Écriture du prénom


#1

Bonsoir à tous
J ’ ai une classe de petits/ moyens et je mets en place un fonctionnement en autonomie depuis cette année.
Une maman d ’ élève m’ a fait part, aujourdhui, de son inquiétude quant au fait que sa fille n’ écrit toujours pas son prénom. Elle a ajouté que beaucoup d’ autres enfants de son âge savent très bien l’écrire. De plus, son prénom n’ est pas spécifiquement compliqué. Simplement je n ’ ai pas mis l’ accent sur l’ écriture du prénom pour le moment, me souvenant que cela viendrait dans un second temps.
De plus, dans la même journée, une collègue de moyenne section dont j’ ai le fils en classe me parle également du fait qu’ il n’ écrit pas son prénom. Ses élèves l’ écrivent en lettres capitales.
Comment puis- je rassurer les parents inquiets? J’ ai expliqué à la maman combien sa fille entend très bien le son dans les mots mais elle me dit que l’ écriture lui semble très importante aussi .
Je l’ ai rassurée en lui disant que cela viendrait mais je l ai sentie sceptique et angoissée.
Que me conseillez- vous de dire à ces parents qui s’ inquiètent ?


#2

Bonjour,

Je pense que pour couper court à toute suspicion ou remise en question du travail fait, il faut s’appuyer sur la science. Ecrire ne se résume pas à savoir écrire son prénom.

Il faut pouvoir démontrer à ces parents que tu es en capacité d’argumenter ta pratique pédagogique, qui s’appuie sur des connaissances solides. Pas sur ce qu’on a coutume de voir, pas sur simplement ce que l’on pense. Si tu t’appuies sur l’expérience de Gennevilliers pour ta pratique de classe, tu trouveras assurément des ressources dans la bibliographie du livre Les Lois naturelles de l’enfant.

Pour ma part, je me suis retrouvée dans la situation strictement inverse. Le meilleur livre que j’ai lu sur cette question est le Geste d’écriture de Danièle Dumont.

Bien assise sur des faits scientifiques et non sur la fantaisie de ton imagination, ce genre de suspicions bien désagréables devraient s’arrêter rapidement.

Belle journée


#3

Je vais de ce pas m’acheter le livre de Danièle Dumont! Merci pour ta réponse!


#4

Bonjour, j ai des tps ps en rep+ et j apprends aux ps qui me semblent prêts et en demande à écrire leur prénom en majuscule d imprimerie. Cela leur permet d être autonomes dans la signature de leurs travaux (coloriage, dessin, etc). En fait ça va très vite (lettres rugueuses, puis farine puis ardoise) et il y a un côté affectif qui les motive beaucoup.
Je dis le son de la lettre le plus souvent mais je suis un peu prise au dépourvu pour les prénoms comme SOPHIA ou P et H sont séparés alors qu elles forment un son ? Que dire alors ?


#5

Si tu écrivais en attaché ces 2 lettres seraient liées, mais les autres lettres du mot aussi… Tu pourrais peut-être utiliser la même astuce de couleur pour montrer que dans ce cas, elles “vont ensemble” pour former un seul son…


#6

Appuie toi sur le programme de 2015 pour justifier tes choix : il n’est à aucun moment écrit que les enfants doivent savoir écrire leur prénom en lettres capitales (et qui plus est en Petite ou Moyenne Section). La seule demande institutionnelle est de savoir écrire son prénom en cursive en fin de Grande Section.
Pour l’écriture en lettres capitales, il est simplement précisé que si les enfants écrivent d’eux-mêmes en capitales et que les lettres sont mal formées nous devons les reprendre.

Pour ma part, je leur propose de l’écrire en cursive dès qu’ils sont suffisamment avancés en phono et prêts par rapport à la tenue du crayon et au geste graphique : pour certains en début ou milieu de moyenne section, pour d’autres pas avant la grande section.


#7

Merci beaucoup pour tes conseils. je compte rencontrer de nouveau la maman pour lui expliquer ce qui est entrepris au niveau de l’écriture. Belle soirée!


#8

coucou,
j’ai eu l’an dernier une classe petits moyens et cette année moyens grands.
au début de l’année, (petits/moyens) j’ai présenté les prénoms en cursive sur de grosses étiquettes (25 /30 cm x 12) j’ai légèrement espacé les lettres et j’ai intercalé 2 couleurs pour que les enfants voient bien. Nous avons utilisé les étiquettes pour faire l’appel avec mon aide. les mêmes étiquettes étaient collées au dessus des porte-manteaux. ceci pour que les enfants s’approprient bien leur prénom. Un petit jeu pour vérifier : mettre 5 étiquettes en vrac sur la table et demander de trouver son prénom. parallèlement je présentais les lettres rugueuses d’abord les voyelles en associant le geste Borel Maisonny. A chaque fois qu’un enfant voulait écrire son prénom, je l’écrivais en faisant le son de chaque lettre. pour les sons complexes (sophie) j’entoure le ph et je dis : ils sont amis pour chanter “fff”. l’enfant mémorise le tracé, le son et l’ordre des lettres de son prénom. ensuite lors de l’appel, on a commencé a faire des analogies “dans enzo on voit z comme dans zélia” ensuite au moyen de lettres mobiles (tu trouves des alphabets sur internet) avec la grosse étiquette on reconstitue le prénom. ensuite l’orque j’écrivais le prénom sur la feuille de l’enfant, il pouvait le repasser lettre par lettre, sous mon contrôle quant à la posture du corps (pieds, dos, feuille devant le visage de l’enfant, tenue du crayon, tenue du papier par l’autre main, inclinaison de la feuille selon droitier ou gaucher. tout ça nous a pris l’année de ps. mais en Ms l’année d’après, je n’avais qu’à préparer et photocopier des étiquettes de 3cmx 8 ou 10 . je les ai découpées et placées dans un pot de yaourt sur lequel j’ai écrit de la même façon le prénom. Les enfants n’ont plus qu’à prendre une étiquette, repasser leur prénom et coller sur leur travail, en autonomie complète. enfin la grosse étiquette étant maintenue au tableau, avec des aimants, l’enfant reproduit son prénom dessous. (il tient naturellement son marqueur, et se place de facto en face du travail, il peut effacer et recommencer à sa guise) j’ai expliqué aux parents que mon but était d’écrire le prénom correctement, en comprenant le but de l’exercice et en posant les bases de la lecture. Ce qui est beaucoup plus intéressant que de gribouiller des hiéroglyphes incertaines (E avec 5 bras) ou d’écrire par la fin… inutile de courir, hâtons- nous lentement. Voilà j’espère que ça pourra te donner des arguments, bon courage


#9

J’ai une classe de GS (avec quelques MS). Je leur apprends à tous à écrire tous les prénoms de la classe, en suivant une progression très précise, d’abord les prénoms qui ne contiennent que les lettres de base (eliutcado, dans cet ordre), puis les prénoms contenant les autres lettres. Si il me manque un prénom à une étape, je choisis un autre mot. Il n’y a toujours qu’une seule nouvelle lettre dans le prénom qu’ils écrivent, et je suis très attentive à leur apprendre à quel moment on lève ou non le crayon. L’écriture cursive “court”, les lettres changent de forme en fonction de celle qui suit ou qui précède, si on veut une écriture fluide, je crois qu’il est très important de ne pas morceler l’écriture, et d’être le plus possible dans le mouvement.
écriture 17-18.doc (31 Ko)

Avec ce système bien sûr certains apprennent leur prénom beaucoup plus tôt que d’autres, ce qui peut être frustrant, mais chacun avance à son rythme, les difficultés sont graduées, et à la fin tout le monde sait écrire son prénom, certes, mais aussi tous les autres mots. En plus ils sont très contents aussi d’écrire les prénoms des copains, leurs yeux brillent presque autant que le jour où ils apprennent le leur :star_struck:.

