Merci NadiaL,
En fait si je parle de ce côté rapport de force, c’est parce que je l’ai vécu.
J’ai , à “titre conservatoire”, été interdite d’accès dans l’école où je travaillais depuis 8 mois, pour la simple raison que j’ai signalé un comportement qui me semblait inapproprié de la part d’un enseignant sur des enfants qui arrivaient en CP.
Il avait ses raisons pour péter un câble sur le matériel et hurler sur les enfants, et l’inspection académique s’est contentée de le comprendre, et de décider que nous ne pourrions plus travailler ensemble désormais.
J’ai été mise à la porte de l’école du jour au lendemain, sans pouvoir dire au revoir aux enfants dont je m’occupais.
Quelques mois plus tard j’ai croisé les parents de ces enfants, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas compris, qu’on leur avait dit que je ne pouvais plus continuer à travailler dans cette école à cause de mes formations ( complètement faux, un mensonge de plus, ça ne choque personne ) et que les enfants avaient culpabilisé.
Prévisible ! Classique ! Gâchis !
D’autant qu’on aurait pû éviter de faire porter ce poids aux enfants si on avait été tous plus intelligents !
De mon côté ils m’ont fait un cadeau en me changeant d’école ( mais sur le moment je l’ignorais ! ) ,mais les enfants sont restés dans l’école, et l’enseignant aussi, en souhaitant qu’il ait pris conscience de ses attitudes et cherche une solution douce et saine, pour lui et pour les autres.
Aujourd’hui il m’arrive d’entendre des collègues Atsem qui en ont vu des comportements semblant inappropriés, mais ils ne le signalaient pas pour ne pas risquer de changer d’école voire perdre leur emploi.
Pour ma part j’ai fait ma part du colibri et je regrette que ça se soit passé de façon aussi violente, mais c’était une fin logique dans cette ambiance, comment aurait il pû en être autrement…
En tous cas si quelqu’un de l’école lit cela, peut être qu’ils se reconnaitront, je vous souhaite d’ouvrir les yeux et les oreilles, et de prendre soin de vous, des enfants et de cet enseignant, qui, je vous l’assure, souffre de stress très important malgré les apparences. Ce n’est pas pour le charger mais pour sortir du déni et alléger la situation.
Et non, ce n’est pas une vengeance parce que vous m’avez envoyé promener parce que je demandais " trop " d’aide ( ça aussi c’est aberrant mais bon c’est une autre histoire je n’avais pas d’expérience en école je demande de l’aide avec insistance et une enseignante qui a plus de 15 ans de carrière me fait taire en me disant sèchement qu’ils ont tous besoin d’aide. En langage moins scolaire : "chacun sa merde ! " ah ah ah elle est belle la solidarité mais bon vu que j’ai “cafté”, je vais pas leur reprocher ça )
Pour terminer ce petit texte :
Je suis auxiliaire de vie scolaire.
J’accompagne des enfants en situation de handicap sur leur temps scolaire.
Je suis dans leur classe auprès d’eux.
Quand l’adulte responsable de la classe ne sait plus comment la tenir cette classe, il peut se mettre à hurler.
Il peut jeter des affaires par terre.
Il peut de nouveau hurler.
Il peut trembler.
Il peut s’écorcher les mains jusqu’à en saigner.
Il peut hurler encore pour libérer toute cette rage et éviter de frapper.
Il peut jeter un bureau par terre.
Il peut hurler sur un enfant à genoux.
Il peut renverser toutes ses affaires par terre pour l’obliger à trouver un crayon à papiers, en hurlant.
L’adulte responsable peut faire tout ça.
Aucun autre adulte responsable ne peut voir tout ça.
Mais l’auxiliaire de vie scolaire peut faire plusieurs choses.
Sentir que quelque chose ne va pas ne suffit pas.
Tenter de lui parler pour l’aider.
Mais elle peut avoir peur.
En parler à des collègues qui ne croient rien, il est cool et pas du tout stressé et passer pour celle qui se fait des films.
Se taire et laisser faire.
Signaler l’état de stress à l’inspection académique.
Pour se voir dès le lendemain interdire l’accès à l’école à titre conservatoire.
J’ai fait ma part.
Je ne suis pas la maman de l’adulte responsable.
Je ne suis pas juge.
Je suis auxiliaire de vie scolaire qui a crû que l’inspection académique pourrait aider cet enseignant à sortir du déni, lui et les autres.
Je suis auxiliaire de vie scolaire poussée à se taire, sans preuve.
Je suis une auxiliaire de vie scolaire qui souhaite que cet adulte responsable prenne en charge son problème de violence intérieure.
Je suis auxiliaire de vie scolaire qui souhaite que les enfants ne soient pas marqués par cet individu, physiquement ou psychologiquement.
Je suis auxiliaire de vie solaire.