Enfants lecteurs et habitués à l'autonomie : qu'en pensent les collègues de CP ?


#21

D’après les retours que j’ai, les enfants n’ont pas de problèmes particuliers à s’adapter par la suite à un système traditionnel. Ils n’ont pas de mal à rester un long moment assis, et ils sont motivés par les apprentissages.
Le gros point noir est la gestion de l’hétérogénéité. En laissant les enfants qui le peuvent progresser aussi loin qu’ils le veulent, et même en soutenant les enfants qui ont le moins de moyens et/ou le moins d’envie, les écarts de niveau sont beaucoup plus importants que dans une cohorte issue d’un enseignement maternel traditionnel.
Les enseignants de CP doivent donc à la fois gérer des enfants qui ont un niveau habituel de fin de GS, mais aussi des enfants bons lecteurs. De fait, ça les oblige donc à remettre en question leurs pratiques, ce qui est une forme de violence, il faut bien l’avouer.


#23

Bonjour
Il faut savoir que beaucoup d’enseignants de l’élémentaire ont d’autres pratiques (la cartographie en est un beau témoignage !). Que, inspirations Montessori/ Freinet ou pas, pas mal d’enseignants de cp laissent les enfants aller à leur rythme dans leur fichier (picbille, bout de gomme…), que parfois même ils ont des ateliers de manipulation aussi dans leurs classes… Que ces enseignants savent s’adapter à l’hétérogénéité des élèves qui leur sont confiés, qu’ils ont souvent dans leur classe des petits rallyes lecture pour ceux qui vont plus vite , qu’ils savent aussi se détacher d’une méthode mixte pour n’en garder que le meilleur (le plaisir de la littérature par exemple ! pas juste “Papi a vu le lilas de Lina”…). Mais qu’il semble difficile de faire une liaison GS-CP qui ne soit pas dans le jugement des uns et des autres… “au cp, on les bride” versus " en mater ils n’ont pas appris à écrire"… Si seulement on avait la possibilité de passer qq journées dans les classes des uns et des autres ! cela nous permettrait de découvrir ce qui se fait réellement, d’harmoniser nos pratiques, d’offrir une vraie continuité aux élèves.


#24

Bonsoir,
Dans ma classe de GS, il y a de nombreux élèves qui dechiffrent, certains lisent seuls des petits livres. En maths, la plupart ont dépassé les compétences attendues en fin de grande section. Je m’interroge sur l’année prochaine en CP.
Comment cela s’est-il passé pour vos élèves? Vos collègues ont-ils pris en compte le fait qu’ils étaient lecteurs ?


#25

Bonjour
Je suis une maitresse de cp (cp-ce1-ce2 pour être exacte) et je crois vraiment qu’il ne faut pas vous inquiéter de comment vont être accueillis vos élèves lecteurs ! Quelle aubaine !!! Par contre, un minimum de communication sera nécessaire : inutile de commander certains fichiers de lecture qui coutent un fric fou si on sait déjà que ce sera trop facile !
J’espère vous avoir rassuré(e)s, nous sommes nombreux et nombreuses en cycle 2 à avoir modifié nos pratiques pour coller au plus près des capacités de nos élèves.
Et pourquoi pas fin juin une journée de partage GS-CP, comme un troc de connaissances ? Tes collègues de l’an prochain découvriraient ainsi les compétences avancées de tes GS et ce serait plus facile pour toi de lui indiquer ceux qui auraient besoin d’une adaptation pédagogique ?
Cordialement


#26

Bonjour
Merci @pamiki pour votre réponse rassurante et merci également à la modulatrice d’avoir redirigé ma question vers ce post (que je n’avais pas vu) qui apporte des témoignages intéressants sur ce sujet.


#27

Ma fille entrera en CP à la rentrée, dans une école où une partie des enfants a connu un fonctionnement en ateliers autonomes en maternelle (dont beaucoup savent lire, écrire etc) et l’autre non. Ils seront mélangés en CP (ce qui me semble a priori une bonne chose). Mais je me demande s’il n’y a pas un risque que ceux qui viennent des classes en ateliers autonomes soient considérés comme des bons élèves et les autres comme des moins bons, alors qu’ils auront juste connu un fonctionnement différent en maternelle. Et si les enseignants de CP ne permettent pas la coopération entre enfants, ceux qui viennent des maternelles traditionnelles pourraient se sentir mal à l’aise (je connais des enfants qui étaient gênés en CP parce que quelques élèves savaient lire).

J’ai l’impression aussi que l’équipe enseignante d’élémentaire n’est pas convaincue des résultats obtenus dans les classes de maternelle en ateliers autonomes.

Quelle est votre expérience sur le passage en CP de vos élèves avec ceux venant de classes traditionnelles ?


#28

J’ai de la chance de travailler sur une école maternelle et élémentaire. Ainsi nous pouvons continuer d’avoir des nouvelles de nos élèves.
Toutes les classes de mater travaillent en ateliers autonomes mais je suis la seule à aller très loin dans les apprentissages. Du coup en CP, il y a des lecteurs et d’autres non.
Du point de vue des maîtresses : elles les trouvent très bons en maths sauf en résolution de problèmes. (Je vais bosser dessus à la rentrée )
Aucuns retours sur les lecteurs comme s’il n’existaient pas. J attends de voir à la rentrée car tous les ans j’en passe un peu plus : cette année 12/16.
Du point de vue des parents : ils me disent que leur enfant est entré en CP sans stress sur le fait d’apprendre à lire, à l’aise et en réussite. Du coup ce sont des enfants confiants et sereins.
J’espère que cette réponse t’aura rassurée.


