Discipline et liberté


#91

Bonjour Matluz!
Il est vrai que c’est épuisant et déconcertant de voir les enfants continuer à faire leur petites activités, comme si nous n’avions rien dit. Dans ma classe (27PS/MS/GS), ce sont les élèves responsables du jour qui sont chargés de faire sonner un petit carillon lorsqu’ils ont fini les rituels en autonomie. Ils ont aussi pour tâche de vérifier que tout le monde a rangé les activités et les tapis et que les enfants sont venus s’asseoir sur l’ellipse. Du coup, je ne gère pas vraiment tout cela et les enfants s’y plient d’autant plus volontiers. Et j’avoue qu’il est rare que les enfants s’éternisent avant de venir au regroupement.
J’espère avoir pu t’aider en te communiquant ma petite expérience.
Belle continuation :slight_smile:


#92

Je trouve les articles de Caroline jambon intéressants et très positifs mais je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle dit. Tout d’abord, je pense qu’il est compliqué d’adapter ces théories à des enfants issus de quartiers défavorisés, manquant souvent cruellement de cadre (cette maman a une petite fille surdouée qui doit être au centre de toutes les attentions). J’admire son dynamisme et ses convictions mais ne suis pas toujours d’accord avec les conclusions qu’elles tirent des ouvrages en neurosciences. Elle dit qu’isoler ou punir à les mêmes conséquences que des actes violents physiquement sur l’enfant, je ne suis pas d’accord. Elle affirme qu’un enfant ne peut pas se réparer, se calmer seul mais qu’il a besoin de la relation avec son parent aimant pour le faire, je ne suis pas d’accord. Je pense qu’un enfant isolé peut au contraire regarder à l’intérieur de lui même et trouver la paix grâce à ses propres ressources. Il développe ainsi des clés personnelles pour s’autocalmer ce qui lui sera indispensable tout au long de sa vie. C’est ce que je ressens. Je te remercie pour le lien car il me fait réfléchir et nous fait avancer dans ce débat très complexe sur la discipline!


#93

Bonne idée le petit carillon ! Je pense que c’est une bonne idée de donner des responsabilités, je le ferai avec les grands. Les enfants ne se disputent pas trop dans le cas où ils vérifient que tout le monde a rangé et est venu s’asseoir ?


#94

Il n’y a pas de dispute, dans la mesure où cela est demandé de manière très bienveillante et d’autre part, les jours suivants, les rôles s’inversent : l’enfant à qui l’on demande de ranger est celui qui demandera à un autre de le faire le lendemain.


#95

Bonjour, moi aussi cela me fait beaucoup réfléchir et je te remercie d’avoir écrit, car aussi je me suis demandé ce qui m’avait fait “bondir”, pourquoi t’ai je envoyé tous ces liens :wink: . Mon fils est en école hors contrat et j’ai eu un coup de cœur pour la maîtresse: chaque matin il est très important pour elle que l’enfant soit “bien” (elle accepte que pendant 10-15 min l’un soit en train de se balancer sur un petit cheval à observer les feuilles dehors - besoin calme pendant un petit temps- l’autre se mette sur un petit matelas par terre, elle vérifie qu’ils soient suffisamment habillés - chauffage qui met du temps à venir! bref "bien dans leurs baskets pour commencer les activités, il faut lui dire si émotionnellement il a vécu quelque chose de particulier (déplacement du papa, accident, dispute…) car cela peut avoir des conséquences sur son comportement. Et je pense que cela roule car les enfants veulent même aller à l’école le weekend! En effet j’ai pu constater que les fois où j’avais été sèche avec mon fils, “cadrante” et que nous enchaînions avec un repas entre amis par exemple, il n’était plus du tout le même et “testait” notre autorité en quelque sorte; un livre qui a été la révélation cet été pour moi est “La ferme des enfants, une pédagogie de la bienveillance” (Rabhi Bouquet: école Montessori en pleine nature). Couplé à “C’est pour ton bien” d’Alice Miller cela m’a secouée! Bon je n’en suis pas encore là et je me demande comment appliquer tout ça mais chaque jour je me demande quels schémas je reproduis et qu’est ce qui a pu amener à tel ou tel comportement de la part de l’enfant. Je me dis toujours qu’il n’y a pas de fumée sans feu.


#96

Bonjour lunette! quand je te lis je me dis que tu souffres d’un syndrome dont beaucoup de femmes souffrent de nos jours: la culpabilisation! Aujourd’hui les femmes s’efforcent d’être parfaite en tout, mère parfaite, épouse parfaite, amie parfaite, femme au foyer parfaite… Et si elles n’atteignent pas cette perfection elles se culpabilisent. Tu dis que si tu es cadrante ou que tu parles sèchement à ton fils il va être dur toute la soirée. Mais peut être qu’il sera dur à cause d’autre chose! Tu ne dois pas toujours tout porter sur tes épaules!
Je pense qu’un enfant se construit mieux s’il est conscient des limites des adultes, de leur faiblesse, de leur fatigue. On a le droit de craquer, on a le droit de dire “stop”, on a le droit de ne pas toujours se montrer sous notre meilleur jour! C’est humain!


