Intégration au collège


#1

Bonjour,
Je suis maman d’une petite fille de 13 mois qui aime TOUT faire toute seule. Elle essaye de mettre ses chaussettes, son pyjama seule. Elle ne se débrouille pas trop mal dans le sens où elle sait déjà où vont ses chaussette etc…mais n’arrive pas à les mettre et refuse toute aide …papa et maman apprennent la patience tous les jours. Ceci n’est qu’un exemple et nous l’observons tout les jour et sa façon d’agir nous pousse sérieusement a nous demander si l’éducation Montessori ne serait pas une éducation adaptée pour elle. Nous n’avons pas la réponse et nous nous posons beaucoup de question sur cette méthode d’enseignement entre autre comment se passe l’intégration dans le système éducatif classique lorsque l’enfant sort d’une école avec un enseignement alternatif? Comment vit-il le fait de rester assis toute une journée? Comment vit-il le fait d’avoir maintenant des notes, d’être comparé aux autres? Quel est la réaction émotionnelle face à une mauvaise note? Et pour les devoirs à la maison? Nous trouvons toujours la même phrase qui revient :
" l’enfant a développé une autonomie et une capacité à s’adapté au changement qui lui permette de s’intégrer dans le système traditionnelle"
La réponse est un peu trop évasive pour moi, je me demandais donc s’il y avait un suivi des élèves à long terme, si des études ont été réalisées, ou simplement si des parents d’enfant ayant suivi le système d’éducation alternatif avant d’intégrer le système traditionnelle pouvaient me donner leur ressenti, leur observation ou même d’anciens élèves?
Je vous remercie par avance
Bien cordialement,
Marie


#2

Ils s’adaptent. Ce sont souvent des enfants confiants, ouverts, curieux, ce qui leur permet de se focaliser sur ce qu’ils ne connaissent pas. On peut préparer la transition en discutant de ce qui sera différent avec l’enfant.


#3

Je ne serais pas aussi catégorique, tout dépend des enfants et des écoles Montessori. Izia, la fille de Jacques Higelin, a largement témoigné qu’elle ne s’était pas adaptée à un collège traditionnel après une école Montessori, et elle n’est sans doute pas la seule.

@MarieS ce n’est pas parce que votre fille veut tout faire toute seule qu’une école Montessori est particulièrement adaptée. Tous les enfants passent par ce stade. Quand ma fille voulait fermer un placard et que je l’avais fait trop vite avant elle, elle le rouvrait pour pouvoir le refermer ! Certaines fois elle se mettait même à pleurer. Et elle refusait de l’aide pour manger, y compris un yaourt à l’époque où elle ne savait pas encore se servir d’une cuiller.
Le plus important est d’accompagner votre fille à la maison dans ses explorations en mettant à sa portée ce qu’elle peut faire par elle-même. SI elle s’énerve parce qu’elle n’arrive pas à faire quelque chose, je crois que c’est bien de lui montrer comment faire même si elle refuse de l’aide. Quand ma fille refusait de l’aide mais était en difficulté je lui disais “je te montre d’abord et après tu pourras le faire toi-même”.


#4

Bonjour @MarieS,
Il n’y a pas UN système d’éducation alternatif. Je ne sais pas de quoi vous parlez quand vous mentionnez ce système alternatif, mais si vous parlez d’écoles privées, il y en a de tellement de sortes qu’on ne peut vraiment pas les mettre dans le même sac ! Et même si vous parlez d’écoles privées Montessori, on ne peut pas les mettre dans le même sac non plus. Montessori n’est pas une marque. Chacun peut décider de créer une école Montessori et la faire vivre en fonction de sa lecture de cette pédagogie, en lui apportant ou non des aménagements. Il y a donc une grande variété, et de grands écarts en terme de qualité, au sein même des écoles dites “Montessori”.

De plus, de plus en plus d’enseignants de maternelles publiques s’intéressent eux aussi à cette pédagogie et en proposent leur lecture au sein de l’éducation nationale. Sans compter tous ceux qui, comme nous tentons de le faire ici, essaient d’adopter, toujours au sein de l’éducation nationale, une démarche pédagogique plus physiologique. Et de toute façon les nouveaux programmes incitent clairement à ne pas faire toutes ces choses que vous redoutez tant. Même dans un enseignement de type traditionnel, de nombreux collègues réfléchissent à une éducation plus “bienveillante”.

