Cinéma et pédagogie


#1

Je suis, je l’espère un futur enseignant dans le primaire. Avant d’en avoir cette certitude, il me faut réaliser un travail. Le thème que j’ai choisi d’aborder est d’établir un lien entre le cinéma et la pédagogie. Seulement, après l’idylle des premières découvertes, je me suis heurté à une autre réalité. La question se pose, quels éléments de réponses puis-je amener pour justifier l’existence de mon travail. Attention, je ne cherche pas à prouver la place du cinéma dans l’enseignement. S’il n’en a pas, il n’en aura pas.
Pour vous résumer mon cheminement réflexif, je vous vais vous citer. Ma première conclusion est partie d’une simple réflexion de votre part : « C’est malheureusement le cas avec les dessins animés même certifiés éducatifs à moins qu’il ne vende un adulte réel avec le DVD ce dont je doute leur efficacité est nulle ou très insignifiante. » Ma première question, pour vous, est la suivante, la présence de l’outil filmique se justifie-t-elle à partir du moment où son existence est accompagnée d’une guidance humanisée et indivudualisée?

Au-delà de ce propos, on peut prendre en compte la philosophie de Maria Montessori qui se synthétise de cette façon, « il ne faut pas considérer les activités qu’elle a proposé comme une finalité en soi, mais comme un point de départ fort pertinent que nous devons absolument nous sentir libres d’adapter à notre époque et à l’enfant que nous avons en face de nous. » En partant des propos de Maria Montessori, devons-nous faire abstraction dans l’enseignement de ce qui constitue un élément omniprésent dans la vie des jeunes enfants ?

Ce travail a une majeure partie consacrée à la sensibilisation aux écrans et aux images. Avez — vous des conseils, propositions d’activités, commentaires, etc. concernant cette démarche ?

Ma dernière question sera sur le cœur même de mon sujet de TFE. Monsieur Desmurget répond dans une interview, à la question suivante : « Est-ce qu’il peut y avoir un bon usage des écrans ? » Ce à quoi, il répond. « Oui, personne ne le nie. » Plus loin, il dit qu’il y a également des usages bénéfiques, et il donne l’exemple des situations pédagogiques, remédiations. Ma dernière question est la suivante, concrètement quelles peuvent être ses situations pédagogiques ? Comment mettre en place de manière opérante, le cinéma ?
Je fais cette démarche en toutes connaissances de cause, j’ai lu votre travail, ainsi que notamment celui de Desmurget et Gueguen.

Cette démarche se veut la plus bienveillante possible auprès des élèves. J’ai pleinement conscience que l’être humain est être social et que son apprentissage doit être avant tout social. Dans mon travail, je ne souhaite rien inventer ni révolutionner, je souhaite juste trouver une place pertinente à l’outil filmique (aussi minime soit-elle) dans l’enseignement.


#2

Je tente une réponse pour contribuer à la réflexion sur la place des écrans en classe. J’ai des élèves de 3 à 4 ans. Les écrans sont quasi inexistant dans ma pratique à cet age. Ce malgré un beau vidéoprojecteur tout neuf, que je n’ai pas demandé , et que j’utilise très peu.

De temps en temps, j’utilise un dessin animé, ou des photos, en langage. Petit ours brun par exemple, on n’est pas dans de grandes oeuvres de cinéma ! Donc, de grands temps d’échanges à l’oral sur des images en commun. Pour le moment, nous avons surtout commenté l’histoire, les personnages, leurs sentiments. Avec des digressions vers le vécu des enfants.

Plus tard, l’analyse des images pourra mener à des discussions intéressantes sur ce que l’on voit ou pas. Pareil pour l’analyse de plans séquence en cinéma. L’intérêt pourra être de filmer de petites séquence de jeu théâtral. De discuter ensemble comment filmer, ou mettre la caméra spectatrice. C’est en réalisant avec les élèves que l’on pourra le mieux leur faire prendre conscience de ce qu’est le cinéma.

Pour le moment, l’utilisation des images numériques en classe se limite à la prise de photos des enfants en activité. Les photos sont collées dans le cahier de vie pour raconter aux parents. Ce dernier mois, nous avons également pris en photo les constructions modèles inventées par les enfants, montées et démontées. Réussir à cadrer et faire le point est déjà une gageure à cet âge.

