Classe niveau simple de GS... que puis-je leur apporter à ce stade ?


#1

Bonjour ! :smiley:

Alors voilà, j’ai eu un poste pour l’an prochain, j’ai enfin ma classe !!! Il s’agit d’une grande section dans une école REP+. Je crois que je n’ai pas le choix concernant le niveau pour cette année, ce sera des grands uniquement et probablement autour de 25 élèves. Une grande partie des élèves est non-francophone de naissance. Un beau défi !

Sachant que l’école fonctionne de façon “traditionnelle”, “classique” (pour le moment, car j’arrive ! héhé) et que par conséquent, mes futurs élèves ont dû approcher la lecture par le nom des lettres majuscules et éventuellement scriptes en moyenne section, que puis-je leur apporter pour cette dernière année de maternelle?

Je dévore la partie “entrée dans la lecture et l’écriture” du livre de Céline Alvarez, mais je me dis qu’avec 25 grands qui ont eu un enseignement “classique”, je ne vais pouvoir tout suivre… Qu’en pensez-vous? Êtes vous dans ce cas? Si oui, qu’avez vous pu proposé aux élèves et cela a t-il porté ses fruits?

Je partirai sur l’idée de commencer l’année sans parler du nom des lettres, sans parler de l’écriture majuscule scripte et de me lancer un peu à la manière décrite par Céline (entendre les sons puis lettres rugueuses, etc). Mais je crains de les embrouiller ou qu’ils n’arrivent pas à s’adapter et qu’ils restent sur le nom des lettres appris les années précédentes…

Autre inquiétude : arriverais-je à prendre du temps pour chaque élève individuellement pour leur apporter le son des lettres rugueuses, les petits mots secrets, etc… Avec 25 élèves et une ATSEM à mi-temps… :confused:

Besoin d’aide ! Besoin de savoir que c’est possible !!! Ou alors que je peux être utile, même si c’est à plus petite échelle…

Merci ! :slight_smile:

Marine


#2

Bonjour

J’imagine que tu te vois déjà dans une ambiance sereine, avec des élèves concentrés sur une activité choisie par eux et ayant les yeux qui brillent … à l’image de ce que montre Céline ou ce que décrivent les collègues déjà lancées depuis un moment.

Je ne voudrais pas “casser ton élan” … et pourtant … Je ne peux que te conseiller d’y aller doucement, pour ton bien-être personnel autant que pour celui des enfants. :ok_hand:

Je m’explique : tu dois (comme nous toutes !) avoir hâte de leur apporter de nouvelles choses, forte que tu es de tes convictions (et des nôtres)
Pourtant, ces enfants n’ont connu que le système “classique” avant, il va donc te falloir ronger ton frein, pour leur apporter un changement “en douceur” … sinon, tu risques fort de te noyer dans ton ambition. Prends le temps de t’installer, d’organiser ta classe, de voir où ils en sont avant de vouloir tout révolutionner au risque de t’attirer les mauvais regards des collègues.

Il y a fort à parier qu’ils n’auront pas ou peu bénéficié d’activités pratiques ou sensorielles. Je pense qu’il te faudra leur en proposer, et trouver des adaptations liées à leur âge.

A ta place, je préparerai une bonne partie du matériel (pour profiter des vacances et pour pouvoir répondre aux besoins dès qu’ils apparaitront), mais sans avoir l’ambition de démarrer tout de suite avec. Il est important de créer une ambiance de travail autonome avant de te lancer dans les apprentissages didactiques.
Et qui sait ? peut-être que tes GS s’adapteront très vite (fais leur confiance, ils sentent bien ce qui est important pour eux)

Oui, c’est possible … en te laissant du temps pour t’installer progressivement et amener les enfants à un climat de confiance en leur capacité.
Aucun doute, tu VAS leur apporter quelque chose, ne serait-ce que par ton attention, ta volonté de les faire progresser et ta bienveillance. Le reste suivra : les enfants ont une capacité naturelle incroyable à avancer vers que qui est bon pour eux. :rainbow:

Je te souhaite pleins de petits bonheurs avec tes GS :kissing_heart:


#3

Bonjour! J’ai des CP, quand ils arrivent chez moi, ils sortent d’une maternelle classique. La confusion nom/son de la lettre perdure un peu mais ils s’y font . N’oublie pas que la grande section n’a pas pour vocation de leur apprendre à lire: si tu n’a pas le temps pour les 25 en même temps, ce n’est pas grave! A leur âge, les quelques élèves qui entreront dans la lecture par ce biais feront envie aux autres et tout s’enchaînera… naturellement! Bon courage!


#4

Bonjour Marine.

Je tiens à préciser dès le départ que je ne suis pas enseignante alors mon expérience se limite à mon enfant de 4 ans et demi, actuellement scolarisé au sein d’une moyenne section traditionnelle.

En milieu d’année scolaire, son comportement a changé radicalement et je la voyais sans cesse en train d’essayer de tracer des lettres. Suite à quelques recherches, j’ai découvert le travail de Céline et d’Anna ainsi que toutes les contributions sur ce forum riche. Après un long moment d’hésitation, je me suis lancée à la maison selon la progression proposée dans le livre.

La première difficulté a été effectivement de passer du nom des lettres au son des lettres. Sur les majuscules, c’était devenu impossible car elle soutenait qu’elles avaient uniquement un nom. J’avais essayé d’utiliser ce livre: http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/42897-pinocchio-l-acrobatypographe en mimant les lettres mais impossible de défaire le nom pour en venir aux sons.

Je me suis appuyée par la suite sur la méthode des alphas, non pas pour la conscience phonologique qui était déjà plutôt bien affinée, mais pour repartir sur une base neuve concernant les sons. Elle a aimé jouer avec les personnages pour reproduire les sons. Toutefois, c’est très cher, je trouve le graphisme hideux, l’histoire n’est pas bienveillante du tout. Autant te dire que dès lors qu’elle avait compris le système “associer le son à la bonne figurine”, j’ai vite fait disparaître le livre et le cd.

L’avantage c’est que par la suite, une fée donne des pouvoirs aux alphas qui leur permettent de se transformer en lettre pour échapper à la sorcière (cursive, majuscule script). Pour ma part, je n’ai pas acheté tous les livrets. Nous avons fabriqué des déguisements et des baguettes magiques et c’est ainsi que j’ai introduis les lettres rugueuses, avec la leçon en 3 temps, en transformant les alphas 1 par 1. Ensuite, j’ai vraiment suivi à la lettre le cheminement décrit par Céline.

Maintenant, elle décode toutes les formes de lettres et sait associer le bon son. Elle sait lire. Toutefois, j’insiste vraiment sur l’importance du vocabulaire comme c’est à de nombreuses reprises rappelé dans le livre. Parce que lorsque l’enfant sait décoder et s’il ne connaît pas le mot cela ne fait vraiment aucun sens pour lui.

Enfin, le niveau simple introduit aussi à mon sens une autre difficulté: le manque d’entraide puisque tous les enfants apprennent la même chose en même temps. Ma fille sait lire mais elle n’est pas complètement dingue de lire parce qu’il lui manque une communauté enfantine où elle pourrait aider et se faire aider.

J’ai tout de même un peu de chance car elle a un petit frère de 18 mois alors c’est à lui qu’elle essaie d’apprendre les sons. Par contre, ce qui me surprend c’est qu’il arrive vraiment à en reconnaître 3 ou, w et h parce qu’il peut faire chut. Les enfants sont surprenants.

Elle a aussi une copine de son âge mais qui a 3 grandes soeurs. Du coup, elle semble aussi avoir eu le déclic lecture à la maison. Ainsi dans la classe, elles essaient de décoder ce qui peut l’être avec leurs connaissances.

Et sinon, à la maison nous jouons à sa demande aux collègues ou à la maîtresse. Je lui glisse les pochettes de lecture. Elle lit les étiquettes et notre travail du jour par exemple c’est de remettre les étiquettes avec les images pour faire la distribution à une floppée d’enfants imaginaires qui partent en sortie et qui doivent retrouver des fleurs dans un parc par ex.

