Comment gérer notre propre colère ?


#1

Bonsoir tout le monde,
Voilà, cela fait 3 semaines que l’on a repris et si cela avait plutôt bien commencé, me voilà déjà au bout du rouleau.
Il reste encore 3 longues semaines avant les vacances de Noël…
Pour résumer, j’ai une classe de GS-CP en milieu rural, j’ai 20 ans d’ancienneté et j’ai de plus en plus de mal à supporter le comportement de mes élèves. Je trouve qu’ils n’ont plus aucune retenue dans la gestion de leurs émotions, ils agissent en classe comme ils le font à la maison avec leurs parents.
Quand ils sont en colère parce que je leur impose quelque chose qu’ils n’ont pas envie de faire, certains me crient dessus, quand un autre me tire la langue ou me répond carrément.
S’il n’y en avait qu’un, un peu excessif, cela serait gérable, mais ils sont plusieurs à être un peu caractériels. D’autres suivent l’exemple et la fatigue de chacun n’arrange rien.
Quant à moi, durant deux semaines, cela s’est à peu près bien passé car j’étais reposée et patiente. Mais là, je m’énerve sans arrêt parce qu’ils me font peur (je crains qu’ils se fassent mal) ou cela m’énerve qu’ils se manquent de respect, se tapent. Et un enfant me provoque sans arrêt en faisant le contraire de ce que je demande, ce qui me met particulièrement les nerfs à vif. Bref, j’ai bien du mal à maîtriser ma colère. Du coup, cet après-midi, je me suis efforcée à rester calme, car j’ai toujours l’impression que mon énervement ne fait que renforcer le leur. J’ai donc patienté calmement pour qu’ils s’assoient, qu’ils se taisent, qu’ils m’écoutent…, mais au bout d’un moment, je bouillais tellement de l’intérieur, que j’ai failli pleurer.
Bref, quelle est la solution pour lutter contre ses propres émotions, je n’arrive pas à prendre du recul…
Et quand je fais le bilan de ces 20 ans, je me dis que des années sympas, il n’y en a pas eu tant que cela, 3 peut-être… Du coup, de plus en plus souvent, je me dis qu’il faut que j’envisage une reconversion car je supporte de moins en moins la gestion du groupe classe et le comportement des enfants (même si individuellement, ce sont de bons gamins que j’aime bien).
Mais je ne sais pas vers quoi m’orienter, j’aime pourtant le côté pédagogique, l’organisation. Je pense avoir maintenant des acquis plutôt solides pour enseigner et cela me semble dommage de tout abandonner, pourtant, je ne pense pas que j’aurai la force de supporter tout cela encore 20 ans…


#2

Bonjour Coccinelle,
J’ai été très touchée en te lisant, tu sembles vivre des moments très difficiles.
Peux-tu avoir de l’aide d’un de tes collègues quand des enfants passent les limites et que tu ne te sens plus capable de gérer calmement ? Accepteraient-ils de prendre pour quelques minutes dans leur classe les éléments perturbateurs afin que tu puisses faire redescendre la pression ?
J’ai pu lire que, quand tu es reposée, tu gères beaucoup mieux tes émotions, alors que les élèves ont les mêmes comportements. As-tu des occasions de te reposer le week-end, de te ressourcer ?
J’ai fait l’expérience, en début d’année, d’un résultat auquel je ne m’attendais pas du tout : pour perdre un peu de poids, j’avais décidé d’arrêter le sucre et de consommer des aliments à index glycémique bas. Au bout de quelques jours, j’ai remarqué que ma patience était beaucoup plus grande et que les mauvais comportement me fatiguaient moins. Peut-être est-ce une piste à creuser, même si je ne te cache pas que je n’ai pas tenu longtemps sans sucre…
L’excitation des fêtes de fin d’année ne va malheureusement pas aider les enfants à se calmer dans les jours qui viennent, je te souhaite de continuer malgré tout à prendre du plaisir en classe. Bon courage.
Marjorie


