Devenir éducateur Montessori ou professeur des écoles ?

#1

Bonjour,
J’ai décidé cette année de changer de voie et de me diriger vers ce qui me passionne : l’éducation et la pédagogie.
Je me suis inscrite au concours de professeur des écoles et parallèlement, à la formation d’éducateur Montessori. Je n’arrive pas à me décider pour l’un ou pour l’autre car le rôle d’éducateur et de professeur des écoles est très différent.

La pédagogie Montessori étant très bien rodée, très organisée ( et excellente ) n’y a t’il pas un risque le l’éducateur éprouve une certaine frustration à ne pas pouvoir proposer d’autres ateliers qu’il aurait lui même conçu?
A l’Education Nationale, l’enseignant doit préparer ses cours et ateliers. Je pense que ce travail très lourd (surtout en 1 ère année d’exercice parait-il ) est en même temps, passionnant.
L’éducateur Montessori quant à lui, n’a aucun travail à effectuer, ni atelier à préparer.
Cette méthode qui me semble excellente pour les enfants n’est-elle pas un peu limitante pour les éducateurs ?

Les témoignages d’éducateurs/ assistants Montessori sont les bienvenus ! Et les points de vue des professeurs des écoles aussi bien sûr !

Merci d’avance pour votre aide précieuse,
Violaine.

#2

Je suis professeur des écoles et je découvre la pédagogie montessori qui me semble extrèmement ouverte même si certaines activités sont hyper cadrées et précises, ils ne faut surtout pas se figer dans des automatismes, ce ne sont que des bases d’enseignement, après tout est possible une fois qu’on a compris le principe. Mais je ne sais pas comment cela se passe dans une école montessori

#3

Pourquoi choisir ? A votre place je passerais le concours de professeur des écoles pour intégrer l’Education Nationale. D’après ce que je sais, les conditions salariales y sont bien meilleures que dans les écoles Montessori :yum:. Et une fois professeur des écoles vous aurez la liberté de vos choix pédagogiques, ce qui signifie que vous pouvez appliquer la pédagogie que vous souhaitez, pour peu que vous respectiez les programmes.

Vous pourrez donc, comme le font déjà certains collègues appliquer la pédagogie Montessori dans votre classe… ou mieux encore, vous pourrez prendre la pédagogie Montessori comme un point de départ, et aménager ce qui vous semble devoir l’être : concevoir vos propres ateliers, mener vos propres expérimentations, garder ce qui fonctionne, éliminer ce qui ne fonctionne pas.

Bref garder la liberté d’adapter votre enseignement à votre personnalité et à celle des enfants, tout en gardant à l’esprit les “lois naturelles” de l’apprentissage. C’est que font la majorité des enseignants présents sur ce forum.

#4

Merci Leila pour votre réponse limpide . C’est en effet mon souhait, mais lors d’un week-end de formation à l´ISMM, le formateur a insisté sur le fait que la pedagogie Montessori était difficilement applicable au compte goutte. Qu’il fallait passer des étapes indispensables avant d’arriver à tel ou tel matériel. J’en ai déduit que pour bien l’appliquer, il fallait être dans une école Montessori.
Mais j’avoue qu’ils m’ont semblé bien fermés à tout ce qui n’en rentre pas dans leur cadre…

#5

En effet, je crois que ça rejoint ce que dit @Celine quand elle distingue son expérimentation, basée sur les travaux de Maria Montessori, de la pédagogie des écoles Montessori. Ces écoles (en tout cas une partie) pratiquent une pédagogie figée qui n’a pas évolué.

#6

Ils n’ont pas tort dans le sens où il est nécessaire d’avoir une progression rigoureuse dans les activités (en tout cas dans certains domaines comme les maths ou la lecture). Pas tort non plus sur le fait que si l’on prend des idées un peu partout, il est difficile d’obtenir à la fin un tout cohérent.
C’est pourquoi il me paraît intéressant non pas de piquer quelques idées à la pédagogie Montessori, mais de faire des travaux de Maria Montessori et de ceux qui l’ont précédée une base de travail que l’on fait évoluer au regard des découvertes scientifiques récentes, mais aussi de notre personnalité et des conditions matérielles dans lesquelles on exerce.
Effectivement, se lever un matin après avoir visionné une vidéo de Gennevilliers, commander le cube du trinôme et les lettres rugueuses, et se lancer en autonomie totale sans autre forme de réflexion me paraît kamikaze (je caricature un peu :wink:). C’est pourquoi Céline met en ligne des articles et des vidéos de grande qualité qui permettent de mener à bien la réflexion nécessaire préalable à la transformation de nos pratiques pédagogiques vers plus d’autonomie.
Et dans se cadre-là, on obtient une cohérence interne qui permet de faire ses propres choix d’activités, qu’elles viennent ou non de l’univers Montessori.

