Climat scolaire en élémentaire


#1

Je cherche des idées pour améliorer le climat de classe, développer
l’écoute et l’entraide avec des CE2. Apparemment ils sont habitués à
être menés à la baguette et de manière autoritaire, mais je ne souhaite
pas faire ainsi. Je trouve qu’ils ne sont pas sympathiques entre eux
(des élèves qui se moquent des autres ou les traitent de nuls…) et
j’ai souvent des disputes ou des bagarres. Avez-vous des idées ? Je ne
trouve pas facile de faire changer des habitudes prises déjà à leur
âge… Pour l’instant je travaille sur les émotions et bientôt sur les messages clairs. Qu’en pensez vous ? Merci!


#2

Enseignante en CE2/CM1.Le climat de ma classe est aussi très lourd et ma bienveillance m’interroge tout les jours … Vais-je pouvoir maintenir le cap face à des difficultés de cohésion qui semblent s’accroitre? Je commence tout juste le conseil d’élèves et la mise en place de messages clairs mais difficile à pratiquer avec des enfants qui ne s’écoutent pas… Mais j’essaie de garder espoir! J’ai même solliciter les membres du RASED. Le maître G, après avoir passé un court moment dans ma classe, a vite cerné ce manque de cohésion et ces conflits; il devrait m’aider à essayer de les atténuer.
Quant à la mise en place des ateliers; ça se passe de façon ponctuelle pour l’instant: tous les matins je leur prépare désormais un atelier ( que j’aurai choisi ) sur leur table et finalement c’est moins la cohue à l’arrivée en classe, puis une fois cet atelier terminé, ils peuvent en choisir un autre. Petit à petit les enfants s’intéressent aux divers ateliers même si certains restent beaucoup plus plébiscités que d’autres. IL va falloir encore parfaire ceci. Ce moment dure 30 à 40 minutes le matin puis ensuite je reste dans un fonctionnement traditionnel avec activité collective en demi groupe pendant que les autres sont en autonomie (mais sur une même activité :frowning: ) .Deux autres créneaux horaires sur deux après midi sont aussi consacrés à ces ateliers.
Bref, le chemin est encore long et les questions se multiplient…


#3

Bonjour @Drine et @cbus,
Une année, j’ai eu à faire à un groupe particulièrement “désagréable” (c’est malheureusement le mot le plus adapté). L’avantage, c’est qu’ils m’ont poussé à approfondir ce travail sur le climat de classe. Voici quelques petites choses que j’avais mises en place et qui ont (très) progressivement porté leurs fruits:

L’ambiance n’a pas changé en un clin d’oeil évidemment, de toute ma carrière, c’est le groupe qui m’a pompé le plus d’énergie. Il a aussi fallu que je modélise la patience, l’écoute empathique, la communication bienveillante, et ce n’était pas simple tous les jours dans ce contexte. Il m’est arrivé plusieurs fois de dire: “On arrête tout, faites ce que vous voulez pendant 30 minutes, chacun à votre table, mais je ne veux pas vous entendre.” Pas glorieux, mais très efficace pour faire retomber la pression, chez eux et chez moi.
Néanmoins, je suis persuadée que cela aurait été bien pire si je n’avais pas mis en place tout ce que j’ai détaillé plus haut… et réutilisé avec plaisir les années suivantes avec des groupes plus respectueux !

Bon courage à vous deux, :sunflower:

Anne


#4

Il y a fort longtemps, en ZEP, j’ai vu une collègue pratiquer ce qu’elle appelait “les petits bonheurs”

Au lieu de parler des difficultés (ou les rancœurs refont vite surface), elle avait mis en place un temps où les enfants ne pouvaient dire que du BIEN des autres :
" j’ai bien aimé qd untel m’a aidé à finir mon cartable"
" truc m’a appelé pour jouer avec lui alors que j’étais tout seul"
" machine m’a expliqué un exercice"

Je n’ai pas eu l’occasion de mettre en place avec mes petits bouts de maternelle, mais je pense que ça peut s’expérimenter avec des plus grands.

