Aider les enfants à reconnecter avec leur motivation endogène


#1

Bonjour,
Y a-t-il des personnes qui, comme moi, sont confrontées au manque de motivation d’un élève? Si oui, que lui proposez-vous, comment réagissez-vous? J’ai un enfant de MS qui observe beaucoup les autres mais qui ne prend pas spontanément une activité. Même si je lui en montre et si je lui demande d’en choisir une, il le fait pour me faire plaisir mais je ne vois pas de motivation endogène…J’aimerai la voir renaître… Ce manque de motivation m’interroge, à quoi est-il dû??? Merci


#2

Bonjour,

Je vais suivre attentivement ce sujet parce qu’il m’intéresse aussi. :relaxed:

Tout d’abord, je pense que même si nous œuvrons avec les meilleurs intentions du monde, des connaissances solides sur le développement de l’enfant et un enthousiasme à toute épreuve …
nous ne maîtrisons pas tout.
Même avec le meilleur matériel, des effectifs normaux, des adultes en suffisance pour répondre aux besoins d’enfants en bas âge (conditions qui sont rarement requises), je suis certaine que des choses nous échapperaient. Les enfants n’arrivent pas dans nos classes telles des pages blanches, ils ont un vécu scolaire, familial, une histoire personnelle à porter.
Ceci étant dit, il ne s’agit pas pour moi d’abandonner, mais de garder cela en tête pour avancer en toute lucidité.

Je vous livre mon constat/ressenti du moment, assez subjectif donc :

Il y a les enfants “empêchés de penser”, leur fardeau personnel envahit leurs pensées et dévore leur énergie.
Pour ceux-là, il est primordial que la classe soit un refuge, sécurisant, constant. Céline Alvarez, et d’autres avant elle, mettent un point d’honneur à faire de la classe un espace lisible, clair, ordonné, et vivant … c’est tout à fait bénéfique pour tous les élèves et surtout pour ceux dont l’esprit est encombré.

Il y a les enfants formatés. Qui ne vivent que dans le regard des autres et ont appris dès le plus jeune âge à quémander l’assentiment de l’adulte. C’est bien/ c’est pas bien. Alors, leur laisser le choix, c’est vertigineux.

Certains sont complètement parasités par leur rapport aux écrans. Céline Alvarez en parle très bien.

J’observe aussi quelques enfants un peu “blasés”, consommateurs. Mais ceux-là, arrivent généralement tôt ou tard à s’intéresser aux activités, pas à toutes, de façon moins “magique” sans doute, mais ils y parviennent.

Au début de l’année, certains enfants décrits ci-dessus n’entraient vraiment pas dans les apprentissages. C’était déroutant, et je me disais qu’un fonctionnement plus classique leur aurait davantage servi…
Mais finalement, beaucoup sont entrés dans la danse … et avancent bien.
Certains demeurent un peu à côté. Je ne pense pas qu’un fonctionnement directif leur aurait apporté davantage finalement. Ils auraient peut-être acquis plus de compétences sur le papier, mais leur “problème” aurait été juste étouffé l’espace d’une année pour mieux resurgir plus tard.
Je crois que ce qui est à la fois merveilleux et terrifiant quand on suit cette démarche naturelle, c’est que l’on voit réellement les enfants, tels qu’ils sont et non tels qu’on aimerait qu’ils soient.

Bon, je n’apporte pas de solutions, plus des pistes de réflexion… et j’ai hâte vous lire!


#3

Pour apporter ma contribution, mon fils a passé une année presque entière à observer. il n’a pas rien fait ! il a vraiment absorbé. cette année il s’y est mis, ce qui est quand même le but évidemment.
mais tout ça pour dire qu’il faut parfois du temps…


#4

Si vous avez l’impression que cet enfant est bien dans sa peau, je ne vois pas lieu de s’inquiéter. J’avais un élève comme ça l’année dernière. Il a observé toute l’année. Et en gs il a ete un des premiers lecteurs, un des premiers aussi à manipuler avec aisance les nombres à 4 chiffres.
Le plus important je pense est votre ressenti face au bien-être de cet enfant. Si vous avez le sentiment qu’il va bien, alors laissez les choses se décanter seules.


