Et l'Aesh là dedans ?


#1

Bonjour,

Je suis aesh et je me mets dans la catégorie Matériel car je suis aussi un “outil” qu’on peut mettre à profit pour faire avancer le schmilblick :slight_smile:
J’ai la chance d’être dans une école où tous les enseignants ont souhaité venir à la conférence de Céline Alvarez il y a quelques jours de cela.
Ouverture d’esprit et de coeur au rendez vous.
N’ayant ni formation ( en effet les aesh contrairement à la pensée commune ne sont pas formées à accompagner des élèves en situation de handicap en milieu scolaire, autre qu’une formation d’adaptation à l’emploi de 60 heures politiquement correcte et logiquement très agaçante en terme de perte de temps ) et pas de responsabilité, comment participer au changement en toute quiétude ?
Déjà avoir de bonnes relations avec l’enseignant ( pas toujours facile car souvent il y a une sorte de rapport de force assez piquant ) et puis faire avec son coeur et son intuition.
Rester à sa place. ( place pas toujours très bien définie qui doit parfois être redéfinie avec l’enseignant )
Ne pas remettre en cause les méthodes de l’enseignant ( pour ne pas entrer dans un rapport de force )

Oui, mais…pas toujours facile.

Est ce qu’il y a des Avs/aesh, enseignants qui pourraient partager leurs expériences ?
La relation Aesh enseignant ( ou atsem enseignant ) doit commencer par être harmonieuse si on veut que la suite soit harmonieuse, mais comment faire quand ce n’est pas le cas ? ( autrement que changer d’école et laisser les problèmes perdurer parfois dans la violence )


#2

Bonjour Aesh,
vos questions sont un peu floues… je n’ai jamais eu d’avs ni d’aesh dans ma classe (mais ça va peut-être arriver), par contre j’ai une Atsem… Il est vrai que nous n’avons pas les mêmes missions, ni les mêmes responsabilités, ni les mêmes honoraires, ni les mêmes horaires… ni le même employeur… Nous travaillons ensemble mais nous ne faisons pas du tout le même métier… Et d’ailleurs, de façon scandaleuse je trouve, votre travail d’aesh ou d’avs n’est même pas reconnu comme un métier, alors que ça devrait… Vous devriez être bien mieux considérées, payées dignement et formées plus sérieusement aussi… En Finlande ceux qui tiennent votre rôle dans les classes sont des enseignants hautement spécialisés, ils sont plus et mieux formés que les enseignants, et mieux payés aussi j’imagine… ce qui me paraitrait normal… Enfin en France ce n’est pas aussi bien que là-bas, mais votre présence est quand même une avancée…
Les enseignants attendent normalement de l’aide et du soutien auprès des enfants, de la part des avs, aesh ou atsem, plutôt bien sûr que des jugements ou des remises en cause de leurs façons d’être ou de faire…
J’ai l’impression que vous aimeriez faire plus que ce qu’on vous demande, et que vous auriez des idées pour ça, mais que vous ne savez pas trop si on vous écouterait, si vous ne risqueriez pas de heurter la susceptibilité de quelqu’un…
Cependant, si vous observez avec bienveillance aussi bien les enfants que les enseignants, et que vous pensez pouvoir aider tout le monde par des propositions ou par de simples questions qui ne risquent pas d’être prises pour des accusations de mal faire par exemple, je pense que cela ne peut qu’être constructif.


#3

Bonjour isa1, les questions semblent floues car il n’y a pas d’attente de réponse mais plutôt un partage d’expériences.
Je ne veux rien faire de plus que ce qu’on me demande car je fais mon travail avec mon coeur en conscience, je suis mon intuition, c’est d’ailleurs beaucoup plus facile quand on n’a aucune formation, aucune barrière qui vous enferme dans un schéma pré défini.
Je suis avec l’enfant complètement, je l’observe, je me mets à sa place, je regarde le monde en partant de sa hauteur, je me demande ce qui pourrait aider, je trouve des astuces que l’enseignante applique, ça fonctionne, nous nous faisons confiance et nous avançons ensemble.
Ce qui compte c’est que l’enfant se sente bien et progresse à son rythme, la reconnaissance et un salaire plus important ne m’intéressent pas actuellement je me contente de mon sort.
Je ne suis pas devenue aesh parce que je n’ai pas réussi à être instit ou autre, c’est un choix que j’ai fait en conscience sans frustration, je suis très heureuse de faire ce métier.
Et je suis très heureuse que Céline Alvarez soit apparue car allier la science-connaissance à l’intuition permet de faire avancer les choses de façon stable et sérieuse dans un but bienveillant qui respecte l’évolution humaine en marche.