Concernant la vie pratique, par contre c’est un peu catastrophique. Elle ne tient pas correctement un outil que ce soit un stylo, une cuillère. J’ai multiplié les activités pour qu’elle s’entraîne mais alors les versés, tenir une cuillère cela ne l’intéresse mais alors plus du tout. A la maison, nous faisons maintenant toutes les compotes maison pour qu’elle s’entraîne à couper les fruits et à lire la recette du jour. Elle accroche beaucoup aux activités d’aiguille (canevas, toile simple, métier à tisser rond…

Voilà pour mon expérience. En tout cas, je suis ravie pour toi pour l’attribution de cette nouvelle classe et ce nouveau challenge. Je trouve cela super et quoi que tu fasses ce sera toujours du plus pour ces enfants plutôt que de rester dans l’approche traditionnelle. Sur ce point, je suis convaincue.

Enfin, je suis complètement d’accord avec Hèlène35 sur le fait de se reposer, de faire les choses tranquillement, de préparer son matériel d’avance. Pour ma part, j’ai voulu tout mener de front: mon travail, les enfants, et toute la préparation aux activités de la maison en me disant: “elle a 4 ans, il y a des signes évidents, c’est maintenant ou jamais”. Même si je suis pleinement heureuse pour mon enfant , qu’elle ait appris avec facilité parce que c’était le bon moment pour elle, pour ma part je suis complètement vidée. Et je n’en ai que 2…Se maintenir en forme et en santé, c’est aussi cela la responsabilité des adultes :slight_smile: Belle journée à tout le monde


#5

Merci pour vos réponses !!!
Grrr difficile, j’aurai préféré un triple niveau. :wink: Quand je vois certains élèves de CP qui ne sont pas du tout du tout entrés dans la lecture au mois de mai, je me dis qu’il y a un soucis dans le choix de la progression des apprentissages… Je n’ai pas l’ambition qu’ils sachent lire en fin d’année (je pense que c’est impossible vu les conditions de ma classe) mais j’aimerai au moins qu’ils soient attirés par la lecture et qu’ils en comprennent le fonctionnement, l’intérêt des lettres, etc… C’est pourquoi je suis tentée par la façon de faire de Céline Alvarez ! Mais avec ce niveau simple, il va falloir s’adapter… Voilà mes propositions :

Effectivement j’avais déjà prévu de travailler en période 1 avec un fonctionnement assez dirigé (donc plutôt classique) et avec l’introduction de quelques activités en autonomie (je pensais à des activités complémentaires de construction + des activités pratiques, notamment pour évaluer leurs besoins en matière de manipulation.)
Petit à petit au cours de la période 2, je déplacerai les tables, je rajouterai des meubles d’activités didactiques (que l’on aura introduites petit à petit en atelier classique par exemple).

Mais puisqu’en début d’année, je compte démarrer avec un fonctionnement classique où “tout le monde avance en même temps”, je m’interroge sur la progression en phonologie et en écriture à adopter en septembre : dois-je suivre la progression classique ou puis-je tout de même adopter la progression “Alvarez” ?
J’ai réfléchis. Par exemple, pour la phono, est-ce que je pourrai rester sur le fonctionnement classique (c à d coin regroupement classe entière ou demi-classe) mais en adoptant la progression Alvarez et travailler sur le son (repérer le premier son d’un mot) ?
Ca me permettrait de rester sur la logique des lois naturelles de l’enfant, tout en gardant un fonctionnement classique au départ pour ne pas les perturber.
Et par exemple pour l’écriture, est-ce que je pourrai rester sur le fonctionnement classique (c à d atelier par groupe) mais en adoptant la progression Alvarez et travailler sur la cursive? Bon pour le coup ce serait pas avec la même entrée que Céline (pas tout de suite les lettres rugueuses) mais plutôt de la découverte (reproduire à la pâte à modeler les lettres cursives de son prénom par exemple)…

Puis comme ça, durant la période 2, peu à peu, j’introduis le fonctionnement basé sur l’autonomie et je peux insérer les activités proposées par Céline car elles suivront la logique de la progression démarrée en fonctionnement classique de début d’année.
Qu’en pensez-vous?