Les choses ne sont pas manichéennes, il n’y a pas d’un côté les méchants enseignants des écoles publiques qui maltraitent les enfants mais dont les écoles sont gratuites, et de l’autre des écoles alternatives où les enfants bénéficieraient d’un éducation parfaite mais très chère. Il y a des écoles privées de piètre qualité (et c’est peu de le dire), il y a des écoles publiques qui se lancent dans une démarche physiologique… en fait il y a de tout partout. Et au sein de la même classe, du fait des personnalités et des besoins des uns et des autres, il y a des enfants qui se sentent bien alors que d’autres se sentent mal !

Désolée, tout cela ne doit pas vous aider ! Mais comme cela vous a été dit plus haut, le mieux à faire, pour l’instant, est de rester à l’écoute de votre fillette et de lui permettre de grandir à la laissant conquérir cette autonomie à laquelle elle tient tant ! Et je suis sûre que c’est ce que vous faites déjà. Pour l’école vous avez encore un peu de temps, mais quand le moment sera venu, vous pouvez rencontrer les équipes des écoles de votre secteur, et vous faire, sans préjugés, votre opinion.

Bon courage dans vos réflexions de parents !


#5

Bonjour,
merci de toujours prendre le temps de défendre notre dignité.
C’est très dur de toujours devoir subir les soupçons, enrobés de “tact et bienveillance” , des parents inquiets par avance.


#6

Bonjour et merci pour vos réponses même si tout le monde n’a apparemment pas très bien compris ce que je demandais.
Je n’ai jamais remis en cause le système d’éducation traditionnelle ni les enseignants, même après avoir relu mon message plusieurs fois je n’ai toujours pas trouvé où j’avais dit que le système éducatif traditionnelle était mauvais avec de méchants enseignants. Je n’ai fait que dire que nous réfléchissions mon mari et moi à l’éventualité de mettre notre fille dans une école Montessori. Je n’ai jamais prétendu que ça serait le mieux pour elle, je ne peux pas le deviner à l’avance, ni même que toutes les écoles étaient pareilles. Je me posais simplement des questions et souhaitais avoir quelques témoignages quand à l’intégration au collège après car ma préoccupation aujourd’hui est le bien être de ma fille. Je pensais qu’il s’agissait du bon endroit pour poser la question mais apparemment non.
Encore merci aux personnes qui ont répondu à mes questions.
Bien cordialement


#8

Hélas @Lulu33 vous caricaturez , vos propos me semblent très excessifs & accusateurs… ceci n’engage que moi , je n’enseigne pas mais je fréquente beaucoup d’écoles de tous types & j’en ai une vision beaucoup plus nuancée que la vôtre … J’ai le bonheur de rencontrer partout des enseignants motivés , qui interrogent leurs pratiques pour les faire évoluer .


#9

Mariés n’a d’ailleurs lancé aucun débat. Elle souhaitait juste avoir des témoignages de parents dont l’enfant était passé d’une école alternative à une école publique. Un changement de système en somme. Tout comme il serait légitime de s’interroger sur un changement d’école en prévision d’un déménagement ou du passage au collège. Une école affichée telle ou telle pédagogie sera de façon fortement probable différente d’une école “traditionnelle” à moins d’avoir la chance de tomber sur une école complètement reconvertie. Ce qui en effet reste trop rare :’(


#10

Sylcha, je t’envie sincèrement car durant mes années d’exercice, je n’ai pas eu ce bonheur, c’est ce qui m’a d’ailleurs amené à faire une pause. J’aimais mon travail, les enfants, mais les adultes non bienveillants, je ne pouvais plus le supporter. Encore aujourd’hui, à la sortie des activités extra scolaires de mes enfants, les deux seules mamans qui hurlent sur leurs enfants sont des enseignantes. Ça fait très mal mais je ne suis pas là pour défendre l’indéfendable. J’aime ce métier et j’ai décidé de valoriser ceux qui s’en donnent les moyens. Les autres ne devraient pas pouvoir se cacher derrière un système. Je ne veux plus être complice ou comparée à ces personnes. Tous les enseignants ne se valent pas. Le reconnaître permet d’être reconnu à sa juste valeur.


