Bienfaits de la collectivité avant 3 ans : quelle évaluation scientifique?


#1

Bonjour,
Je suis la maman d’un petit garçon de 2 ans et demi que j’ai inscrit dans une “preschool” qu’il intégrera dès septembre.
J’ai toutefois encore des doutes sur ce choix.
D’un côté, je pense que les activités et le projet pédagogique proposés par l’école (musique, bilinguisme, sorties etc.) pourraient combler la soif de nouvelles expériences de mon enfant, qui commence à s’ennuyer à la maison, avec sa nounou et ses copains. D’un autre côté, je m’inquiète de l’imaginer au milieu de 15 autres enfants pour seulement 2 à 4 encadrantes.
Aussi, je recherche des travaux scientifiques qui évalueraient la pertinence de la collectivité pour le très jeune enfant. En connaissez-vous?
Je me doute que la qualité du cadre et des professionnels jouent énormément, tout comme l’environnement (espace, sorties en extérieur, matériels…) mais que penser de la collectivité en soi en intégrant ces facteurs?
Merci beaucoup,
Charlotte


#2

Bonjour
Je suis enseignante en maternelle. J’ai travaillé en ZEP et accueilli des enfants de 2 ans (toute petite section) pendant plusieurs années. Pour ce qui est de la scolarisation en maternelle dans l’éducation nationale à partir de 2 ans, elle est très bénéfique pour les enfants issus de milieux défavorisés. Ceux qui ne maîtrisent pas la langue, dont le langage est pauvre à la maison, ceux qui ont besoin de se sociabiliser et sortir de “leur milieu”. Par contre, elle est beaucoup moins bénéfique pour les enfants de milieux “porteurs”. Ce sont les études qui nous ont été rapportées. Je l’ai remarqué également dans ma classe et mes collègues également. Les enfants de milieux déjà stimulants pouvaient régresser niveau langage et comportement car ils se retrouvaient avec des enfants qui ne parlaient pas et qui n’avaient pas les mêmes comportements. Je n’ai pas voulu scolariser mon enfant à 2 ans à cause de ça. De plus, la collectivité est très fatigante pour un enfant de 2 ans. L’adulte est moins disponible pour lui, il y a beaucoup plus de contraintes et de règles à respecter, c’est fatiguant physiquement et psychologiquement. Mais peut-être que l’école où tu as inscrit ton enfant est une école avec des enfants déjà issus de milieux stimulants donc pas de problème, peut être que tu comptes le mettre que le matin aussi alors dans ce cas, ça respectera mieux le rythme de ton petit. Cela me fend le coeur de voir des petits de 2 ans rester des journées complètes à l’école car je mesure directement sur le terrain leur fatigue et leur attente. Après, c’est le constat que j’ai fait dans le cadre de l’éducation nationale et en ZEP (pédagogie traditionnelle, peu de moyens, peu d’adultes comparé aux nombres d’enfants, classes non adaptées pour les petits de cet âge…). Il faut se renseigner sur le “public” qui est scolarisé dans cette école et le rythme d’une journée, le nombre de personnel, les locaux, la pédagogie…


#3

Bonjour, merci beaucoup pour ce témoignage en toute honnêteté qui me parle beaucoup. M’autorisez-vous à le partager ?
Bonne journée à vous :slight_smile:


#4

Bonjour, oui pas de soucis!


#5

Merci :slightly_smiling_face: l’étude dont tu parles est l’enquête PISA ?


#6

Merci 1000 fois Logi13 pour la franchise de ta réponse. Ces retours d’expérience honnêtes sont extrêmement précieux pour nous, parents. Si seulement l’accompagnement des jeunes enfants étaient fondés sur ces avis professionnels, venant du terrai, et non sur des idéologies ou valeurs…
Ce que tu rapportes fait tout à fait sens et confirme mon intuition. J’ai donc essayé de trouver une alternative à l’école, qui permette à mon fils de 2 ans et demi de s’épanouir. Ma nounou, qui s’occupe très bien des bébés, n’a pas de formation sur les compétences exécutives et la nécessité de les soutenir à l’âge de 2 /3 ans (il semble que très peu de nounous ont ce type de formation). Et pour Un enfant de cet âge, être gardé avec des bébés qui n’ont absolument pas les mêmes centres d’intérêts et besoins ne me semble pas satisfaisant non plus. On a donc opté pour un jardin enfants (2,3 ans), attenant à une école d’1 classe seulement, de pédagogie Montessori. Il y restera seulement les mâtinées, avec l’objectif de lui permettre d’avoir des copains de son âge, et d’avoir des activités adaptées, encadrées par un personnel formé.
Il y a 16 enfants Max ( mais moins à priori cette année, au vu du contexte sanitaire) pour 3 encadrantes, dont une anglophone. Ils sortent régulièrement au parc.
L’origine sociale des enfants est mixte, car dans cette « école », les parents les plus aisés paient pour les moins aisés.

