Inspectrice hostile aux ateliers autonomes


#1

Bonjour,

Hier, un conseiller pédagogique qui nous suit depuis maintenant 3 ans est venu faire “l’avocat du diable” pour nous aider à faire face à notre ien. Il est conscient de tous les bienfaits de cette nouvelle pédagogie mais nous à bien explique que pour notre ien ce n’est pas du tout sa tasse de the. Elle est revenue d’une inspection d’une collègue et a dit que ce n’était pas à l’école d’apprendre à boulonner et déboulonner…

Notre conseiller peda veut qu’on mette l’accent sur le langage (ils me saoulent grave avec ce langage) et que les élèves expliquent sans arrêt ce qu’ils font, de cette manière ils ont conscience qu’ils ont réussi la tâche… nous avons beau essayé de lui dire qu’un enfant se rend compte de sa reusssite de lui meme avec le matériel, il ne veut rien entendre (bon je lui ai demandé s’il expliquait chacun de ses gestes lorsqu’il doit faire la vaisselle, afin de prendre conscience qu’il a réussi son objectif…il m’a répondu que ce n’était pas pareil, que les enfants avaient besoin de ca… ah bon? a rétorqué ma collègue. Alors quand ils apprennent à marcher il faut qu’ils soient en capacité de dire: je leve la jambe droite, je m’avance, je pose mon pied par terre et je recommence avec la jambe gauche? )

Nous sommes sorti de cette reunion dépitée… nous avons beau atteindre largement les connaissances attendues en fin de GS, peu importe, on ne fait pas le langage comme ils sont décidé, on ne fait pas l’éducation sportive comme ils veulent… bref ils ne cherchent même pas à comprendre pourquoi nous faisons les activités de vie pratique, la mémoire de travail? On s’en fiche, il faut se focaliser sur le langage, les maths, brefs le socle commun, c’est qui est le plus important pour lutter contre l’échec scolaire…AU SECOURS!!! Mais comment peuvent ils ignorer les découvertes en neurosciences?
Quelle aide peut avoir si l’inspection se passe mal? Si elle ne veut rien entendre?


#2

Bonjour !
A mon avis tu as deux solutions, enfin trois mais je doute que la troisième soit une option pour toi !
Ou tu ne fais pas cas de ce que demande l’inspectrice, vous continuez à faire ce qui vous semble juste sans tenir compte des “conseils” de l’inspectrice. Ce sera sûrement la guerre, mais finalement elle ne peut pas grand chose contre vous ! Il faut juste être droit dans ses bottes, éventuellement syndiqué parce qu’elle va peut-être vous chercher des noises là où elle peut, c’est à dire sur les autorisations d’absences par exemple. Et puis les notes risques d’être mauvaises, mais il paraît que le système d’évaluation va changer.
Deuxième solution (c’est sûrement celle que je choisirais :smiling_imp: ), tu fais semblant de faire comme elle veut : le jour de l’inspection du demandes aux enfants comment ils font pour marcher ! Et sur tes documents tu mets le paquet sur le langage. Et puis bonsoir madame, à dans quatre ans !!!
Troisième solution : tu reviens bien sagement à un “système traditionnel”.

Ceci dit notre inspecteur a aussi émis des réserves quant aux ateliers autonomes, alors que c’est lui qui nous a poussé à en faire. Mais c’est parce qu’il s’est rendu compte, à juste titre sûrement, que ça virait trop souvent à l’occupationnel. Peut-être votre inspectrice a eu une mauvaise expérience, mais qu’en venant chez vous elle sera conquise :heart_eyes:

Bon courage en tout cas !


#3

Peut être peux-tu t’ appuyer sur les parents d’élèves pour te soutenir ?

