Jeux de construction


#1

Bonjour, je n’ai qu’un an de pratique derrière moi et je m’interroge beaucoup sur le fait que mes élèves ne prennent spontanément que les activités de type jeux de construction, puzzle, mandalas… Et jamais ou presque les activités de maths, lecture ou autre. Quand je vois les photos de collègues qui travaillent comme cela, en autonomie, ils disent que les enfants prennent souvent le graphisme, les mots à ecrire… Alors je me demandais s’il fallait progressivement après la 1ere periode par exemple, supprimer complètement les jeux et ne laisser que le materiel que l’on souhaite voir investi ? Je ne trouve pas chez les enfants cet elan spontané vers les apprentissages… Comment faites vous dans vos classes ?


#2

La même, avec quelques années de pratique ^^ Bon j’ai quand même quelques élèves qui prennent les activités d’écriture, de lecture. Les maths c’est encore plus rares mais ça arrive néanmoins (la bande numérique est assez prisée par contre).

Ce que j’entends souvent, que j’ai réussi quelques rares fois : relancer l’intérêt. Par exemple, encourager (demande explicite, modèles dispos, prendre en photo les réalisations) à explorer la tour rose et l’escalier marron, qui a bien fonctionné chez moi.
Ce qui fonctionne bien aussi est de proposer de travailler avec l’élève (/les élèves) sur un atelier déjà présenté.
Par ailleurs, j’impose encore quelques activités /moments de travail. Soit avec moi, soit sous forme de “plan de travail” (2 compétences/activités à travailler sur la semaine, quand ils le souhaitent). Comme c’est personnalisé, cela me permet de faire travailler les élèves en fonction de leurs besoins. Je débute sur ce point, mais l’idée à terme est que ce soit de plus en plus géré par l’élève (choix des compétences, à travailler notamment).


#3

Pour ma part, en année 0, certains de mes élèves sont effectivement attirés beaucoup par les jeux de construction et les puzzles mais ça ne fait que 3 semaines d’école, et la découverte n’est qu’à son début, je pense aussi que c’est important pour eux, pour prendre confiance, prendre leurs marques… . Pourtant il me semble que déjà s’opère la " magie" de l’envie de faire l’activité que le copain est en train de faire ou a fait avec maîtresse. Et comme dit Charles, j’ai l’impression que l’enfant est super fier de découvrir une activité avec sa maîtresse ou avec son atsem donc je n’hésite pas à en prendre un ou une par la main pour faire un apprentissage. Et je suis sûre que petit à petit ils vont y aller spontanément. Quand un élève maîtrise bien un atelier, il est très fier de servir de guide pour un autre… Ça aussi ça les motive😉
Mais bon je suis moi aussi dans une réflexion permanente !


#4

Mes jeux de constructions sont rangés dans la salle de motricité. Je n’en bénéficie qu’en début de matinée puisqu’on la partage avec les collègues. Les enfants peuvent se poser en construction, quand ils souhaitent faire une pose dans les parcours. J’ai aussi quelques jeux d’imitation de type maison de poupée avec plein de petits meubles en bois.

Donc en classe, le reste de la journée, il ne reste que des activités plus “scolaires”. J’ai limité drastiquement le nombre d’activité en début d’année, de façon à ce que les enfants tournent sur quelques activités sans trop se disperser, que je puisse les présenter à un maximum d’élèves. Une activité qui plait bien par exemple en ce début d’année, c’est les billes japonaises, que les élèves disposent en petits dessins d’un nombre donné, ou cachent ou assemblent pour calculer. Mais il y a aussi de la peinture, de la musique, des empilements, puzzles, graphismes, découpage …

J’ai une troisième salle bibliothèque dans la salle de sieste. Les enfants peuvent s’y poser pour feuilleter, raconter, ou même jouer les histoires.

Pour laisser aux enfants leur libre choix tout en guidant leurs activités, j’utilise donc les différents espaces, salles et placards, qui ne sont pas toujours accessibles. Pour le moment, j’ai caché volontairement un grand nombre d’activités que je proposerai progressivement dans l’année. Seuls deux étagères par exemple sont visibles dans la classe avec un nombre limité d’activités, le reste est caché par des cartons. Sinon, certains enfants passent leur temps à zapper pour tout vouloir faire, je ne peux pas suivre les présentations, et ça devient n’importe quoi par imitation entre élèves.

Les enfants ont le droit cependant de prendre tout ce qui est à leur portée, même si je ne leur ai pas présenté. Je part du principe qu’il ont envie d’essayer, qu’ils ont vu faire un autre élève ou qu’il demandera de l’aide si besoin. Je veille attentivement à ce que les consignes ne soient pas détournées. Je pense en trois semaines avoir maintenant présenté les quelques activités disponibles à un maximum d’élèves pour enclencher une dynamique. Ce qui me permet d’introduire petit à petit du nouveau en atelier volontaire…


#5

Bonjour,

J’en suis comme toi à ma deuxième année de pratique.

