Saut de classe?


#1

Bonjour,

Je viens vers vous ce soir avec deux grands questionnements.

Je suis maman d’une petite fille de 3 ans, entrée en école classique en septembre dernier. Le programme de l’EN pour les petites sections m’apparaissait peu ambitieux, ma fille savait déjà faire la plupart des requis de fin de PS avant d’entrer à l’école. Je m’étais dit que la PS était une année d’ajustement à l’école et la maitresse de ma fille m’a assurée qu’elle individualisait les apprentissages. Ma fille me dit aimer l’école, sa maitresse et ses copines alors on a laissé passer.

Vendredi dernier, la maitresse nous annonce qu’elle envisage un saut de classe pour notre fille, qu’elle voudrait la mettre chez les MS. Je sors d’un rendez-vous de 2h avec elle où elle m’a expliqué que sur tous les apprentissages, ma fille était très en avance, qu’elle faisait des choses que même les GS ne font pas. La maitresse individualise et propose des ateliers autonomes que ma fille maitrise sans qu’on ai eu besoin de les lui expliquer. Elle comprend les consignes implicites (association de couleurs, algorithmes etc.)

On ne l’a jamais poussé, on l’a juste accompagné dans ses envies et le livre de Céline Alvarez a constitué pour nous une mine d’idées pour répondre à ses demandes. Résultat, si elle continue à ce rythme, elle saura lire avant 4 ans, elle compte, dénombre, additionne et soustrait etc. Elle a un très bon langage, elle sait se concentrer, rester assise etc.

Je ne sais quoi penser d’un éventuel saut de classe, je trouve que c’est si jeune… Et les répercussions peuvent être négatives, y compris loin dans le temps. Je suis plutôt d’avis de la laisser être une enfant, profiter de ses années de maternelle etc. Mais le décalage semble grand avec ses camarades et j’ai peur qu’elle finisse par s’ennuyer ou bien ne développe pas pleinement ses capacités et son sens de l’effort en étant sous-stimulée.

Ma fille nous dit ne pas vouloir quitter ses copines ce qui évidemment me questionne aussi beaucoup.

Avez-vous des réflexions sur les sauts de classe en école classique ?

L’école dans laquelle elle est semble très bonne, sa maitresse est très investie. Elle en a discuté avec ses collègues qui sont aussi volontaires. Pour le moment, nous avons résolu de ne pas prendre de décisions hâtives. Elle va être vue par une spécialiste du RASED qui sera notifié. Elle va également proposer à notre fille de venir chez les moyens quand elle ne dort pas pour la familiariser avec les activités et les autres enfants.

Cette remarque de la maitresse a ouvert pour nous un autre champ de réflexion. Notre fille serait-elle HPI ? Ou simplement rapide en compréhension et correctement stimulée par nous?
Si nous lui faisions passer un test, est-ce que ça lui rendrait service ou est-ce que ça lui collerait une étiquette?

Je précise que pour le moment, notre fille n’a pas de problème de comportement ou autre. Elle semble parfaitement heureuse et bien dans ses baskets, est très sociable, joyeuse etc.

C’est difficile pour moi de me faire un avis car je n’ai pas beaucoup d’éléments de comparaison mais j’avais le sentiment que c’était une petite fille certes vive d’esprit mais parfaitement normale. Mais plus j’y réfléchis, plus je me renseigne et plus j’ai un doute. Elle pose des questions sur la mort, (grand moment quand ta petite fille de 3 ans pleure au dessus de ses haricots verts en disant “maman, quand papa et toi serez morts, moi je serais triste” et qu’il faut lui expliquer que tu vas essayer de pas mourir bientôt…) elle est très curieuse, sensible (d’après moi pas hypersensible mais d’après sa maitresse si un peu sans doute), empathique, très précautionneuse avec les plus petits etc. Cela m’inquiète car je connais (un tout petit peu) les difficultés rencontrées par les HPI…

Quelle serait, selon vous, le bénéfice de faire passer un test si aujourd’hui, à priori, nous ne rencontrons pas de difficulté majeure ?

Merci et bravo si vous êtes venus à bout de mon long message :wink:


#2

Bonjour
Il est toujours délicat à 3 ans de mesurer ce qui tient de l’inné et de l’acquis. A cet âge l’importance du milieu familial est tel que les écarts entre enfants sont colossaux. A mon avis faire passer un test psychométrique si jeune et sans problème majeur apparent n’est pas forcément une bonne idée (sauf si cela vient soulager une angoisse chez vous parents). Sauter une classe en cours d’année ne m’aurait pas dérangée du tout si cela n’avait pas signifié CHANGER physiquement de classe : si votre fille était dans une PS-MS par exemple, cela se ferait tout naturellement. Je comprends qu’elle soit chagrine s’il s’agit de “perdre” ses copines même si, sociable et joueuse comme elle semble l’être, elle n’aurait pas de mal à se refaire des amis. Par contre, l’idée de pouvoir aller voir ce qui se passe chez les plus grands, de participer à certaines activités de pré-lecture ou de maths un peu poussées pourrait lui permettre de garder son cocon (classe de référence, amis, maitresse) tout en alimentant sa curiosité à sa juste valeur. C’est tout à fait possible et cela s’appelle un décloisonnement : on peut le faire pour épauler des élèves fragiles qui ont besoin de revoir des bases, ou pour “upgrader” des petits dégourdis ! L’idéal serait que l’an prochain elle puisse intégrer une MS-GS afin d’effectuer ses 3 années de maternelle en deux ans tout en nouant des relations avec des GS avec qui elle passerait en douceur au CP l’année suivante.
Je vous rejoins sur l’importance de conserver joie de vivre et plaisir d’aller à l’école. Le point crucial est de lui permettre de profiter de sa vie d’enfant sans qu’elle pense devoir étouffer pour cela ses capacités. Le grand groupe est forcément normatif mais il n’y a aucun mal à sortir de cette norme : les enfants ont le droit d’avoir le temps nécessaire pour faire ce qu’ils ont à faire. On ne doit les culpabiliser ni d’être rapides, ni d’être lents dans leurs acquisitions. Bon courage.