Le problème se pose dans l’école de mes enfants, il y a quelques enseignants très attachés à des méthodes à l’ancienne (une maîtresse de GS commence à donner des devoirs aux élèves pour les habituer au CP !!!) et d’autres qui souhaiteraient adopter certains fonctionnements alternatifs mais qui sont bloqués dans cet élan par une répartition en niveaux stricts. Les tensions commencent à se sentir en Conseil d’école (je suis RPE).
Bref je n’ai pas de solution pour vous mais je trouve dommage qu’on ne vous laisse pas faire le test sur 3 ans, d’autant plus que le multi-niveau est le découpage classique dans la majorité des écoles de campagne et que ça n’a jamais choqué personne.


#8

Merci Mélanie pour ta ténacité ! Tu me redonnes de l’énergie et de l’espoir pour l’année prochaine.

On a justement une réunion demain entre nous et ce sera l’occasion pour moi de leur (re)montrer ma motivation à avoir 3 niveaux ! Non au nivellement par le bas !


#9

Il est assez rare que ce trait de caractère m’apporte des remerciements :stuck_out_tongue_winking_eye:
Le plus souvent c’est un fardeau. Merci. :blush:
Et bon courage pour la suite !


#10

La solution est de répartir les élèves des 3 classes (25 PS, 25 MS, 25 GS) avec un ou deux niveaux officiellement chacune mais de pratiquer un “open space” entre les trois classes avec des espaces dédiés différents dans les trois classes. Par contre, pour cela, il faut surement réorganiser votre école car les trois classes doivent être proches et au même étage.
Sinon vous pourriez, faire un petit sondage auprès des parents :
Souhaitez vous, dans la mesure du possible et du nombre de futurs élèves inscrits, que votre enfant soit :

  • dans une classe à un seul niveau
  • dans une classe à deux niveaux
  • dans une classe multi-âges à trois niveaux
  • sans avis
    Attention, nous essayerons de respecter ce sondage, mais il n’engage pas l’école à respecter scrupuleusement votre choix. Il s’agit d’une aide pour l’équipe éducative pour réaliser la répartition de nos futurs classes.

#11

C’est une pente glissante de demander aux parents de faire un choix. Je ne m’y risquerais pas.
Si j’avais fait cette proposition l’année dernière, nous n’aurions jamais fait une classe multi-âge, alors que finalement les familles sont ravies.
Et le cas inverse pourrait se produire: tout le monde demande la section multi-âges: comment procède-t-on alors pour sélectionner les chanceux ?


#12

… sans compter que cela risque d’ébranler un peu plus l’ambiance de l’école et les tensions entre les collègues si la balance penche un peu trop d’un côté ou de l’autre …

En revanche, l’idée de permettre aux élèves de “tourner” sur les trois classe est à travailler je pense.

Il y a deux ans, ma collègue ne souhaitait pas changer toute son organisation lors de sa dernière année avant la retraite ( ce que je comprenais fort bien). Elle m’envoyait donc ses élèves par petits groupes l’après-midi pendant que mes petits dormaient, pour qu’ils puissent bénéficier de mes activités pratiques… Une sorte de “décloisonnement détourné” que l’on ne pouvait pas nous reprocher :smiling_imp:


#13

Lors de ma formation de directeur, un inspecteur nous a rappelé que nous ne devons jamais oublier que les parents nous confient leur bien le plus précieux. Leur offrir une possibilité de coéducation est la meilleure solution pour une relation école-famille sereine et productive.
Les parents d’enfants, quand ils viennent inscrire leur enfant pour la première fois, ne franchissent pas la porte de l’école, vierge de toute expérience et de tous préjugés au sujet de l’école. Ils ne vous l’avoueront pas tout de suite, mais bien souvent, l’opinion qu’ils ont des enseignants et des directeurs d’école, est extrêmement négative et c’est la boule au ventre qu’ils vous confient leurs trésors. Persuadés que vous allez les maltraités psychologiquement, mais qu’ils n’ont pas le choix car ils faut aller à l’école, il faut passer par où ils sont passés, En quelques années de direction, j’ai entendu toute sorte de choses qui me laisse penser que nous devons réussir à regagner la confiance des parents en l’école. Quand vous réussissez à restaurer une relation de confiance, ils se confient à vous.
Très souvent leur phrases commencent par " Finalement …" " En fin de compte …" " Avec vous, ce n’est pas …" ou encore “la première année, j’ai payé la coopérative par trimestre, comme cela, si ça n’avait pas été bien, j’aurai pu la sortir de l’école”.
Pour regagner cette confiance, nous devons descendre de notre piédestal. Nous mettre à leur place. En tant que maman de cinq enfants, et alors même que je suis enseignante, j’ai été très souvent confrontée à ce sentiment d’impuissance devant l’injustice ou l’incompréhension dont ont été victimes mes enfants de la part de leurs enseignants.
Cela ne veut pas dire qu’ils doivent s’immiscer dans tous vos choix pédagogiques, ni même dans le choix de la maîtresse, on est bien d’accord à ce sujet. En leur demandant leur avis, concernant leurs enfants, pour lesquels, ils ont toujours pris toutes les décisions, vous gagnerez leur confiance avant même qu’ils aient mis un pied dans l’école.
Pour revenir à votre problème, je reste persuadée que demander l’avis des parents, ne vous amènera pas sur la pente glissante. Quand des parents ne connaissent pas les classes multi-âges, ils ont tendance à ne pas adhérer à cette organisation. Une fois qu’ils ont pu en voir les bienfaits, ils changent très souvent d’opinion. D’après ce que j’ai compris, dans votre école, le tiers ( 2 classes sur 6) des parents ont déjà fait ce pas. Vous précisez que ces parents ont contaminé d’autres parents des autres classes. Il y a fort à parier qu’en réalisant ce sondage, que la moitié, des parents souhaiteront la classe multi-âges. Et tout cela arrangera bien vos affaires, car vous êtes maintenant 3 collègues à avoir changé de pratiques.