Et quoi que je propose, je le ferai en fonction des élèves motivés et en fonction de leurs besoins :slight_smile:
Comme si j’avais une classe multiple niveaux finalement ! Car c’est un peu ce que ce sera, ils n’ont pas tous le même niveau !!


#6

Bonsoir,

J’ai une classe de GS en Rep + cette année…je bosse en pédagogie alternative et je vais être honnête avec toi…j’ai souffert.

Je ne m’y suis pas prise de la bonne manière. J’ai tout changé à partir d’octobre. Je ne supportais plus de travailler de manière “classique”. Et l’ensemble de mes collègues voulaient changer aussi. Donc, on s’est lancé…et cela a été très dur. Si c’était à refaire, je le referai parce que c’était pour moi, un changement vital. Il m’a permis de reprendre goût à mon travail mais il m’a épuisé.

Si je peux te donner mes impressions.

Première chose à faire, je crois, normaliser les élèves. Travailler à rouler et dérouler un tapis, déplacer une chaise, une table. Apprendre à parler doucement, à mettre la main sur l’épaule de l’adulte si on veut lui parler et qu’il est déjà en train d’échanger avec une autre personne.

Je pense, si c’est ton souhait que tu peux enlever les bancs dès le début de l’année. Les élèves s’habituent très vite à s’asseoir derrière l’ellipse (même si ce n’est pas son utilité première, c’est bien pratique pour le regroupement). Et ça fait vraiment gagner de la place.

Tu peux mettre, le jeu de la ferme et une grande maison de poupée avec tout le mobilier. Ca permet d’enlever les coins jeu et de pouvoir travailler autour du vocabulaire. Il me semble qu’en amont de l’écriture, il faut vraiment que les enfants travaillent le langage. Dans ma classe, je le vois bien, j’ai la moitié des élèves qui ne maîtrisent pas le français. 2 élèves ont pourtant compris le décodage mais n’arrivent pas à donner du sens à leur lecture car elles n’ont pas le vocabulaire.

Je proposerai aussi dès la rentrée les activités de vie pratique. Tu peux les présenter en petit groupe pour gagner du temps. Comme ils n’ont jamais vu ce type d’activités, ça les intéresse. Surtout celles où il y a de l’eau. Ca peut te permettre d’amener le fonctionnement en autonomie.

Si tu peux acheter le matériel, les activités sensorielles pourraient arriver très vite après.

En complément, pâte à modeler sur plateau, collier de perles sur plateau, puzzle à faire sur tapis, kapla, lego sur tapis…

En regroupement, travailler “mon petit oeil voit” et lecture d’albums et chansons.(30 phonèmes en 30 chansons)

Pour ma part, je n’ai pas eu d’autre choix que de leur dire que les lettres n’avaient plus de nom pour le moment et que ce qu’il m’intéressait c’était de connaitre le son qu’elles faisaient. J’avoue que je m’y prendrais peut-être autrement si c’était à refaire. L’histoire des alphas peut-être intéressante.
Honnêtement, je vécu cela comme du dé-formatage…ça fait 2 ans qu’on répète aux enfants le nom des lettres et qu’on leur dit qu’il faut les écrire en bâton.
Alors, leur dire qu’à partir d’aujourd’hui c’est le son des lettres et la cursive, c’est pas évident.
Surtout que sur 10 mois, c’est vraiment chaud.
J’ai donc opté pour un passage radical.

J’ai une collègue qui a des MS/GS. Elle a rencontré les mêmes soucis avec les GS. Vraiment compliqué.

Mes 2 autres collègues ont des PS/MS, le changement n’a posé aucun problème et les MS sont plus avancés que nos GS.

Pour que ton ATSEM ne se sente pas perdu et lui laisser le temps de se faire aux changements, tu peux laisser un atelier fixe dont elle aurait la responsabilité.