Changer de regard (et de position du coup), ça fait du bien aussi de temps en temps :couple_with_heart:


#5

Merci beaucoup pour tous ces conseils, cela va m’aider pour la prochaine période. Cette première période m’a complètement démoralisée je dois dire…


#6

@cbus
Courage ! Et surtout, pas de culpabilité hein ! Ce n’est pas de “ta faute” si le groupe est ainsi, certaines années, c’est comme ça. Il y a des groupes qui t’arrivent déjà bien soudés, d’autres déjà très tendus, exactement comme les groupes adultes. Fais ce que tu peux, mais prends soin de toi aussi, et prends du recul. Profite bien de tes vacances en tout cas !
:tulip:


#7

Merci @Kej Ce n’est pas facile quand on te fait sentir que c’est toi que n’a pas assez serrés les élèves dès le départ… Je vais essayer de bien me reposer et on verra la période suivante.


#8

Bonjour, j’utilise un cercle en fin de matinée pour que les élèves puissent se faire des compliments ou remerciements ce qui contribue à une bonne ambiance de classe et plus de coopération de leur part. Ensuite nous lisons l’ordre du jour si un problème doit être abordé, les élèves utilisent un cahier pour y mettre leur problème qu’il souhaite voir traîté par le cercle. Cette recherche de solution développe leur compétence d’écoute et d’empathie et les problèmes trouvent toujours une solution puisque c’est leur solution et qu’elle marche !


#9

Bonjour Cbus,
J’ai eu des cycle 3 pendant 10 ans. Je te donne en vrac ce qui a permis d’avoir une bonne dynamique de groupe. Ne lâche pas, tu y arriveras.
Des ressentiments vers la sagesse
La première période je mettais une boîte à chaussures pour les messages qui parasitaient la concentration et l’ambiance en classe. Comme l’a noté @Kej, il y avait un débordement, des règlements de compte voire des menaces à chaque message déposé dans la boîte. Soit je m’adressais directement aux concernés (si le message n’était pas anonyme). Je les aidais à trouver des solutions avec les concernés. Je leur proposai ensuite de parler de leur problème aux autres lors d’un conseil (une fois par mois voire une fois par semaine au début).
Cela met du temps, mais cela vaut le coup. Nous abordions des sujets de vie d’élèves, nous accordions une grande importance à chaque problème, parfois de réelles souffrances. Ce temps de parole est important. J’étais très ferme sur les valeurs à respecter.
Au fur et à mesure de l’année, ces conseils devenaient de véritables petits débats philosophiques. A chaque séance, il y avait un secrétaire et nous reprenions les points qui étaient restés en méditation.
Les comités de lecture
Nous pratiquions les comités de lecture (un après midi par semaine) : chaque enfant présentait, s’il le désirait un livre qu’il avait adoré. Il le proposait à d’autres. Ils avait leur propre cahier de lecteurs où ils laissaient une trace de leur lecture (photocopie de la couverture, illustrations photocopiées ou réalisée par un enfant, critique, résumé…
Ils pouvaient s’il le désirait me le montrer pour que je fasse une petite toilette orthographique.
Lors de ces comités de lecture : des enfants regardaient ensemble des livres, discutaient, riaient.
Pour ma part, j’accompagnait les enfants qui n’avaient pas encore rencontré leur livre coup de coeur et je m’évertuais à lui proposer plusieurs lectures, d’autres enfants leur proposaient des lectures.
Nous participions à tout ce qui était organisé à l’extérieur de l’école : prix de la citoyenneté, défi école-collège…
Je clôturai la séance par une lecture à voix haute offerte (le petit prince, la comtesse de ségur… mes livres préférés). Nous avions également mis en place une lecture relaie : un livre dont chacun lisait une partie en début de matinée (ce n’était pas imposé, et chacun lisait la quantité qu’il pouvait).
atelier d’écriture
Chaque semaine je réservais un créneau atelier d’écriture. Je proposais des sujets. Nous partagions oralement nos idées afin de que chacun puisse avoir son propre projet d’écriture. J’accompagnais alors les enfants qui n’avaient toujours pas d’idée. Je prenais parfois en charge l’écriture.
Nous écrivions au tableau tous les mots dont ils avaient besoin et les dictionnaires étaient tous sortis (synonymes, conjugaison…).
A tout moment, les jeunes écrivains pouvaient lire devant la classe son premier jet ou le faire lire par quelqu’un pour avoir notre avis. Ils pouvaient également le faire lire seulement par d’autres enfants.
Je prenais en charge le toilettage orthographique. Parfois je corrigeais directement l’erreur ou j’annotais une référence dans la marge (classeur outil ou dictionnaire) pour que l’enfant se corrige lui-même (si je pensais qu’il en était capable).
Ils devaient alors recopier leur production. Je corrigeais à nouveau. Puis le 3ème jet était édité sur ordinateur.
Nous réalisions alors l’illustration. Parfois les enfants demandais à d’autres de réaliser l’illustration.
Enfin venait l’heure de l’exposition des production.
Les rituels
Le matin nous avions divers petits rituels qu’ils aimaient
Le proverbe ou l’expression du jour (écrit par un élève le matin. Les parents aimaient choisir avec leur enfant 'expression : pas de tabou).
Le compte est bon (les parents adoraient faire le compte est bon avec leur enfant).
La petite dictée quotidienne avec analyse collective du sens avant et analyse collective de phrases après.

