Apprentissage de la lecture au CP quand faut-il s'inquiéter ?


#1

Bonjour
En consultant le site de l’éducation nationale et le programme du cycle 2 (CP-CE1-CE2) j’aimerais savoir si en fin de CP un enfant doit être capable de lire ; lire dans le sens comprendre l’association de lettres pour en faire des sons et des mots et donc comprendre de simples phrases ? Comme il y a des enseignants ici j’aimerais savoir quelles sont les situations qui vous inquiètent ?
Un enfant peut arriver en CE1 ou CE2 et ne pas encore savoir associer des syllabes pour en faire des mots ?

Citation : Au cycle 2, la langue française constitue l’objet d’apprentissage central. La construction du sens et l’automatisation constituent deux dimensions nécessaires à la maitrise de la langue. La maitrise du fonctionnement du code phonographique, qui va des sons vers les lettres et réciproquement, constitue un enjeu essentiel de l’apprentissage du français au cycle 2. Cependant, l’apprentissage de la lecture nécessite aussi de comprendre des textes narratifs ou documentaires, de commencer à interpréter et à apprécier des textes, en comprenant ce qui parfois n’est pas tout à fait explicite. Cet apprentissage est conduit en écriture et en lecture de façon simultanée et complémentaire.

La place centrale donnée à la langue française ne s’acquiert pas au détriment des autres apprentissages. Bien au contraire, la langue est aussi un outil au service de tous les apprentissages du cycle dans des champs qui ont chacun leur langage. S’approprier un champ d’apprentissage, c’est pouvoir repérer puis utiliser peu à peu des vocabulaires spécifiques. Ce repérage débute au cycle 2, se poursuit et s’intensifie dans les cycles suivants. La polyvalence des professeurs [2] permet de privilégier des situations de transversalité, avec des retours réguliers sur les apprentissages fondamentaux. Elle permet d’élaborer des projets où les élèves s’emparent de la langue française comme outil de communication, avec de véritables destinataires, en rendant compte de visites, d’expériences, de recherches. La langue est un moyen pour donner plus de sens aux apprentissages, puisqu’elle construit du lien entre les différents enseignements et permet d’intégrer dans le langage des expériences vécues.


#2

Le cycle 2 comprenant désormais le CE2, l’apprentissage de la lecture se poursuit sur les trois ans.
Cependant, un enfant est supposé être capable de lire un texte court et adapté à son âge en fin de CP.


#3

En fin de CP un enfant pourra avoir compris comment fonctionne la lecture mais ne pas avoir encore mémorisé tous les sons, notamment ceux qui se fabriquent avec plusieurs lettres (oi, ou, on, in, ei, an…).
Tu pourras trouver pas mal de petites évaluations avec des phrases simples style: Le petit Malo a vu le pirate sur la mer.
Il faudra ensuite continuer l’apprentissage des sons complexes et fluidifier.
Certains enfants en difficulté connaissent le son des lettres mais n’arrivent pas à les assembler en syllabes. D’autres savent lire des syllabes mais ne parviennent pas à lire des mots.
En début de ce1, il peut être étayant de colorer les syllabes complexes dans les mots difficiles pour faciliter le décodage et embrayer plus vite sur la compréhension.
J’ai malheureusement un élève de CE2 qui a dû reprendre des petits livres Sami et Julie. Il commence à peine à retenir les sons complexes… Je sais que le cm1 va être chaud…


#4

Bonjour
Merci pour vos retours.
Il y a donc certains objectifs à atteindre en fin de CP. Je craignais qu’on ne laisse l’enfant avec ses difficultés jusqu’en Ce2. Du coup je me demande ce qu’apporte de plus l’objectif “100% réussite en CP”?
Je sollicite vos avis car ma fille en GS est en demande d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Pour y répondre je me base sur la méthode Rémi et Colette et les cahiers d’écriture Boscher. Elle sait lire des phrases avec des syllabes simples telle la phrase que @pamiki a partagée " Le petit Malo a vu le pirate sur la mer."
Dois-je continuer dans ce sens et voir les sons complexes quand elle sera prête ?