Tu pourrais regarder Christine Lemoine et son fonctionnement en atelier échelonné. Je me dis que ça peut donner des solutions pour sortir du classique.

Un autre problème que l’on a rencontré…reconnecter les enfants à leur envie d’apprendre ,les reconnecter à leurs envies simplement. Et bien, je te dirai qu’encore aujourd’hui c’est compliqué. Je parle des GS, les autres niveaux, ça roule.

Alors, au vu de ta situation, je pense que ça se passera plus sereinement que nous, tu as déjà pu mouliner les infos et tu vas avoir les “vacances” pour te préparer.

Par contre, quoi qu’il se passe, tu leur apporteras toujours quelque chose qu’ils n’auront pas si tu restes sur du tradi. Je crois malgré tout que j’ai des élèves qui ont repris gout aux apprentissages. J’ai 7 élèves qui savent décoder. Alors, même si c’est pas le but et bien je suis contente que ça les ai intéresser et je me dis que l’entrée au CP sera plus simple pour eux et que du coup l’enseignante de CP pourra donner plus de temps pour ceux qui auront des difficultés. J’ai pu m’adapter au niveau de chacun sans me culpabiliser et sans leur mettre la pression. La relation duelle est une vrai bonheur pour ça.

J’ai enfin eu l’impression de faire mon travail.

Bonne route à toi.

Flavienne.


#7

Bonjour Marnie,
Quelques éléments — tu en as déjà reçus pas mal d’ailleurs.
Oui, évidemment, tu auras une classe multi-niveaux même si pas multi-âges. Ça n’existe pas, une classe de clones. Donc, l’entraide et tout ça, enseigner en apprenant à d’autres etc., ça sera possible.
De plus, Untel qui a le niveau expert sur ceci est au niveau nigaud (on parle de jeunes oiseaux, rien de péjoratif) sur cela… Là aussi, c’est toujours ainsi. Du coup, chacun pourra exercer les différents rôles à l’occasion.
Quant à l’histoire des lettres qui s’écrivent en bâton et ont un nom mais pas de son… je vais taper très fort sur un clou : tu aurais beau faire abstraction de leur passé, il se mettra en travers. Autrement dit, qu’ils t’en parlent ou non, pour les enfants concernés, il y aura conflit — en eux, surtout, je veux dire. Alors n’ignore pas cela, c’est encore pire.
En en parlant, ça ira mieux.
Si tu as un style proche de celui de Flavienne, tu pourrais le faire un peu comme elle : « leur dire que les lettres n’avaient plus de nom pour le moment et que ce qui m’intéressait c’était de connaitre le son qu’elles faisaient », par exemple.
En tout cas, c’est vrai que les lettres ont un nom et maintenant qu’ils le savent et que leur précédente maitresse leur a dit que c’est en passant par là qu’ils apprendraient à lire/écrire… Les enfants peuvent être affreusement loyaux. Et c’est vrai que les lettres ont une forme en bâton. Pourquoi faire semblant de l’ignorer ?
Sûr, vous allez trouver, les enfants et toi, un vocabulaire pour caser ces différentes approches et ouvrir un espace où l’on puisse aborder les lettres « façon Mme Marnie ».
Moniteur de pratique en auto-école, ce que je pouvais enseigner aisément en huit heures à quelqu’un qui commençait vraiment avec moi pouvait vite en demander vingt pour avoir débuté « de travers » parfois pendant une heure seulement. C’est juste la réalité. La virginité ne se refait pas. Ou c’est un super long chemin, ce qui revient un peu au même.
Je souscris aussi à l’idée que dans ta situation il y a plus prioritaire. Je dirais même que comment ça va se passer entre vous pourrait avoir plus d’impact que la pédagogie exacte en matière de lecture/écriture, au moins dans ce cas précis.
Bonne chance, belle aventure en perspective !
[Edit : oubli d’un mot réparé et changement d’une formulation]