#29

Merci pour cette réponse, qui m’éclaire bien.
Je me demandais justement si les enfants passaient facilement des maths avec du matériel concret comme les perles aux maths de CP avec calcul mental plus abstrait. D’après ce que tu dis, c’est le cas.
Mais je m’interroge aussi pour les enfants qui n’ont pas connu les ateliers autonomes : est-ce qu’ils ont l’impression d’être en retard par rapport à ceux qui ont connu les ateliers autonomes ou est-ce qu’ils le vivent bien ?
Et est-ce que les parents dont les enfants ont connu les ateliers autonomes sont demandeurs de ce type de fonctionnement, qui m’a l’air beaucoup moins développé en élémentaire ?


#30

Pour plus de lisibilité du forum, j’ai déplacé les derniers messages vers un sujet déjà existant.


#31

Ma collègue de cp venait du CE1 CE2 lorsque la première génération de GS ayant connu ce fonctionnement est arrivée dans sa classe. Elle ( et tous les remplaçants venus pour ses décharges de direction), sont impressionnés par le niveau des enfants tant en lecture qu’en numération. Par contre, elle a été en difficulté par rapport au manque d’habitude des enfants face à la position traditionnelle élève/enseignant : consignes collectives et tout le monde fait la même chose en même temps ( même si elle adaptait et individualisait). Une certaine déstabilisation devant les enfants sûrs d’eux qui pouvaient rétorquer à une consigne : “je n’ai pas envie”. Sa réaction a été de demander à avoir l’autorisation de venir passer une journée dans notre école pour comprendre ce que nous lui expliquions en concertation. Ce qui fut fait. Elle a dit vouloir répéter l’expérience chaque année et que cela modifierait des choses dans sa classe. De notre côté, nous avons entendu le besoin d’une transition plus en douceur vers un fonctionnement différent et nous plaçons les GS en “situation CP” durant le dernier trimestre à diverses occasions.
Quant à la cohabitation avec des enfants arrivés d’autres écoles n’ayant pas connu de fonctionnement respectant les lois naturelles de l’enfant, je dirais que l’autonomie de nos anciens éléves permet à la maîtresse de leur consacrer plus de temps et l’esprit d’entraide et de coopération de les faire avancer plus vite.


#32

Et qu’avez-vous fait pour la transition ?


#33

De notre côté, les après midi, les GS des 2 classes sont regroupés. Un jour avec moi en sciences, le lendemain avec ma collègue en graphisme / écriture. Au cours du troisième trimestre, lors de ces temps, il y a consignes collectives en regroupement pour un groupe qui part avec l’atsem, un groupe qui part avec moi et le reste est en ateliers autonomes. Avec mon assistante, il s’agit de les habituer à être autonomes sur des tâches qu’ils rencontreront l’année suivante ; coller des mots dans leur cahier de liaison par exemple. Avec moi, il s’agit de se souvenir de la consigne donnée en grand groupe et de la mener à bien de la façon la plus autonome possible. Je ne mets pas les GS en « position CP » tous les après midi du troisième trimestre. Ma collègue le fait plus souvent.
Du côté de la collègue du CP, elle vient une journée où elle est déchargée. Le matin, elle est dans ma classe en ateliers autonomes et l’après-midi, elle mène une séance d’écriture. Nous profitons ensuite de la journée où les CM2 vont visiter le collège pour faire l’adaptation de tous les enfants qui changent de site (nous sommes en RPI), les futurs CM1 vont dans leur nouvelle école et libèrent du coup la place aux futurs CE2 qui passent la journée avec leur future maîtresse tandis que les GS partent avec l’une des 2 maîtresses de maternelle passer la journée avec la maîtresse du CP. L’autre maîtresse et les 2 ATSEM restent avec les PS et les MS. Ça permet vraiment de dédramatiser pour les enfants et de communiquer pour les adultes.


#34

Faut il informer les collègues à l’avance, du niveau de certains élèves, mais surtout de leur autonomie, liberté dans l’échange, au risque d’anticiper les conflits ? Ma collègue de GS est plutot hostile, elle pense que les enfants font ce quils veulent en gros, et de toute facon on ne s’entend pas du tout, c’est comme ca et j’echange peu avec elle, pour me proteger. Cette année je suis decidee à lui parler du niveau de certains enfants, mais pour le reste, je ne sais pas. Je suis seule dans l’ecole à travailler ainsi et pas très à l’aise. Je crois que je vais quand meme en parler aux collègues de CP meme sil y a un an qu’ils sont passés dans ma classe.


#35

Il me semble que dans une école, ou RPI qui fonctionne “normalement”, la moindre des choses, c’est de communiquer entre collègues, les conseils de cycles sont faits pour ça, et c’est le rôle du directeur que cela soit fait, et de manière intelligente et constructive en plus. Pour moi l’inverse est un dysfonctionnement.

Dans ce cadre-là, et comme cela se fait apparemment dans l’école de @zartine, c’est normal aussi d’être à l’écoute des collègues, d’entendre ce qui déstabilise les uns et les autres et que chacun puisse faire un pas vers l’autre, parfois juste un petit pas qui ne représente pas du tout un renoncement à nos choix, peut être d’une grande aide pour les collègues et détendre tout le monde.
Maintenant je sais d’expérience que c’est très dur d’être dans une école où il est difficile, ou tout simplement pas dans les habitudes de parler pédagogie entre collègues.

Heureusement, de ce que j’entends autour de moi, le plus courant c’est quand même que les maîtres de CP sont des personnes tout à fait normales avec qui on peut échanger :wink:.