#5

Bonjour,

Cette conversation m’intéresse aussi beaucoup !

J’ai dans ma classe plusieurs cas.
Un GS qui ne fait que regarder les autres, dessine parfois et parle beaucoup… J’ai vite compris qu’il était très angoissé et avait peur de l’échec . Il vient d’une autre école et a semble t-il été “traumatisé” par son année de MS.
J’ai appris à lui faire confiance, ses parents sont ravis car enfin il retrouve le plaisir d’aller à l’école. Je n’ose pas leur dire que leur fils ne “fait” pas grand chose, il reprend confiance en lui et c’est déjà beaucoup. Et à force d’observer,il m’a demandé de lui écrire des petits mots et ça y-est il est entré dans la lecture ! Il prend beaucoup de plaisir à lire des mots simples. Je savais qu’il avait le livre de balthazar à la maison mais là, il m’a épatée ! Comme une fleur qui éclôt un beau jour, magique !

Un MS m’inquiète davantage : il va chercher un plateau des activités pratiques quand je lui demande ( toujours le même ) mais sinon il passe les 3/4 de la journée dans la bibliothèque. Il pousse, tape, griffe ses camarades et me provoque régulièrement… Quand je lui demande ce qu’il a envie que je lui présente il me répond “rien du tout !” J’ai appris dernièrement par une maman qu’il se fait appeler “maître” suivi de son prénom. Bref c’est un dominant qui n’aime pas être contrarié. Je pensais que le libre choix allait lui convenir mais je commence à m’inquiéter… Il était certes “pire” en PS d’après ma collègue mais il ne rentre toujours pas dans les apprentissages. J’ai du mal à cerner ses centres d’intérêt…
Alors si vous savez faire jaillir la motivation intérieure, je suis preneuse !! Merci


#7

Merci à tous pour votre contribution…
Mon véritable souci, c’est que je suis en PS/MS, et l’année prochaine cet enfant devra arriver en GS avec un minimum d’acquis.
Alors je vois l’année avancer et du temps je n’en n’ai plus beaucoup pour qu’il progresse (notamment en graphisme/écriture ! ).
Si j’avais les 3 niveaux ça m’aurait laissé du temps. Là, je me dit que je vais devoir encore plus “l’obliger” (ah j’aime pas dire ça !!!) à faire certaines activités avec ses mains ! Car je pense que pour le graphisme et l’écriture, regarder les autres ne suffira pas!

En effet, comme le dit justement @Evi , c’est à la fois merveilleux et terrifiant de voir les enfants tels qu’ils sont et non pas comme on aimerait qu’ils soient. Je ne sais pas si dans un fonctionnement traditionnel j’aurai repéré cet enfant qui manque de motivation intérieure.

C’est peut-être aussi une histoire de manque de confiance en lui ? (je vais creuser…)
Il y a quand même bien quelque chose qui l’intéresse (à 4 ans!), je vais encore proposer et chercher !

Je me rend bien compte que 2 systèmes contradictoires s’affrontent : d’un côté laisser le temps aux enfants d’apprendre selon leurs besoins et leurs envies et de l’autre la pression des programmes, des cahiers de réussite, des collègues, etc…Et là c’est un travail sur soi qu’il faut faire pour cibler au plus juste ce qui est le mieux pour l’enfant.

A bientôt
Fanny


#8

Il a 4 ans. J’ai aussi des élèves qui font peu de graphisme et d’écriture en ms. Cela ne m’inquiète pas…
Toutes les activités de vue pratique et vie sensorielle préparent aussi à l’ecriture. Et même plus sûrement que les activités graphiques qui n’ont pas de sens pour eux. Je sais que cela est difficilement accepté par les collègues, les parents…mais il faut expliquer et avec l’expérience, tout le monde finit par le comprendre.


