Bonjour Christelle,
Effectivement, à la moitié de l’année j’y vois plus clair et je peux faire un bilan d’étape en me focalisant uniquement sur les choses positives
Quand j’arrive le mercredi ou le jeudi matin, j’enlève les draps qui cachent mes ateliers en début de semaine, et la classe est tout de suite opérationnelle.
Les enfants, tous niveaux confondus, choisissent leur atelier, me demandent un mandala (que je garde pour ne pas en retrouver 10 commencés sans nom qui traînent : je donne le paquet, l’enfant choisit puis me rend le paquet), vont au coin bibliothèque ou discutent. Le seul coin que j’ai gardé, parce que ma collègue préfère, est un petit coin poupées-cuisine, mais pas trop fourni. Ce coin est de moins en moins occupé et j’en suis ravie, car il y a moins de bruit et de bazar.
1 GS est entrée dans la lecture : elle utilise l’alphabet mobile avec moi pour écrire des mots, lit mes messages secrets, dans lesquels j’utilise les lettres muettes (soulignées) et les digrammes en couleur, lit les billets d’ordres simples (Rigole, Recule, Roule…). Elle prend les pochettes de lecture en autonomie (pour le moment, les 3 premières bleues). On va commencer les petites phrases à la rentrée, et terminer les quelques lettres rugueuses qu’elle ne connaît pas encore. Elle est très demandeuse.
3 autres GS sont motivés, connaissent une quinzaine de phonèmes, commencent à écrire avec l’alphabet mobile, mais ne lisent pas encore. Par contre, l’un d’entre eux dit les mots quand celle qui lit a lu chaque phonème : il faut que je le bâillonne presque parce que c’est frustrant pour elle !!! (elle lit “vvv ééé lll ooo” et il dit “vélo !” avant qu’elle ait eu le temps de “rapprocher” les sons !)
Tous les GS (6) sont demandeurs d’écrire sur les petits cahiers les lettres rugueuses qu’ils connaissent, et leur prénom.
Les MS et les GS demandent régulièrement de compter sur la bande numérique, qui va jusqu’à 170 environ, mais il faut qu’on ajoute la suite parce que 2 MS et 1 GS arrivent au bout. Les PS regardent avec curiosité mais veulent rarement compter spontanément.
Les GS et quelques MS ont acquis (ou sont en cours d’acquisition) le système de position. C’est-à-dire qu’ils lisent 58 “cinquante-huit” et non “cinq-huit”, en ayant travaillé avec les tables de Seguin.
Tous les GS, presque tous les MS et 3 ou 4 PS (sur 9) réussissent les fuseaux, donc associent un nombre à une quantité en dénombrant sans erreur, de 0 à 9.
Tous les PS s’intéressent au découpage et sont bien plus efficaces que certains de mes MS de l’année dernière en fin d’année. Les GS adorent “bricoler” pour un oui ou pour un non. Ils utilisent colle, ciseaux, et petit matériel et construisent en volume avec le moindre bout de papier. Les MS commencent à les imiter.
Certains PS sont capables de colorier un mandala (format A5 avec surfaces plutôt petites) en entier et en ne dépassant presque pas. J’ai remarqué en particulier que plusieurs “pénibles” (qui bougent beaucoup et ont du mal à se poser) sont capables de rester concentrés longtemps sur cette activité.
Les versés “simples” ont moins de succès maintenant qu’ils les maîtrisent tous, et les ateliers plus complexes type “verser de l’eau dans un verre” ou “verser avec une théière” sont très utilisés par les MS et par la moitié des petits. Je suis épatée de voir que les PS sont capables d’installer tous les éléments de l’atelier avant d’aller remplir le pichet ou la théière et de remettre tout en place à la fin. Mes MS de l’an dernier n’en étaient pas tous capables.
L’utilisation du balai, de la balayette + pelle, de la serpillère et de l’éponge sont maîtrisés pour la plupart : ils savent quoi utiliser dans quel cas (au sol, sur la table…) et plusieurs les utilisent spontanément (pas tous !!!)
Les PS me demandent régulièrement de leur présenter les solides géométriques, et après une leçon en 3 temps avec 3 solides, font des constructions avec certains des 10 solides, en associant systématiquement les faces identiques : le cône sur le cylindre, le prisme sur le pavé (couché) ou la pyramide à base triangulaire sur le prisme (debout), etc. Je trouve ça super intéressant à observer, et c’est parfois l’occasion d’une piqûre de rappel des noms des formes planes.
Les pochettes de vocabulaire ont toujours du succès. Les enfants les prennent à 2 ou vont chercher l’ATSEM. Ils adorent le visage (ça permet nombre de grimaces originales !) et les parties du corps (qu’ils montrent ou utilisent, pour les articulations, en n’oubliant pas de se trémousser !).
Je ne vais pas faire le tour de tous les ateliers, mais je constate qu’ils sont à l’aise dans la classe, que la classe est calme la plupart du temps, et que seuls 2 ou 3 enfants à la fois ne sont pas en activité. Pour autant ils observent les autres.
Et ma petite victoire a eu lieu en janvier… Dans l’organisation de notre école, les GS des 2 classes sont regroupés de 14h à 14h40 avec ma collègue, pendant que je surveille la sieste des MS (les ATSEM sont alors en pause). De 13h35 à 14h, j’accueille les MS et GS qui reviennent du repas de midi chez eux, et j’envoie les MS à la sieste après passage aux toilettes. De septembre à janvier, les GS demandaient à aller tout de suite dans la classe “des grands” pour retrouver leur copains et faire un temps d’accueil libre avec eux. Depuis janvier, ils me demandent de rester avec moi pour que je les fasse lire, écrire, découvrir de nouveaux phonèmes, en profitant de ce moment où je suis disponible pour eux (les moyens se gèrent seuls pour aller se coucher…). J’ai savouré le moment où pour la première fois ceux qui revenaient de la cantine à 13h35 m’ont demandé : “on est obligé d’aller tout de suite avec les autres grands ? On peut rester dans la classe avec toi pour travailler ?”
J’espère avoir répondu à tes questions, mais si tu veux d’autres choses précises, n’hésite pas !
Ma conclusion provisoire est qu’à mi-temps c’est possible, et mes inquiétudes par rapport à l’entrée dans la lecture semblent ne pas être fondées. A suivre…