Apprendre à lire à son enfant avant le CP : bonne ou mauvaise idée ?

#1

Ma fille de 5 ans est en MS dans une classe qui ne fonctionne pas selon les lois naturelles de l’enfant. Elle ne me demande pas explicitement de lui apprendre à lire mais elle s’intéresse à la lecture : quand je lui lis une histoire elle me demande où est écrit tel ou tel mot, ou elle me montre un mot et me demande ce qui est écrit. Il y a des histoires qu’elle connait presque par cœur et elle les récite en me disant que c’est elle qui lit. Je n’ai pas essayé de lui apprendre à lire parce que je pense qu’après une journée d’école ce n’est pas le moment de proposer des apprentissages de type scolaire, et aussi par manque de temps.

Mais sur ce forum je vois que pas mal de parents accompagnent leur enfant dans cet apprentissage et je me demande si j’ai raison. Est-ce qu’elle ne va pas se détourner de la lecture et est-ce que ce ne sera pas plus difficile si je ne réponds pas à son intérêt actuel ? Qu’en pensez-vous ?

Et si je l’accompagne, comment m’y prendre ? Je l’ai sensibilisé aux sons des mots avant qu’elle apprenne les lettres, mais depuis qu’elle a appris le nom des lettres à l’école, elle n’a pas le réflexe de trouver le son quand elle voit des lettres ou groupes de lettres. J’ai des lettres rugueuses, et l’activité présentée par Céline (retourner une carte après en avoir présenté 3 et chercher laquelle) l’a bien amusé au début, mais elle ne la réclame pas et ne va pas chercher les lettres rugueuses spontanément. Et comme elle apprend les capitales à l’école je ne veux pas l’embrouiller. Est-ce que les alphas seraient une bonne idée ?

Merci d’avance pour vos éclairages.

#2

Bonjour Marie75,

J’ai un enfant du même âge, scolarisé dans les mêmes conditions. Ayant réalisé les mêmes observations que toi, j’ai lancé mon enfant dans la lecture après avoir vérifié qu’elle reconnaissait correctement les sons. Je suis passée par la méthode des alphas puis par toute la progression de la classe de Gennevilliers.

Pourquoi l’avoir fait, alors que j’aurais pu attendre le CP? Parce qu’elle a apprit solidement quelque chose d’essentiel sans trop d’efforts, parce que c’était le bon moment. Mais tout ceci a un coût.

En termes de temps: rentrer plus tôt le soir du travail pour jouer avec mon enfant et lui présenter les lettres rugueuses. Une fois commencé, il est nécessaire d’être régulier.

En termes d’énergie: ce n’est pas le tout de connaitre les sons. Il faut ensuite automatiser la lecture. Comme rien ne viendra de l’école (en tout cas, dans mon école), c’est toute une gymnastique pour lui donner des occasions de lecture car il n’y a pas l’émulation avec d’autres enfants de la classe. Je m’en suis sortie avec des éventails des incollables, des livres très drôles à lire à son petit frère, les reportages du magazine Wakou, lire les stations de métro en sortie…

Mais bon, clairement en GS avec le matraquage de “vous apprendrez à lire en cp”, elle s’en est désintéressée un temps en début d’année.

Nous sommes à la fin de l’année, et là c’est l’inverse. “C’est génial de s’intéresser aux mots par ce que vous allez apprendre à lire bientôt”. Et là, la motivation est revenue Maintenant, elle peut lire n’importe quel album. J’imagine qu’elle a apprit les autres sons avec sa maîtresse, durant les moments d’écriture ou avec nous pendant la lecture du soir.

En résumé, à part la présentation des lettres rugueuses qui nécessite de s’astreindre à une certaine discipline, un parent peut donner les clés de la lecture à son enfant, même s’il est scolarisé en classe traditionnelle.

Et lorsque l’on me demande comment elle a apprit à lire. Je place systématiquement: tu connais le livre “Les lois naturelles de l’enfant”? :slight_smile:

Belle journée

#3

Merci pour ta réponse Nina,
c’est super pour ta fille !
Quand j’ai commencé les lettres rugueuses avec elle je voulais le faire régulièrement, mais comme elle n’en avait pas toujours envie je n’ai pas insisté. Je ne peux pas rentrer avant 18h et je comprend qu’elle puisse être fatiguée de sa journée. Et je ne voudrais pas insister parce que j’ai peur de la dégoûter des lettres rugueuses. En plus, lui présenter si elle n’est pas vraiment demandeuse ne va pas vraiment dans le sens des lois naturelles de l’enfant, où l’enfant choisit librement son activité. Les lettres rugueuses sont accessibles dans sa chambre et il n’y a qu’une fois où elle a été les chercher spontanément.