#10

Bonjour,
Je pense qu’une des réponses réside dans l’observation des réactions face à ces enfants dans un enseignement traditionnel.
Et dans ce cas, je peux postuler avec un peu de “provocation”, que les enfants “à la ramasse” dans un enseignement traditionnel posent moins de problèmes car les enseignants se disent qu’ils ont “tout” fait?
Mais dans un enseignement plus autonome et plus “libre”, on ne fait pas tout?

çà rassure de voir un cahier rempli de fiches ratées et baclées et des enfants en “soutien”?
çà rassure plus que de voir un petit qui a besoin de temps?

Je suis entièrement de l’avis de Fanny, : “cibler au plus juste ce qui est le mieux pour l’enfant”


#11

Bonjour,

Les vacances ont du bon…J’ai fait un peu de rangement et suis retombée sur des cours de psycho que j’avais suivis en maîtrise de sciences de l’éducation et l’un des chapitres est “la motivation”. Je ne peux pas résumer ici, ce serait trop long mais je vous laisse des pistes de réflexion…

Définition de la motivation en contexte scolaire d’après Roland Viau:
" La motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement, et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but."

Pour favoriser la motivation il faut donc débloquer 3 verrous:

  • l’intérêt
  • l’image solide de la compétence de l’élève
  • la contrôlabilité de l’activité

Pour DECI (1975) il y a 2 types de motivation:

  • la motivation intrinsèque:
    " Toute personne est capable de se livrer à une activité pour le plaisir que celle-ci peut lui procurer, dès le moment où elle se sent libre et compétente. Ceci permet à la personne d’aborder volontairement une activité pour elle-même et la satisfaction qu’elle peut lui procurer.
  • la motivation extrinsèque:
    " elle est générée par la pression provenant de facteurs externes tels que la récompense, la punition ou encore la sollicitation provenant de l’entourage, qui amène la personne à agir en fonction d’un bénéfice."

Il y a un document joint au cours: un article sur les ressorts de la motivation tiré de Sciences humaines n°92 de mars 1999.

J’espère que cela vous aidera (comme moi) à y voir un peu plus clair et à envisager des pistes d’action !
Fanny


#12

Merci pour tout vos éclairages qui m’éclairent.

Moi aussi j’ai des PS/MS, 1ere année en ateliers libres.
Un élève de MS m’inquiète. Il n’ouvre pas la bouche sinon pour dire “maman…”, et ne choisit quasi rien de lui même. Il a un frère jumeau dans une autre classe qui a aussi un petit niveau mais qui n’est pas aussi inhibé que mon élève. Or, la collègue qui a son frère a une autre conception du “laisser le temps” aux élèves.

Je ressens aussi très fort la “pression” du résultat de fin d’année. Merci donc des témoignages des collègues ayant davantage d’expérience pour ne pas entrer dans le système très dirigiste. Peut-être qu’à la fin de l’année il aura gagné davantage confiance en lui?

Pour mon élève en particulier je pense qu’il faut être très présent à ses côtés (mais je n’y arrive pas car il y a les autres à gérer à côté!). J’essaie du moins à l’aider à faire des choix en lui proposant une alternative entre 2 activités par exemple. Comme Fanny l’écrit, il faut viser juste!

Je retiens l’idée de prendre le temps d’écouter les parents. Je n’osais pas tellement les rencontrer, ne voyant pas quelle solution apporter, et n’ayant pas du tout le même discours que ma collègue (qui est maitre formatrice), je me sentais illégitime. Mais finalement connaitre davantage le contexte familiale, leur partager mon point de vue sur le comportement de leur enfant dans la classe, et les associer à mes efforts me semble primordial.


