Absence d'amélioration du contrôle inhibiteur


#1

Bonjour à toutes et à tous,

J’aimerais vous faire part d’une inquiétude. J’ai une classe de MS-GS (certains d’entre eux ont commencé leur scolarité en TPS). J’ai commencé l’année en me focalisant sur les présentations des activités pratiques, même si au vu de l’âge des enfants, il était tard pour qu’ils puissent en tirer un maximum de bénéfices. Il s’y sont beaucoup intéressés, et j’ai senti que je répondais là à un besoin, tant ils semblaient y prendre du plaisir. Cependant, ils s’en sont vite lassés, et ces activités sont maintenant délaissées dans la classe.

J’ai remarqué dès mes premiers jours avec cette classe que beaucoup d’entre eux avaient un contrôle inhibiteur très peu développé. Il était par exemple très difficile de leur lire des histoires sans constamment être interrompu par des élèves qui parlaient ou qui n’arrivaient pas à s’asseoir calmement. Si je suis inquiet, c’est que j’ai l’impression que parmi ces élèves, très peu ont sensiblement amélioré leur capacité à se contrôler.

Du côté des apprentissages scolaires tout va très bien cependant, et certains des élèves qui ont appris le plus de choses cette année font étonnamment partie du groupe d’élèves cité plus haut.

Quelle est votre expérience à ce sujet ? Comment aider des enfants de 5 ans ayant déjà passé 2 ou 3 ans dans une classe au fonctionnement “traditionnel” à améliorer leur contrôle inhibiteur ?


#2

Bonjour Bobcat,
si je lis bien entre les lignes, tu trouves que tes élèves ne sont pas calmes, surtout en regroupement…
Arrivés en juin, ce qui se produit dans la classe, à mon avis, ne peut plus tellement être imputé aux années précédentes… Mais il y a des années comme ça, où l’alchimie du groupe est plus difficile à gérer… ça tient au nombre d’enfants bien sûr, au ratio filles/garçons (je suis anti-sexiste mais il faut bien reconnaître que les classes où les garçons sont en majorité sont plus bruyantes et plus fatigantes que les classes à majorité de filles ou à parité à peu près respectée), et aussi aux personnalités dans la classe, et à la façon dont elles s’accordent (ou non)…
Un seul enfant très perturbé dans une classe se verra aidé et soutenu par le groupe si l’enseignant montre l’exemple, et son comportement a toutes les chances de s’améliorer nettement avec le temps… Mais si plusieurs enfants sont en souffrance, et qu’ils mettent aussi bien ta patience que celle du groupe à rude épreuve, les progrès seront plus lents car le chemin sera plus difficile et plus long pour tout le monde… Les progrès seront plus lents mais ils seront quand même là : si tu repenses au début de l’année, tu verras sûrement que même ceux qui sont encore bien immatures du côté du contrôle inhibiteur ont fait de jolis progrès… peut-être même que ce sont eux qui ont fait le plus de progrès… même s’il leur en reste encore beaucoup à faire…
Il n’y a pas de secret, quand on a une classe difficile, la meilleure façon de s’en sortir c’est de travailler sur soi pour garder son calme et sa bienveillance aussi souvent que possible, et s’excuser auprès du groupe ou d’un enfant en particulier si on ne réussit pas toujours… après tout nous ne sommes que des humains nous aussi, et parfois nous saturons : autant le reconnaître auprès des enfants dès qu’on en prend conscience, cela leur montre que les adultes ne sont pas infaillibles et qu’ils peuvent aussi être amenés à réparer leurs erreurs… Qu’on le veuille ou non, nous sommes des modèles pour nos enfants, alors ne cessons pas de montrer le meilleur de ce que nous sommes, même et surtout quand c’est difficile…
Sinon à propos du moment de la lecture d’histoire, cette année j’ai du mal aussi… à 31 PS/MS, même en choisissant des albums très courts, vraiment adaptés aux plus jeunes, et que j’adore, le moment de plaisir se transforme trop souvent en moment d’énervement… et ces jours-ci les enfants et moi-mêmes sommes fatigués et grognons, alors je zappe carrément… ou bien je mets un livre-CD, comme je le faisais en début d’année… là au moins je peux observer les enfants, et intervenir discrètement pour maintenir le calme sans interrompre l’histoire… et je me fatigue et m’énerve moins…