#8

Bonjour,

Je suis en GS avec 25 élèves (qui parlent le créole) dans une REP de la Réunion. C’est ma première année en maternelle…Un peu comme toi, je pense. Et comme toi, j’ai une ATSEM à mi temps. La maternelle fonctionnait de façon pédagogie traditionnelle.
J’ai investi les lieux une semaine avant la rentrée. J’ai fait connaissance de l’ATSEM. J’ai téléchargé les vidéos de Celine Alvarez et nous nous sommes formés. Mon ATSEM séduite par cette nouvelle approche, a été un soutien, un point d’appui extraordinaire…
J’ai “ignoré” les acquis de mes élèves en graphisme et en connaissance de l’alphabet. J’ai pris cette décision forte de conséquences afin de permettre à chacun selon ses envies, ses besoins de progresser vers la lecture. Lors de la réunion de rentrée, j’ai expliqué aux parents la nécessite d’abandonner (momentanément) les noms des lettres.
24 sur 25 élèves sont entrés dans la lecture et une douzaine lisent avec fluidité. Donc les élèves s’adaptent et ils ont tous abandonné les noms des lettres au profit des sons des lettres.
Idem en ce qui concerne l’écriture, je ne suis plus revenu à l’écriture en bâton.
La première semaine, j’ai utilisé les ZIL et les brigades qui n’avaient pas de remplacement à faire pour m’aider à présenter par groupe de deux les ateliers. Et aussi trois mamans venaient dans la classe une fois par semaine pour faire lire les enfants. J’ai acheté 4 boites de lettres rugueuses de Nathan afin de permettre au plus grand nombre de s’approprier les sons simultanément.
Ainsi j’ai vécu l’année la plus extraordinaire depuis que je suis PE.


#9

N’oublions pas cependant que les lettres n’ont pas des noms par hasard: un seul son peut se traduire avec différentes lettres et, au primaire, il leur faudra apprendre l’orthographe des mots irréguliers par le nom des lettres. Dire aux enfants (et aux parents) qu’ils n’ont pas appris le nom des lettres pour rien, que ça leur servira plus tard, mais que là, on a besoin de leur son, peut limiter ce sentiment de trahir la maîtresse d’avant… Car ce sentiment d’infidélité peut constituer un blocage à ne pas négliger!


#10

Bonsoir @Marnie :sunflower:

L’an passé j’avais 20 GS et seulement 6 MS pour démarrer en année 0 et je me reconnais beaucoup dans ce que dit @FlavienneBordeaux , je donnerais volontiers les même conseils. Moi j’avais démarré dès septembre à 100% autonomie sauf un atelier dirigé par l’atsem (qui n’est arrivée qu’en novembre).

  • activités pratiques dès le début, surtout celles avec de l’eau, :cold_sweat:ça responsabilise énormément, et ils adorent, sont très fiers et appliqués !
  • porter une grande attention à ce que les élèves adoptent immédiatement les “bons” gestes, être bienveillant, ferme et exigent dès le début.
  • vocabulaire à fond tous les jours en regroupement pour booster dès le début.
  • de la phono avec la boîte d’objets TOUS LES JOURS (par exemple un petit temps de 25/30 minutes chaque début d’après midi) je ne prenais qu’un seul enfant à la fois (environ 5 minutes) mais autorisais les spectateurs (qui bien souvent attendaient leur tour!) du moment qu’ils arrivent à rester silencieux… résultat : bénéfice pour 5 ou 6 élèves d’un coup !!
  • attention aux matériel sensoriel : ce fut le plus “détourné” par les GS, et le bénéfice m’a semblé moindre (si c’était à refaire, j’en mettrais moins et ne me ruinerais pas autant!) je garderais néanmoins les barres rouges (pour préparer les rouges et bleues) , les encastrements cylindriques que mes GS faisaient les yeux bandés (succès) les boites à sons que nous avions fabriquées ensemble, les flacons d’odeurs à apparier (vus sur le site de fofyalecole), les boîtes de couleurs, les solides géométriques, des sacs d’objets à toucher, les cubes du binôme et du trinôme ainsi que l’arche romane. J’ajouterais le puzzle de la table de pythagore et les formes superposées que je ne possédais malheureusement pas.
  • comme le dit bien @LucE , tu constateras des différences de niveaux sur lesquelles il ne faut pas hésiter à t’appuyer quitte à “creuser un peu les écarts” au début. Par la suite, tu auras des tuteurs expérimentés qui aimeront aider les autres et ce sera plus horizontal (donc + efficace :wink:)
  • pourquoi pas proposer certaines activités en plusieurs exemplaires : les lettres rugueuses, le jeu des jetons (facile à créer pour pas cher avec des jetons et des chiffres magnétiques dont on a retiré les aimants par exemple) et si tu as un peu de budget… Le second plateau du système décimal (TOUJOURS sorti et utilisé en permanence dans ma classe, il m’en aurait fallu un second!) et l’alphabet mobile (idem)
  • comme le suggère astucieusement @reaz , ne pas hésiter à s’appuyer sur tous les moyens humains disponibles ! je n’ai pas osé faire venir des parents pour faire lire des enfants mais je le ferai sans doute l’an prochain. En revanche en septembre j’appelais l’IEN tous les matins pour demander qu’on m’envoie les “3ème mouvement” pas encore sur poste (on n’avais guère de ZIL/brigades dispo).

