Schooling The World


#1

Un documentaire passionnant qui invite à la réflexion.
Bon visionnage :movie_camera:


#2

J’ai beaucoup aimé ce film dans lequel encore une fois on voit que ce que l’on fait “pour le bien” des enfants est à remettre en question.

Comment peut-on penser qu’enlever des enfants à leurs parents, à leur culture peut être “pour leur bien” ? Comment peut-on penser qu’apprendre enfermés entre 4 murs en les coupant de la nature peut être “pour leur bien” ?
Pourquoi l’école apparaît toujours comme le seul outil d’éducation, le seul moyen d’accès à la lecture, l’écriture dans ces pays où il semble évident que des alternatives respectueuses sont possibles ?
Pourquoi on continue de penser que l’art de tissage est inférieur à l’art de l’écriture, que vivre à la campagne est le passé, et vivre en ville l’avenir, que s’occuper d’un troupeau est dégradant et devenir professeur est glorieux ?
Et pourquoi on s’occupe toujours du prétendu “bien” des autres, sans se demander ce qui au fond, est “bien” pour nous-mêmes ?

Sans remettre en question la difficulté de la vie qui attendait ces enfants sans “notre” intervention, je crois qu’il est plus que jamais urgent de réfléchir à une autre manière de leur tendre la main…
Un film sur le colonialisme finalement…
Mais aussi un film qui me rappelle que nos écoles françaises sont bien souvent régies par des lois et des outils similaires à ceux que l’on voit dans ces images. C’est évidemment avec les meilleures intentions du monde que la plupart de nos enfants passent leurs journées assis en 4 murs à écouter un programme qu’ils n’ont pas choisi, à se préparer pour un monde compétitif, hiérarchisé, qui pourtant, peut-être, n’existera plus lorsqu’ils seront grands.

Je me souviens…
…du terme “pays sous développés” qui me heurtait pendant ma scolarité et qui, je crois, traduit ce jugement occidental qui laisse des traces ( je crois qu’il a été supprimé…ouf )
…des menaces proférées d’années en années à mes camarades : “tu vas finir plombier si tu continues” , " tu veux être femme de ménage c’est cela ?", " tu sais, à part caissière, tu ne vas pas pouvoir faire grand-chose si tu arrêtes tes études", " oui bah tu n’as plus qu’à partir élever des chèvres dans le Larzac avec ton niveau !"
Oui, je me souviens parfaitement comment petit à petit j’ai appris qu’il y avait des métiers et des modes de vie nobles, et que les autres ne l’étaient pas…
Et je me souviens aussi combien de temps il a fallu pour que j’arrête de penser cela, et réalise que non, non, non, un ouvrier n’est pas inférieur à un professeur, et que oui, on peut élever des chèvres et s’intéresser à la philosophie, et que non…le but de nos apprentissages n’est pas d’avoir une maison avec piscine et jardin, un mari/une femme, 3 enfants et un emploi stable et bien payé que l’on a au moins l’impression d’aimer un petit peu.

Apprendre pour la joie d’apprendre, apprendre ce que l’on aime, apprendre ce que les personne autour de nous peuvent nous transmettre, tout simplement…


#3

On dit maintenant “pays en voie développement”. J’ai l’impression que c’est pire. Quelle condescendance !


#4

Merci pour ce partage.
Ce film me parle beaucoup, beaucoup, beaucoup …


#5

Effectivement…
Ce n’est pas mieux du tout, voire pire…


#6

J’ai visionné ce film pour la première fois il y a quelques semaines, lors d’un MOOC que je suis chez colibri
… il donne beaucoup à réfléchir effectivement

Surtout quand on est du côté des enseignants … quelle image véhiculons-nous ?

Ce que j’ai trouvé impressionnant, c’est que tout ce qui est dit/montré est criant de vérité, mais que je ne m’étais jamais posé la question sous cet angle … un peu comme lorsque j’ai rencontré une certaine Céline qui m’a ouvert les yeux sur ma pratique :yum:

D’où mon questionnement (ma prise de conscience ?) … mais de quel enseignement ai-je manqué ?Comment a-t-on réussit à annihiler notre esprit critique et notre capacité à remettre en question des “vérités” imposées ???

