J'ai fait pleurer un petit volontairement


#1

Mon petit A. n’aura 3 ans qu’en décembre, c’est le plus jeune de la classe et il ressemble vraiment à un gros bébé, avec ses bonnes joues et son corps tout potelé, sa démarche mal assurée et son regard candide… A son arrivée les premiers jours il était en stress maximum, pleurait beaucoup, faisait pipi et caca sur lui plusieurs fois par jour et répétait sans cesse “maman, boulot, papa, boulot”… A la fin de la première semaine j’ai contacté ses parents et ils ont pu renouer avec la nounou qui vient maintenant le chercher tous les midis, et A. ne vient plus à l’école et à la garderie que le matin (au lieu de toute la journée non-stop jusqu’à 18 h)… Depuis il a fait d’énormes progrès, il arrive avec le sourire, est redevenu propre (ça fait plus d’une semaine que nous n’avons pas eu à le changer), et vit sa vie dans la classe… Il arrive même depuis peu à se déchausser et se rechausser tout seul, il ne laisse plus son sac et son manteau par terre n’importe où mais les range comme il faut, et je me suis aperçue que s’il ne semble pas du tout à l’aise avec son corps et encore moins avec ses mains, par contre il connait le nom des couleurs, celui de toutes les lettres de l’alphabet sans exception, et reconnait aussi tous les chiffres ! Il a un parler très “bébé” avec des phrases incomplètes sans verbe, sans connecteur et sans pronom, une élocution imprécise souvent, mais il a du vocabulaire : “bonjour, salut, ça va” dit-il en arrivant “au revoir, à la prochaine, à bientôt” en partant, et “génial ! super !” quand il réussit quelque-chose…
Je n’ai pu lui présenter que 2 plateaux pour l’instant : les pinces à linge (un grand moment ! j’ai cru qu’on n’y arriverait jamais tellement c’était difficile pour lui) et les pistes graphiques à curseur… Il passe son temps à enfiler des perles avec beaucoup de patience, à faire des encastrements ou des puzzles… Et je le vois aussi aller rechercher le panier des pinces à linge et s’entraîner… quand il arrive à en accrocher une il crie “génial !” avec un grand sourire c’est craquant…
Bref je l’aime beaucoup et je vois bien qu’avec lui il faut de la patience et que ça paye…
Mais à chaque récréation il transgresse les mêmes règles : ne pas emmener de “roulant” dans la zone piéton, et ne pas jouer dans les escaliers des toilettes du primaire… Chaque jour, plusieurs fois par récré, je lui redonne ces règles simplement, je les lui réexplique un peu, j’ai même fait semblant de disputer le vélo ou la voiture qui n’avait pas le droit d’aller dans la zone piétonne, etc…
Hier au moment de rentrer de récré il était en train de crier joyeusement dans les escaliers des toilettes du primaire (juste devant la porte de la classe des CM)… Je suis allée le chercher et comme d’habitude il m’a suivie avec son regard candide sans avoir l’air de prêter la moindre attention à ce que je lui disais… Alors cette fois ça m’a paru anormal, et j’ai décidé de me fâcher… Je l’ai vraiment disputé, jusqu’à ce qu’il pleure… Et à ce moment je me suis un peu (mais pas complètement) radoucie et je lui ai dit que maintenant j’espérais qu’il se souviendrait de cette règle, et qu’il réussirait à la respecter…
Sur le moment ça m’a paru nécessaire, mais avec le recul je me dis que je suis encore retombée dans les vieux schémas… Je n’ai même pas cherché à le consoler ensuite, et encore moins à m’excuser, ce que je fais volontiers quand je m’aperçois que j’ai heurté involontairement un enfant…
Et même si j’avais peut-être raison de vouloir “réveiller” cet enfant, le “sortir de sa bulle”, même s’il fallait faire quelque-chose pour qu’il atterrisse et prenne un peu autre chose en compte que ses propres impulsions, j’aurais sûrement pu trouver mieux que de le faire pleurer sciemment… Mais j’avoue que je ne vois pas quoi… Je verrai la semaine prochaine s’il retourne jouer dans les escaliers interdits, ou non… Et s’il le refait, je ne sais pas comment je vais réagir, ni même comment il faudrait que je réagisse…


