Au lycée et supérieur, quels outils ? Quelles ressources/formations? Par où commencer ?


#1

Bonjour, et tout d’abord merci pour ce forum.
Je suis vos échanges avec intérêt, cela me sert beaucoup pour accompagner mon fils de 5 ans dans ses apprentissages à la maison (et aussi pour lui redonner confiance, qui lui manque parfois, il a plutôt peur d’aborder la lecture et l’écriture, qui lui semblent “trop difficiles” comme il dit).
Ajouté à cela, je suis professeure, mais dans le secondaire (lycée) et le supérieur, en Biologie (pour faire simple). Depuis assez longtemps je me pose des questions sur ma pratique, que je souhaiterais faire évoluer. Je cherche des outils pour adapter une pédagogie Montessori (ou qui s’en approche) pour ces niveaux…
Je ressens ce besoin des élèves, et je me heurte aux limites des cours magistraux, “classiques”… A cela s’ajoute la difficulté qu’apporte la pression de finir le programme pour préparer les examens (bac ou partiels…).
Pourriez vous m’indiquer où trouver ces outils? Ce qu’on peut mettre en place auprès des ados? Y a t’il des formations ou diplômes qui pourraient m’aider? Des personnes que je pourrais contacter? Je ne sais pas par où commencer!
Merci pour vos réponses, vos pistes, vos idées…!


#2

Bonsoir,
Peut-être, compte tenu de l’âge, devriez-vous vous orienter vers d’autres pédagogies qui ont déjà fait leur preuve avec cette tranche d’âge ?
Pour ma part j’ai beaucoup appris sur ce site et avec les livres de Céline et de Maria Montessori pour les petits et sur celui de Philippe Meirieu pour les plus grands et aussi pour les petits.
Cette page fait découvrir, à partir de petits films, l’approche de grands pédagogues et leurs méthodes à travers les siècles :
http://www.meirieu.com/EDUCATION%20EN%20QUESTION/l_education_en_questions.htm2
J’ai trouvé ces vidéos et tous les articles passionnants.
J’espère vous avoir aidé à trouver une approche qui vous conviendra parce qu’effectivement on peut encore faire du beau travail avec les adolescents et jeunes adultes.
Bien à vous
Nadia


#3

Merci Nadia,
Je vais pouvoir aller explorer de ce côté là!


#4

@Delfeb,
Bonjour,
Je ne suis pas enseignant et ne connais “rien” au contexte de l’Education Nationale qui ne favorise sûrement pas les innovations.
Prenez donc mon message comme des impressions personnelles et non comme des “y’aka” !
Je vous sens, ainsi que beaucoup de vos collègues, très focalisé(e)s sur les outils. Ils sont sans doute très importants, mais ne minimisez surtout pas l’importance de votre motivation et de votre respect des élèves sur vos futurs résultats.
Au risque de me répéter, lisez (relisez) les ouvrages de C. Rogers cités par ailleurs. Ils décrivent les conditions identifiées comme nécessaires à la facilitation de l’apprentissage et de l’épanouissement des “apprenants”. La qualité de la relation “facilitateur/apprenant” est essentielle et particulièrement la bienveillance, l’empathie, la confiance du “facilitateur”. Vous devriez réaliser que vous avez peut-être déjà tous ces éléments essentiels “en main”.
Cela “marche” avec tous les âges (je l’ai expérimenté personnellement avec des adultes).
Croyez en vos intuitions et en celles de vos élèves.
Exposez-leur vos contraintes (programme, calendrier, évaluation des connaissances …), vos souhaits (que ces “cours” soient un plaisir pour eux et pour vous, imaginer ensemble une solution, des outils), vos inquiétudes (est-ce possible ? comment ? risques) , ils imagineront des objectifs communs pour y arriver qui vous rassureront autant qu’eux.
Ne m’en veuillez pas trop si ce n’était que de la naïveté, mais vous le saurez vite !
Bravo pour votre initiative: c’est important d’imaginer la suite de la Maternelle !


#5

Bonjour,
En tant qu’ancienne formatrice pour adultes je ne peux qu’approuver ce vous dites.
C’est exactement ça. Le matériel est secondaire y compris pour Maria Montessori. C’est la qualité des relations entre les individus qui compte et ça effectivement nous avons tous les moyens de le mettre en pratique tous les jours à tous les instants. Mais le faisons-nous ?
Merci
Bien à vous
Nadia


