Merci pour ces retours et ce partage. Oui, cela fait du bien de sentir que d’autres peuvent avancer dans la même direction ! Au quotidien, je suis bien trop entourée encore par une violence éducative que j’ai eu tort de penser dépassée avant de franchir les portes des écoles et des centres d’animation.
Oui, aimer, s’aimer, s’aimer soi, cela me parle beaucoup aussi.
Je rebondis sur votre piste. Je suis aussi tout à fait d’accord sur le fait que les enfants, comme les adultes d’ailleurs, peuvent aussi avoir besoin de s’isoler. Mais dans ce cas, la décision vient d’eux, même si on peut les inviter à le faire au début peut-être, tant que ce ne devient pas une injonction. C’est la différence que je voulais souligner dans mon message.
Je trouve l’idée d’un lieu fait pour cela vraiment juste (j’adore la tente !!!), malheureusement je ne travaille pas pour ma part dans un lieu défini, et je dois donc réinventer l’espace à chaque fois. Alors j’adapte comme je peux : au centre d’animation, les enfants choisissent en arrivant ( avec un petit jeu) une place contre un des 4 murs, cette place sera la leur pour le temps de l’atelier, ils posent leurs manteaux, leurs sacs, et ils savent qu’ils peuvent y aller aussitôt qu’ils en éprouvent le besoin. Certains y passent des heures entières avant d’oser participer, je me contente de leur dire de temps en temps qu’ils peuvent nous rejoindre quand ils veulent ( j’ai remarqué que certains n’osaient plus une fois qu’ils avaient dit non…alors que j’adore qu’ils viennent me dire à l’oreille " maintenant je suis prêt(e) !"). Pour l’anecdote, qui va dans le sens de ce que vous disiez, au bout de quelques séances à proposer ces places, une petite fille a fait remarquer : " et toi, tu n’as pas ta place juste à toi pour respirer ?". Hum, et voilà, je m’étais oubliée…Depuis, je ne manque pas de choisir moi aussi un petit coin contre le mur où je peux comme les enfants, boire dans ma gourde, respirer un bon coup, et tourner la langue sept fois dans ma bouche avant de répondre à une de leur demande ! ;o)
Enfin, oui, je pense aussi que l’on a beaucoup à apprendre et à gagner en mettant en place un système horizontal où les enfants puissent se réconforter, s’écouter et réguler leurs émotions entre eux, sans avoir toujours besoin de l’adulte. J’ai eu en charge un tout petit groupe dans une école privée axée Montessori pour un atelier danse-théâtre, des enfants déjà bien connectés entre eux, qui avaient l’habitude de parler des émotions, de trouver des solutions par eux-mêmes à tous les problèmes qu’ils rencontraient ( comment faire une équipe quand un tel n’est pas d’accord pour être avec un tel, que dire à un tel qui est vexé etc). Une des petites filles, nouvelle, qui ne parlait que peu le français à son arrivée était toujours accrochée à moi, et cela a duré, même si elle participait beaucoup, elle avait toujours besoin de venir fréquemment me tenir la main, voulait que je fasse avec elle. Et puis un beau jour, tout naturellement une des plus âgée du groupe a dit : " Tu sais L. tu peux me donner la main à moi aussi…". Encore une belle leçon de leur part !
J’avais évidemment suggéré cette idée à la petite mais rien à faire, elle voulait juste MA main. Alors que là, cette proposition spontanée, certainement prononcée au bon moment, a tout changé, elle a lâché ma main et ne la reprise que très occasionnellement…
J’ai beaucoup de mal à dire les bons mots au bon moment, j’ai souvent l’impression d’anticiper ou de devoir rattraper une situation mal gérée. Alors que plus j’observe les enfants plus je me rends compte qu’ils sont beaucoup plus sensibles à ces “bons moments”, plus aptes à les saisir.
Je parle beaucoup “bienveillance” " communication non violente" " empathie" avec les grands, qui sont réceptifs ( même si cela prend du temps, j’ai eu les retours d’une maman…sa fille de 10 ans lui explique comment être plus à l’écoute de son petit frère, lui demande d’arrêter d’utiliser trop de tournures négatives, lui explique aussi qu’il faut mieux dire “je suis énervée” plutôt que “tu m’énerves” etc, mais elle-même n’arrive pas du tout à appliquer cela et elle parle avec un ton parfois vraiment difficile à supporter à ses camarades !). Mais j’ai encore du mal à trouver les mots avec les plus jeunes…Merci d’avoir soulevé cette question, je vais essayer d’avancer aussi de ce côté là !
Je serais ravie d’avoir des retours sur les fruits qui vous allez sans aucun doute faire mûrir !