… Nous avons un véritable rôle à jouer en tant qu’enseignants pour ouvrir l’esprit de nos élèves…


#8

Je pense qu’on ne peut pas se rendre compte tant que l’on n’a pas vu, ou que personne ne nous a montré. Ça marche dans les deux sens d’ailleurs. Ces populations sont réellement persuadées elles aussi que ce “progrès” va leur apporter du mieux être. (Certainement pas tout le monde, mais une partie.) personnellement j’ai côtoyé des indiens (“native americans”, je ne sais pas comment on dit en français), et ça m’a fait vraiment de la peine de comprendre ce qu’il restait de leur culture. Mais finalement j’ai eu le sentiment que c’était moi qui était le plus en peine.
Et à y regarder de plus près, à l’intérieur même de notre société c’est la même chose. Combien de personnes sont persuadées que le bonheur c’est d’avoir toujours plus. Travailler plus, gagner plus, avoir plus de biens matériel, partir plus loin en vacances, avoir un téléphone plus perfectionné… Et pour tout ça ces personnes sont tombées dans la dépendance la plus totale de l’industrie agroalimentaire parce qu’elles ont perdu toute connaissance de la terre, parce qu’elles habitent des villes surpeuplées dans lequelles il n’y a pas de place pour le moindre carré de verdure, parce que de toute façon elles n’auraient pas le temps de faire pousser quoi que ce soit quand bien même elles auraient un lopin de terre.

Je rêve du jour où l’on arrêtera de mesurer la richesse d’un pays avec pour étalon son PIB. Cette vision du développement est déjà à bout de souffle, tournons la page !
Bon, je m’égare… mais il ne faut pas me lancer sur de tels sujets aussi !!! :blush:


#9

Bonsoir,

Non, un ouvrier n’est pas inférieur à un professeur, mais il a une espérance de vie inférieure…Les menaces dont vous parlez ne sont pas très adroites mais il ne s’agit pas forcément d’un mépris pour certains métiers, mais plus du souhait que les enfants puissent avoir le choix de faire quelque chose qui leur plaira et où ils pourront s’épanouir. Et on peut s’épanouir dans des métiers manuels, mais si on les a choisis, pas s’ils ont été imposés. Connaissez-vous des personnes qui ont travaillé à la chaîne dans une usine ? Quelqu’un de mon entourage a fait cette expérience et a trouvé que c’était abrutissant. Et ça oblige souvent à avoir des horaires décalés, donc à ne pas voir beaucoup ses enfants.
Donc il n’y a pas de métiers plus nobles que d’autres, mais il y a des métiers plus pénibles que d’autres.


#10

Il est évident pour moi que les enfants devraient pouvoir choisir leur métier !
Mais je soulignais, en songeant à ma propre scolarité, comme à celle des enfants que j’accompagne, à quel point ce choix n’était pas non plus une évidence dans nos écoles françaises ! Les “bons élèves” sont toujours orientés vers des métiers intellectuels, comme si, parce qu’on aimait la littérature, on ne pouvait pas construire des maisons.
On peut s’épanouir dans des métiers intellectuels, mais si on les a choisit : cela est vrai aussi dans l’autre sens ! Or, il suffit que je regarde mon entourage pour voir combien de rêves ont été brisés " à cause de bons résultats scolaires “, combien d’amis enseignent à la fac alors qu’ils rêvaient d’une carrière artistique…, combien de personnes souffrent enfermés dans des bureaux alors qu’elles seraient plus heureuses dans une ferme. Et dans l’autre sens, combien de rêves ont aussi été brisés " à cause de mauvais résultats scolaires”…qui fait qu’ils se sentent nuls, incapables et n’ont pas réussi à poursuivre les études nécessaires…