#2

Je crois que ce que tu décris nous l’avons tous et toutes vécu à un moment, c’est une situation face à laquelle on ne trouve pas de solution apaisée…et on réagit alors comme on peut, avec son vécu et ses réflexes, sans savoir si on est dans le juste ou pas…
Tu as opté pour une option qui maintenant te pose question, sans savoir si c’était la bonne…tu tâtonnes, comme nous tous! et quelque part ce n’est pas si mal. Tu as aussi peut être montré que l’adulte n’avait pas toutes les solutions, qu’il avait ses failles, que parfois les émotions, la colère nous submerge aussi…bref, la réalité de la vie. Montrer l’exemple de la perfection c’est très compliqué mais pas forcément, bon, quand on tâtonne, on cherche, on se trompe et cet exemple là, il est aussi utile de le montrer je pense! c’est sûrement rassurant aussi pour les enfants qui comprennent très bien ce genre de choses! Quelque part ça montre aussi les limites à ne pas franchir: "la maîtresse, toujours si patiente, est sortie de ses gonds, j’ai du vraiment exagérer…"
Tiens nous au courant de ce que ça a donné!


#3

Ouf, nous sommes juste humaines !


#4

Je vous conseille la lecture des livres d’isabelle Filliozat, que l’on a pu voir cet été à Autun avec @Celine . Ces conseils sont très précieux pour les relations entre adultes et enfants. Si elle est en conférence près de chez vous, n’hésitez pas à aller la voir, elle est exceptionnelle. Elle possède un site internet http://www.filliozat.net et une chaine youtube https://www.youtube.com/channel/UCe4SeUNtM7vK-wLTV8qOxjg


#5

Et tu ferais comment, en suivant les conseils d’Isabelle Filliozat ?