#3

Il est clair que nous nous devons d’être exemplaires pour les enfants, et cela est également valable pour le contrôle inhibiteur. J’ai fait preuve de beaucoup d’auto critique cette année, car j’ai parfois du mal à garder mon calme. Surtout lorsque les moments difficiles s’accumulent, ou encore lorsqu’il s’agit d’un élève qu’on doit reprendre sans arrêt (tous les jours pour certains), et qu’on finit par prendre en grippe. Il ne faut bien entendu pas en arriver là, mais comme tu le dis nous ne sommes que des humains et c’est parfois difficile de contrôler nos émotions. Il y a aussi des jours avec, et des jours sans. Dès le premier regroupement du matin, après un court temps d’observation, je peux plus ou moins prédire si nous allons passer une journée calme ou bruyante et énervante. J’ai mis en place un moment de relaxation inspiré du yoga pour les jours “sans” (respiration consciente), mais les élèves agités n’accrochent pas du tout. Mais tu as raison, il y a tout de même des progrès… peut être pas assez à mon goût, mes attentes ne sont sans doute pas réalistes.

Avec ta classe, ça ne doit pas être facile : 31 élèves, je trouve ça vraiment absurde. Ça doit vraiment te demander énormément d’énergie et de patience. Nous avons la chance de faire un métier qui nous pousse à devenir de meilleurs êtres humains. J’en prends pleinement conscience cette année, qui est pour moi la première avec un fonctionnement basé sur l’autonomie. Ça m’a fait du bien de te lire en tous cas, merci !


#4

L’auto-critique on n’y échappe pas, mais l’auto-louange, tu y as déjà pensé ?
Oui d’accord, il y a des jours “sans”, parfois on s’énerve, et on sait bien qu’on ne devrait pas… Mais, il y a aussi tous ces moments où tu as juste été génial, où tu as réussi à redonner le sourire à un qui ne se sentait pas bien, ceux où tu as lancé ou suivi une impro collective d’intelligence et de joie, ceux où tu t’es laissé aller à parler avec ton coeur, et où tu t’es surpris toi-même de tant de simplicité et de justesse… sans parler des apprentissages qui commencent à porter leurs superbes fruits !
Alors porte aussi ton attention sur ce que tu fais tellement bien ! C’est en reconnaissant aussi tes qualités que tu pourras les utiliser encore plus souvent… Comme dirait Céline “fais-toi confiance”, et si tu as une question à te poser que ce soit celle-là : “mais comment je fais pour être aussi génial par moments ?” Et quand je dis “par moments”, en fait c’est la plupart du temps non ?


#5

Je ne suis pas dans l’auto critique permanente, heureusement car sinon je n’éprouverais aucun plaisir à faire ce métier. Il y a plein de moments ou je me sens fier de ce que je fais et de ce que les enfants accomplissent. L’auto-critique et l’auto-louange sont nécessaires, il y a un moment pour tout. Il faut surtout veiller à ce que l’auto-critique soit constructive : se critiquer pour avancer, sans se dénigrer.

Comme je l’ai dit c’est la première fois que j’opte pour ce fonctionnement, et je suis du coup passé cette année par des périodes où j’étais sûr de ce que je faisais, ne voyant que du positif, et des périodes où je me suis demandé si ne je faisais pas n’importe quoi.


#7

MERCI !! Voilà des paroles vraies et réconfortantes pour tous les moments “sans” !! Moi aussi je vis une année difficile en CP/CE1, avec des séances de relaxation qui ne fonctionnent pas et des enfants qu’il faut reprendre chaque jour, et je craque aussi parfois. J’ai même hâte que l’année se termine pour la première fois de ma carrière…
Mais comme vous, chaque petite victoire, chaque moment de calme gagné de haute lutte, chaque petite évolution me permet de voir le positif et de me dire que je suis vraiment à ma place !
Ce forum, le changement, je suis sure que cela m’aidera à avoir une ambiance de travail plus constructive, des enfants plus motivés et plus de réussite. On a le droit de rêver !