Si j’étais mauvaise langue je rappellerais que l’ISMM vend des formations (et cher en plus)… alors qu’ici on peut s’informer gratuitement…

#7

La formatrice Montessori que j’ai eue nous a expliqué que certaines activités sont en effet “figées” dans leur progression et dans la façon de les présenter, alors que pour d’autres, notamment en vie pratique et sensorielle, on peut en inventer plein! Je ne trouve pas non plus que cela ne demande pas de travail, car en amont, avant de présenter une activité, il faut la décortiquer et la refaire plein de fois pour retirer tous les gestes parasites, et ensuite, une fois les enfants lancés, le travail d’observation qui permet de savoir quoi présenter à quel enfant est également énorme…
A côté de ça c’est chouette de passer le concours de prof des écoles car cela permet, lorsque tu mets d’autres pédagogies en place, notamment celle de Maria Montessori, d’en faire profiter tous les enfants. Après pour avoir essayé, il faut dans ce cas faire avec des inconvénients non négligeables: inquiétudes ou réticences de l’équipe, classes à niveau unique ou double niveau “seulement”, manque de budget etc… Ca reste un beau métier malgré tout :slight_smile:

#8

Merci encore Leila pour votre réponse. Le tout est de pouvoir le faire dans les écoles sans qu’on nous mette désormais bâtons dans les roues.

#9

Stephanie, vous avez suivi une formation Montessori tout en étant prof des écoles? Je sais que l’ISMM propose des week-end d’initiation. J’etais mitigée quand à celui auquel j’ai participé…

#10

Merci pour votre réponse. Bien d’accord avec vous sur la nécessité de rester ouvert à d’autres expériences et d’autres théories !

#11

Oui, auprès d’une formatrice formidable diplomée de l’AMI. J’ai fait les formations qu’elle proposait pour toutes les tranches d’âge, du pur bonheur :sparkling_heart: Je suis PE depuis 1999, et je me suis formée à la pédagogie Montessori depuis 2015.

#12

En voilà, une bonne question…
Enseignante dans l’éducation nationale, je me demande si je vais y rester ou en sortir pour monter ou travailler dans une école montessori.

Ce qui pour moi est compliqué dans l’EN, c’est la possibilité d’avoir un poste, pour ma part, je souhaite un poste d’adjointe en maternelle (j’ai, à ce jour, après 10 ans d’ancienneté, un poste de direction en maternelle…et je déteste ça).
Ensuite, une fois qu’on arrive à avoir le poste, il faut réussir à convaincre les collègues dé l’utilité du triple niveau…et je ne parle pas de l’idée de garder les élèves sur les 3 années.
Ensuite, acheter le matériel, les étagères, les tables et chaises adaptés au élèves.
Réussir à “former” son ATSEM pour avoir une aide efficace en classe.

Bref, je pense malgré tout que d’être dans une école Montessori permet d’être pleinement disponible pour les enfants quand on est en classe, ça permet de pouvoir avoir des échanges avec les collègues qui sont dans la même approche de l’enseignement, les parents veulent cette approche.

Mais l’éducation nationale offre une sécurité de l’emploi et un “certain” salaire…que j’aurai peut-être le courage de quitter.

Flavienne

#13

IMerci pour ce témoignage. Je suis d’accord avec vous : dans une école Montessori on a pas à se battre pour enseigner aux élèves selon ses convictions. Pas à se battre non plus avec les parents.
Mais on ne s’adresse qu’a une infime partie des élèves français… et bien d’autres seraient heureux de bénéficier d’une autre pédagogie plus douce et plus à l’écoute de chacun d’entre eux… Mais A l’education Nationale les classes sont tellement denses que c’est difficile de suivre comme on le voudrait chaque individualité.