Voila ma contribution à ce sujet. Je suis curieux d’avoir vos témoignages. Bon courage pour ton mémoire @corentinsteeman.


#3

Bonjour. Petite pierre à l’édifice également mais j’ai peur que tu n’aies déjà exploré ces pistes : il existe le dispositif “Ecole et Cinéma”, puis pour les plus grands “Collège et cinéma”. C’est très enrichissant pour les élèves car des livrets d’accompagnement bien conçus sont fournis pour préparer les séances de visionnage et poursuivre ensuite. C’est généralement 3 films dans l’année. Bien sûr ce ne sont pas les dernières sorties à l’affiche mais des oeuvres du patrimoine que certains enfants n’auraient jamais vu par ailleurs.
Ensuite, il me semble qu’il y a un écueil au niveau de la diffusion d’oeuvres de cinéma en classe. Nous ne sommes pas censés projeter nos dvd persos, ni utiliser Youtube ou notre abonnement Netflix pour les classes. Il y va des droits d’auteur et tutti quanti. Donc prudence ! C’est à dire absolument dans ton mémoire sinon tu vas te faire laminer !!! (et du coup, sans cela, le budget qu’il te faut pour amener les classes au ciné c’est…glupssss…)
Sur Canopé, il y a un onglet Cinéma à l’école.
Il existe un site excellent : Films pour enfants. Mais il est payant pour avoir accès à certaines oeuvres. Cela peut se discuter en équipe pour investir ensemble pour l’école.
Pour ce qui est de filmer avec les élèves, de travailler sur l’écriture d’un scénario, le cadrage, le montage, il faut bien cibler la tranche d’âge. Et sinon accepter de faire le gros gros gros du boulot soi-même.
Attention également au droit à l’image, bien faire signer toutes les autorisations, surtout si cela débouche sur un petit dvd souvenir.
Bref, il y a un réel bénéfice à utiliser cet outil, c’est indéniable. L’image occupe une place prégnante chez les jeunes (et les moins jeunes d’ailleurs). Bcp d’enseignants du collège et du lycée n’hésitent pas à renvoyer les élèves sur des oeuvres filmées, sur des vidéos pour ancrer les notions par un autre moyen que leur cours.
Le cinéma est un art et à ce titre il a toute sa place dans le travail de la culture commune, et peut figurer dans le fameux PEAC.
Bonne continuation dans vos recherches sur le sujet !


#4

Bonjour, je réponds au point qui concernait la diffusion en classe. Voici un bref passage de mon travail qui réponds à votre interrogation.
il existe des exceptions aux droits patrimoniaux de l’auteur qui échappe en quelques sortes à la précédente définition. C’est notamment le cas de la recherche scientifique et de l’enseignement.
L’auteur ne peut interdire, dans un cadre d’enseignement (si l’on se réfère à la codification de la loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins d’aout 2017, sous-section 2, article XI. 191) : « les citations effectuées (….) l’exécution gratuite effectuée dans le cadre d’activités scolaires (….) la reproduction d’œuvres (….) pour autant que l’utilisation soit justifiée par le but non lucratif poursuivi, et que l’utilisation ne porte pas préjudice à l’exploitation normale (….) la communication au public d’œuvres à des fins d’illustration (….) »
Ce qui signifie que toute autre utilisation nécessite une autorisation de la part de celui ou ceux qui possèdent les droits. En résumé, pour que l’utilisation d’un film soit légale, il faut que sa diffusion soit gratuite, dans un contexte scolaire (horaire, locaux, etc.), en illustration d’une matière enseignée, sa diffusion se veut donc pédagogique et didactique. Il faut donc respecter méticuleusement chaque condition pour ne pas s’exposer à des poursuites judiciaires ou à des procédures civiles.
Par exemple, diffuser un film dans sa classe en fin de trimestre est illégale car il ne répond pas à une des conditions. Sa diffusion n’est pas en illustration d’un cours et devient donc une diffusion ludique.
Une fois que la diffusion de film se justifie légalement, il reste un point à respecter « Lors des utilisations (….)sont mentionnés la source et le nom de l’auteur, à moins que cela ne s’avère impossible. »
Il en vient également de la responsabilité de tout citoyen de respecter le travail de tous les artistes et artisans derrière la réalisation du film. Pour cela, il est utile de préciser qu’il faut acquérir le film de manière légale, c’est-à-dire location de film, achat de dvd, etc.