Il est possible de leur apporter beaucoup… Tout ce que tu pourras mettre en place sera un “plus” qu’ils auraient pu ne jamais connaître ! J’espère que tu sauras être bienveillante avec toi-même et reconnaître tous ces petits “plus” que tu leur auras apporté chaque jour! Je te souhaite de beaux moments avec tes élèves :tulip:


#11

Merci merci beaucoup beaucoup pour toutes ses réponses toutes aussi intéressantes les unes que les autres !!!
Je vais avoir du mal à tous vous répondre individuellement donc je fais une réponse globale.
Tous vos messages ont été bien lus et relus, j’ai pris plein de notes pour bien démarrer l’année prochaine ! Ca en fait tellement d’un coup que j’ai du mal à savoir par où commencer, je passe mes aprem à lire plein de choses, je m’éclate :slight_smile:
Je prends bien en compte tous vos conseils, merci d’avoir essayé avant moi pour me dire quoi faire/quoi éviter :wink:
Effectivement il y a vraiment une ambiance de classe à créer avant tout et je prendrai tout de même en compte ce qu’ils ont appris les années précédentes, tout en affirmant l’intérêt d’apprendre le son des lettres. J’expliciterai ça bien, façon “Maitresse Marnie” comme le dit @Luce !!
@FlavienneBordeaux , j’ai une question à propos de “30 phonèmes 30 chansons”. J’ai vu qu’il existait un “30 phonème 30 comptines” + récent. Connais-tu la différence entre les 2? Si je vais dans une librairie prochainement, je feuilletterai les 2 s’ils y sont…

Au fait, est-il possible d’avoir une photo de votre disposition de classe? Que ce soit en totale autonomie ou bien en phase transitoire ou cohabitation… Ca m’intéresse. Peut-être y a t-il déjà un sujet là dessus d’ailleurs, avec de nombreuses photos, je vais faire ma recherche.

Merci encore !


#12

Bonjour

J’ai un profil de classe identique à celui de Marie21 mais je travaille plutôt dans un milieu favorisé. J’ai mis en place le fonctionnement en autonomie en octobre 2015 suite à une formation Montessori où j’ai découvert le travail de Céline. J’avais déjà pas mal de ressources en activités autonomes.

J’ai supprimé les coins jeux qui génèrent beaucoup d’excitation et les bancs qui mangent l’espace.
J’exploite le matériel qui est dans la classe, notamment les jeux géométriques (katamino, architek, organicolor…) en ne leur octroyant qu’un seul objectif.