#6

Merci pour votre intervention, 5lou,

Je suis également convaincue qu’il faut placer la relation “facilitateur/apprenant” au centre du problème!
Pour préciser ma pensée, je cherche à pouvoir m’appuyer sur des recherches ou des expériences de collègues pour faire évoluer mes pratiques.
Je tends à faire ce que vous développez, même si bien sûr j’ai encore largement matière évoluer. Il m’a fallu (et il me faut encore) du temps pour construire mon cadre, développer ma confiance en moi-même par rapport au lien avec les élèves, trouver mon juste milieu entre la relation humaine et la relation professionnelle… De l’intuition, de l’expérience, des ratages et des erreurs dont j’espère apprendre, oui, je pense bien comprendre votre message et je m’en sens proche.
Pour préciser ma problématique, je souhaiterais progressivement sortir du cours “magistral” classique. En fait, je voudrais voir si je peux enseigner autrement, apporter les connaissances autrement,
Je suis dans un cadre assez serré, avec le bac à préparer pour les Tles et les partiels pour les étudiants. Il y a beaucoup de stress, et aussi beaucoup d’exigence. Nous sommes toujours pris par le temps parce qu’il faut “boucler le programme”. Si je veux évoluer, je suis moi-même enfermée dans un type de processus (que je connais) et il m’est difficile de sortir de ma zone de confort, parce que je ne connais pas vraiment d’autre direction.
Sans me vanter, un de mes points forts est que je sais susciter l’intérêt des élèves pour ma matière. Je reçois énormément de retours positifs à ce sujet. Par contre, je me sens encore trop “rigide”, enfermée dans une façon d’amener les notions, et cela ne me convient pas. J’arrive à expliquer beaucoup de connaissances de plein de façons différentes, et pourtant, je vois que c’est insuffisant, je touche à une limite en ce qui concerne la façon dont je mène mes cours.
Je pense qu’il me manque des connaissances et des compétences sur les processus d’apprentissage chez l’adolescent et l’adulte. C’est pourquoi je cherche des lectures, des formations qui pourraient m’aider. et bien sûr des échanges.
J’ai des idées pour amener les élèves à devenir plus acteurs de leur apprentissage (ateliers en autonomie par exemple), ou sur l’organisation de la classe : entre autres arrêter d’avoir les tables en rangs et autoriser le mouvement en cours, parce que certains en ont besoin! Mais je manque d’éléments concrets pour m’aiguiller, et aussi pour convaincre un peu ma hiérarchie ou certains collègues : changer des tables de place même est compliqué, car je n’ai pas de classe attitrée.

Merci en tout cas pour votre retour, je ne vous ai pas trouvé naïf, loin de là, et je vais aller de ce pas aller mettre mon nez dans les ouvrages de ce monsieur Rogers ;-).


#7

Bonjour,

Avez-vous regardé : ce post, je pense qu’il peut vous apporter des informations que vous recherchez (notamment en ce qui concerne neurosup, il y a une conférence pas mal disponible ici)