#13

Merci fanny :bouquet
Quelle est l’approche de ta collègue formatrice, chantal ? Je suis curieuse :slight_smile:


#14

Disons qu’elle est très attachée à faire progresser tous ses élèves, elle est très professionnelle également, et très attachée aux compétences. Elle prend ses élèves en difficulté, non seulement en APC, mais aussi sur les temps de récréation ou en plus le midi. Et elle s’alarme avec force sur le fait que ce frère jumeau qu’elle a par exemple, articule très mal, ne sache pas écrire le K de son prénom (en MS), ou sur son bonhomme têtard… Elle accuse facilement les parents. Disons que je ne ressens pas de bienveillance (peut-être que je me trompe, j’espère d’ailleurs) et un peu d’acharnement.

Le fait d’aider un enfant en lui faisant acquérir davantage de compétences peut lui permettre d’avoir confiance en lui…
Mais il me semble que lui laisser le temps, et lui faire confiance sans le juger “catastrophique” en étant bienveillant, c’est aussi le respecter. Enfin, c’est un équilibre à trouver, mais en lisant les différents messages ça me conforte dans cette idée.


#15

Bonjour,

Merci pour ce message. J’enseigne en CP et CE1 et je trouve spectaculaire la différence d’entrée dans la lecture entre un enfant qui a cette motivation endogène et un qui ne l’a pas.
J’ai souvenir avoir lu un pédagogue qui disait " la motivation est un préalable à l’entrée en lecture".

L’année dernière j’ai eu un enfant avec en apparence aucune motivation, il ne faisait rien, même les activités plus ludiques. J’ai essayé de trouver “la clef” de sa motivation, me suis intéressée au foot qu’il aimait.
Ses parents non plus ne trouvaient pas de centre d’intérêt pour leur fils.
Cette expérience a été déroutante pour moi.
Il nous arrive fréquemment dans nos classes d’avoir des enfants sans motivation endogène apparente.

Avez vous des conseils pour travailler cet aspect? Doit on “accepter” de les laisser spectateurs toute l’année scolaire? ( Il faut être assez sur de soi car cela va à l’encontre de notre système)

Merci de m’avoir lue!

Audrey


#16

Bonjour,

J’ai les 3 niveaux de maternelle depuis maintenant plusieurs années et j’ai rencontré plusieurs fois ce « manque de motivation endogène ». Pour ma part, je pense qu’il est illusoire de penser que tous les enfants vont se sentir poussés par un besoin interne. Certains oui et d’autes non pour une multitude de raisons évoquées plus haut dans cette discussion. Jamais je ne laisse un enfant spectateur sur du long terme. Pour moi, le libre-choix, c’est pouvoir choisir dans un panel d’ateliers celui qui correspond à son centre d’intérêt en fonction de sa période sensible. Si rien ne vient, c’est moi qui impose selon mes observations. Certains enfants sont totalement désorientés et à terme ils prennent plaisir à reprendre des ateliers travaillés « aux forceps » avec moi (sous réserve que ces ateliers soient à leur portée). Ils sont fiers de réussir seuls « maintenant, je sais le faire ». Cela leur donne aide à se lancer dans d’autres activités. C’est aussi pour moi indispensable d’avoir un minimum de socle commun et de prévenir des difficultés nécessitant une prise en charge.


#17

Bonjour,

En cette fin d’année je me pose effectivement la question des enfants qui sont plutôt spectateurs, qui ne savent pas choisir une activité ou prennent toujours la même. Parfois je les force un peu mais d’une part je ne peux pas toujours m’occuper des mêmes et puis dans ces cas là ils ne sont pas vraiment motivés donc font l’activité pour me faire plaisir et puis repartent.
On a évoqué l’idée du plan de travail mais j’ai peur que cela prenne du temps ou qu’ils soient égarés, bref pas très convaincue.
Dans le même ordre d’idée, est ce que certains ont testé le “cahier de réussites” ou de brevets à remplir au fur et à mesure avec les enfants ? Est ce que c’est important qu’ils se voient progresser ?
Et en même temps s’ils voient toutes les étapes à cocher dans le cahier, tous les ateliers à réaliser (et donc compétences à acquérir), est ce que cela ne va pas inquiéter certains parents ou engendrer un esprit de compétition ou tout au moins de comparaison ?
Pour l’instant j’ai juste un cahier par enfant où je colle les photos de ce qu’ils ont réalisé (en précisant parfois : avec aide …)
Bref, plusieurs questions : comment motiver les enfants “récalcitrants” ? et comment faire participer les élèves à leur évaluation et leur progression ?