#97

Oui bonjour tout à fait sûrement :slight_smile: mais je parle de “sécheresse verbale” et “cadrante” non justifiée. Par exemple il m’est arrivée de dire “tais-toi tu m’énerves, va t 'en” alors qu’il essayait de m’aider. Est-ce qu’en tant qu’adulte j’aimerais qu’on me parle de la sorte? parce qu’il est petit j’en ai le droit? Un petit passage du livre que je cite “L’humanité entière fonctionne avec un émotionnel d’enfant. Dans nos vies quotidiennes les relations ou les événements soulèvent notre émotionnel, mettant à vif les blessures du passé. Untel nous agace, nous ne pouvons supporter les comportements de tel autre, (…) Chaque fois que nous réagissons aux autres ou aux situations, nous sommes aux prises avec notre histoire personnelle. L’autre ou la situation n’y sont pour rien, ils viennent simplement réveiller une blessure”.


#98

Mille fois oui Juju !
j’ajouterais même que non seulement on a le droit d’être imparfait(e), mais que, comme on l’est forcément, l’admettre et l’accepter sont déjà des soulagements… la seule chose qu’on se doit vraiment, à soi d’abord et aux autres aussi, à nos enfants nos conjoints nos amis…, c’est d’être honnête avec soi-même, à chaque instant… savoir reconnaître ses propres sensations, émotions, états de forme ou de fatigue, savoir ne pas les ignorer… et même oser les exprimer, oser le dire quand ça va moyen ou pas du tout…même sans entrer dans de grandes explications, juste un constat “vous savez je suis fatiguée je crois que là j’ai vraiment besoin de calme”… les enfants sont particulièrement réceptifs à ce genre d’honnêteté toute simple, qu’en tant qu’adulte responsable on ne s’accorde pas toujours…


#99

IBonjour jai lu vos posts que je trouve pertinent Ce n’est pas facile de changer le regard des autres sur les méthodes traditionnelles même si beaucoup sentent l’appel citoyen et veullent s’engager sur une nouvelle voie Si vous aussi vous êtes sensibilisée aux méthodes alternatives je vous invite à découvrir l’approche psychosociale de la discipline positive Ni permissive ni punitive sur ma page FB où je partage quelques outils avec les collègues j’enseigne et forme les enseignants en nouvelle Calédonie Bonne continuation


#100

Bonjour

La culpabilité c’est comme le calcaire ça s’installe doucement mais sûrement alors pour ne plus se sentir coupable parce que nos perceptions nous trompent pensons à remplir notre base émotionnel de plein de petites attentions pour nous-mêmes : marcher au bord de l’eau, prendre une douche chaude, se masser les mains les pieds, lire un livre, sortir avec des amis etc
Bref, nous sommes souvent trop au service des autres et oublions de répondre à nos besoin alors le calcaire en profite…lol bon WE vous faites quoi ce WE ?


#101

Je ne sais pas si on peut parler de culpabilité pour moi ce n’est pas le terme exact. Je dirais que maintenant que j’ai lu et approfondi mes lectures je ne peux plus revenir en arrière et je bondis quand j’entends que “punir” est bon. Je pense que je fais quelque part un travail sur moi pour me demander comment désamorcer ce mécanisme de répétition. La je viens de relire la page de Sophie Rabhi Bouquet -je ne suis pas experte pour résumer- où elle parle des punitions et autres. J’ai certains automatismes qui me questionnent c’est tout. Pourquoi je punis? Pourquoi je dis “l’enfant doit savoir qui commande, il faut lui poser des limites”. Ou bien “c’est non parce que c’est comme ça!” Je cite SRB: “Dans l’inconscient collectif (…) l’enfant doit être bon et conforme à ce que l’on attend de lui. (…) la fin justifie les moyens. (…) pour éduquer un enfant l’adulte tout puissant obtient une totale légitimité implicitement convenue de génération en génération. Il domine il nie les besoins de l’enfant, (…)il gronde, il punit (…) il juge, il évalue, il compare, il valorise … Tous ces comportement absorbés par l’enfant dès son plus son âge fondent la société humaine telle que nous la connaissons aujourd’hui (…) nombre de personnes ne se posent pas la question de la bonne manière d’être et se contentent de reproduire. Nos enfants nous font un merveilleux cadeau en nous permettant de renouer avec notre propre histoire.” Donc on va dire que sûrement je “culpabilise” comme dit Juju, je réfléchis sans doute trop par rapport à d’autres personnes :slight_smile: Suis je dans l’erreur? Je n’en sais rien. En tout cas dans l’introspection !