J’ai l’impression qu’elle a envie de savoir lire, mais qu’elle ne fait pas le lien entre ce qui est écrit dans les livres (script), ce qu’elle apprend à l’école (lettres majuscules) et les lettres rugueuses (cursives), et que du coup elle n’en voit pas l’intérêt.

Comment as-tu fait après les lettres rugueuses ? Est-ce que tu as utilisé un alphabet mobile pour faire écrire des mots à ta fille ? Est-ce qu’elle est passée d’elle-même à l’étape lecture ?
Merci d’avance.

#4

Je présente les lettres en capitales en puzzle à encastrements bien souvent. L’enfant se familiarise avec la forme, le nom et le son de chaque lettre.
Puis j’associe l’écriture en script.
C’est là que l’enfant souvent demande comment s’écrit tel ou tel mot, je l’accompagne avec des lettres mobiles ou en écrivant moi-même. Je lui mets à disposition la valise de chez Jumbo ou Nathan J’apprends à lire.
En parallèle je joue avec lui avec des étiquettes des mots familiers (souvent les prénoms de la famille, amis, papa, maman, tonton…) que je cache et qu’il doit retrouver.
Quand il le souhaite, nous prenons la méthode syllabique Pas à Pas de chez Hatier. L’enfant est très fier de voir que reconnaître les lettres est déjà un acte de lecture.
Et on avance doucement jusqu’à parvenir à la combinatoire.
Pour les sons dits complexes, je les aborde au fil des rencontres ou demandes (quand l’enfant veut savoir comment s’écrit un mot), et ne les travaille spécifiquement que lorsque l’enfant bute toujours sur la même association de lettres.
Pour les sons voyelles et les sons /ou/, /on/, /oi/, /in/…, je transforme les comptines en mettant en vue la graphie du son (étiquette sur mon front ou autre).
Je peux passer par un temps où l’enfant propose des mots contenant ce son que j’écris sur un support en mettant la graphie du son en couleur.
Éventuellement une fiche avec des mots contenant la graphie dans lesquels il faut l’entourer.
Finalement, je ne le fais pas si souvent car l’enfant assimile très vite en pratiquant.
Quand la lecture consonne-voyelle est assimilée, la lecture quotidienne reste le meilleur des entraînements. Il existe désormais beaucoup de livres abordables à ce niveau.
Puis ensuite, on peut aborder la ponctuation, les signes du dialogue, les liaisons…
Et un jour l’enfant lit seul et on peut lui demander de quoi parle son livre. J’essaie de lire le livre aussi comme ça je peux poser des questions précises que l’enfant trouve naturelles (partage de lecture), “Tu en es à quel chapitre ? Ah donc tu connais le nouvel indice ?” Souvent l’enfant sera très enthousiaste de donner l’indice trouvé et d’en dire beaucoup plus que face à la question "Quel indice les enfants trouvent-ils dans ce livre ? “ Tout comme une discussion sera toujours plus enrichissante qu’un questionnaire papier. Et inutile de poser tout un tas de questions, à nous de cible une question essentielle à laquelle l’enfant ne peut répondre que s’il a lu le livre.
Je présente la cursive comme l’écriture pour écrire et ne débute l’apprentissage que lorsque l’enfant est déjà lecteur ou s’il en a besoin ou le demande.
Mon post est long, en espérant aider.

#5

Pour le lien entre capitales / script / cursive, j’utilise aussi un jeu de cartes avec recto capitale verso script et cursive.

#6

Bonjour ! Voilà ma fille de 4 ans a commencé l’approche de la lecture avec les alphas il y a 2 mois. En une semaine elle savait déjà lire des syllabes tel que : ma , po , du etc… aujourd’hui elle arrive à lire des mots simples tels que : banane , pomme , abri ,balle, mon , vous Le souci c’est qu’elle est en demande constante et je ne sais pas comment poursuivre l’apprentissage de manière ludique pour lui faire assimiler des sons plus difficiles tels que : « er » , « in » , « Ain »je ne veux pas la frustrer , la pauvre essaye de lire tout ce qui l’entoure et je ne sais pas quoi faire … avez vous des conseils ??? Merci d’avance !!!

