Questionnement frise numériques et barres rouges


#1

Bonjour, je viens de visionner une conférence de Brissiaud hyper interessante sur la construction du nombre en maternelle et cela remet en question ma pratique dans ce domaine. Je m’explique: Brissiaud déconseille l’utilisation précoce de la frise numérique car elle serait peu porteuse de sens au début et encourage le comptage plutot que l’apprentissage des premiers nombres (connaisance primordiale du 1 2 et 3 et décomposition avec appui sur le 5 puis 10). De plus j’ ai des baarres bleues et rouges dans ma classe et j’avoue qu’après mes avoir utilisées plusieurs années, je ne les trouve pas si «parlantes» que ca en particulier à cause de l’alternance des couleurs qui «brouillent» la perception des unités (selon mon propre ressenti). Certains d’entre vous ont-ils essayé des barres simplement «graduées» en unités? Merci beaucoup


#2

J’ai une une critique de mon IEN l’année dernière dans ce sens, lors de mon rdv de carrière : pour lui, manipuler des quantités soudées comme le sont les barres est trop abstrait. L’enfant devrait pouvoir manipuler des unités dissociées. Je pensais du coup fabriquer un deuxième jeu de barres, qui pourraient se détacher et se rattacher.

J’ai l’impression que les élèves les plus en difficultés avaient du mal à comprendre avec les barres numériques. Ceux qui avaient déjà compris les bases de la numération (je suis en MS), avançait vite par contre avec ce matériel et la suite.


#3

Pourrais-tu nous dire où on peut voir cette conférence de Brissiaud ?
Sinon, il y a déjà eu une discussion sur ce sujet, avec une réponse de Céline :

Manuela Piazza (INSERM), explique lors de sa conférence Le gout des nombres et comment l’acquérir43 (Colloque du 20 mars 2012 “Sciences cognitives & Education” au Collège de France) les résultats solides issus de la recherche en neurosciences cognitives, spécifiquement dans le domaine de la cognition numérique, qui nous fournissent des pistes claires pour aider nos enfants à développer de bonnes compétences numériques.
college-de-france.fr43

Sciences cognitives et éducation
Psychologie cognitive expérimentale - Manuela Piazza

Manuela évoque dans cette conférence le sens inné du nombre ainsi que (à partir de la minute 23) l’importance de la représentation linéaire des nombres pour le préciser de manière efficace. “On sait que les supports pédagogiques qui font référence explicite à la notion de ligne numérique sont très efficaces”, explique la chercheuse.
Manuela Piazza cite ensuite, à partir de la minute 26, plusieurs études - Griffin & Case (1994, 2004) ; Ramani & Siegler (2008) ; Lilliard and Else-Quest (2008) ; Wilson Fayol Dehaene (2007) - ayant testé l’efficacité de supports pédagogiques utilisant explicitement la notion de linéarité dès le plus jeune âge (via des lignes/frises numériques) et ayant montré une efficacité très significative. Une de ces études montre par ailleurs que ces supports offrant une visualisation spatiale des nombres sont particulièrement bénéfiques chez les enfants issus de milieux sociaux-économiques très défavorisés, qui, après un entraînement avec ce type de supports voient leurs performances numériques augmenter significativement et dépasser celles d’enfants issus de milieux plus favorisés.
Voici le carton de conclusion de Manuela Piazza :
L’apprentissage des nombres et du calcul se construit à partir d’un système neurocognitif préexistant qui permet d’extraire et manipuler mentalement l’information numérique approximative de l’environnement sensoriel.
Ce système est suffisamment plastique pour être partiellement reconverti, grâce à l’éducation, au codage du nombre exact, grâce auquel nous arrivons à comprendre et manipuler les symboles numériques.
Ce processus d’apprentissage est aidé par l’utilisation des supports de visualisation spatiale des nombres.
Pour information, Mr Rémi Brissiaud était présent lors de ce colloque. Manifestement dérangé par la conférence à laquelle il venait d’assister, il est intervenu lors du temps de parole qui a suivi (à 5’50 min dans le lien ci-dessous) en remettant en question le contenu exposé qui fait pourtant aujourd’hui consensus dans le monde de la recherche scientifique… allant jusqu’à affirmer que l’effondrement des compétences numériques des enfants à l’école depuis les années 80 était corrélé, selon lui, à l’entrée dans les classes de supports pédagogiques utilisant la ligne numérique. La réponse de Manuela Piazza est intéressante et a le mérite de remettre les choses à leur place.


#4

J’imagine que c’est sûrement cette conférence, mais la partie questions-réponses n’a pas été gardée au montage: https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/symposium-2012-11-20-15h30.htm


#5

http://www.cndp.fr/crdp-nancy-metz/videos/les-mathematiques-a-lecole-maternelle-la-construction-du-nombre.html
Voilà le lien pour la conférence de Brissiaud. Elle dure 2h30 mais c’est passionnant


#6

Merci pour vos réponses… du coup Brissiaud et Piazza se querellent dans ma tête au sujet de la mise en place immédiate ou pas de la frise numérique dans ma classe de PS…:upside_down_face:


#7

Mon copier-coller de la discussion sur la conférence de Manuela Piazza n’était pas complet. Voici le lien vers le débat, avec la question de Rémi Brissiaud et la réponse de Manuela Piazza.

J’ai commencé à visionner la conférence de Brissiaud, que je trouve aussi très intéressante. Pas facile de prendre position pour ou contre une frise numérique dès la PS…


#8

Bonjour,

Je ne rentrerai pas dans le débat « avec ou sans suite numérique ». J’ai en effet perçu qu’elle était utile pour certains MS qui ont déjà avancé dans la connaissance des nombres et semble incompréhensible par d’autres enfants plus jeunes. Bref, adaptons-nous !

Par contre, en ce qui concerne mes barres rouges et bleues, j’ai ressenti le même sentiment que vous et j’ai ajouté d’autres outils :

  • pour les nombres 1 à 4 : le jeu Nathan abacolor : un abaque de 4 tiges de tailles croissantes + 4 récipients contenant 1, 2, 3, et 4 pions (une couleur par quantité). D’abord je prends la quantité 1, je place la perle sur mon pouce comme une bague, je leur dit ça c’est 1, puis je la place sur la petite tige de l’abaque et je répète ça c’est 1. Je montre la tige suivante, maintenant il faudra une perle en plus. Je prends le récipient avec 2 perles, je les places sur le pouce et index : ça fait 2 perles => sur l’abaque, je répète : ça fait 2 perles… etc… bref les quantités sont manipulées séparément puis placées dans l’ordre croissant
  • pour les quantités 1 à 5 puis 1 à 10, j’ai fabriqué des barrettes de perles avec des perles assez grosses sur des tiges métalliques en laissant un peu de jeu, ainsi les élèves peuvent légèrement bouger les perles pour les dénombrer et manipuler la quantité complète en prenant la barrette complète dans la main.
  • leur jeu préféré : un puzzle pour associer une quantité (nombre de points) au nombres chiffrés : le contrôle de l’erreur est direct.