J’ai remarqué cette année zéro dans ma classe trois approches différentes des enfants vis à vis des activités, des apprentissages, en lien avec leur motivation.
La plupart des enfants sont attirés par les activités des autres, ou les activités dont ils ont l’habitude. Du coup, je favorise les interactions et le travail à plusieurs, dans la mesure ou les discussion se font dans le calme autour de l’activité, et ne se transforme pas en chahut. Je limite cependant à deux, trois, ou quatre élèves élèves selon les ateliers. Le tableaux noir permet à quatre élèves de travailler. Les caisses de kaplas ont quatre côtés. Certains jeux de sociétés se jouent à trois, d’autres à quatre, ou à deux. En coloriage, chacun a ses crayons et sa place, mais les tables sont en ilots de quatre, huit places pour les tables rondes. Certains grands en particuliers sont systématiquement ensembles, il y a des affinités fortes ; c’est un atout parfois, mais ça peut être pénible.
En début de journée, je demande systématiquement que les grands se séparent pour prendre en charge chacun un plus jeune. Les interactions qui se mettent en place sont intéressantes ; les grands commencent plus calmement la journée, et les petits sont entrainés vers des activités nouvelles.
Dans la classe, seulement quelques élèves moteurs vont faire seul la démarche d’aller vers une activité complètement nouvelle et s’y tenir. Je réponds au mieux à leur demande, quitte à délaisser les autres. Car je me dis que pour eux c’est le moment, et que leurs acquis vont ensuite se propager aux autres. En effet, par curiosité, les autres élèves vont venir ensuite réclamer ces mêmes activités, ou s’en emparer souvent sans présentation ; je laisse faire quand l’utilisation est correcte, ou j’interviens pour leur proposer de leur montrer plus précisément.
Vu mon effectif surchargé (35 élèves cette année, et autant à la rentrée prochaine à moins que notre demande d’ouverture aboutisse, ce qui n’est pas gagné), je n’ai pas le choix que de miser sur les apprentissages entre élèves, et leur faire confiance. Je veille juste au respect du calme et du travail. J’avais commencé à cocher des grilles de suivi, je n’ai jamais réussi à valider tous les élèves en présentation. Mais beaucoup avaient déjà appris en observant d’autres élèves moteurs, et mes présentations s’avéraient inutiles quand je leur proposaient. Je pars donc maintenant du principe que tant qu’un élève ne réclame pas, ou que je ne constate pas une mauvaise utilisation d’un matériel, les élèves apprennent pas eux-même et la présentation n’est pas judicieuse.
D’autres vont papillonner, tout tester, demander sans cesse des présentation, mais rarement réinvestir seuls. Ces élèves sont les plus délicats à gérer, car ils pourraient rapidement monopoliser l’adulte. C’est le cas de quelques petits dans ma classe. Je me rends disponible avec eux, je présente l’activité demandée, mais je triche un peu et réoriente souvent leur demande vers des activités plus adaptées. Mais si je suis occupé, ces élèves vont devoir patienter en regardant sans déranger, avec généralement un petit geste câlin de ma part pour montrer que je fais attention à eux. Parfois, cela suffit, et ils partent d’eux même faire autre chose. Sinon, ils restent et profitent de la présentation. Je me dis aussi qu’ils sont curieux, et en attente de trouver les activités les plus adaptées pour eux.
De toute façon, ça évolue par périodes, les enfants changent. Le principal est de garantir le calme et l’ambiance de travail dans la classe, c’est primordial, et à certains moments ça prend tout le temps et empêche de faire vraiment des présentations. Mais c’est pas grave, car à d’autres moments de grâce, on arrive à se consacrer pleinement à un enfant en demande, et c’est précieux. Le tout est dans la confiance, et le lâcher-prise. Les élèves moins motivés trouveront leur voix plus tard, il faut juste les empêcher de chahuter, qu’ils s’ennuient un peu c’est bien ; ils finissent par venir vers les autres pour observer, ou réclamer une présentation alors qu’on n’osait plus l’espérer !