#4

Bonjour Aesh,
Très beau métier effectivement, très utile et contrairement à ce qu’à l’air de penser isa1 très valorisant. Par qui seriez-vous mal considérés ? Pas par moi c’est certain.
Tu as, je pense, la chance de voir vraiment le résultat de ton travail car tu es avec un seul enfant à qui tu consacre vraiment ton temps et avec qui tu dois pouvoir créer une vraie relation. Peut-être que dans l’accompagnement d’un enfant handicapé, une approche bienveillante est encore plus importante pour que l’enfant oubli son handicap et ait une plus grande confiance en lui.
Les tâches et le travail ne sont pas les même que ceux de l’enseignant mais la finalité est la même, permettre à un enfant d’avoir un parcours scolaire le plus agréable, le plus épanouissant et le plus constructif possible.
Il ne devrait pas y avoir de rapport de force mais un travail d’équipe, d’égal à égal, chaque partie pouvant apporter quelque chose à l’autre. Pourquoi y aurait-il un rapport de force ?
Bonne continuation et que tu aies toujours la chance de tomber sur de bons enseignants.
Nadia


#5

Merci NadiaL,

En fait si je parle de ce côté rapport de force, c’est parce que je l’ai vécu.

J’ai , à “titre conservatoire”, été interdite d’accès dans l’école où je travaillais depuis 8 mois, pour la simple raison que j’ai signalé un comportement qui me semblait inapproprié de la part d’un enseignant sur des enfants qui arrivaient en CP.

Il avait ses raisons pour péter un câble sur le matériel et hurler sur les enfants, et l’inspection académique s’est contentée de le comprendre, et de décider que nous ne pourrions plus travailler ensemble désormais.

J’ai été mise à la porte de l’école du jour au lendemain, sans pouvoir dire au revoir aux enfants dont je m’occupais.

Quelques mois plus tard j’ai croisé les parents de ces enfants, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas compris, qu’on leur avait dit que je ne pouvais plus continuer à travailler dans cette école à cause de mes formations ( complètement faux, un mensonge de plus, ça ne choque personne ) et que les enfants avaient culpabilisé.
Prévisible ! Classique ! Gâchis !
D’autant qu’on aurait pû éviter de faire porter ce poids aux enfants si on avait été tous plus intelligents !

De mon côté ils m’ont fait un cadeau en me changeant d’école ( mais sur le moment je l’ignorais ! ) ,mais les enfants sont restés dans l’école, et l’enseignant aussi, en souhaitant qu’il ait pris conscience de ses attitudes et cherche une solution douce et saine, pour lui et pour les autres.

Aujourd’hui il m’arrive d’entendre des collègues Atsem qui en ont vu des comportements semblant inappropriés, mais ils ne le signalaient pas pour ne pas risquer de changer d’école voire perdre leur emploi.

Pour ma part j’ai fait ma part du colibri et je regrette que ça se soit passé de façon aussi violente, mais c’était une fin logique dans cette ambiance, comment aurait il pû en être autrement…

En tous cas si quelqu’un de l’école lit cela, peut être qu’ils se reconnaitront, je vous souhaite d’ouvrir les yeux et les oreilles, et de prendre soin de vous, des enfants et de cet enseignant, qui, je vous l’assure, souffre de stress très important malgré les apparences. Ce n’est pas pour le charger mais pour sortir du déni et alléger la situation.

Et non, ce n’est pas une vengeance parce que vous m’avez envoyé promener parce que je demandais " trop " d’aide ( ça aussi c’est aberrant mais bon c’est une autre histoire je n’avais pas d’expérience en école je demande de l’aide avec insistance et une enseignante qui a plus de 15 ans de carrière me fait taire en me disant sèchement qu’ils ont tous besoin d’aide. En langage moins scolaire : "chacun sa merde ! " ah ah ah elle est belle la solidarité mais bon vu que j’ai “cafté”, je vais pas leur reprocher ça :wink: )

Pour terminer ce petit texte :