Même accompagné de “la meilleure intention du monde " ( je veux vous ayez un métier qui vous garde en vie longtemps et dans lequel vous ne souffriez pas), je ne peux pas m’empêcher d’entendre un grand mépris lorsqu’un professeur dit à son élève qu’il faut vraiment mieux qu’il fasse une classe prépa qu’une école de théâtre, qu’il faut qu’elle travaille plus sinon elle finira caissière, que s’il n’obtient pas de meilleur résultat, il ne sera obligé d’aller en CAP, ou que non avec d’aussi bons résultats il est hors de question qu’il fasse un CAP ! Récemment encore, mon petit frère qui est au lycée m’a raconté qu’un de ses profs parlait des bac pro comme " la filière poubelle”. Je me méfie donc des bonnes intentions !;o)

Mais oui, je suis bien d’accord, il y a des métiers plus pénibles que d’autres, mais il faut aussi se dire que ce qui est pénible pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre d’une part, et que d’autre part les métiers les plus pénibles ne devraient tout simplement pas exister, que c’est notre devoir de les faire disparaître. Il est évident que le monde du travail mérite, au même titre que l’école, une grande révolution (d’ailleurs, je pense que l’un ne peut pas aller sans l’autre). On devrait tous pouvoir exercer un ou plusieurs métiers qui nous procurent de la joie, les métiers les plus physiquement éprouvants devraient être exercés “à petite dose” pour respecter les corps. Je suis convaincue que le travail peut être, et même doit être galvanisant, mais pour cela il faudrait une vraie liberté.

Le travail en usine…Quand j’étais petite, j’ai accompagné ma tante à l’usine plusieurs fois, j’ai passé des heures à mettre des bouchons sur des flacons, pour voir ( je suis d’accord, c’est abrutissant, sauf si on fait cela une heure par jour !)…Et je me souviens que quelques jours plus tard, en classe, lors d’un contrôle, en regardant tout le monde assis sur son siège à faire la même chose, j’ai repensé à l’usine. Demander la permission pour aller jusqu’à la poubelle, demander la permission pour aller aux toilettes, demander la permission pour se lever et aller chercher un dictionnaire. C’était mon ressenti, hein, juste mon ressenti. Mais je me dis que le premier pas pour abolir le travail en usine ( outre les mille pas à faire pour arrêter de consommer des produits “made in usine”), est de rendre la liberté aux enfants en éloignant définitivement l’école de l’image de l’usine, et d’arrêter de les abrutir avec des dogmes et des idéologies.
Les horaires décalés, c’est le cas dans énormément de boulots ( urgentistes, boulangers, pompiers, chirurgiens, intermittents du spectacle, etc etc). Je trouve au contraire que cela peut aussi être une chance, c’est en tous cas ce que je vois autour de moi dans des familles qui grâce à des horaires décalés sont finalement beaucoup plus présents ( certes chacun à leur tour souvent) auprès de leurs enfants…que des parents qui partent le matin et rentrent le soir lorsque les enfants vont se coucher…

Mais pour en revenir au film, je voulais simplement préciser que oui, certains enfants sont destinés à des métiers extrêmement pénibles et qu’ils n’auront pas choisi, je ne remets absolument pas cela en cause. Simplement, les enfermer dans des classes pour leur dire qu’ils seront heureux s’ils ont un bagage intellectuel et une culture qui correspond à ceux des pays occidentaux, me semble presque pire. Ils n’auront plus le choix non plus.
Et ce film, à mes yeux, soulève donc énormément de questions : que faire ? comment tendre la main sans imposer notre vision du monde ? comment faire pour que chacun puisse choisir sa vie ? comment partager nos cultures sans les imposer ? Comment apporter du mieux-être et une meilleure qualité de vie sans juger ? Comment faire pour que chacun puisse vivre dignement sans imposer de modèle, sans endoctriner, sans mêler les meilleurs intentions du monde avec une sentiment de charité douteuse ou un mépris cinglant ?

Peut-être, déjà, pour commencer, en laissant grandir nos propres enfants ici avec une réelle liberté, afin qu’ils puissent à leur tour la transmettre et la diffuser ???