Transition à l'échelle d'un établissement


#1

Je suis directrice d’école (en Guinée, Conakry) et j’aimerais échanger avec vous sur les défis à relever pour mettre en œuvre la pédagogie positive et active à l’échelle d’un établissement. Je suis engagée à le faire depuis plus de 4 ans : une transition réussie à la maternelle (105 enfants en 6 groupes pédagogiques et avec 8 enseignants) et des résultats prometteurs au primaire (150 enfants répartis en 7 groupes pédagogiques et 7 enseignants).
Nous avons fabriqué beaucoup de matériels, nous en avons acheté d’autres et aujourd’hui nous avons le nécessaire pour assurer des conditions pour nos 255 enfants. A la maternelle, les ateliers autonomes sont en marche, comme aussi les activités individuelles en phonologie (avec boîte d’objets, lettres rugueuses, imagiers, lettres mobiles). Au primaire, les étoiles et les ceintures de compétences, les ateliers de mesure, les exposés et cahiers d’écrivain sont nos expériences positives.
Mais la pédagogie active est contraignante et certains enseignants ne sont pas prêts à investir autant d’énergie et d’effort que cela demande. Mon plus grand défi, en tant que chef d’établissement, est de transmettre aux enseignants la passion pour cette pédagogie respectueuse des lois naturelles de l’enfant, de montrer la voie et d’incarner l’exemple. La formation qui permet de prendre conscience de la pertinence et de l’importance de cette nouvelle approche, n’est qu’un point de départ. Le plus difficile consiste à maintenir l’enthousiasme et rendre chaque enseignant responsable, autonome dans sa démarche. Comment y arriver ? Comment construire une équipe pédagogique engagée dans cette voie ? Qu’en pensez-vous ?


#2

Bonjour Julianna,

Êtes-vous directrice ET enseignante dans l’établissement ?
Il me semble (in)délicat de ‘contraindre’ à une pratique professionnelle non souhaitée par un-e enseignant-e (et ce pourrait aussi être discuté pour les parents et enfants, chaque catégorie indépendamment).
Y a-t-il eu des présentations des différents modèle (Freinet ? , Freire ? …) ?
Comment les différentes pratiques sont-elles perçues par les parents et enfants ?
Quel statut a l’école dans la capitale (>8 000 hab./km2, c’est déjà bien dense. Quel espace avez vous, intérieur, extérieur ?), individuellement et relativement aux autres établissements de Conakry (https://www.google.fr/maps/search/elementary+school+à+proximité+de+Conakry,+Guinée/@9.6178367,-13.6926413,11z/data=!3m1!4b1?hl=fr) : quel ‘milieu’, distribution des revenus et quelle ouverture/difficulté d’accès ? Les familles sont-elles touchées par les problèmes d’urbanismes ? Quelle diversité linguistique de l’établissement malinké ? soussou ? peulh ? anglais ? français ? qu’est-il mis en place d’ailleurs pour intégrer ces apprentissages linguistiques ? (parlez-vous l’ensemble des langues de votre ‘communauté scolaire’ ?)
De façon pragmatique, si sont facilités l’échange et les préparations pour un modèle spécifique et que ne sont pas épaulés les pratiques d’autres modèles, ces dernières devraient s’éliminer (par usure ou conversion). Mais ce soutient ne relève pas que de l’établissement. D’où les questions sur le milieu, les familles etc.