#6

Je cois qu’elle a écrit 13 livres en tout, qu’il serait difficile de résumer. Elle le dit elle-même qu’il n’y a pas de modèle précis à suivre. Je ne peux donc te donner la dematche à suivre avec cet enfant.
Je n’ai lu que trois de ces livres pour l’instant et également deux livres de Catherine Gueguen, mais cela m’a déjà fait réfléchir à ma posture d’enseignante et de mère de famille.
On nous a élevé en nous faisant croire que la discipline, les punitions et les violences verbales étaient bonnes pour avoir des enfants obéissants et même pour qu’ils réussissent dans la vie. Notre culture où les enfants sont maltraités pour la simple raison qu’ils doivent rentrer dans le moule doit disparaitre.
Prenons l’exemple d’un enfant qui va renverser son verre d’eau à table, nombre de parents vont le gronder, lui dire qu’il n’est bon à rien, l’obliger à tout nettoyer. Si la même chose était arrivé lors d’un diner entre amis, ces mêmes parents auraient-ils eu la même réaction avec Mr Untel ou Mme Untel, s’ils renversaient un verre ?
Voici donc mon premier conseil, quand tu t’adresses à tes enfants, tes élèves, imagine toi que ce sont des adultes et traite les comme s’ils étaient des adultes.
Les recherches en neurosciences nous en apprennent tous les jours sur le cerveau des enfants.
Les enfants de moins de 3 ans n’entendent pas la négation donc quand on leur dit “Ne t’approche pas de cette casserole” eux entendent “approche toi de cette casserole” et s’exécutent. Il faut faire un grand travail sur soi pour réussir à s’exprimer uniquement dans l’affirmative avec les petits " reste éloigné de cette casserole"
Ces recherches prouvent que les souffrances, les violences restent gravées dans le cerveau pour toujours, au contraire des plaisirs et des bons moments, mais également nous font perdre nos moyens directement après qu’elles aient eu lieu. On peut le tester sur ses proches en leur demandant de maintenir fermement leur bras en position horizontale pendant qu’on essayera nous de pousser pour le faire descendre. Puis on lui annonce, qu’on va refaire la même chose mais qu’on va lui dire quelque chose avant. On lui dit quelque chose de dévalorisant “tu es nul, un incapable, …” et tout de suite après on appuie sur le bras. Le résultat est impressionnant même pour quelqu’un qui sait à l’avance ce qui va se passer et même avec un étranger . Nos paroles peuvent agir directement sur les capacités des autres et tout particulièrement avec les enfants.
Mon deuxième conseil est donc de mesurer tes paroles afin de ne pas dévaloriser quelqu’un, surtout si tu veux obtenir le maximum de cette personne.
Des expériences ont été menées sur ce que l’on appelle l’effet Pygmalion. On a annoncé à des enseignants que leurs futurs élèves avaient passés des tests et qu’on les avait mis dans des groupes en fonction des résultats. Pour résumer, un groupe de bons et un groupe de nuls. Les bons se sont avérés effectivement bons et ont même progressé. `les nuls se sont avérés nuls et n’ont pas progressé. Le problème est que ces élèves n’ont jamais passé de tests et qu’ils avaient été choisis au hasard. L’image que l’on a d’un élève peut donc changer son évolution.
Mon troisième conseil est donc d’avoir foi en l’humanité. Même si un enfant t’as déjà fait les 400 coups, même si tes collègues t’ont parlé d’une petite terreur, d’un enfant en difficulté,… il faut chaque jour donner une nouvelle chance à tous de te prouver qu’ils sont capables de relever des défis.
Je pourrais encore continuer longtemps mais il vaut mieux lire les livres de Catherine Gueguen et Isabelle Filliozat, en autres.


#7

Merci, mais tu sais, j’ai pas mal lu aussi, je continue de lire beaucoup sur la CNV, la parentalité et l’éducation bienveillantes, je connais Isabelle Filliozat et Catherine Gueguen, ainsi que les études et les recherches dont tu parles… Je suis engagée dans ce métier depuis plus de 30 ans, et je m’étais documentée dès mes débuts sur ce qui ne s’appelait pas encore CNV, mais “parents ou enseignants efficaces”, de Thomas Gordon, où il était question “d’écoute active”, (on dirait aujourd’hui “écoute empathique” je suppose), de “résolution de conflit sans perdant”, et de “recherche commune de solutions”… Ceux qui ont lu Marshall B. Rosenberg, qu’on considère comme le créateur de la CNV, reconnaîtront les termes et les principes qui ont permis cette “création”… Disons plutôt cet approfondissement…
Et je suis pleinement convaincue des méfaits de “la pédagogie noire” comme des bienfaits de la pédagogie bienveillante… Ai-je écrit quelque-chose qui a pu te donner l’impression du contraire ?


#8

Rassure-toi Isa1, ton message montre bien ta recherche d’une approche bienveillante et positive. Je pense que Super Mireille essayait simplement de résumer un courant de pensée sans savoir ce que tu en connaissais déjà. Vu de l’extérieur, son message ne semblait pas du tout te remettre en cause mais démontrait simplement la volonté de donner une information.

Quant á ton élève, je crois que tu as raison et qu’il faut attendre lundi pour voir sa réaction. Si tu sens un changement d’attitude envers toi, tu peux toujours t’excuser de l’avoir fait pleurer, il n’est jamais trop tard. Peut-être au contraire cela aura-t-il fonctionné.