Nous ne l’y laisserons pas si l’on sent que cet environnement ne lui apporte rien, ou qu’il n’y est pas heureux ( j’ai la chance d’être en congés maternité…)
J’ai encore des doutes sur les bénéfices qu’il titrera de cette expérience. Je ne suis pas experte, mais j’ai l’impression que soutenir les compétences exécutives d’un enfant demande à cet âge beaucoup d’attention de l’adulte, et je ne suis pas sure que le nombre d’encadrantes permette cela.
Mais je vous donnerai mon avis, en toute sincérité. N’hésitez pas à me donner le vôtre également:
Pourriez vous me donner les références de l’étude PIsA qui est citée?
Merci encore .
Bon dimanche


#7

J’avoue que je ne sais plus du tout de quelle étude il s’agit. Ce sont les conseillers pédagogiques et les inspecteurs de l’époque qui nous en parlaient et des constats que l’on avait fait nous même enseignants sur le terrain.
Charlotte je pense que l’école que tu as choisi est une très bonne alternative pour ton petit, d’après ce que tu as décrit. Les compétences exécutives sont les premières choses à développer chez les enfants avant tout autres apprentissages. Après 15 ans de pédagogie traditionnelle je me suis reconvertie dans la pédagogie montessori dans ma classe de 3/6 ans et je ne reviendrai plus jamais en arrière. Quel dommage que je sois obligée de me former et d’acheter le matériel montessori à mes frais mais quel bonheur d’aller travailler. Ton petit va se régaler dans une structure bienveillante, stimulante, un environnement adapté et avec d’autres enfants élevés dans le même état d’esprit. Ce que tous les enfants devraient bénéficier dans l’éducation nationale…


#8

https://vimeo.com/ondemand/etreetdevenir


#9

Bonjour,
Petit bilan après quelques mois passés dans la preschool. Mon fils qui aura 3 ans en mars est ravi. Il est heureux d’aller à l’école et Son autonomie s’est considérablement développée. Je pense toutefois que cela dépend beaucoup de la qualité de l’encadrement. De plus, je le récupère après le déjeuner, et non à 16h comme les autres enfants. Je doute en effet de l’efficacité d’une sieste dans un 20 mètres carré avec 14 autres enfants , et cette sieste est très importante pour lui et son bien être.
Je recommande donc la preschool, mais à certaines conditions.


#10

Bonjour,

Je ne sais pas si cette info vous sera utile, mais pour ma part ma fille a passé également quelques mois dans une preschool, elle était ravie de son expérience !
Louis


#11

Super! Je pense que le personnel encadrant doit être très bien formé et répond à toutes les attentes des petits de cet âge. Dans ces conditions, tout ne peut que bien se passer. Dommage que dans l’éducation nationale cela ne soit pas vraiment le cas… Rien n’à voir mais j’y pense, en ce moment on doit faire laver les mains aux enfants presque 10 fois par jour à cause du protocole sanitaire, on nous donne des savons agressifs avec du bactéricide dedans, les petits ont la peau à vif et de plus on nous dit qu’on dépense trop de papier essuie-tout pour leur essuyer les mains! On nous a dit une feuille de papier essuie tout par enfants, sauf qu’après ils ont toujours les mains humides et la peau s’abîme…


#12

“Je pense toutefois que cela dépend beaucoup de la qualité de l’encadrement.”

Je suis persuadé que c’est le cas partout, et que ça a même d’avantage d’influence que le choix de la pédagogie, de la structure, du matériel,… :wink: Après tout, une pédagogie ne sera efficace que si l’équipe en charge des enfants (et les parents d’ailleurs) se l’approprie et se sent à l’aise avec.