Apprentissage des langues étrangères : à quel âge commencer ?


#1

Bonjour,
J’ai lu dans le livre que l’exposition du bébé aux langues doit se faire avant ses 12 mois. Pour poursuivre, quel est l’âge idéal pour commencer à apprendre d’autres langues aux enfants ( autres que la langue maternelle) ?
Peut-on apprendre à un enfant plusieurs langues à la fois ?
Merci


#2

Je ne suis pas professionnel en linguistique mais en tant qu’ATSEM (et dans mes rencontres), j’ai connu de nombreux enfants de 3 ans parlant 2 langues, et même 3 à 4 ans.
C’est assez simple et logique lorsque les parents n’ont pas la même nationalité. En général c’est la langue de la maman qui est le mieux maîtrisée.
Je dirais donc: nous sommes capables d’apprendre plusieurs langues dès la naissance et ce jusqu’à 80 ans.


#3

Bonjour Etienne,

L’enfant dès sa naissance et même dans le ventre de sa maman enregistre tout ce qu’il entend, ce qu’il ressent. C’est pourquoi dès tout jeune il est en capacité de mémoriser , il va stocker les infos et les réutiliseras dès qu’il pourra parler .C’est bien-sûr en parlant jour à jour et en jouant avec lui qu’il prendra goût et de façon systématique pourra resservir ces connaissances


#4

Bonjour @Emmaz , il est essentiel pour un enfant d’être exposé au moins à une langue dès sa naissance (et même avant , in utero , il perçoit déjà beaucoup d’infos sonores de sa langue maternelle puisqu’il entend , filtrée , la voix de sa mère , ses intonations , etc) .
En effet , il existe ce qu’on appelle une période critique dite aussi féconde , pendant laquelle il est une véritable éponge linguistique : il absorbe tout et s’approprie sa langue par immersion dans son milieu de vie . De la même façon , s’il vit dans un milieu bilingue ( et pourquoi pas trilingue , avec ses grands parents par ex ), il deviendra lui même bilingue , s’appropriant par ex le français de sa mère et l’anglais de son père . Ceci se fera tout naturellement , si les interactions sont riches , claires , naturelles .
En revanche , dans le cas d’une surdité profonde de naissance (ou dans les cas rapportés & heureusement très rares d’ “enfants sauvages” exclus de tout bain ou environnement linguistique), si on ne veille pas très vite à lui donner des infos auditives via un appareillage le plus efficace possible et une langue visuelle et gestuelle , la langue des signes , il ne développera aucun langage … ( voilà pourquoi on parle de période féconde :arrow_right: aptitude +++++ aux acquisitions ET critique :arrow_right:si les aires cérébrales dévolues au langage ne sont pas alimentées , stimulées , elles ne seront plus aptes aux apprentissages ). Ainsi l’enfant , après ses 1ères années de vie , ne pourra-t-il jamais récupérer ce retard infiniment dommageable . Il pourra tout au plus faire qqs acquisitions linguistiques , mais limitées , et ne sera jamais un locuteur “fluent”.
Cette merveilleuse période des toutes 1ères années de vie est donc très décisive et à double tranchant : tout est possible , une langue , deux , trois … mais si “zéro” langue , le problème est irrattrapable .
Pour ce qui est des langues acquises ultérieurement , la donne change sensiblement : à partir du moment où les aires cérébrales ont été nourries lors de cette période clef par la/les langue(s) maternelle(s) , elles sont structurées sur le plan linguistique, ainsi , tôt ou tard , il sera possible d’apprendre d’autres langues ( les circuits sont cablés ). Bien sûr , plus on s’y prendra tôt et plus facile ce sera ( un enfant de 7, 8, 9 ,10 et même encore 11ans aura toutes chances de devenir expert , sans accent , alors que l’âge avançant , on pourra arriver à un niveau très bon voire excellent , mais il subsistera de petites difficultés dans les finesses , les nuances , et le fameux accent ), mais on peut qd même apprendre des langues étrangères à tout âge , et on peut en apprendre plusieurs voire beaucoup … Tout dépendra alors de la motivation , de la pratique , de l’entourage …
Si je reprends le cas des enfants sourds , les parents ont souvent une crainte lorsqu’on leur parle de la langue des signes : ils ont peur que si leur enfant signe , ce soit tellement facile et naturel pour lui que du coup il ne parlera pas en français . Or c’est tout le contraire , lorsque la surdité est vraiment importante et que l’oral est incertain et ultra laborieux , on sait que s’il a créé des réseaux grâce à la LSF , l’apprentissage (car dans ce cas ce sera un apprentissage , fruit d’un travail au long cours , et non une acquisition ) en sera grandement facilité .


#5

Oui c’est une évidence pour moi. Je ne m’interroge pas sur le sujet.


#7

Je suis d’accord pour les langues. Plus tôt on découvre les langues, mieux c’est. Les enfants sont des “éponges”, ils prendront ce qu’ils ont envie de prendre, puis de les exprimer quand cela lui est possible…
Pour le cas des sourds, je suis d’accord pour les parents qui craignent et LSF n’est pas un frein au contraire. Je suis sourde. :slight_smile:


#8

Votre témoignage est important ! je suis bien de votre avis , non seulement la LSF n’est pas un frein , mais elle est une source d’enrichissement y compris pour la langue orale et vocale ! :bulb::bulb::bulb:


#9

Bonjour,
Post intéressant, merci.

Il me semble que vous abordez le milieu familial voir élargi. Comment pratiquez vous Ca au quotidien
Dans vos classes?

Merci pour vos pistes


#10

Bonjour @Sam , parlez vous du cas particulier du bilinguisme LSF/ langue vocale ?


#11

Bonjour @Eraul et @sylcha,

J’ai suivi un peu vos échanges concernant l’apprentissage de la Lsf chez les enfants sourds. Je suis actuellement à la recherche de documentations qui prouvent que l’acquisition de la Lsf chez l’enfant sourd n’est pas un frein à l’apprentissage du français écrit mais bien au contraire, la condition première pour que celui-ci entre sans difficulté dans la lecture et l’écriture.
Or tous les écrits scientifiques sur le sujet que je trouve datent des années 1980 ou maximum de 2008…
Auriez vous des sources à me partager ?

Merci à vous :slight_smile:


#12

Bonjour @LaureVan , j’observe cela dans ma pratique bien sûr mais vous avez raison, la littérature est pauvre dans ce domaine . LE livre sur le sujet, c’est celui de Catherine Transler et Jacqueline Leybaert : L’acquisition du langage chez l’enfant sourd : les signes, l’oral et l’écrit .
Il date de 2005 je crois mais est toujours d’actualité, si on parvient à mettre la main dessus …


#13

Vous trouverez également des éléments de réponse dans un gros ouvrage très complet sur le(s) bilinguisme(s) :
Bilinguisme et biculture : nouveaux défis ?
Ouvrage collectif sous la direction de Peggy Gatignol & Sylvia Topouzkhanian ( Orthoédition novembre2012)
Chapitre 2/
Elisabeth Manteau-Sepulchre : Langues plurielles, parcours singuliers. Apprendre à "parler " en langues vocales et en langues signées .


#14

Merci beaucoup !
Je suis tombée également sur la thèse de Mélanie Hamm " L’apprentissage de l’écriture et de la lecture chez les personnes sourdes et malentendantes"


#15

Bonjour, je ne suis pas professionnel, mais des recherches ont montré que les pleurs d’un enfant étaient différents selon la langue des parents.