#18

Je dirais:

  • en comptant beaucoup sur ceux qui savent déjà. As-tu des enfants dans ta classe qui pourraient leur proposer des activités?

  • en proposant des activités pratiques challengeantes : j’ai été étonnée dernièrement de voir un enfant comme tu décris les tiens ranger une centaine de cartes avec les alphas dans l’ordre alphabétique en faisant une belle pile de a, une belle pile de b… et en se référent à l’affichage de la classe: je ne le savais pas aussi capable de concentration.

  • en instaurant “le moment des bravos et des mercis”. La maîtresse commence: “Je voudrais remercier untel qui a rangé tous les livres de la bibliothèque, c’est beaucoup plus joli comme ça. Je voudrais féliciter Untel, Untel et Untel qui sont allés jusqu’au bout de leur atelier alors qu’il était très long…” (NB: la maîtresse ne remercie et ne félicite que pour donner un exemple, très vite, elle peut s’en passer) Puis la maîtresse demande: "est-ce que quelqu’un d’autre veut dire merci ou bravo à ses camarades? Chez moi, ce moment, pratiqué tous les jours après les ateliers, a complètement changé l’ambiance de la classe! (C’est une idée que j’avais lu sur ce forum, je ne sais plus qui l’avait évoquée mais j’en profite pour lui dire un énorme MERCI!)


#19

Super l’idée des bravos et des mercis !


#20

il y a aussi le pot des réussites de la classe (cf "s’épanouir à l’école de Caroline Sost). Quand un enfant réussit une activité seul ou avance sa photo sur la frise numérique ou autre, il met une bille ou perle dans un pot transparent et le pot se remplit des réussites de la classe. Certains enfants voient cela et ça les motive pour faire quelque chose. Parfois aussi, je mets une perle pour l’ensemble des enfants quand par exemple, l’autre jour ils ont tous rangé super vite la classe. C’est joli de voir le pot se remplir de billes colorées. Et à la fin, quand le pot est plein, C.Sost dit qu’elle fait une fête avec les enfants (pour ma part, le pot n’est pas encore plein, car j’ai commencé cela après les dernières vacances.


#21

C’est un sujet intéressant!

J’ai une classe de MS-GS, et cela est un peu stressant d’arriver en fin d’année avec des GS qui n’ont “pas fait grand chose”.
L’année prochaine, c’est le CP et avec cela toute l’angoisse et la pression dont on a parlé.
J’aime beaucoup l’idée des bravos et mercis @loulotte.
Pour ma part, j’ai mis en place dans ma classe le pot des petits bonheurs dont @guiguitte a parlé ( on le remplit d’une boule de cotillon dès qu’un élève ou la classe entière réussit quelque chose). Ils adorent ça, c’est extrêmement motivant et ça permet de donner à la réussite récompensée un caractère global, général à la classe.
J’ai également, sur conseils précieux dénichés sur le forum, mis en place les plans de travail pour ces enfants qui ne savent pas quelle activité faire.
C’est intéressant, cela donne une liberté à l’élève qui peut choisir une partie des activités à réaliser et les faire dans l’ordre qu’il veut, et cela permet à l’enseignant de lui proposer des activités ciblées.
L’idee de prendre le temps de voir tous les parents à part est intéressante également mais sûrement très chronophage!


#22

J’ai remarqué cette année zéro dans ma classe trois approches différentes des enfants vis à vis des activités, des apprentissages, en lien avec leur motivation.