#7

Des petits messages simples, écrire ce qu’elle te demande en lui indiquant les graphies des sons qu’elle n’a jamais rencontrés, les livres Samy et Julie niveau 1 à lire ensemble,… Tous les sons, toutes les graphies ne méritent pas un apprentissage systématique. Un texte simple avec quelques difficultés peut permettre à l’enfant une rencontre active et accompagnée très efficace. Belle continuation :blush:

#8

Quand l’enfant bloque sur une relation grapho-phonologique particulière, j’écris la graphie en couleur entourée sur une feuille et lui demande de me donner des mots dans lesquels on entend ce son. Je ne note que ceux qui possèdent la graphie problématique en mettant en couleur les lettres produisant le son. Cela suffit en général. J’ai souvent fait /gn/, /ai/, /ou/, /in/… Mais seulement si l’enfant n’y parvenait pas de lui-même en lecture accompagnée.

#9

Merci pour ta réponse :blush: donc tu penses que ma fille qui est en moyenne section peut déjà lire Sami et Julie ? Je viens de voir que c’est du niveau CP! Si j’ai bien compris , je dois l’accompagner dans la lecture en lui apprenant au fur et à mesure les nouveaux sons ? Et faire comme tu me l’as recommandé , entourer les nouveaux sons au fur et à mesure qu’on les voit et elle doit me citer des mots avec les mêmes ? Sauf que par exemple le son « o » , il y a « au » aussi donc si elle me dit « vélo » ? C’est le même son mais pas la même orthographe… que dois je lui répondre ? Car cette exercice on l’a déjà fait avec les alphas , mais la ce que j’en voulais cest qu’elle fasse la différence d’un point de vue orthographe, je ne sais pas si tu m’as comprise :grinning:…

#10

Je viens de trouver une page de sami et Julie sur internet et elle vient de lire toute seule « le vélo de Sami va super vite »!! Je suis trop émue !! Tu avais raison ! C’est fou quand même ! C’est nous qui n’y croyons pas mais ils sont plein de surprises !!! Je vais passer la commande sur Amazon !!! Je te remercie infiniment !!!

#11

:hugs: Ils sont plein de ressources et nous surprennent sans cesse ^^
Pour clarifier mes propos, si un enfant rencontre un mot avec la graphie AU, je lui explique que A et U qui se tiennent la main se prononcent /o/. Parfois c’est assimilé après plusieurs rencontres en lisant avec l’adulte. Si cela ne fonctionne pas, j’écris AU en couleur en haut d’un support (feuille, tableau…) et je demande à l’enfant de me citer des mots qui contiennent le son /o/. Je note ceux qui contiennent la graphie AU (l’enfant demande pourquoi je ne les écris pas tous, je lui réponds qu’il va voir… Suspense) en mettant AU de la même couleur que le “titre”. Puis l’enfant les relis à la fin dans l’ordre qu’il souhaite. Je laisse tout ça disponible le temps que le son soit assimilé en lecture accompagnée. J’espère que c’est plus compréhensible :relieved: Pas évident pas écrit.
Ce n’est pas exceptionnel mais ça porte ses fruits. C’est individualisé et cela répond à un besoin direct et réel :wink: Je suis très contente :blush: d’avoir pu t’aider.

#12

Tu posais la question de IN et AIN (EIN aussi), j’explique que c’est toujours le même son en fait. IN toujours avec une lettre muette due à l’étymologie.
Pour ER, si c’est en fin de mot, je trouve que les enfants comprennent vite grâce au contexte (“Il est arrivé le premier” sera lu “premieur” mais l’enfant se reprend souvent car il comprend le sens) et à leur intuition grammaticale (terminaison des verbes du premier groupe).
Par contre, ce qui peut bloquer ce sont les mots : et, est, un, des, les, mes… Je faisais un jeu qui consistait à prendre chaque mot comme une gare et l’enfant devait lire le nom de la gare pour pouvoir s’y arrêter. Idem, il suffisait d’une fois pour que ces mots deviennent familiers (jeu, plaisir, motivation et l’apprentissage de fait tout seul :)).

#13

Tu m’as beaucoup aidé car cela faisait une semaine que je me baladais sur le net, en essayant de trouver un autre coffret type alphas , mais rien de bien concluant , du coup je suis allée en librairie mais on ne te propose en livre que la méthode Bousher. Mais en ouvrant le livre , en voyant les graphismes qui font vachement brouillons , je me suis dit que j’allais dégouté ma fille a vie de la lecture!! Mais honnêtement je n’en reviens pas qu’en moyenne section elle arrive déjà à lire ! C’est sure ils sont plein de ressources :grin::grin::grin: MERCI mille fois ! Je te dirai les progrès qu’elle aura fait ! Tu me conseilleras pour la suite :stuck_out_tongue_closed_eyes:

#14

Ta fille a beaucoup de chance de t’avoir comme accompagnatrice :slight_smile: