Quel est l'âge idéal pour démarrer le temps en collectivité ?


#1

Bonjour,

Je me pose la question de l’âge idéal pour démarrer la socialisation d’un enfant (temps en collectivité) : commencer dès la crèche ou attendre 3 ans ?

Ma question est volontairement théorique, faisant abstraction des contraintes des parents. J’aimerais savoir surtout si les neurosciences répondent à cette question. Je réalise que la réponse peut être différente selon la nature de l’école (selon si elle respecte les mécanismes d’apprentissage ou non).

Je suis impatiente de lire vos réponses !


#2

Je suis un peu dans les mêmes interrogations que vous… :slight_smile: surtout depuis que je lis “Et je ne suis jamais allé à l’école” d’ André Stern et “Libre pour apprendre” de Peter Gray. Une page du livre de P. Gray m’a particulièrement marquée sur le fait que l’existence de l’école est, finalement, assez récente. Il parle aussi des écoles Sudbury. Si je prends ma grand-mère ou mon grand-père pour exemples, ils n’y sont allés qu’à partir de 7 ans. En Finlande je crois qu’ils ne commencent qu’à 7 ans aussi. Si vous avez des études sur ce sujet, n’hésitez pas à nous les transmettre :slight_smile:


#3

Merci beaucoup pour votre réponse. Je n’ai malheureusement pas d’étude scientifique à partager, si j’en trouve, je le ferai volontiers. En revanche, la question que je me pose porte sur la toute petite enfance (avant 3 ans, je dirai surtout entre 18 mois et 3 ans). Le livre de Céline me fait dire que pour la période 3-6 ans, l’apport de l’enseignant et du groupe est extraordinaire, à condition bien sûr d’être dans une école qui promeut les bonnes méthodes…Pour les 0-3 ans, j’ai les idées moins claires: l’enfant est certes dans une phase de grand développement de son intelligence, mais je ne sais pas si le meilleur soutien à lui apporter est celui du cadre familial uniquement ou s’il faut l’élargir à la crèche


#4

@Celine Ma question n’a malheureusement pas déchaîné les passions…Puis-je vous demander votre opinion sur le sujet?


#5

Bonjour,

Attention, il n’est pas question de parler de scolarisation à la crèche, ça n’a strictement rien à voir.

Je pense que la crèche ne peut être qu’une solution pour ceux qui n’ont vraiment pas le choix rien ne vaut papa ou maman à condition bien sûr qu’il ou elle y prenne du plaisir.

Je suis actuellement en reconversion dans la toute petite enfance, j’ai déjà fait un stage de 6 semaines en crèche. J’ai d’abord été bouleversée puis sidérée et révoltée de voir ce qui se passe malgré une apparence très soft vu de l’extérieur. Au début, je n’ai pas été frappée tout de suite, mais après quelques jours à observer enfants et adultes je me suis dit que ce n’était vraiment pas adapté à des enfants de moins de trois ans ni même après. Ce que j’y ai vu ne me semble pas adéquat pour l’équilibre des enfants or, pour développer l’intelligence, il faut d’abord un équilibre affectif idéal et en crèche c’est impossible. Je pense que même avec de très bons professionnels ça reste difficile de par les contraintes liées à la gestion d’un groupe d’enfants de cet âge et la gestion des crèches.

Le livre de Catherine Gueguen “Pour une enfance heureuse” explique très bien ce qui est bon pour le tout petit enfant et c’est tout le contraire de la crèche. Le titre veut à mon avis tout dire, la priorité c’est de les rendre heureux, ils deviendront alors des adultes épanouis. Isabelle Filliozat écrit aussi de très jolis livres sur ce qui est bon pour le développement des enfants. Arnaud Derroo, dans ces petits fascicules pour les parents et les professionnels explique ce qu’il faudrait pour que les enfants soient heureux en crèche mais on en est très, très, très loin.

Les professionnels de la toute petite enfance ne sont pas des pédagogues ni des éducateurs, ce sont principalement des auxiliaires de puériculture et des CAP petite enfance qui font de la garde et pas de l’éducation, elles ne s’intéressent pas à l’équilibre de l’enfant, uniquement à l’équilibre du groupe. Celles que j’ai rencontrées dans cette crèche sont “gentilles” mais tellement maladroites et ignorantes des progrès fait en matière d’éducation. Elles “éduquent” les enfants avec des méthodes d’un autre âge et malheur à celui qui est différent, qui ne se plie pas aux règles ou dont les parents ne sont pas assez bons pour elles.
Les soit-disant activités n’ont que très peu d’intérêt voir aucun puisqu’elles sont faites très vite, dans une ambiance stressante. Les enfants ne doivent pas bouger sur leur chaise sinon ils sortent, ils doivent attendre leur tour, et céder très vite la place aux suivants ce qui est source de frustration et de pleurs. Il s’agit pour moi de présenter quelque chose aux parents pour leur faire penser qu’il y a un travail pédagogique ce qu’ils croient malheureusement.

Il y a quelques sujet sur ce forum qui parle d’expérience de professionnels en crèche et tous font le même constat, la crèche c’est violent, ce n’est pas bienveillant et c’est extrêmement stressant.

Un enfant qui évolue dans un cadre familial aimant, bienveillant, patient, tendre, suffisamment stimulant mais pas trop non plus et à l’abri du stress aura un bon développement affectif et de fait intellectuel. Il suffit d’être attentionné, de respecter son rythme, de ne pas le bousculer ni par des activités ni par des sorties inadaptées pour qu’il se développe harmonieusement. Il y a aujourd’hui plein de lieux au sein desquels, avec le parent, il pourra rencontrer d’autres enfants et un cadre différent pour le préparer à sa future socialisation, mais avant trois ans l’enfant (je dirai même avant 7 ans) n’est pas fait pour vivre en groupe ni dans un environnement stressant.

J’ai toujours pensé que l’éducation ne consiste pas à développer l’intelligence, mais à bâtir des fondations solides pour favoriser ce développement et c’est loin d’être facile. C’est la curiosité qu’on éveillera en lui, l’amour inconditionnel, l’attention, et la bienveillance qui lui seront portées durant toute sa vie qui feront le plus gros du travail. Cela ne sert à rien de développer l’intelligence avant trois ans s’il n’y a pas une continuité par la suite surtout quand on sait que le cerveau fini sa plus grande phase de développement vers 25 ans environ. C’est donc sur cette durée que cela se joue et pas uniquement avant trois ans même si ces années sont très importantes. C’est au bout de ces 25 ans, parfois plus, que vous saurez si l’adulte que vous l’avez aidé à devenir est un bon humain ou pas. Depuis que j’ai lu les livres de Catherine Gueguen et Isabelle Filliozat, j’en suis encore plus convaincue. Par contre, c’est certain qu’avec un enseignement tel que le préconise Céline l’école peut avoir un rôle plus important parce que l’école traditionnelle peut faire quelques dégâts suivant les enseignants que l’enfant rencontrera.

Tous les enfants que j’ai connus qui ont été élevés à la maison dans de bonnes conditions étaient très tôt bien plus éveillés et calmes que les enfants de trois ans que j’ai vu en crèche qui doivent apprendre à se défendre dès qu’ils marchent.

Mes deux filles ont grandi dans ce type d’environnement, sans stimulation, juste du bon temps, du plaisir partagés et des limites bien définies adaptées à chaque âge. Elles ont été des enfants “faciles” et sont aujourd’hui de jeunes femmes saines, équilibrées, bienveillantes même si avec la première j’ai eu quelques soucis en début d’école primaire du fait d’une très mauvaise enseignante et de ma maladresse de jeune mère inexpérimentée. Ma seconde qui est entrée à l’école à 3 ans 1/2 réalise son rêve de petite fille en poursuivant des études de médecine sans que je n’ai jamais eu à m’occuper de son travail scolaire, mon principal rôle était de lui montrer que je m’intéressais à ce qu’elle faisait sans pour autant intervenir sauf cas de force majeure.

Si vous avez le choix, ne laissez pas d’autres adultes faire n’importe quoi avec vos enfants avant l’age fatidique de l’école où là par contre vous n’aurez plus le choix. Avec le recul je me dis que rien ne m’obligeais à les mettre à l’école maternelle et que cela aurait été encore mieux pour elle si je les avais gardées jusqu’au CP, mais je me suis laissée influencer par les conventions sociales qui malheureusement nous font parfois faire des erreurs avec nos enfants.

Agréable journée
Nadia


#6

Merci Nadia pour ce beau témoignage, qui répond a plusieurs de mes préoccupations.
Mon fils a seulement 15 mois mais je commence a me poser une tonnes de questions :slight_smile: et c’est assez rassurant de lire ces lignes.

Encore merci,
Excellente journée,
Meriem