La plupart des enfants sont attirés par les activités des autres, ou les activités dont ils ont l’habitude. Du coup, je favorise les interactions et le travail à plusieurs, dans la mesure ou les discussion se font dans le calme autour de l’activité, et ne se transforme pas en chahut. Je limite cependant à deux, trois, ou quatre élèves élèves selon les ateliers. Le tableaux noir permet à quatre élèves de travailler. Les caisses de kaplas ont quatre côtés. Certains jeux de sociétés se jouent à trois, d’autres à quatre, ou à deux. En coloriage, chacun a ses crayons et sa place, mais les tables sont en ilots de quatre, huit places pour les tables rondes. Certains grands en particuliers sont systématiquement ensembles, il y a des affinités fortes ; c’est un atout parfois, mais ça peut être pénible.
En début de journée, je demande systématiquement que les grands se séparent pour prendre en charge chacun un plus jeune. Les interactions qui se mettent en place sont intéressantes ; les grands commencent plus calmement la journée, et les petits sont entrainés vers des activités nouvelles.

Dans la classe, seulement quelques élèves moteurs vont faire seul la démarche d’aller vers une activité complètement nouvelle et s’y tenir. Je réponds au mieux à leur demande, quitte à délaisser les autres. Car je me dis que pour eux c’est le moment, et que leurs acquis vont ensuite se propager aux autres. En effet, par curiosité, les autres élèves vont venir ensuite réclamer ces mêmes activités, ou s’en emparer souvent sans présentation ; je laisse faire quand l’utilisation est correcte, ou j’interviens pour leur proposer de leur montrer plus précisément.
Vu mon effectif surchargé (35 élèves cette année, et autant à la rentrée prochaine à moins que notre demande d’ouverture aboutisse, ce qui n’est pas gagné), je n’ai pas le choix que de miser sur les apprentissages entre élèves, et leur faire confiance. Je veille juste au respect du calme et du travail. J’avais commencé à cocher des grilles de suivi, je n’ai jamais réussi à valider tous les élèves en présentation. Mais beaucoup avaient déjà appris en observant d’autres élèves moteurs, et mes présentations s’avéraient inutiles quand je leur proposaient. Je pars donc maintenant du principe que tant qu’un élève ne réclame pas, ou que je ne constate pas une mauvaise utilisation d’un matériel, les élèves apprennent pas eux-même et la présentation n’est pas judicieuse.

D’autres vont papillonner, tout tester, demander sans cesse des présentation, mais rarement réinvestir seuls. Ces élèves sont les plus délicats à gérer, car ils pourraient rapidement monopoliser l’adulte. C’est le cas de quelques petits dans ma classe. Je me rends disponible avec eux, je présente l’activité demandée, mais je triche un peu et réoriente souvent leur demande vers des activités plus adaptées. Mais si je suis occupé, ces élèves vont devoir patienter en regardant sans déranger, avec généralement un petit geste câlin de ma part pour montrer que je fais attention à eux. Parfois, cela suffit, et ils partent d’eux même faire autre chose. Sinon, ils restent et profitent de la présentation. Je me dis aussi qu’ils sont curieux, et en attente de trouver les activités les plus adaptées pour eux.

De toute façon, ça évolue par périodes, les enfants changent. Le principal est de garantir le calme et l’ambiance de travail dans la classe, c’est primordial, et à certains moments ça prend tout le temps et empêche de faire vraiment des présentations. Mais c’est pas grave, car à d’autres moments de grâce, on arrive à se consacrer pleinement à un enfant en demande, et c’est précieux. Le tout est dans la confiance, et le lâcher-prise. Les élèves moins motivés trouveront leur voix plus tard, il faut juste les empêcher de chahuter, qu’ils s’ennuient un peu c’est bien ; ils finissent par venir vers les autres pour observer, ou réclamer une présentation alors qu’on n’osait plus l’espérer !