En tant que parent je trouve désolante l’attitude de cet inspecteur


#4

si vraiment on est face à des murs, autant faire profil bas : une inspection dure 1/2journée, et ne revient que tous les 4 ans … les élèves, eux on les accompagne tous les jours

Mais si vous avez l’âme en révolte (comme je l’ai été l’an passé :flushed:) je donne cette petite information en passant … et qu’on nous cache bien sûr …

si vous savez que votre fonctionnement apporte beaucoup aux enfants, et que votre IEN est totalement contre vos méthodes, vous avez toujours la possibilité d’appeler l’IEN “du dessus”

Nous avons l’obligation d’être inspecté, mais pas forcément par l’IEN de notre circo. Prenez les devants : contactez la chargée de mission maternelle de votre académie et demandez lui son avis, exprimez vos craintes par rapport à votre future inspection.
…et surfez sur la vague : notre chère ministre a bien parlé d’innovation non ?

quelque fois, les obliger à appliquer ce qu’ils ont eux même pondu peut être intéressant.
… nous aussi on sait lire les textes … :imp:


#5

Bonsoir,
C’est effectivement une nouvelle insistance : savoir expliquer et dire sa réussite. Je crois que les IEN ont pour mission de faire passer ce nouveau message, y compris les IEN maternelle : Homo sapiens sapiens (l’homme qui sait qu’il sait).
La métacognition est depuis longtemps mise en avant par un bon nombre de pédagogues.
Personnellement j’étais plutôt septique quant à l’impact de cette “conscientisation” de son savoir.
J’ai testé avec quelques enfants.
Atelier modelage : une petite avait réalisé 5 colombins bien alignés. Elle est venue me chercher pour que je vienne voir.
Alors j’ai sauté sur l’occasion : “Qu’as-tu réalisé ?” puis "Comment as-tu fait ?"
Elle n’a pu expliquer qu’en utilisant des gestes !? Pourtant lors d’une présentation j’avais insisté sur les verbes d’actions du modelage (rouler, tourner, aplatir…);
Mais lors de la présentation elle était en situation de réception.
Là, elle a reçu le vocabulaire en situation de besoin de s’exprimer.
Tout ça pour dire que maintenant je ne suis plus catégoriquement fermée à cette démarche de faire verbaliser la réussite.
Je ne le ferai pas par obligation mais parce que je trouve cela intéressant.
Je pense que l’on fait plus attention à ce que l’on fait lorsque l’on prend conscience de ce que l’on fait.
J’ai fait la même chose avec un enfant qui a dessiné spontanément des boucles, des colimaçons…
Depuis, j’ai pu observé qu’il prenait plus son temps que son geste était plus contrôlé.
Quand à la marche… C’est drôle mais cet après midi j’accompagnais les enfants à la garderie et je chantonnais “quand je marche, je mets un pied devant l’autre…” Eh bien j’ai été très surprise quand je les ai vu regarder leurs pieds et observer leur marche.
Je pense que nous avons tous envie d’une belle révolution de l’enseignement. Que Céline, nous a aidé à déployer nos ailes, que nous sommes tous persuadés du bienfait de l’autonomie des élèves et de la bienveillance de l’enseignement : quel inspecteur contredirait cette direction pédagogique.
Le décret sur le livret de progrès met en avant un parcours individualisé.
Chaque inspecteur a un rôle à jouer au sens propre du terme. Il est avant tout là pour évaluer notre professionnalisme et voir si l’on respecte les directives nationales.
Ils peuvent avoir une orientation différente ou pas. Nous sommes des professionnels et nous pouvons échanger sur notre pédagogie qui reste encore notre liberté. Des directives ok, mais la direction nous la choisissons.
Je pense qu’il faut que nous soyons nous même ouverts et tolérants à la différence et au dialogue.
C’est en communiquant avec sérénité que l’on pourra faire bouger les choses de façons durable.
Mais je peux comprendre cette ébullition morale.
J’espère pouvoir être inspectée car j’ai hâte d’échanger sur ce que je fais et sur les résultats des enfants déjà visibles après cette première période.
Nous n’avons rien à nous reprocher mais bien tout le contraire.