J’ai proposé le début du parcours quand j’ai pensé qu’ils étaient prêts (et en particulier quand ils avaient déjà bien avancé la progression de lecture, pour que l’écriture ne soit pas déconnectée de la lecture), ou quand ils me l’ont demandé, sans tenir compte de leur classe d’âge. Certains GS en sont au début, des MS ont presque fini…

Donc pour revenir à ta question, avec les MS je n’hésiterais pas, j’entrerais direct dans l’apprentissage de la cursive dès que c’est le moment pour eux. Je n’ai pas l’habitude des PS, donc je n’ai pas d’avis en ce qui les concerne.

Je précise quand même que les collègues qui me précèdent les font écrire en capitales, donc ceux qui n’écrivent pas encore en cursive écrivent en capitales. Mais je pense que si j’avais des PS, je crois que je ne me donnerais pas cette peine. Le gros de la troupe des MS n’est pas dans ma classe, ils ont passé l’année à apprendre leur prénom et les autres lettres en capitales, et l’année prochaine il doivent tout recommencer en cursive, alors que ceux qui étaient avec moi auront presque tous fini d’apprendre l’écriture cursive à la fin de l’année de MS, ce qui va leur dégager du temps pour faire autre chose l’année prochaine. Sachant que ça ne les empêche pas d’écrire en capitales, je vois bien qu’ils le font tout seul pour s’amuser sans qu’il y ait besoin de passer du temps dessus.

Et dernière chose, je crois qu’il ne faut pas négliger l’apprentissage de l’écriture, parce que l’automatisation de la lecture passe aussi par l’encodage. Au début, l’alphabet mobile joue ce rôle, mais si on leur apprend à écrire en parallèle, ils deviennent vite autonomes et apprécient beaucoup les moments de production d’écrit. C’est rigolo au début de chercher des lettres dans des casiers, mais ça devient vite fastidieux dès qu’on veut écrire plus que quelques mots ! Et quel plaisir d’écrire une petite histoire et d’en faire le dessin…

Donc pour la PS je ne sais pas, mais il est certain que l’apprentissage de l’écriture cursive peut commencer en MS, et comme ça personne ne trouve rien à redire :wink:.


#10

Bonjour Leila
Je ne connaissais pas l’ ordre croissant des difficultés selon les lettres. Je vais faire une liste des prénoms selon ces critères.
Merci infiniment d 'avoir pris le temps de me répondre. Tes conseils vont vraiment me faire avancer!


#12

Je leur dis que c’est un mariage ( et non un digramme) et que ces deux lettres séparées se prononcent chacune de façon différente mais quand elle se trouvent ensemble, elles forment un mariage et de cet amour nait un nouveau son. Tu peux entourer ces deux lettres dans le prénom et placer un petit coeur au dessus au début pour qu’ils se souviennent de cette histoire.


#13

Et moi je leur dis que c’est comme le mélange de peinture. Après l’avoir expérimenté, on peut dire que quand on mélange bien du jaune et du bleu, on ne voit plus du tout de jaune, on ne voit plus du tout de bleu mais une autre couleur est née de ce mélange: le vert. Pareil quand on “mélange” un a et un u: on n’entend plus a, on n’entend plus u, un autre son est né de ce mélange: le son o. J’aime bien commencer par au et eau car je leur dis que pour avoir du vert, je peux prendre un pot de peinture verte, ou bien faire un mélange. pour faire le son o, on peut prendre un o mais parfois, c’est un mélange… Les digrammes suivants passent tous seuls ensuite!


#14

Le livre de Danièle Dumont est certes très intéressant mais assez imbuvable… Je ne sais pas où tu habites mais j’ai suivi récemment une formation en écriture avec Isabelle Godefroy qui est rééducatrice en écriture et qui habite dans le Gard, elle a été formée par Dumont mais a largement adapté la méthode à nos classes (elle était enseignante). Je ne peux que te la conseiller, cela a radicalement changé ma pratique de classe: je peux enfin aider mes élèves!


#15

Je vais commencer la lecture du livre de Danièle Dumont et je te dirai si j’ai poursuivi. La conseillère, que tu as rencontrée, a t-elle écrit un livre ou ouvert un site ou un blog?