Nous sortons tous de nos gonds á un moment ou á un autre, comme mamans et comme profs. C’est sans doute regrettable mais c’est ainsi. Heureusement les enfants ont une capacité de pardon presque infinie…

Si cet épisode n’a pas servi á lui faire entendre raison, peut-être pourrais-tu demander á un plus grand de lui réexpliquer les règles avant chaque récré? Peut-être les entendrait-il mieux de la bouche d’un autre enfant?

Bon courage et bonne fin de dimanche,
Anaïs


#9

Je ne suis pas convaincue par cette affirmation selon laquelle les enfants de moins de trois ans n’entendraient pas la négation . Elle ne me paraît pas très " neuroscientifique" . Tout dépend de la phrase , des mots employés , de l’intonation ( dans votre ex " reste éloigné " me semble même plus difficile qu’un simple " non ne touche pas !").


#10

Merci Anaïs, et ton idée de faire passer le message par un autre enfant me parait excellente… Pour les excuses aussi, même s’il me semble qu’après tout un week-end c’est sûrement un peu tard, mais si je vois qu’il semble inquiet ou moins joyeux je le ferai…
@sylcha, c’est l’inconscient qui ne reconnaît pas la négation, et qu’aucune contradiction logique ne gêne… Même chez les adultes… Mais les adultes ont développé leur cortex néo-frontal et les capacités élevées de raisonnement logique et conscient qui vont avec. Ce n’est pas encore le cas des enfants, surtout les plus jeunes… Mais même pour communiquer avec des adultes, dire “ne croque pas la pomme” (au hasard hein), eh bien ça met une chose dans la tête : croquer la pomme ! Si le Grand Chef avait vraiment voulu que la pomme reste sur son arbre, il aurait plutôt dû demander à ses interlocuteurs d’en prendre soin par exemple…
Il faudrait peut-être que je demande à mon petit de rester en bas plutôt que de ne pas monter les escaliers…
Quand je lui disais d’aller mettre ses chaussures il ne le faisait pas même si je le lui répétais plusieurs fois gentiment et à lui personnellement… il fallait le prendre par la main et commencer par l’aider… Jusqu’au jour où je lui ai dit “enlève tes chaussons et puis mets tes chaussures”… et là il l’a fait… ouf ! Il avait besoin qu’on lui donne la première étape… Il ne cesse de me surprendre !


#11

"Et tu ferais comment, en suivant les conseils d’Isabelle Filliozat ?"comme tu as posé la question @isa1, il me semblait que tu ne connaissais pas, ce qui était mon cas, il n’y a pas si longtemps.
Je n’ai découvert que très récemment toutes ces recherches en neurosciences, la parentalité positive, Maria Montessori, Céline Alvarez,… et je t’assure que j’essaye de progresser dans le bon sens, ou ce qui me semble être le bon sens.
Il m’est arrivé et il m’arrive encore de gronder des enfants par maladresse ou par ignorance de leur véritable intention. Ce qui a changé, c’est que maintenant, j’essaye de m’en excuser auprès de ces enfants quand je comprends mon erreur. J’essaye également de comprendre ce qu’ils veulent quand il se rebellent, pleurent, désobéissent, sans penser tout de suite à un caprice de leur part ou un manque de règles à la maison.
J’ai un exemple récent, nous mangeons des fruits préparés chaque jour par les enfants dans ma classe mais nous les mangeons une jour dans ma classe et l’autre jour dans la classe de ma collègue. Les enfants qui veulent manger des fruits vont dans la classe où ils sont servis et les autres vont s’assoir sur l’ellipse dans l’autre classe pour entendre une histoire. Ce jour-là la collation de fruits devait être dans la classe de ma collègue.Un garçon est venu s’assoir dans ma classe (alors qu’à plusieurs reprises, on lui a dit que les fruits se mangeaient dans l’autre classe) alors qu’il disait vouloir manger les fruits. On lui a plusieurs fois dit qu’il fallait aller dans l’autre classe mais rien n’y faisait il revenait dans ma classe avec un air tourmenté puis au bord des larmes devant notre agacement; cela s’entendait dans notre voix en lui parlant. Tout cela se passait pendant que les enfants lavaient leurs mains et les fruits préparés étaient encore posés sur le meuble de cuisine dans ma classe. Au moment où l’ATSEM a pris les fruits pour les ramener dans l’autre classe, tout est devenu clair, il ne comprenait pas qu’on veuille l’envoyer la-bas alors que les fruits étaient posés ici. Cet entêtement ressemblait étrangement à un caprice mais en fait pas du tout.