#3

Bonjour Marjorie,
Je te remercie beaucoup pour ta réponse. Merci pour ta compréhension et de ne pas être dans le jugement.
Alors oui, mes collègues sont gentils et acceptent de me prendre cet élève qui me provoque. Mais je sais que ce n’est pas la bonne solution. D’abord, parce que cela renvoie une mauvaise image de lui à tous les élèves de l’école, ce qui ne va pas l’aider, et aussi parce que je voudrais réussir à établir une meilleure relation avec lui, mais j’avoue être un peu blasée et un peu découragée avec lui.
Ce qui me décourage surtout, c’est que j’ai l’impression que le problème vient de moi. C’est normal que des enfants fatigués craquent et gèrent moins bien leurs émotions. Mais le problème est que je suis fatiguée moi aussi et que tous ces comportements excessifs m’agressent et m’envahissent.
Il faudrait que j’arrive à me dire “Allez, c’est pas bien grave” et gérer les problèmes les uns après les autres. Mais je n’y arrive plus, je suis lasse…
Les moments de plaisir en classe sont assez limités, mais il faudrait que je change de point de vue et que je réapprenne à apprécier les petits bonheurs quotidiens. Avec les CP, il y a toujours le problème de la méthode de lecture ou du fichier de maths, sur lesquels il ne faut pas perdre le rythme, au risque de désorganiser toute la semaine et du coup c’est difficile de lâcher prise…
L’idée de limiter le sucre est intéressante, je suis en effet une grande consommatrice de sucre, je vais essayer de tester dès que mes placards seront vides et je te tiendrai au courant des résultats.
Merci encore pour ta réponse. Bon dimanche.


#4

Bonsoir coccinelle,
Je me retrouve beaucoup dans la description de ta situation: la gestion difficile du comportement des élèves, les remises en questions et l’amour du métier, cette envie de bien faire et pourtant ça ne tourne pas rond. Je n’ai pas de solutions miracles, j’essaie aussi différentes choses: prendre du temps pour soi (activité sportive), pour la famille (moins travailler le week-end), en parler avec un médecin. J’ai testé la cohérence cardiaque, pour diminuer sa fréquence cardiaque en respirant plus doucement https://www.coherenceinfo.com/guides-respiratoires/. Les chansons et les percussions corporelles (faire des rythmes sur son corps) aident assez bien les enfants à se recentrer. J’essaie de les faire chanter en faisant des rythmes sur le corps, ce n’est pas facile, mais ils s’accrochent.
Je te souhaite bon courage pour cette période.


#5

Merci Marie pour ta réponse et tes idées.
En fait, ça dépend vraiment des jours. Hier, ça s’est bien passé. Mais j’avoue que la provocation, j’ai vraiment beaucoup de mal et quand les comportements excessifs s’ajoutent les uns aux autres, je sature très vite. J’ai décidé d’instaurer quelques temps calmes dans la journée, pour finir cette période plus sereinement.
Ce qui est difficile dans notre métier est que les années se suivent et ne se ressemblent pas. Mais lorsque je suis dans une année difficile, je ne peux m’empêcher de me remettre en question et mes limites émotionnelles me bouffent la vie. Je n’arrive pas à passer un bon week-end après une journée d’école où je me suis énervée et où j’ai râlé très fort. C’est très culpabilisant.
Bon courage à toi aussi.


#6

Bonjour Coccinelle,
tout d’abord, je te souhaite bon courage car ce n’est pas facile quand on est sur le bord de craquer.
J’aimerais te conseiller une auteure qui est aussi psychiatre. Elle a un concept du 360 degrés qui est très efficace. Seulement, ça prend un peu de temps avant de l’assimiler.
Il me semble que ce que tu vis, on pourrait le comparer un peu comme du harcèlement parce que ça vient de tous les côtés et trop souvent dans la journée, et ce tous les jours, pas étonnant que tu perdes patience.
Bien-sûr, on ne peut pas accuser des petits bouts de chou qui ne sont pas conscients de leur comportement. Le livre que je te conseille est “je me défends du harcèlement” de Emmanuelle Piquet, 10€ à la fnac par ex.
Oui, c’est un livre pour les enfants mais n’empêche qu’en tant qu’adulte on y apprend beaucoup.
Et notamment comment renverser la situation sans blesser l’autre, juste remettre les choses à leur place.
En te lisant, j’ai pensé à un jeu que je faisais quand mon fils me contredisait tout le temps, je jouais au jeu des contraires et je pense que le faire en classe ça peut être très rigolo parce que ça peut apprendre au groupe à avoir un esprit critique sans perturber le classe.
Mais je pense que cette auteure Emmanuelle Piquet pourrait t’aider mieux que mon petit conseil…