Fais-toi plaisir et surtout accorde le temps qu’il faut aux problèmes de vie de classe qu’ils rencontrent.
C’est du langage, de l’éducation civique.
Bonne vacances, ressource-toi bien.


#10

@sophilo Merci beaucoup pour toutes ces idées, j’en retiendrai sûrement quelques unes pour la prochaine période. Pour l’expression du jour, ils devaient la chercher à la maison avant de venir le matin en classe ?
Merci encore.


#11

Oui, un élève par jour devait chercher et pouvait choisir avec ses parents.
Chaque jour j’avais un élève attitré à cette tache.
Je proposais mes propres expressions ou plutôt pensées que j’adorais (Confucius, Lao Tseu, Rousseau…).
Les enfants commençaient leur journée en écrivant la date et ils recopiaient le proverbe, l’expression ou la pensée du jour.
Nous échangions sur le sens et la journée démarrais toujours sur une note positive.
Certains connaissaient par coeur des expressions que je n’hésitais pas à réutiliser à chaque événement opportun : “On crée ce qu’on craint” ; “La véritable erreur est celle que l’on ne corrige pas.” ; “La liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence” ; “Conquérir sa joie vaut mieux que de s’abandonner à sa tristesse”.“L’erreur n’annule pas la valeur de l’effort accompli.”…
Lors des conseils, nous les rappelons également.
Parfois nos dessinateurs en herbe nous offraient une illustration (peut être de futurs Cabu :rose:).
Fais toi confiance et fais leur confiance (“Si vous avez confiance en vous-mêmes, vous inspirez confiance aux autres.”). Exploite toutes leurs compétences. Un jour j’ai proposé à un enfant de venir faire son “one man show” une fois par semaine devant la classe plutôt que d’amuser la galerie au quotidien; Il devait écrire ses blagues et pouvait se les faire corriger.
Bonne continuation et joyeuse route.


#13

Je fais un peu remonter le post en vous faisant partager une lecture d’un blog très instructif.
C’est un enseignant canadien qui a mis en place des “trucs” pour instaurer le respect dans la classe. Il a travaillé dans des collèges difficiles et a pu expérimenter ce fonctionnement dans des conditions extrêmes: en fait c’est le @Celine canadien!:grin:
Il décrit très bien les différentes phases auxquelles on peut être confrontés ce qui permet de ne pas se décourager (ce que décrit aussi Céline Alvarez):
Phase 1: euphorie
Phase 2: retour à la normale (c’est là qu’il faut instaurer les différents trucs: thermomètres à élèves, post-it)
Phase 3: phase pénible
Phase 4: fin de la phase pénible
Phase 5: tranquille jusqu’à la fin de l’année Youpi!!!

Bref il en parle tellement mieux que moi:

http://www.stephanecote.org/gestion-de-classe/


#14

@Kej Merci beaucoup pour les liens de jeux coopératifs et d’art collaboratif, pile ce que je recherchai pour cette rentrée… Merci !!!


#15

J’aime bien cette idée des “petits bonheurs”, que je pratique souvent surtout en début d’année. :slightly_smiling_face: