Help ! Mise en place de l'autorité bienveillante


#21

L’enfant qui refuse tous les choix qu’on lui propose est souvent en incapacité sur le moment à passer outre le fait qu’on ait eu un reproche à lui faire : il a absolument besoin de se sentir rassuré sur le fait qu’il n’est pas “mauvais”, qu’il reste aimable même s’il a eu un comportement gênant, que s’il a eu ce comportement ce n’était pas dans une intention “mauvaise” mais juste parce que ça lui est venu comme ça et qu’il ne voit pas comment il aurait pu faire autrement… Donc avant de pouvoir faire un choix il a besoin d’être rassuré, il faut se reconnecter à lui de coeur à coeur… Quand ce contact aimant aura été rétabli, il sera heureux de choisir une des options que tu lui proposes (et non pas que tu lui imposes)…
Il se peut aussi que l’enfant ait sa propre solution à proposer : tu peux aussi lui demander s’il a une idée ou un souhait (il peut dire qu’il veut son doudou, ou changer de place pour se mettre à côté de quelqu’un, ou ne plus être à côté d’un autre, ou dire qu’il a soif etc…) Si sa proposition te parait acceptable, félicite le pour avoir trouvé lui-même ce qui lui convient le mieux, tout en convenant aussi à tout le monde !


#22

Au vu de ce que tu m’écris et de ce qui se passe dans la classe…je pense comprendre que c’est ma position de départ qui provoque cette colère de l’enfant…la manière de formuler mes attentes…certains ne sont pas assez matures et n’ont pas intégré les règles de vie ensemble (pour d’autres un simple rappel est suffisant, je m’efforce d’être douce mais ferme pas accusatrice non plus) …je pense aussi que le fait de ne les voir qu’une fois par semaine peut compliquer les choses…j’ai l’impression que nous devons refaire connaissance à chaque fois…Ils sont aussi très attachés à la maîtresse titulaire qui elle rencontre moins de difficultés…
Mais si je réfléchis bien quand j’étais titulaire de ma classe…j’ai toujours eu un ou 2 enfants avec lesquels c’était plus difficile.
Merci pour tes conseils ça me parle vraiment ce que tu dis sur l’enfant mais sur le terrain je trouve ça parfois très dur de rester au plus proche de ses valeurs profondes…sans compter sur le fait que les adultes autour de toi attendent que tu te fasses respecter et ne sont d’aucune aide concernant la psychologie de l’enfant et des lois naturelles de ce dernier…
Je veux vraiment entamer cette transformation de ma posture et c’est parfois bien malgré moi que les anciens automatismes refont surface…merci encore Isa 1


#23

Les enfants de cet âge, s’ils ne sont pas très “secure” comme disent les anglais, n’aiment pas les changements, et surtout les changements de personne référente… Ils ont réussi à se sentir en sécurité à l’école avec la maîtresse qui est là le plus souvent, et c’est déjà bien, mais c’est plus long pour les plus sensibles avec une maîtresse qui n’est là qu’une journée par semaine…
Ce n’est pas de ta faute, ni de la leur, c’est comme ça c’est tout…
Sinon on a toutes tous les ans “un ou deux enfants avec lesquels c’est plus difficile”… Et je crois qu’aucune d’entre nous ne réussit en permanence à rester douce, calme et rassurante comme nous le voudrions pourtant si fort, et comme nous savons pourtant que c’est le plus efficace… Nous sommes nous aussi traversées par des émotions parfois fortes : la responsabilité de la sécurité de tous les enfants à notre charge, de la qualité de leurs apprentissages et surtout de l’ambiance de la classe nous rend nous aussi parfois très sensibles, au bruit notamment, et nous stresse…
C’est humain, c’est okay de ne pas être parfaite, c’est même rassurant quelque-part, et c’est une chose que les enfants comprennent aussi : les enfants ont des compétences relationnelles qui nous surprennent parfois, ils sont capables d’empathie parfois très fine, et ils nous pardonnent très volontiers nos erreurs si nous mêmes les reconnaissons…


#24

Merci vraiment pour tes réponses …ça m’aide et me sécurise moi aussi beaucoup :wink:
Je pense sincèrement que ces enfants là ne sont “secure” comme tu le dis…Je vais essayer de les sécuriser le plus possible