Courage à toi et belles fêtes


#7

Une petite idée comme une autre qui aide beaucoup dans la relation aux enfants jusqu’au CP: La marionnette, j’ai remarqué qu’elle pouvait vraiment avoir un rôle de médiateur entre l’adulte et l’enfant. On peut lui faire dire des choses et prendre de la distance (prendre moins à cœur). plus facile à dire qu’à faire !
J’ai instauré dans la recherche d’un retour au silence de la classe (chaque fois qu’elle part dans un volume non approprié) une cellule rythmique dans lequel il y un silence, l’air de rien jusqu’à ce que les enfants rentrent dans le jeu, je reprend la cellule. Je l’ai exploité partout à tous les niveaux, c’est extrêmement efficace, ce retour au silence apporte beaucoup. Je l’ai mise dans la rubrique rythmes et comptines. Plus besoin de lever la voix, ! Bon courage


#8

Bonsoir
Je suis aussi touchée par ton message mais pour une autre raison. J’ai l’impression que tu décris ce que je vivais, il y a un an. J’avais décidé de quitter l’éducation nationale pour un autre projet mais je ne voulais pas laisser mon équipe en cours (j’étais directrice), mes élèves et les parents qui tenaient au fonctionnement particulier de ma classe. Je suis allée au bout de moi-même, c’était l’année de trop, j’ai commencé à perdre mes cheveux, je me suis cassée le pied assez bêtement, je faisais des insomnies… Cette année, je suis en arrêt et je ne pense pas pouvoir retourner dans une classe un jour. De plus, je suis tellement épuisée que je ne suis pas en mesure de commencer un autre projet professionnel.
Alors, avant toute chose, écoute-toi, ne te mets pas dans le rouge, arrête-toi s’il le faut. Peut-être, fais-toi accompagner par un thérapeute pour apprendre à poser tes limites car chez moi, “être patiente” signifiait “dire calmement que des choses sont hors limites” mais non, en fait, être en colère, ça doit se voir, nous avons le droit.


#9

Bonjour Coccinelle,
Je vis la même chose que toi dans une classe de GS-CE1 de seulement 19 élèves, je devrais donc passer une très bonne année avec un effectif “idéal”. Quelques élèves perturbent la classe par le manque d’autonomie, le manque de concentration, d’intérêt… L’an passé avec une classe de 22 GS, j’ai approché un fonctionnement de classe “Céline Alvarez” avec des propositions évolutives d’ateliers permettant en même temps le choix de l’élève et le contenu des programmes. J’ai passé une très belle année, les enfants ont progressé parfois au-delà de ce qui est demandé et surtout j’ai eu moins besoin de gérer des comportements perturbateurs (poser une main sur mon épaule au lieu de lever la main ou pire m’appeler a super bien fonctionné). Sauf que les évaluations nationales sont passées par là, ont révélé des résultats “catastrophiques” selon ma collègue et que j’ai dû m’expliquer auprès de ma directrice. Alors cette année, retour à un fonctionnement plus classique et retour des problèmes de gestion de classe que tu évoques. Après 27 années d’enseignement, je m’informe pour une reconversion, m’intéresse aux écoles alternatives (peu d’embauche à moins de créer la sienne)…
J’ai fait le choix de diminuer mon temps de travail cette année (75%) pour me préserver, me donner du temps pour faire autre chose ou rien, m’informer…
Si tu souhaites en discuter,
Cordialement,


#10

Bonjour,

Je ne comprends pas comment on peut savoir (lire Alvarez, s’interesser aux neurosciences, etc) et encore parler d’enfants qui auraient des comportements trop ceci ou cela, ou même se culpabiliser jusqu’à n’en plus pouvoir alors que nous connaissons les causes qui mènent à ces comportements. Pour expliquer ce “jugement” un peu direct, je pense que se préserver est notre première responsabilité. Et c’est aussi ce que nous rappelle C. Alvarez.

Attention, je suis enseignant dans le secondaire et je ne veux en aucun nier la réalité de la difficulté de gérer une classe d’enfants.

=> Mais je pense qu’il faut se rappeler du sujet : il y a un gros problème de développement des fonctions exécutives !

Je le constate aussi en collège. Tant qu’on ne s’attèlera pas à ce sujet et ne le placerons pas au centre de notre travail, nous continuerons à remplir une passoire.

Il ne faut pas “gérer” ou “étouffer” vos émotions. Il faut prendre du recul vis à vis d’elles, vous créer des soupapes, raisonner (ce que ne sont pas capables de faire les enfants qui n’ont pas développé de FE)…

La première réflexion à avoir, le premier recul à prendre, c’est d’arrêter de culpabiliser, de vous juger négativement.