Cdlt
Rudy


#3

Bonjour, je n’ai hélas pas énormément le temps d’epiloguer sur le sujet ici ni maintenant… Mais ce thème m’intéresse bcp !
Je suis moi même coordinatrice d’une petite école montessori à madagascar et il me semble que toute transformation doit ce faire en douceur et sur le long terme à travers un accompagnement et des formations en continues. …
Les petites formations seront sur les présentations des pédagogies, les différentes formes d’ateliers, la posture de l’adulte, le developpement de l’enfant et les neurosciences… Mais il faut mêler la théorie à la pratique donc faut leur montrer certain exemples et faire des mise en situation avec des prises de consciences… L’atelier faber et mazlich pr enseignant ou pr parent est bien pr ça… J’ai fait un mélange d’un peu tout…
Bref si ça vous intéresse on peut échanger plus longuement mais il me semble en effet que cela ne peut être imposer il faut qu’elles aient envie de le faire même un peu et surtout je suis persuader que de fonction sous forme de pédagogie active est bcp moins fatiguant pr l’enseignante car pas nécessaire de donner son énergie pr contenir le groupe et surtout déconstruire l’idée des programmes et de diviser les différentes matières mais bien que l’apprentissage est partout et se fait par l’expérience…
Je vous conseille de tenter l’expérience des bâtisseurs des possible également c’est une fabuleuse aventure.
Bref on échange davantage en privé si vous le souhaitez…
Heloise


#4

Merci pour vos questions pertinentes. Je suis fondatrice de cette école privée et directrice (non chargée de cours). L’école se trouve à la périphérie de la capitale. Les 2/3 des élèves viennent des familles très simples et illettrées, d’ethnies différentes (soussou, malinké, peulhs, guerzé….). Les valeurs traditionnelles privilégient l’éducation punitive. Beaucoup de parents sollicitent de « frapper son enfant », insistant que « l’enfant ne connaît pas de méthodes douces »… Ainsi, nous avons aussi le défi de démontrer aux parents (et mêmes aux enseignants) qu’il est possible de faire autrement, nul besoin de violenter. Nous sommes en train de réussir ; en voyant le progrès impressionnant de leurs enfants, les parents changent de regard sur l’éducation et apprécient notre démarche.
Nous avons beaucoup investi pour créer les meilleures conditions d’apprentissage et formé les enseignants. Tout en rappelant les principes (lois naturelles de l’enfant….) qui doivent nous guider, nous échangeons régulièrement autour des projets de classe et nous célébrons les réussites. Malgré les difficultés, nous avançons à pas sûrs !!


#5

Merci beaucoup pour le partage d’idées!! Effectivement, nous visons une transformation qui ne peut se faire, à long terme, qu’avec l’engagement de tous les enseignants et avec le soutien des parents. La direction doit montrer “la direction”, la voie et entretenir la flamme. J’aimerais savoir davantage sur l’atelier faber et mazlich. Merci d’avance pour vos idées et le partage d’expériences!


#6

Oui donc en effet voici le lien pr les différents livres mais je n’aime pas trop amazone mais sur cette page vs avez les différents titres… Souvent les bd et exemples parlent bien aux enseignants… Mais j’ai bco fait des groupes de paroles de parents et je pense que le livre de base en jaune est vraiment une base très importante et qui parle à tous !


Je pense en effet que tout doit commencer par une prise de conscience de l’importance de la relation enfant enseignant… Et du poid des mots…
Donner des exemples des incohérences du fonctionnement de l’école traditionnelle pr leur faire prendre conscience… Comme comment développer la coopération quand on interdit de parler ou on interdit d’aider son copain quand il demande de l’aide…
J’espère que vous voyez ce que je dis car je vais un peu vite !


#7

Bonjour,
Je suis en train de lire “S’épanouir à l’école” de Caroline Sost http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2018/02/biblio-s-epanouir-a-l-ecole-de-caroline-sost.html. Directrice de l’école Living school à Paris, elle explique comment elle forme les enseignants et les enfants de son école au savoir être, sur le long terme. Son livre est écrit avec 10 années d’expériences, elle a été formée à la psychologie d’évolution par Edel Gött. C’est vraiment très intéressant à lire et très riche. Peut-être que tu y trouveras des informations qui te correspondrons et qui correspondrons aux enseignants de ton école. Bon courage!


#8

Merci très sincèrement pour ce conseil. Je commande le livre tout de suite et je suis sûre qu’il sera un très bon apport.
Merci aussi de prendre votre temps pour écrire et m’inspirer.