#5

Je te dirai oui.
Côté maman : ma fille a commencé à lire des sons simples à 5 ans (début GS pour elle car elle est de fin décembre) Très vite, elle m’a demandé des sons plus complexes que je lui ai présenté. Elle les a vite assimilé.
Elle est en CP cette année et il n’y a aucun soucis.
Côté enseignant : j’ai une MS qui lit et à qui je présente les digrammes (ou/on/oi…) car elle le demande.

Je dirai juste que tant qu’elle a envie, vas-y !


#6

Mon critère à moi:
à Pâques, un enfant doit pouvoir:

  • lire des mots dont toutes les lettres s’entendent

  • poser des questions pertinentes sur le reste du mot (ex: “ça fait quoi, déjà, un E et un N?” ou " il s’entend, le T?") et s’en servir pour déchiffrer des mots plus complexes.

  • avoir compris que les mots, courtes phrases ou textes qu’on lui donne à lire sont porteurs de sens et qu’il doit lire et relire jusqu’à ce qu’il accède à ce sens. (la longueur du support n’est pas un critère: s’il n’accède qu’au sens des mots, il accèdera bientôt au sens des phrases puis des textes)

  • ne pas se contenter d’un mot qui ne veut rien dire parce qu’il l’a mal déchiffré.

Je demande aux parents dont les enfants n’en sont pas là de faire réaliser un bilan orthophonique. En général, d’autres difficultés sont évoquées par les parents et constatées par moi: difficultés à se repérer dans l’espace et/ou dans le temps, temps de concentration assez court, problèmes de latéralisation, difficultés à retenir une poésie ou à fixer du vocabulaire etc… Le bilan orthophonique recommandé dans ce contexte a toujours montré la nécessité d’un suivi. Et quand les parents suivent à la lettre les conseils (parfois pesants et chronophage…) donnés par l’orthophoniste et l’enseignante, les progrès sont au rendez-vous!

Pour ce qui est d’accompagner son enfant dans sa demande de lecture dès la GS, il ne faut pas s’inquiéter: le programme de CE1 et de CE2 (grammaire, conjugaison, orthographe, expression écrite…) ne s’assimile vraiment que si l’enfant est lecteur. Si elle a quelques mois d’avance sur ses camarades, elle augmente ses chances d’ingurgiter ce vaste programme mais elle ne s’ennuiera pas. Elle a son rythme d’apprenti lecteur qu’il suffit simplement de respecter pour que tout se passe au mieux!

Belles lectures avec votre fille!


#7

Merci @loulotte et @Leenael, en effet je suis à la fois ravie de l’aider et que cette démarche vienne d’elle-même et mais aussi je craignais que çà ne lui crée des blocages en CP. Surtout avec les différentes méthodes d’apprentissage de l’éducation nationale. Mais voilà il n’y a pas à s’en faire comme vous me le faites remarquer.
D’ailleurs ya-t-il une méthode mise en avant par le ministère ? Une période on ne jurait que par la méthode globale, qu’en est il actuellement ?

Perso j’apprécie la progression de la méthode syllabique Rémi et Colette, les leçons sont courtes pour ne pas décourager l’enfant mais l’essentiel y est.


#8

Il n’y a pas de méthode préconisée par l’éducation nationale. la méthode globale si souvent décriée est réalité quasiment jamais utilisée…les enseignants ayant assez vite constaté sa moindre efficacité notamment auprès des enfants fragiles.
Les enseignants ont totale liberté de choix quant à la méthode qu’ils utilisent, la plupart étant majoritairement syllabiques avec apprentissage de quelques mots outil en global (un, une, avec, est, et, etc…).


#9

Tu nous parles d’un temps que les moins de 30 ans ne devraient pas connaître! Tous (professionnels, parents, scientifiques) sont d’accord depuis longtemps sur l’inefficacité de cette méthode. A ma connaissance, aucun éditeur ne propose de méthode semi-globale depuis au moins 25 ans. La méthode globale est morte depuis longtemps et ne renaîtra pas de ses cendres… :wink:


#10

Excellent ! merci à vous !