On n’a pas le luxe ni le temps d’être négatif envers nous mêmes. Nous marchons déjà à contre-courant (FE, idées recues des parents, institution, collègues, élèves qui vivent des situations souvent difficiles et l’expriment…).

Comprenons par exemple un élément de base : selon la fondation pour l’enfance 1/4 des parents avouent encore gifler et mettre la fessée.
1/4 de vos enfants vivent cela à la maison.

50% des parents disent utiliser la menace, le chantage, la punition…

La fondation ne dit pas qu’ils passent beaucoup de temps devant les écrans et très peu en pleine nature. On connait la réponse…

Il est donc NORMAL que ces mêmes enfants soient instables émotionnellement, explosifs, parfois violents, aient une attention frivole, un vocabulaire très faible et des FE sous-développées…

Le second recul est de vous préserver. Prenez le temps de faire le point. Faites un travail émotionnel (pourquoi vos émotions vous remuent, que veulent-elle vous dire ? Vous disent-elles que vous souhaitez être ailleurs, faire autre chose ?). Des spécialistes / coach peuvent vous aider à ce niveau là.
Comprendre aussi ce qu’est le mental peut aider. Le mental est une machine à douter, à produire des pensées négatives qui tournent en rond, à s’épuiser nerveusement et émotionnellement. On n’a pas le luxe de perdre ce temps là. (A ce sujet, je vous conseille les lectures de Sadhguru - qui parle du “drame psychologique” dans lequel nous nous enfermons et d’Echkart Tolle)

En 3ème c’est faites ce dont vous êtes fiere ! Si vous voulez gérer votre classe comme ceci ou comme cela, faites le. Vous serez de toute façon critiquée, fatiguée, etc. Autant l’être en faisant ce que nous estimons juste !

Quitter l’EN oui, mais autant le faire le tête haute !

On a besoin des profs comme vous, qui réflechissent, cherchent à prendre en compte la nature de l’enfant !

Enfin, et si vous voulez changer je vous conseille de faire, comme moi, professeur documentaliste.

Cela peut aussi être épuisant, nombreux sont les docs qui s’épuisent (j’ai rencontré des docs qui s’épuisaient en bossant 70h par semaine en se mettant une grosse pression, en répondant à n’importe quelle sollicitation et à mon avis de néophyte à cause d’une grosse peur de décevoir), passent leur temps à crier et à voir le coté négatif du métier. C’est aussi un métier formidable, où l’on peut aussi faire un travail sur les FE (plus largement la mémoire, l’attention, la planification, etc…). Cela peut aussi donner un second souffle, ou surtout permettre de respirer dans un cas comme le votre.

Je suis dans la dynamique inverse : je pense profiter du poste de prof doc en début de carrière (moins de boulot à la maison même si comme je l’ai dit c’est relatif, on est aussi plus libre) et passer en primaire quand mes enfants seront grands et pour changer car une carrière, c’est très long il faut le dire ! :slight_smile:

Donc pour finir : bravo d’avoir tenu 20 ans ! C’est BEAUCOUP ! :slight_smile:
Et bon courage, faites vous confiance, pour les 20 suivants !


#11

Ça fait quelques semaines que ce post me fait réfléchir. Je mets un peu de temps à répondre, parce que j’avoue que quand j’ai vu “20 ans d’expérience”, je trouve ça un peu déplacé qu’une débutante comme moi se permette de donner des conseils à quelqu’un d’aussi confirmé.
Mais voilà : je me retrouve totalement dans la détresse décrite sur ce sujet, et aujourd’hui j’ai l’impression de l’avoir surmontée au moins temporairement grâce à deux choses. Du coup, je me dis que poser ces deux choses ici, ça pourrait toujours être constructif pour les gens qui passent par là.