#25

Bonjour,
Je suis à nouveau désepérée et ne sais plus comment gérer ma classe. J’ai dû repasser en mode traditionnel pour plusieurs raisons (que je ne détaillerai pas ici). Cependant j’ai un énorme soucis d’autorité face à un élève que je ne gère plus du tout. Il a toujours été très violent envers les autres, ne respecte aucune règle de vie et est sans arrêt dans la provocation et le refus de mon autorité. Il se roule par terre, cours lorsque je dis de marcher, embête les autres et est violent (un papa d’une autre élève a failli porter plainte contre cet enfant car sa fille est souvent griffée, mordue…). Je suis sans arrêt obligée de le surveiller pour voir s’il ne va pas enfreindre les règles (se mettre debout sur le banc, faire n’importe quoi au coin bibliothèque…)
Lorsque j’essaie de le reprendre il refuse de venir avec moi, se met par terre, crie, boude…
Il perturbe la classe tout le temps. Je ne suis plus jamais sereine, je suis désemparée et ne souhaite qu’une chose: arrêter ce métier. Il me mène à bout .
On me dit que j’ai une classe diificile, mais moi je culpabilise, car j’ai l’impression que c’est de ma faute; que je ne sais pas gérer ma classe. C’est très dur. J’avoue que je ne sais pas comment m’ prendre (j’ai essayé beaucoup de choses avec lui: la fermeté ne marche pas car il me défie; la douceur fonctionne un moment si e suis avec lui seul, mais dès que je dois avoir en charge les autres, il recommence à mal se comporter…)
Je suis en recherche d’astuces car je ne me vois pas faire encore 3 mois et demi à “subir” cet enfant (et donc subir une très mauvaise ambiance de classe…)
Merci de vos suggestions…


#26

Bonjour melo77,
as-tu signalé cet enfant au psy scolaire ? Je dirais que cet enfant a absolument besoin d’un soutien psychologique urgent, et que tu devrais pouvoir bénéficier d’une aesh pour lui dans la classe…
L’an dernier j’ai eu une petite au comportement similaire, elle était placée en famille d’accueil et avait des relations très difficiles avec tout le monde, et le plus embêtant c’est qu’elle griffait souvent les autres enfants au visage de façon imprévisible… Je l’avais signalée en septembre, la psy était venue en novembre, on avait organisé une réunion et puis plus rien… Un jour de mars elle a griffé un petit si profondément au visage que je l’ai pris en photo et que j’ai envoyé ça à l’inspection… une semaine après j’avais une aesh presque tous les matins…
Cette année elle était toujours dans ma classe en MS, et j’avais une aesh tous les après-midis pour elle, plus deux matinées sur les 5… C’était appréciable même si elle ne se laissait pas approcher par des “inconnues” (en fait elle a eu 3 aesh : 2 la première année et une la seconde)… Du coup les aesh, ne pouvant pas vraiment s’occuper d’elle, m’aidaient à gérer les autres et ça me soulageait quand même… Elle avait fait aussi de gros progrès et n’agressait plus les autres…
Ce n’est pas normal qu’on te laisse seule à gérer un cas aussi difficile…


#27

Sinon pour les “astuces” il n’y en a guère, à part la patience et la douceur… Ce sont ces enfants difficiles qui ont certainement manqué ou manquent peut-être encore cruellement de respect et de douceur, qui en ont le plus besoin de notre part, et il n’y a que ça qui peut “marcher”…
Ma petite avait fini par s’apaiser en classe, et c’est arrivé parce que nous nous étions tous mis d’accord, les aesh, l’atsem, les autres enfants et même leurs parents pour lui montrer toujours le plus grand respect et ne pas la mettre plus à l’écart qu’elle ne le faisait déjà elle-même…Les autres enfants ont fait preuve d’une maturité étonnante même si au départ ils auraient été prêts à la rejeter… Mais ils ont fini par réagir comme les adultes de l’école, à savoir avec calme et sans jugement… Comme elle était en famille d’accueil, les parents ont tous été compréhensifs aussi, alors qu’ils ont parfois récupéré leur enfant quasiment défiguré (j’exagère bien sûr mais pour beaucoup de parents, dès que le visage de leur enfant est touché c’est ce qu’ils ressentent)…
Aujourd’hui elle a changé de famille d’accueil et d’école,(sur décision assez incompréhensible des services sociaux, juste avant les dernières vacances de février) et je n’ai pas de nouvelles d’elle…