#14

@Helene35 Penser l'organisation de l'espace en "école" plutôt qu'en "classes"


#15

Merci pour vos pistes de réflexions !

J’avais lu effectivement l’article sur l’organisation en école plutôt qu’en classe “fermée”, mais nos classes ne sont pas côte à côte( même si toutes au même étage), cela obligerait les collègues à bouger aussi :frowning:

Ce matin nous n’avons pas eu le temps d’échanger sur les répartitions ( le thème était le langage oral…) Ce sera pour la prochaine !

Je retiens l’idée de demander l’avis des parents, tout en précisant que cela ne nous engage en rien de définitif. Cela pourrait nous aider à “choisir” les élèves et vérifier si il y a autant de demande que l’on pense. Car la sélection des élèves pose problème aux collègues, surtout si ce sont des PS car on ne les connaît pas…

J’aime aussi le fait d’impliquer un peu les parents pour gagner leur confiance. Certains de mes parents d’élèves ont mis 5 mois avant d’aller voir le blog de la classe ou de s’intéresser réellement à ce que vivait leur enfant en classe… ( “quoi ? il balaie la classe ? Il n’y a pas d’A.T.S.E.M ?”) Ils sont davantage préoccupés de savoir où se trouve le bonnet de leur enfant que ce qu’il a appris dans sa journée !


#16

Bonsoir,

Suite à plusieurs réunion et vu les gros effectifs, la directrice a tranché : L’année prochaine nous serons trois classes avec cette pédagogie et nous aurons des PS/MS/GS !! ( respectivement 8/10/10 ) ce que nous voulions !!

Voilà, je voulais juste vous informer de la finalité de mes interrogations du mois de mars :wink:

Je suis contente et à la fois j’appréhende le mois de septembre…

Nous avons pu garder 4 MS ( seulement !) qui feront partie des GS l’année prochaine et tous les autres seront “nouveaux” face à cette pédagogie qui offre une grande liberté de mouvement !

Bonne suite à vous et bonnes vacances !


#17

Bonjour,

Je suis contente que le dénouement soit finalement heureux. C’est chouette!

@SuperMireille: Un grand merci pour votre commentaire et votre analyse du rapport des parents avec l’école. Je la trouve très juste. J’ai souvent lu des articles où l’expression “défiance des parents vis à vis de l’Education Nationale” est souvent utilisée.

En analysant mon propre fonctionnement, je me suis demandée comment cela émerge. Et en vous lisant, je me suis dit que c’était exactement cela!Vous connaissez drôlement bien votre sujet.

Lorsque ma fille est arrivée en petite section, j’avais vraiment très envie de m’investir pour son école. Par exemple, j’ai la possibilité de récupérer des livres gratuitement ou à des tarifs très bas. De très beaux livres, issus de maisons d’éditions très variées.

J’ai proposé de venir lire des histoires aux enfants. La maîtresse m’a répondu qu’elle préférait faire intervenir une compagnie payée par l’argent de la coopérative.

De temps en temps, ma fille amenait un livre pour le proposer en lecture pour la classe. Elle s’est donc rendue compte du type de livres que je possédais. Comme les livres s’accumulaient, que nous ne sommes pas du genre trop matérialiste, j’ai finis par en faire don à une autre école, classée en REP+. Ce qui avait guidé mon choix c’était la porte fermée au sein de mon école. Et mon souvenir d’enfant, issu d’une banlieue défavorisée, qui avait eu plaisir à feuilleter des livres.

Je pense que ma fille a du sentir mon émotion, mon plaisir d’aller les donner là-bas et en a parlé en classe. Un jour, entre la poire et le fromage, elle m’a dit avoir été déçue que mon don n’ait pas été pour l’école.

J’ai pensé que j’étais trop nulle comme mère pour lire des histoires mais suffisamment intéressante pour donner des choses. Evidemment, j’ai moyennement apprécié.

Plusieurs parents parlent des langues étrangères, jouent d’un instrument. Ces compétences ne sont jamais utilisées.

L’an passé, c’était la pleine confiance puis un peu de méfiance en fin d’année. Cette année, je me sens davantage sur mes gardes. Lorsque, je vois des mots passés pour demander de venir accompagner une sortie, confectionner un gâteau pour une fête, je ne me sens plus du tout concernée. Bref, je ne me sens pas du tout associée à l’éducation de mon enfant. Et c’est ainsi qu’apparaissent les tensions, je trouve. Même si je n’ai pas de problèmes, il aura fallu seulement 2 ans pour que je me sente exclue. Je trouve ce constat terrible. Alors oui, je suis d’accord. En associant les parents, vous auriez pu aussi atteindre l’objectif recherché. Belle soirée!