#16

Ecrire son prénom correspond effectivement à une attente parentale forte… Moi-même en tant que maman, je me souviens avec émotion du moment ou chacun de mes enfants a su écrire le sien. L’écrire en cursive semble effectivement difficile en PS mais D. Dumont préconise en attendant de le faire en Majuscules d’imprimerie. Sans apprentissage systématique des lettres majuscules (et sans être exigent sur la façon de les tracer), il est tout à fait possible d’apprendre très vite, en fin de PS, à écrire son prénom, avec un modèle, puis sans. La plupart des PS y parvient sans trop de difficultés je trouve. Cela permet de travailler également l’alignement si cher à Mme Dumont, ainsi que la mémorisation des sons des lettres. Je ne vois pas en quoi faire ce travail poserait un problème en fait. Au contraire, cela sensibilise très tôt les enfants aux différentes façons d’écrire les lettres. Je ne pense pas que ça nuise à la mémorisation des graphèmes/phonèmes, bien au contraire.


#17

Je suis sensible à ce que tu me conseilles et pense effectivement qu’écrire son prénom en majuscule d’imprimerie, permet effectivement de travailler sur l’alignement des lettres et le sens de l’écriture. Merci !


#18

Je pense que de ne pas être exigeant sur la façon de tracer est risqué : risque de faire prendre de mauvaises habitudes, difficiles à rattraper par la suite. Je n’en ai pas fait l’expérience, mais j’ai maintes fois entendu des collègues enseignants se plaindre de devoir rattraper des mauvaises habitudes (sens des lettres, tenue du crayon, etc.) prises à la maison. A mon avis, à discuter avec l’enseignant·e de votre enfant.


#19

Pour l’écriture cursive, je suis bien d’accord ! Pour l’écriture en majuscules d’imprimerie, je ne vois pas en quoi le sens d’écriture est pertinent ?


#20

Je ne suis pas un spécialiste et suis ouvert à tout désaccord :wink: Mais il me semble que justement, on fixe des sens du tracé (pour les capitales, et même pour le graphisme) pour préparer à l’écriture cursive. Typiquement si l’enfant prend l’habitude de faire les ronds (O, Q, etc.) dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est très difficile à rattraper (le ‘o’ en cursive doit être tracé dans le sens anti-horaire pour garder la fluidité d’écriture; les boucles - l, b, f, … aussi d’ailleurs quoi que le j, g non…). En y réfléchissant, c’est le plus problématique. Pour les traits verticaux les deux sens (haut->bas, bas->haut) seront utilisés à terme. Pour les diagonales, et surtout les horizontales, c’est peut être plus logique d’aller de gauche à droite (sens d’écriture), mais en soi pas non plus hyper gênant je pense.
Maintenant si on part directement sur de la cursive, sans passer par les capitales, on n’aura peut être beaucoup moins de problème. Le sens d’écriture sera plus logique et évident pour le coup. Je me questionne toujours de la pertinence de commencer par les capitales… mais pour le moment je reste dans “la norme”. Chaque chose en son temps.


#21

Complètement d’accord avec toi !:grinning:
Ce que je voulais dire, c’est que l’apprentissage systématique des lettres majuscules ne me parait pas pertinent, si par ailleurs, on travaille en graphisme et/ou en écriture cursive le sens des tracés que tu cites : ronds, boucles etc… C’est à ce moment-là que je suis exigeante avec mes élèves. D’ailleurs, ils ne font jamais d’écriture en autonomie dans ma classe. Mais en attendant de maitriser l’écriture cursive (en fin de MS ou GS chez moi, l’apprentissage de la cursive prend du temps aussi avec la méthode Dumont, même si ça commence plus tot), ils utilisent les lettres majuscules pour écrire leur prénom, copier s’ils le souhaitent des petits mots pour légender un dessin, écrire des petits messages quand ils commencent à maitriser les correspondances graphi/phonies. Dans ces cas-là, je ne suis pas derrière eux pour vérifier le sens des tracés. C’est pour ça que je répondais à Corinne que ça ne me paraissait pas gênant d’apprendre à écrire son prénom en majuscules en attendant de pouvoir le faire en cursive.