#28

Curieuse histoire @isa1… Les AESH ne sont normalement attribués qu’aux enfants dans le champ du handicap et nombreux sont ceux qui en attendent un malgré une notification MDPH…


#29

Cette petite avait effectivement un dossier MDPH que nous avions monté avec la psy scolaire et la référente EN pour le handicap depuis le mois de décembre… Mais il n’y avait pas d’Aesh dispo… du moins jusqu’à ce que nous envoyions cette photo… Là ils se sont rendu compte que 2 aesh pas loin faisaient plus d’heures que prévu pour certains enfants (en primaire), et qu’ils pouvaient faire bénéficier ma petite des 12 heures prévues pour elle en réaffectant ces personnes 6 heures chacune pour ma PS…


#30

Eh oui, ceci explique cela, mais ça ne peut pas s’appliquer aux difficultés de @melo77 si son élève n’est pas reconnu en situation de handicap. En revanche, les autres conseils peuvent lui être précieux, courage et patience… :wink:


#31

Le regard de la psy scolaire est prépondérant pour qu’un enfant soit reconnu en situation de handicap… Dans le cas de ma petite, c’est grâce à son analyse (et le fait qu’elle était placée aussi a dû jouer) que le dossier MDPH a pu se monter… C’est pour ça que je parlais d’un signalement à la psy, c’est la première étape pour obtenir cette reconnaissance et ensuite éventuellement, une aide concrète dans la classe…


#32

@melo77,
cet enfant est-il dans ta classe depuis la rentrée ou bien est-il arrivé plus tard ? (tu n’en parlais pas en début d’année) C’est un PS ou un plus grand ? Quelle est la configuration de ta classe (niveau.x, effectif, présence de l’atsem…), de ton école (combien de classes, contraintes particulières…) ?

Et as-tu des contacts avec les parents de cet enfant ?
Souvent, quand on arrive à discuter sereinement avec les parents, sans les culpabiliser mais au contraire en mettant l’accent sur la co-éducation et la recherche de solutions ensemble, cela fait du bien à l’enfant…
Ce n’est pas toujours évident d’établir un contact positif avec les parents d’un enfant difficile, car ils sont souvent sur la défensive, voire parfois carrément agressifs envers ceux qui essaient de les aider… Mais si on y arrive, si on parvient à leur faire sentir que nous sommes bien là pour aider leur enfant et non pas pour nous en plaindre, que nous sommes prêtes à les entendre sans les juger non plus, que nous cherchons à les associer autant que possible à nos tentatives de remédiation aux difficultés de leur enfant, et à leur proposer de trouver des solutions ensemble, si les parents se sentent entendus et compris au lieu de sentir culpabilisés, eh bien on a déjà fait une énorme part du travail… Dont le premier bénéficiaire est l’enfant en question, et toute sa classe aussitôt après, par ricochet…
Parfois on n’y arrive pas, ou on a l’impression qu’on n’y est pas parvenu, on se retrouve face à des personnes emmurées dans leurs problèmes, qui les nient ou ne veulent ou ne peuvent rien changer de toutes façons, mais le simple fait d’essayer malgré tout peut avoir des effets positifs…


#33

Une toute petite chose qui fonctionne un peu avec un MS de la classe :
Il a à sa disposition une balle “à picot” qu’il manipule librement (il n’a pas le droit de la lancer :wink:). Depuis il est moins violent envers les autres. J’ai aussi accroché des photos des émotions (trouvées sur ce forum , où ? je ne sais plus) et c’est l’activité principale que je fais avec lui : nous les regardons, explicitons tous les 2 et cela semble l’apaiser un peu.


#34

Voici un lien vers un article intéressant… à noter que la première chose dont parle l’auteure citée, qui veut promouvoir une école plus bienveillante, c’est la nécessité pour les enseignants.es de prendre soin d’eux-mêmes, de travailler sur leur développement personnel, de préserver leur propre bien-être et de développer leur propre confiance en eux, en apprenant par exemple à se valoriser eux-mêmes autant que leurs enfants…