#102

Merci pour ces mots !
Le livre de Sophie Bouquet m’avait bouleversée aussi il y a quelques années, et je suis heureuse de retrouver cette citation ici !

La culpabilité peut être saine aussi (bien que peut-être un autre mot soit plus juste, mais je ne vois pas lequel pour le moment), lorsque comme toi Lunette, on l’utilise pour se remettre en question et pas comme un gouffre destructeur ! Le tout est évidemment de ne pas se laisser ronger, et de simplement avoir conscience qu’on peut mieux faire, que l’on peut apprendre encore et encore !
J’ai vu tellement d’éducateurs/parents qui clamaient haut et fort que frapper, punir, humilier un enfant étaient absolument nécessaire sans accepter de réfléchir sur le sujet…que je me dis que parfois, les faire culpabiliser un peu serait peut-être nécessaire ! Parce qu’ à force de veiller à ne pas heurter, à ne pas faire culpabiliser, on laisse passer des automatismes, des normes idéologiques, et surtout on laisse des enfants en souffrance…Bref, à mon sens, si on ne culpabilisait jamais, ce ne serait pas vraiment sain non plus !
La petite différence pour moi se joue sur la durée de la culpabilité.
Par exemple, on punit un enfant ou lui dit quelque chose de malveillant. Rapidement, on culpabilise. Là, deux solutions : on va le voir, on lui présente des excuses, on lui explique. Et alors là, la culpabilité doit filer rapidement, on s’est trompé ok mais c’est normal, on apprend nous aussi, on ne sait pas, tout, on n’est pas parfait, on ne le sera jamais et heureusement / on ne dit rien et continue de se dire qu’on n’aurait pas dû mais laisse le temps passer, et culpabilise…
C’est valable pour une petite chose comme pour des années d’éducations…A partir du moment où l’on prend conscience que l’on a dérapé ici ou là, par manque d’information,par fatigue,ou autre et que l’on n’hésite pas le dire, à présenter ses excuses, la culpabilité peut s’en aller vraiment rapidement !

J’ai beaucoup souffert du manque de culpabilité (du moins apparent !) de mes professeurs qui même lorsqu’ils étaient dans l’erreur, pour des broutilles comme pour des situations plus graves, ont toujours refusé de le reconnaître, de s’excuser auprès des élèves ! “pour garder leur autorité” " pour donner l’illusion de la perfection".
A mon tour, j’ai eu beaucoup de mal à me reprendre, à dire que je m’excusais…et maintenant, j’hésite de moins en moins, parfois à la grande surprise des enfants (ce qui me laisse tristement penser qu’ils n’ont pas l’habitude)…Et je vois que cela fait du bien aux enfants de voir que l’on n’est pas parfait nous les adultes…on n’est pas parfait, mais on travaille à faire toujours mieux, on lit, on s’informe, on réfléchit, et on écoute les enfants…ainsi, on leur montre le chemin à eux aussi…


#103

#104

:joy::joy: ah ah ah ! un bel exemple de bienveillance !


#105

et moi naïvement, j’ai cru que le type allait protéger le petit garçon…
mais non, hop il le met dans l’eau sans lui demander son avis…


#106

C’est du cinéma naturellement !


#107

Heureusement oui …
Mais on sait aussi que le cinéma se base bien souvent sur des faits (trop ?) réels …

J’ose espérer que si cette scène était réelle, quelqu’un serait intervenu, autrement, et avec bienveillance :innocent:


#108

Bonsoir,

Je dis bonsoir car j’habite la Nouvelle Calédonie, Si vous voulez rejoindre notre petite communauté d’enseignants bienveillants qui ont le même idéal de bien-être pour leurs élèves, je partage sur ma page FB les outils de la Discipline Positive qui ont changé mon regard sur les enfants et leurs comportements.
Bonne lecture


#109

Je suis très observatrice et quand je sors dans les squares avec mon fils il m’arrive de voir des scènes très choquantes (heureusement cela concerne une minorité de parents). Par exemple des parents qui disputent leurs enfants parce qu’ils se sont salis en jouant, des fessées… des tapes sur les mains… mais surtout, des phrases assassines : “tu n’es pas très dégourdi”, “arrête de pleurer pour rien”, “tu n’es pas gentil…”


#110

Chères enseignantes, Chers enseignants qui écrivez sur ces pages, que j’aime vous lire. Je rêve pour mes filles, entrées en CP cette année, des enseignants avec autant de bienveillance et surtout à la recherche de solutions bannissant la punition et privilégiant le dialogue et la responsabilisation. malheureusement nous en sommes loin…Que faire lorsque nous sommes parents sans passer pour des redresseurs de torts qui n’y connaissent rien (ce qui est en partie vrai puisque ce n’est pas mon métier). En tous les cas merci pour ses échanges tellement enrichissants. Je précise, s’il en était besoin, que je suis une maman qui essaie d’appliquer l’éducation bienveillante à la maison (Filliozat et ses collègues).