Bonjour à tous,
Je suis psychologue dans l’éducation nationale et occupe mon premier poste de titulaire cette année en REP+. Je n’ai jamais été enseignante, contrairement aux psy scolaires “à l’ancienne”, et je m’interroge beaucoup sur la place du psy EN. J’aimerais partager mes questions avec d’autres personnes, dans ou hors EN !
Je suis de formation clinique, c’est-à-dire que je prenais en charge enfants, ados et adultes en demande de soins psychiques, et je m’intéresse aussi beaucoup aux neurosciences cognitives. Les souffrances des enfants et des enseignants sont criantes dans les écoles, mais je me demande quelles réponses y apporter.
Mes premiers constats sont les suivants :
- il me semble que les enseignants spé, en ULIS, les postes E du RASED, etc, sont nombreux à utiliser des méthodes pédagogiques que l’on retrouve beaucoup sur ce forum. C’est-à-dire des méthodes conçues pour favoriser le développement des enfants dans un contexte ordinaire, hors du champ du handicap ou de la pathologie !
- je me retrouve avec une demande institutionnelle de “bilanter” des enfants en grande difficulté scolaire, parce qu’ils ne répondent pas favorablement à cette pression des fondamentaux et que leur milieu ne leur a pas permis jusqu’ici de maturer le développement des fonctions exécutives, nécessaires aux apprentissages. Ces enfants font l’objet de demande à la MDPH pour une AVS ou une orientation ULIS, dans les meilleurs des cas, quand les parents acceptent l’étiquette du handicap.
- notion de handicap qui n’a certes rien de honteux, mais quand on l’attribue à tant d’élèves, n’est-ce pas finalement l’Ecole qui est handicapée ? C’est-à-dire empêchée de faire progresser ses élèves ?
Compte tenu de tout ça, je trouve violent d’évaluer des enfants avec des outils qui ne sont pas adaptés pour eux, des échelles d’intelligence qui correspondent à notre conception occidentale de ce qu’est l’intelligence, avant même de vérifier si un enfant a pu développer les processus nécessaires pour soutenir les apprentissages attendus de lui. Je trouve violent qu’une grande portion des enfants issus de la migration, dont les parents ont eux-mêmes été malmenés par l’école en France, se retrouvent dans le champ de la déficience intellectuelle sans que l’on se pose davantage de questions !
Je serai curieuse d’avoir vos avis, vos retours d’expérience, afin de m’aider à réfléchir à ce que je peux mettre en place à mon niveau sans entretenir l’absurdité de ce système !