#12

Les enseignants sont exactement comme les parents : dans leur immense majorité, ils essaient de faire preuve de bienveillance, même quand ils crient ou punissent… Ils pensent sincèrement, parce que c’est ainsi qu’ils ont été élevés, parce qu’ils n’ont pas de meilleur exemple à suivre, parce que c’est ce qu’on répète partout, y compris dans les ESPE, qu’ils doivent “se faire respecter” de leurs enfants ou de leurs élèves, et que pour ça il faut “ne pas être laxiste”, c’est à dire “punir s’il le faut”, “ne pas se laisser déborder” etc… Il ne sert à rien, et c’est même contre productif, de jeter la pierre à ces adultes, qu’ils soient parents ou enseignants, qui font de leur mieux avec ce qu’ils sont et avec ce qu’ils savent du développement du cerveau de l’enfant…
Ce n’est pas de l’angélisme de souligner que dans l’école publique sans doute plus qu’ailleurs, les adultes sont dans leur immense majorité, réellement très investis et désireux de bien faire… Et ici sur ce forum, nous sommes pour la plupart, profs dans le public ! Et nos collègues, qui ne sont pas forcément dans la même démarche, eh bien nous les respectons et nous voyons bien qu’elles sont de belles personnes, même si elles n’éprouvent pas le besoin de révolutionner leur pratique… Et oui, j’ai croisé aussi quelques enseignants qui ne devraient pas enseigner, soit qu’ils n’y arrivent pas du tout parce qu’ils ont de vrais problèmes relationnels ou même parce qu’ils sont des cas psychiatriques, soit qu’ils n’en ont carrément rien à faire des enfants… Mais ce sont des exceptions, vraiment…

Là où je suis d’accord avec Lulu33, c’est que notre “système” n’incite pas les adultes à respecter véritablement les enfants, que ce soit en famille, à l’école ou ailleurs (par exemple en France les restaurants sont peu nombreux à savoir accueillir les enfants, ce sont les fast food importés d’Outre Atlantique qui ont les premiers su le faire…). Notre “système”, c’est à dire bien sûr l’Education Nationale, mais c’est aussi toute notre société…
Mais ça bouge, tout doucement… Les neurosciences affectives sont en train de valider toutes les intuitions géniales de Maria Montessori et des grands pédagogues du siècle dernier… On trouve de plus en plus de choses sur le net qui parlent d’éducation ou de parentalité positive, il y a de plus en plus d’ouvrages sur ce thème, nous avons même nos “stars” hexagonales en la matière : Catherine Gueguen, Isabelle Fillozat, Jacques Salomé, Tarisayi de Cugnac, sans parler de Stanislas Dehaene, Matthieu Ricard, Frédéric Lenoir ou… Céline Alvarez…
Toujours voir le verre à moitié plein plutôt que l’inverse, faire preuve de bienveillance envers les autres, tous les autres, ainsi qu’envers soi-même : c’est aussi comme ça qu’on avance au quotidien vers un monde meilleur, bien mieux qu’en jugeant trop sévèrement… Les lanceurs d’alerte sont nécessaires, et il y a bien des choses sur lesquelles alerter l’opinion par rapport à l’école en France, mais essayons quand même de le faire sans attaquer les personnes prises dans le “système” qui, oui on peut le répéter, dans leur immense majorité s’y décarcassent de leur mieux, quelles que soient les difficultés qu’on leur impose sans qu’il y ait grand monde pour les estimer correctement…


#14

Je pense Lulu33, que si on veut vraiment penser aux enfants, on ne peut pas trop débiner leurs parents, ni leurs enseignants… Et que tout le monde a droit à l’erreur, enfants, parents, enseignants…
Oui j’ai des collègues qui ne sont pas convaincues par “les lois naturelles de l’enfant”, qui n’ont pas lu Céline Alvarez, qui pensent qu’il faut parfois punir, même si personne n’aime ça, ou récompenser… et aussi noter, évaluer etc… ça n’empêche que ce sont des personnes équilibrées et bienveillantes, et que si mon fils était encore en âge d’aller dans leur classe, je ne m’inquiéterais pas pour lui… Je ne m’inquiète d’ailleurs pas pour les élèves que je leur “passe” car ce sont des personnes qui savent garder leur calme, créer une bonne ambiance dans leurs classes et proposer des apprentissages cohérents, qui se cassent la tête pour leurs enfants en difficulté et aiment visiblement leur métier et leurs élèves qui le leur rendent bien d’ailleurs… Je suis convaincue que si elles utilisaient “les lois naturelles de l’enfant”, elles seraient encore de meilleures enseignantes, que leurs élèves iraient tous plus loin dans leurs apprentissages et que tout le monde serait encore plus heureux dans notre école… Mais elles se sentent bien dans leur métier, dans leur classe, avec leurs élèves, et elles ne souhaitent pas prendre le risque de tout révolutionner : qui suis-je pour les juger, surtout que nos formateurs et notre hiérarchie nous incitent à fonctionner de cette façon, et que la plupart des parents réclament, en primaire, des devoirs, des notes, des récompenses et même des punitions !