#8

Bonsoir Delfeb,
J’ai intuitivement l’impression que vous êtes à deux doigts de la réponse, mais je ne sais pas trouver les mots pour l’exprimer. Et notre éducation nous enjoint à n’ouvrir la bouche que si nous sommes totalement sûrs de ce que nous allons dire, ce qui n’aide en rien … Eh bien non, je n’en suis pas du tout sûr, mais je sais qu’on peut rebondir sur des erreurs, en dégager d’autres idées, alors je me lance.
Je ne doute pas un seul instant de vos capacités à susciter l’intérêt de vos élèves : ils perçoivent parfaitement votre attention à trouver des modes d’enseignement plus captivants, et cela dit tout votre intérêt, votre respect pour eux. Sans le savoir, vous les placez ainsi en situation favorable pour apprendre. Ce n’est pas la pertinence de vos solutions qui apporte le plus (sans vouloir aucunement les minimiser), ce sont vos efforts pour trouver ce qui va le mieux qui montrent votre intérêt pour eux. Ne pas savoir (mais chercher) peut être un sérieux avantage !
J’ai l’impression « qu’il ne vous reste plus » qu’à casser le modèle de l’enseignant qui apporte les connaissances (dans lequel nous sommes tous plus ou moins enfermés, et qui est vital pour vous puisque c’est pour cela qu’on vous rémunère) pour passer à celui de l’enseignant facilitateur de l’apprentissage de vos étudiants .
C’est ce qu’ont fait Céline et Anna, et ça marche à tous les âges (pour nous les premiers : que sommes-nous en train de faire sinon rechercher ensemble des solutions que nous n’avons pas mais que nous subodorons fortement :slight_smile: ) !!!
J’aime beaucoup une analogie que faisait C. Rogers entre les conditions d’éducation des personnes et ces pommes de terre qu’on garde dans le noir, à l’abri de l’humidité, bien rangés dans des caisses et dont on voudrait surtout qu’elles ne fassent aucun germe, et qui pourtant ne vont pas arrêter d’en faire, longs, chétifs, pas beaux, agaçants …. Pas parce que ce sont de mauvaises patates, mais juste parce qu’il est dans la nature d’une pomme-de-terre de trouver un sol, de l’eau et de la lumière pour se développer et s’épanouir, et qui va le faire dès qu’on va la mettre dans un environnement adéquat. Son observation est qu’il en est de même pour les êtres humains (même psychotiques) dès qu’on les remet dans des conditions favorables à leur développement, apprentissage, épanouissement. Céline et Anna l’ont vérifié dans un contexte pas forcément évident.
Loin de moi l’idée que les enseignants considèrent ainsi leurs élèves. Je n’en serais pas aussi sûr pour nos modèles d’éducation millénaires, avec pour seul objectif de trouver des patates du bon calibre quand on en a besoin, et tant pis pour les autres … mais c’est une autre histoire !
Si je me mettais dans la peau d’un de vos élèves (j’ai été « apprenant » très longtemps, puis chercheur ce qui reste la façon la plus amusante d’apprendre :slight_smile:), voici ce qui pourrait me passer par la tête :
• Je ne sais pas du tout quels sont les ressources documentaires et techniques (bibliothèques, PC, internet, matériel de labo, ???) dont disposent aujourd’hui les élèves, mais ils ne devraient pas manquer d’idées pour aller chercher ensemble les informations relatives aux sujets qu’ils ont à aborder : vos programmes qui définissent leurs cibles et le calendrier de l’action (et ne sont plus seulement un carcan).
• Vous ne devriez pas être à court d’éléments pour leur montrer les intérêts de la biologie aujourd’hui : comprendre nos besoins vitaux, bien se nourrir, soigner, prévenir des maladies, comprendre d’où l’on vient, où on va, les risques écologiques, … Sans intérêt personnel, on n’apprend pas, on ne retient pas (comme le dit le documentaire cité par Stéphanie).
• Vous serez à même de les guider vers les sources d’information/connaissance et de leur apprendre à recouper ces informations pour les vérifier: ce-faisant, ils vont lire au moins deux sources, les comprendre, et donc ils auront appris sans le savoir, tout en développant leur esprit critique ? Compléter aussi ces connaissances par de l’expérimentation, de l’observation personnelle, avec votre accompagnement ?
• Ils pourront trouver des moyens de compiler ces connaissances : document électroniques, dossier partagé, complément d’un dossier Wikipédia, … A la lecture de ces compilations vous pourrez voir s’ils ont acquis les connaissances nécessaires et aviser si besoin.
• Pour contrôler les connaissances, ils pourraient utiliser les sujets d’examens antérieurs (qu’ils ont sûrement) pour vérifier s’ils ont capté toutes les informations/connaissances nécessaires et les compléter si besoin. Peut-être pourraient-ils évaluer la qualité de leur travail au besoin (ou non) de complément de leur compilation ?
• Il n’y aura peut-être pas une note mais gageons que beaucoup vont apprendre beaucoup en s’éclatant. Il y a fort à parier que ceux qui ne s’investiraient pas n’auraient pas plus appris sous forme magistrale ? Au moins ne récupèreront-ils pas une sale note. Votre avis continu sur leur niveau d’investissement personnel sera sans doute essentiel. Peut-être les élèves voudront-ils aussi se rassurer par des notes ?
Ce ne sont que des réflexions « à voix haute » et peut-être très déconnectées de la réalité, mais vos élèves sauront sûrement trouver avec vous ce qui irait bien, et si vous et eux êtes confiants sur une approche commune, ça marchera sûrement bien et vous créerez peut-être des vocations !
Il n’y a “que” le premier pas qui coûte dans ce genre d’approche. Oui, comme le dit Nadial, nous le pouvons tous, mais ne le faisons pas forcément, car l’énergie d’activation du premier pas est énorme. Cela fait appel à des compétences émotionnelles qu’on nous a bien appris à éviter, voire refouler. Et nous sommes doublement handicapés quand il s’agit de les mettre en œuvre, car nous ne nous sommes « jamais » entrainés à le faire et nous avons l’impression de faire appel à des ressources réprouvées …
Je pense que ça ne s’apprend pas vraiment (même quand on sait ce qu’il faut faire ; cf. ouvrages de C . Rogers). Le moyen le plus efficace est de pouvoir travailler en conditions réelles au côté de quelqu’un qui a ces compétences. Ça devient vite une évidence. L’élément vraiment encourageant est qu’une fois le processus engagé, les résultats arrivent et rassurent très vite. Cf. expérience de Céline et Anna.