#14

oui voilà nos messages se rejoignent… Ceci dit dans l’EN, c’est dur mais ça vaut le coup. Je vois autour de moi beaucoup d’instits qui se lancent. Tu as aujourd’hui des chances de tomber sur des écoles où tu ne seras pas la seule à vouloir changer les choses, et même sur des inspecteurs ouverts (celui qui m’as inspectée l’an dernier l’était…) Mais ça demande encore beaucoup d’énergie, ça c’est clair. Après en école Montessori, il y a plein d’avantages et c’est super, par contre je pense que tu as d’autres soucis: les attentes des parents, qui pour le coup payent cher pour une éducation qui leur convienne, des enfants pas forcément habitués à ce fonctionnement, du moins les 1ères années et donc l’éventualité d’avoir des retours de parents inquiets ou mécontents, des enfants dont la scolarité a été très problématique en école traditionnelle, des horaires à rallonge car il faudra peut être assurer la garderie et le temps de cantine aussi, parfois même une partie des vacances etc… Moi je dois dire que les 2 m’attirent beaucoup, car les 2 offrent des “défis” vraiment intéressants, et de toute façon pour les enfants c’est tout bénéf :slight_smile:

#15

Attention @viovio à ne pas perdre de vue lors de ton choix, et je crois que c’est bien ce que tu as ressenti, que la méthode Montessori est devenue un système figé et, la plupart du temps, une pratique dogmatique inappropriée à la personnalité de l’adulte et à celles des enfants. Ce n’est pas le but de Céline que son travail fasse finalement la promotion de cette méthode, plutôt que de la démarche ouverte et joyeuse qu’elle propose.:sun_with_face:

#16

Merci pour vos contributions fort intéressantes, je vais essayer de faire un stage dans une école Montessori et dans une école publique, j’espère que cela m’aidera à faire mon choix !

#17

Bonjour, Etant formée à Montessori, il me semble qu’il ne faut pas négliger le travail de l’éducateur quand la classe est finie. Si il n’y a pas de cours à préparer, il y a un énorme travail de préparation/maintient de l’espace. Ordre, beauté, variété sont bels et bien au programme avec Montessori. Tout doit bien être remis en place, compté, réparé, nettoyé, … Il y a aussi le travail de prise de notes concernant le suivi de chaque enfant . Et puis, il y a souvent des activités plus thématiques (par exemple pour varier les activités langages, selon les saisons ou thèmes lié à la culture de l’endroit, fêtes , etc. ).

#20

ça dépend des convictions de chacun :grin:

Après lecture de tout cet échange, je me dis qu’il faut d’abord être bien clair sur le fait qu’une école se disant “Montessori” peut ressembler à une multitude de choses. Il ne s’agit pas d’un nom déposé et encore moins d’une méthode déposée. Donc peut se dire “école Montessori” qui veut. Cela va de l’école Montessori agrée par l’ISMM (qui lui-même n’est garant de rien d’autre que des formations qu’il propose…) avec le cadre figé qu’on lui connaît, à l’école Montessori montée par une personne sans aucune formation particulière. Et dans les deux cas il y a certainement du très bon comme du très mauvais.
Du côté éducation nationale, il y a aussi du très bon comme du très mauvais. L’enseignant d’une classe d’école publique peut y faire ce qui lui convient tant qu’il respecte les programmes de l’EN (qui sont un minimum à avoir appris, et ne constituent donc aucunement un frein à appliquer une démarche directement influencée du travail de Maria Montessori si on le souhaitait). Le gros souci est vraiment la difficulté à pouvoir nous rassembler entre collègues partageant les mêmes convictions afin de pouvoir avancer en équipe.

Pour moi le fond de la question est plutôt : enseigner dans l’école publique en direction de tous les enfants, ou bien en école privée ?
Les deux ont des avantages et des inconvénients pour l’enseignant. Mais ma conviction profonde est que nous ne travaillons pas pour nous, mais pour les enfants. Alors engageons nous pour une école de qualité gratuite et accessible à tous. Acceptons les résistances qui existent parfois dans l’EN et faisons le nécessaire pour les surpasser et faire bouger les lignes. Nous devons rester unis pour être plus forts, et pas quitter le navire dans la tempête pour des cieux plus cléments. Quelle tristesse d’entendre régulièrement des témoignages d’enseignants de l’EN qui souhaitent quitter leur fonction pour s’engager dans l’enseignement privé; je les comprends, je sais que certaines situations sont difficiles, mais si ces personnes convaincues partent, qui restera pour participer à la transformation de l’école ?

#21

Merci Melanie pour votre message qui traduit avec clarté les idées qui se bousculent dans ma tête! Votre optimisme à l’egard de L’EN est réjouissant ( dans le climat actuel …)

#23

Il me semble que dans les écoles Montessori, il y a peu de collègues voir pas du tout, souvent ce sont de très petites structures où l’éducateur doit gérer beaucoup de choses autres que le fonctionnement de la classe. Pour les parents, très peu d’entre eux adhèrent à la philosophie de Maria Montessori à la maison, il y a 1001 raisons pour mettre son enfant dans de telles écoles.