Les enfants aiment beaucoup travailler à 2, j’ai donc doublé certaines activités (ou acceptent qu’ils soient 2 avec un même matériel sous réserve de calme) pour qu’ils puissent travailler en parallèle ou ensemble: très grands puzzles (les 100 pièces disney affreux mais qui ont beaucoup de succès), atelier de piquage, perles, certains jeux géométriques (recouvrir un modèle), jeux de construction, peinture et pourquoi pas bricolage.
J’ai des activités qui se font à 2: jeux mathématiques issus notamment d’accès editions (une bible!), formes à toucher, jeux de memory (sur les animaux notamment), amis des sons (nathan)…

En début d’année, les enfants vont apprendre les activités qui permettent une “ambiance” calme, des gestes délicats et l’autonomie: se déplacer, utiliser les tapis, les activités pratiques (se faire aider en formant son ATSEM), parler doucement… Je fais aussi beaucoup d’activités de vocabulaire.
Pour pouvoir faire des apprentissages individualisés, je donne une activité à un ou deux groupes d’élèves pour les canaliser (puzzles, perles, pâte à modeler, découpage, piquage, coloriage, dessin… bref, une même activité en parallèle), les autres étant en activité autonome.

Pour moi, une des difficultés est de leur faire lâcher l’activité dessin ou jeux de construction et les faire aller vers les apprentissages numériques ou de phono. Et de favoriser les apprentissages constructifs entre pairs sans détournement du matériel ou trop d’excitation.

L’autonomie n’est pas si facile que ça non plus à apprendre: certains suivent toujours un copain, d’autres ne prennent pas d’initiative et certains ont besoin qu’on leur donne du travail. je continue donc à jongler entre les deux modes d’enseignement pour essayer de répondre aux besoins de chacun, tout en favorisant au maximum le fonctionnement en autonomie.


#13

J’ai des niveaux multiples, mais je n’ai démarré qu’en novembre, et je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis isabel :

  • dans les temps d’autonomie (moitié de la journée environ), mes élèves se tournent principalement vers le dessin (libre) et les constructions, et je m’interroge sur comment les faire aller vers les apprentissages de type phono/numération (en particulier pour les GS) ?
  • il y a un peu d’entraide mais c’est très ponctuel, comment passer à la vitesse supérieure ?
  • j’ai aussi certains élèves qui suivent toujours le copain…

#14

Ont-il, dans les temps hors autonomie, l’occasion de dessiner et construire? Si oui, tu peux peut-être les “interdire” pendant les temps d’autonomie. Si non, c’est qu’ils en ont peut-être besoin? Par exemple, tu peux installer les activités complémentaire dans un même meuble et “fermer” ce meuble avec un rideau à certains moments.


#15

Bonjour,
Afin d’attirer les élèves vers des domaines plus “scolaires”, il suffit parfois de varier les supports:
En janvier le calendrier de l’avant en forme de maison avec des petits tiroirs était resté dans la classe. Un jour, elle est tombée et les tiroirs étaient tous mélangés ( non, non, ce n’était pas fait exprès)
J’ai été très surprise de voir des élèves, encore hésitant sur l’ordre des nombres, s’amuser à remettre en ordre ces petits tiroirs, à refaire l’exercice en s’organisant, d’être fier de pouvoir montrer leur réussite et de l’immortaliser en les photographiant. Victoire…

Dans le même esprit
Le jeu des maillots numérotés, est aussi très apprécié. (un fil, des épingles). Et les objectifs possibles sont variés : mettre dans l’ordre, intercaler un nombre, dire le nombre juste avant, juste après, trouver le nombre mystère en posant des questions…(on travaille en plus le langage oral, la logique, la compréhension…)


#16

Je serai dans une situation similaire en septembre… C’est une école type “hors contrat” en Côte d’Ivoire. Nous serons deux enseignantes en même temps. Je ne pourrais pas rencontrer ma avant la pré rentrée…
Pour introduire le son des lettres je compte utiliser les gestes de la méthode Borel Maisonny qui me semblent compatibles et complémentaires.
Je prends bonne note de toutes les idées de cette discussion qui l’éclairent beaucoup.
@Marnie 1an plus tard aurais tu des choses à ajouter/préciser ?
Merci!