La première, c’est le contrôle inhibiteur de l’enseignant. Tu en parles dans ton message et expliques que tu arrives à ne pas t’énerver lorsque tu n’es pas trop fatiguée. Une professeure à l’ESPE (INSPE, école normale, appelez-la comme vous voulez) m’avait beaucoup impressionnée lorsqu’elle nous a conseillé, en classe, de réagir à l’inverse de nos émotions. En gros, lorsque quelque chose nous énerve vraiment et sincèrement, on se fige, on se retient de crier, et on va plutôt choisir une réaction calme, à l’inverse lorsqu’il y a une bêtise pas assez grosse pour nous énerver, mais qui mérite tout de même d’être corrigée, on peut hausser le ton pour faire nos reproches, puis reprendre calmement le cours de notre journée. Alors qu’elle était en train de nous expliquer ça, une stagiaire en retard toque à la porte et tente d’entrer le plus discrètement possible. La prof de l’ESPE fait une grosse voix pour exprimer à quel point elle ne tolérait pas les retards, toute la classe en tremble, puis elle nous dit avec la plus grande douceur “Vous voyez, exactement comme ça.” Ce fut une magnifique démonstration. D’autant plus qu’à partir de cet instant, je peux vous assurer que tous les professeurs stagiaires faisaient bien attention à ne jamais arriver en retard à ses cours. Elle nous avait montré que le fait de hausser le ton ne dépendait pas d’elle, ni de son humeur, ni de sa relation avec l’élève, mais de la “bêtise” elle-même. Et que, même si elle était bien lunée (et très sympathique par ailleurs), on risquait notre “humiliation”.

Je pense encore régulièrement à ce principe, mais je n’ai pas réussi à l’appliquer immédiatement, l’ambiance dans ma classe à l’époque m’empêchait de prendre le dessus sur mes réactions, et surtout, je ne savais pas quoi faire d’autre que m’énerver lorsque je voyais toutes ces choses dangereuses que faisaient les élèves…

C’est donc la deuxième chose qui m’a permis de changer la donne, et celle-là, je la tiens plutôt de ce site et ce forum : dans l’éducation, tout est construction. Et qui dit construction demande constats, réflexions, et actions. En tant qu’enseignant, on doit tout gérer en même temps, ce qui n’est pas toujours possible. Il faut donc se mettre des priorités, et pour moi, les priorités sont celles-ci : 1. La sécurité, 2. les compétences utiles à long terme des enfants de la classe, 3. le niveau scolaire avec lequel vont sortir ces enfants de cette classe.
Ça me permet de ne pas culpabiliser lorsque j’enlève du temps ordinairement consacré au programme pour m’occuper de la sécurité, ou de l’apprentissage de fonctions essentielles au développement des enfants.
Si je fais le constat dans ma classe qu’il y a un problème général de sécurité, ma réaction n’est plus “Oh non, je suis tellement une mauvaise prof !” mais “Parfait, nous savons donc sur quoi nous allons travailler.” Et à partir de là je mets en place tout ce qui est en mon pouvoir et qui me semble pertinent pour résoudre ce problème en priorité : ça peut être des temps en classe pour en parler tous ensemble, des exercices ou des jeux autour de ces problématiques, des moments pour en parler en individuel avec certains élèves, des convocations avec les parents, le fait de mettre parfois un élève dans la classe d’à côté, des outils spécifiques… Par exemple, il y a deux ans, j’avais plusieurs élèves qui n’arrivaient pas à gérer leurs émotions et qui se mettaient à frapper, du coup j’ai installé dans la classe une tente “à se calmer”. Dans cette tente on ne pouvait y être que seul et on n’avait pas le droit d’y amener jouer ou atelier. Elle ne servait qu’à rester au calme, s’isoler, penser. Je ne peux pas assurer l’efficacité de cette tente, puisque je l’ai installée en même temps que je faisais tout ce que j’ai cité précédemment, mais en quelques mois, on a fini par sortir de cette ambiance un peu folle vers laquelle on allait.
Bref : je n’hésites absolument plus à prendre sur le temps de classe ou le temps de préparation des cours pour résoudre les problèmes de comportement. Et tant pis si les ateliers que j’avais prévus pour une date précise ne sont pas prêts à temps.

J’espère vraiment que depuis 19 jours tu as perdu l’envie de pleurer, et trouvé quelques pistes.
Que ce soit le cas ou non, je pense qu’à ta place je profiterais des vacances pour établir un “plan d’action” qui aurait pour but d’enseigner les choses qui manquent aux élèves et leur permettre de ne plus créer les problèmes face auxquels tu perds tes moyens.
Bon courage.


#12

Merci beaucoup pour ces pistes de réflexion, il aurait été dommage que tu n’oses pas publier… j’ai essayé, pendant de courts moments, de réagir à l’inverse de mes émotions aujourd’hui… C’est efficace, en tout cas, suffisamment déroutant le premier jour pour alléger l’ambiance.
merci beaucoup!