#12

La lecture de ces témoignages me fait repenser à d’autres lectures que j’ai faites récemment. Je me demandais donc si tu avais creusé du côté du sens et de l’acceptation des limites par les enfants.

Y a-t-il d’autres enfants qui vont jouer dans ces endroits en enfreignant la règle ? Sont-ils repris aussi systématiquement que le petit dont tu parles ? Se peut-il que ce petit ait vu des enfants enfreindre la règle librement, en échappant à la surveillance des adultes, ou peut-être sur des temps où d’autres adultes sont en charge de la surveillance ?
Semble-t-il exercer sa motricité d’une façon particulière quand il joue dans les escaliers ou dans cette zone piétonne ?
Les raisons des interdits que ton petit transgresse sont-elles explicites et font-elles sens pour lui ? (Je suppose que oui mais je te demande quand-même car j’ai souvent été confrontée dans des écoles, à des règles de vie fixées par les adultes dans la cours, avec lesquelles je n’étais pas forcément d’accord ou qui ne faisaient pas forcément sens à part pour faciliter la vie aux adultes d’une manière ou d’une autre. On est parfois obligés d’appliquer ces règles même si on les trouve dénuées de sens !)

Je te pose toutes ces questions car je me dis que si ce petit, qui semble pourtant faire des progrès visibles, comprendre beaucoup de choses et t’étonner régulièrement, continue d’enfreindre cette règle, c’est qu’il doit y avoir une raison en lui.

Soit la règle ne fait pas sens pour lui, parce que le danger ou la gêne évoqués n’ont pas de réalité qu’il a pu constater, ou parce qu’il voit d’autres enfants faire ce qui lui est interdit, donc il n’en tient pas compte.

Soit il teste les limites de cette règle, justement parce qu’il y voit une faille dans le cadre sécurisant de l’école (peut-être en lien avec ma proposition précédente, si la règle ne fait pas sens ou n’est pas appliquée à l’identique à tous).

Soit il trouve un intérêt particulier très fort à enfreindre la règle (un enjeu moteur important dans l’utilisation des escaliers, la possibilité de rouler plus librement dans une zone où il n’y a pas d’autres engins roulants, ou au contraire d’exercer sa capacité à s’orienter car beaucoup d’obstacles se présentent à lui dans cette zone, etc.) et son élan intérieur est si fort que la règle ne suffit pas à le contenir.

Ou peut-être rien de tout ça… ! Étant donné les lectures que tu as faites, l’expérience et la réflexion qui sont les tiennes, je ne prétends vraiment pas en savoir plus que toi sur le sujet ou détenir une quelconque réponse, mais je te livre tout de même mon analyse, des fois qu’elle ferait surgir quelque chose chez toi !

J’ai hâte en tout cas de connaitre sa réaction et ton retour vis-à-vis de lui. Je trouve que tu pointes quelque chose de très intéressant en nous donnant l’occasion de réfléchir à la fois sur notre posture d’adulte, et sur ce qui habite l’enfant. C’est passionnant ! Merci pour cela. :tulip:


#13

Merci de vos réponses à toutes !
Alors mon petit, ce matin, était comme d’habitude en arrivant, souriant et tout mignon, et pendant la récré il n’est pas retourné dans les escaliers interdits aux enfants de maternelle… Mais je ne suis pas sûre que ça n’arrivera plus pour autant… Et ce n’est pas lui qui est allé dans la zone piétonne en vélo, mais plusieurs autres (je crois qu’effectivement, c’est tentant de pouvoir rouler là où il y a plus de place)…Mais si je suis obligée de le répéter quasiment à chaque récréation à plusieurs enfants, je n’ai besoin de le faire qu’une fois par enfant et par récré… Alors que A., ça peut être 6 ou 8 fois dans la même récré !
Il ne semble pas comprendre le non plus de quelques secondes… Par exemple, quand nous avons rangé tous les jeux, lui il va s’en rechercher… Je lui dis non, j’explique que ce n’est pas l’heure etc…, il ne s’entête pas du tout sur le moment, laisse le jeu (ne le range pas forcément mais bon c’est déjà ça)… et y retourne 1 minute plus tard ! Il peut le faire 5 fois de suite sans avoir l’air de comprendre que si c’était non il y a une minute, ce sera encore non la minute suivante… J’ai même pensé “mais il a une mémoire de poisson rouge ou quoi ??” mais aussitôt je me suis rappelée qu’il connait le nom des 26 lettres de l’alphabet… Donc ce n’est pas ça…
Merci Oceane de ton analyse, elle m’aide à me poser des questions plus pertinentes ! Qu’est-ce qui le pousse à retourner sans cesse là où c’est interdit ?
En fait je crois qu’il est encore en stress au milieu des autres enfants, et que ce qui le rassure, c’est de faire sa propre activité pas trop près des autres… Dans la classe au moment des ateliers c’est possible sans enfreindre les règles… Mais dans la cour, et au moment des regroupements, ce n’est plus aussi simple… Il veut bien venir sur l’ellipse maintenant quand je l’y invite personnellement, mais seulement quelques secondes… Visiblement il voudrait bien faire ce qu’on lui demande, mais ça doit être trop difficile pour lui, et très vite il s’éloigne à nouveau… Même de loin il ne s’intéresse pas trop à ce qu’on fait ensemble, à part les chansons, et il doit s’ennuyer, se sentir angoissé, et il faut qu’il fasse quelque-chose, même si ce n’est pas autorisé à ce moment là… Il doit ressentir ça comme un besoin impérieux, et du coup il en oublie effectivement très vite tout ce que j’ai essayé de lui expliquer…
Il suffirait peut-être que je lui donne quelque-chose à faire un tout petit peu à l’écart pendant les regroupements, genre un puzzle, des perles ou le panier des pinces à linge puisqu’il aime beaucoup ces activités…
Pour la récré peut-être qu’aujourd’hui s’il avait choisi de ne pas prendre de vélo, c’était pour pouvoir aller là où il y a moins de monde…
Encore merci à vous qui m’avez répondu avec toute cette attention ! Vous m’aidez vraiment !


#14

Exprimé de cette façon , oui , je ne peux que vous rejoindre .
Il ne s’agit donc pas de la tournure négative en elle même , qui peut , elle , être comprise plus précocément ( je me situe là sur le plan linguistique ), mais de l’injonction négative dont on saisit bien sûr les limites .


#15

Moi, je n’aurais qu’un conseil @isa1: sois aussi bienveillante envers toi-même que tu l’es avec tes élèves. Tu n’as pas réussi à garder ton calme? Et si une autre enseignante avait posté sur ce forum un récit semblable au tien, n’aurais-tu pas trouvé les mots pour la rassurer, lui dire qu’un pas de côté n’est rien tant qu’on garde le cap, la déculpabiliser? Cet élève (qui me rappelle par certains traits mon fis Asperger mais c’est un autre débat) mérite ta bienveillance, ton attachement, tes efforts, mais aussi des limites. Bon courage!


#16

Bonjour d’abord bon courage il faut du temps pour changer de chemin. Tu pourrais essayer de le mettre en binôme avec un enfant très autonome pour agir en amont.