#9

Bonjour,
J’ai eu les même questionnements. J’ai lu Céline Alvarez évidemment, Filiozat, Faber et Mazlish, Marshall Rosemberg et… je me suis lancée à taton en essayant de transposer ce que Céline A. avait fait vers le secondaire (je suis en lycée pro). J’expérimente depuis un an. Tout est en chantier, en mouvement. Plus de cours magistral depuis. Je fais bouger les tables à chaque séance par les élèves. Ils choisissent ce sur quoi ils veulent travailler (tous les dossiers sont prêts à l’avance). Ils travaillent seuls, à deux, trois ou quatre (maximum après différents essais), etc… Bref tout ça pour te dire que c’est possible, même quand on n’a pas les conditions idéales !! Belle suite !
Au plaisir d’échanger si tu le souhaites.
Rachel


#10

Bonjour,

suite à une formation en ligne organisée par les colibris sur l’éducation, nous avons crée un groupe de pairs (non public) orienté vers le collège et le lycée avec différents sujets pour échanger et partager autour de la CNV, de l’évaluation positive, des pratiques pédagogiques respectueuses, de la réforme du collège…

Vous pouvez vous y inscrire en suivant le lien suivant : https://framateam.org/signup_user_complete/?id=qthctigz9j8cpqdpdx7wjcxyoa

L’idée est d’échanger des expériences, des astuces et des documents de travail…

À bientôt !

Loïc


#11

De ce que j’ai vécu, de ce que j’ai lu, des récits d’expériences concluantes (dont celle de Céline et Anna), je crois que quand une relation positive (respectueuse de celui qui sait comme de celui qui apprend) sous-tend le transfert de la connaissance, cela se passe toujours bien, quels que soient les outils employés. Souvenons-nous des enseignants que nous n’oublierons jamais, avec lesquels nous avons tant appris: ils nous transmettaient leur passion, leur amour de nous, leur cohérence; ils voulaient nous grandir !
Quand la connaissance sert une relation de pouvoir (voulant établir/maintenir une “supériorité” de l’un sur l’autre: je sais, tu ne sais pas, je peux te contrôler, …) ça ne marche jamais, à part pour créer des êtres résignés, soumis ou rebelles et pour miner l’intégration des apprenants (en “opposant” ceux qui “sauront” aux autres). Là aussi, on peut se souvenir des quelques professeurs qu’on a détestés pour se souvenir de ce qui n’allait pas.
Je suis confiant sur le fait que votre “seule” (et courageuse) volonté de faire mieux pour vos élèves avec eux sera suffisante pour que ça marchera forcément mieux :slight_smile:


#12

Bonjour,
Je suis en pleine lecture de Céline Alvarez, et j’ai lu aussi les mêmes livres que vous (sauf le dernier) et quelques autres. Je suis en lycée général et entame tout juste ma réflexion sur la possibilité d’une nouvelle façon de fonctionner en classe. Sauriez-vous me donner quelques exemples de “dossiers” sur lesquels vos élèves peuvent travailler? En quoi consistent-ils concrètement? Je suis très désireuse de premières pistes pour mettre en route ma réflexion. Je vais aussi aller voir le site des colibris indiqué par Loïc.
Merci de vos retours!
Blandine


#13

Bonjour,
Je comprends votre position, puisque je me suis retrouvée dans la même position après avoir lu le livre de Céline Alvarez. Je suis en lycée en physique chimie, et j’ai complètement changé de manière d’enseigner, et quel plaisir !
Nous (je me suis lancée avec une collègue) avons eu la chance qu’un élève vienne faire un reportage dans notre classe. Je vous donne le lien, cela peut vous donner des pistes.
http://blog.ac-versailles.fr/classeaccompagneeionesco/index.php/post/Reportage-sur-notre-méthode
Au plaisir
Emilie


#14

Salut, pour le secondaire, il y a aussi la démarche testée et proposée par Vincent Faillé. Je suppose que vous connaissez sinon, son petit livre sur les «classes mutuelles» est instructif et plaisant à lire


#15

Bonjour! Je me renseigne sur les methodes d’enseignement type Montessori dans le secondaire, serait il possible d’échanger plus sur ce que vous mettez en place, les resultats positifs et les limites rencontrées? :slight_smile:


#16

Bonsoir Delfeb,
Avez-vous regarder du côté de la formation pour adulte?votre cpf ? Le plan académique de formation des enseignants ? Et si oui qu’en est-il ?


#17

Bonsoir et merci à tous !
Je suis enseignante en maternelle en pleine remise en question sur ma façon d’enseigner également (avec des hauts et des bas forcément) mais surtout maman d’un ado diagnostiqué (tard !) haut potentiel et actuellement en situation de décrochage scolaire(il ne supporte plus le côté magistral des cours, la redondance, les répétitions, l’ennui …)
Et sans aucunement vouloir accuser qui que ce soit (chacun fait ce qu’il peut !), je suis certaine que s’il avait rencontré davantage de professeurs comme vous, un enseignement plus “horizontal” que “vertical”, il se serait davantage adapté au système scolaire …