Je suis auxiliaire de vie scolaire.
J’accompagne des enfants en situation de handicap sur leur temps scolaire.
Je suis dans leur classe auprès d’eux.
Quand l’adulte responsable de la classe ne sait plus comment la tenir cette classe, il peut se mettre à hurler.
Il peut jeter des affaires par terre.
Il peut de nouveau hurler.
Il peut trembler.
Il peut s’écorcher les mains jusqu’à en saigner.
Il peut hurler encore pour libérer toute cette rage et éviter de frapper.
Il peut jeter un bureau par terre.
Il peut hurler sur un enfant à genoux.
Il peut renverser toutes ses affaires par terre pour l’obliger à trouver un crayon à papiers, en hurlant.
L’adulte responsable peut faire tout ça.
Aucun autre adulte responsable ne peut voir tout ça.
Mais l’auxiliaire de vie scolaire peut faire plusieurs choses.
Sentir que quelque chose ne va pas ne suffit pas.
Tenter de lui parler pour l’aider.
Mais elle peut avoir peur.
En parler à des collègues qui ne croient rien, il est cool et pas du tout stressé et passer pour celle qui se fait des films.
Se taire et laisser faire.
Signaler l’état de stress à l’inspection académique.
Pour se voir dès le lendemain interdire l’accès à l’école à titre conservatoire.
J’ai fait ma part.
Je ne suis pas la maman de l’adulte responsable.
Je ne suis pas juge.
Je suis auxiliaire de vie scolaire qui a crû que l’inspection académique pourrait aider cet enseignant à sortir du déni, lui et les autres.
Je suis auxiliaire de vie scolaire poussée à se taire, sans preuve.
Je suis une auxiliaire de vie scolaire qui souhaite que cet adulte responsable prenne en charge son problème de violence intérieure.
Je suis auxiliaire de vie scolaire qui souhaite que les enfants ne soient pas marqués par cet individu, physiquement ou psychologiquement.
Je suis auxiliaire de vie solaire.


#6

Chère Aesh,
tu as été confrontée à l’omerta de l’Education Nationale… C’est terrible cette interdiction de parler des difficultés ou des fautes des enseignants… d’un côté notre hiérarchie nous colle sans arrêt des tâches idiotes à faire, pour nous contrôler, on doit demander des autorisations et remplir des dossiers imbéciles pour tout ce qui sort un tant soit peu de l’ordinaire, on doit tout le temps se justifier de faire nos heures et notre travail, on ne nous fait aucune confiance, et tant que “tout va bien” c’est comme ça…
Mais si ça va mal, alors que se passe-t-il ? Ben rien… on étouffe, on couvre… dans mon département il y a un enseignant qui défraye régulièrement la chronique, il fait des trucs aberrants avec les enfants (du style faire un feu dans la classe avec des maternelle, ou parler de la guillotine et de la Terreur au CP, et j’en passe), et on ne peut pas ne pas se rendre compte quand on le voit qu’il est au moins bizarre… En fait il est schyzophrène, c’est pas de sa faute mais comment peut-on le laisser seul avec une classe ? Pour “régler le problème”, on en a fait un remplaçant de courtes durées… J’entends parler de lui depuis que j’ai débuté il y a 30 ans, et il est toujours là… Ses petits-enfants sont dans mon école, et leur père (son fils donc) a obtenu une injonction d’éloignement contre lui et il n’a pas le doit d’approcher ses propres petits-enfants : mais il est toujours instit… Notre école est la seule où on est sûr de ne pas le voir débarquer un jour pour remplacer une de nous…
J’ai connu une directrice d’école qui a bataillé pendant des années pour faire entendre que son collègue de CP était un pédophile, sans jamais être écoutée, ni par la hiérarchie, ni par la police : pas d’enquête, rien, c’était elle la méchante, car ce qu’elle voyait ne comptait pas, et aucun parent ne voulait porter plainte… ce type a pris sa retraite tout à fait normalement… C’était il y a plus de 20 ans, j’ose espérer qu’aujourd’hui ce serait différent quand même, mais voilà l’Education Nationale fonctionne comme ça…
Et je pourrais allonger la liste, avec par exemple les 2 jeunes collègues hallucinantes qu’on a pu avoir, à quelques années d’intervalle, qui n’étaient absolument pas faites pour ce métier, qui s’y fracassaient les nerfs tout en bousillant toute leur classe, et qui ne voulaient pas admettre qu’elles avaient besoin d’aide ! Et qu’a fait l’inspection ? Car les parents ont quand même râlé, s’il n’y avait eu que le directeur je pense que ça n’aurait pas suffi… Elle a dépêché des conseillers péda quelques fois dans l’année, qui ont fini de culpabiliser les collègues en question, leur ont parlé fiches de prép, objectifs et sous objectifs, évaluation et programmes… L’une a été nommée dans le village d’à côté l’année suivante, a été mise en arrêt maladie au bout d’une quinzaine de jours, et l’est toujours (ça fait au moins 5 ans)… L’autre a changé de département et on n’a pas de nouvelles…
Tout ça est révoltant, je suis d’accord, il faudrait tout bazarder dans cette institution ! Toute l’organisation hiérarchique est une imbécillité, héritée de l’armée on dirait… je pense qu’on devrait remettre tous les inutiles, inspecteurs d’acad ou de circo et tout leur staff, conseillers péda et autres administratifs dans les classes, qui seraient du coup un peu moins surchargées, sans avoir besoin de ponctionner le budget de l’état… on ne garderait que ceux qui gèrent les remplacements et ça suffirait bien…


#7