Je constate effectivement la même chose, les enfants se dirigent très naturellement vers les activités libres, les puzzles. Bien moins vers les activités de langage et de mathématiques.

Je viens depuis quelques jours d’imposer un plan de travail au GS : ils doivent chaque jour choisir deux activités parmi celles proposées dans une boite où on ne trouve évidemment que les activités maths et langage. Je ne l’impose pas a priori donc ils gardent une autonomie du choix. Je souhaite quand même assurer les connaissances fondamentales…

Je guide toujours beaucoup les enfants vers ces activités mais essaie de rendre cela amusant. Par exemple, pour les chiffres rugueux, une fois la leçon en 3 temps faite, je demande à l’enfant d’aller déposer tous les chiffres connus et appris sur un espace éloigné. Et je pioche ou un autre enfant pioche les chiffres à aller récupérer. Malgré cela, ils n’y vont toujours pas spontanément :smiley:
Pour la lecture, une fois que les lettres sont connues (cela rebute…), ils adorent les petits secrets. Mais je ne vois toujours pas de lecture de livre arriver.

J’aime beaucoup cette citation de Pauline Kergomard qui affirme que “jouer, c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie”.
Les activités de langage et de mathématiques restent très scolaires à mes yeux et je crois normal qu’ils ne se jettent pas dessus. D’ailleurs, surtout pour les activités mathématiques, je trouve qu’elles ne font pas toujours sens, c’est très “froid”. J’ai envie de créer un jeu de marchande qui utilise l’argent pour stimuler le gout des nombres justement, mais en jouant vraiment!

J’essaie de relativiser : tout sera repris en CP de toute façon. Je me rassure aussi en me disant que si j’utilisais Access, les résultats ne seraient pas forcément meilleurs (même si les évaluations de CP me donnent la chair de poule!), je prendrais immensément moins de plaisir à mon travail aussi… Une expérimentation a été menée à Vaulx-en-Velin, dans une école REP+ : des classes maternelles converties à Montessori et d’autres en enseignement traditionnel en témoin. Résultats : les compétences en maths sont sensiblement les mêmes mais meilleures en code alphabétique dans ces premières.

D’autre part, lorsque l’on compare les systèmes scolaires, quel système scolaire impose l’école et les apprentissages fondamentaux à ses enfants dès 3 ans? AUCUN! Oui, il y a des jardins d’enfants ailleurs, mais on n’impose pas ce type d’apprentissage de façon systématique. Je renvoie aussi vers une note d’analyse très intéressante de France Stratégies “Un nouvel âge pour l’école maternelle?” qui remet en question cette démarche vers les fondamentaux dès le plus jeune âge.

Alors oui, j’incite (fortement) mes élèves à aller vers des activités “scolaires”, je les fais et refais avec eux. Mais je trouve intéressant qu’ils se dirigent vers des jeux de construction : on y remarque très clairement leur évolution cognitive. D’un enfant de 3 ans qui est incapable de construire quoi que ce soit à un enfant de 4 ans qui se lance dans la tour la plus haute possible, on voit le progrès. Les puzzles : de l’enfant qui ne sait faire que des puzzles de quelques pièces au départ puis se dirige vers des puzzles longs et difficiles, c’est un vrai challenge aussi! Et les coloriages développent avec tant de plaisir et de facilité leur motricité fine… De la même façon, les enfants passent d’un coloriage simple, d’une seule couleur, en dépassant LARGEMENT à des coloriages de plus en plus précis et colorés… C’est du progrès aussi!

En somme, je pense qu’il faut relativiser et lâcher notre enveloppe d’enseignant d’élémentaire de maths et français et accompagner les enfants différemment :relieved:
Tout cela, je le dis aussi pour moi car je sens cette difficulté à accepter de ne pas mieux contrôler les enfants et leurs apprentissages alors j’apprends à lâcher-priser et leur faire confiance. C’est tout de même le cœur du message de l’enseignement Montessori, non?

Je ne sais pas si j’ai éclairé une quelconque lanterne mais ça me fait du bien de l’écrire :slight_smile:


#6

1ère année de pratique. J’avais sur un meuble qui deviendra progressivement celui de géographie, quelques jeux de construction, et un tapis toujours en place, dédié à ces jeux : plusplus (que les enfants adorent), kapplas (pas spécialement prisés), et clipo (utilisé pour fabriquer des pistolets :frowning: .
1/ ces coins étaient clairement ceux des garçons, qui n’en sortaient jamais
2/ c’étaient des coins bruyants, avec beaucoup de conflits
3/ ils n’étaient jamais rangés.

J’ai commencé par enlever progressivement les clipos, et puis ce matin, fatiguée du brouhaha, j’ai retiré le tapis de jeux et les plusplus, car bien qu’ils en faisaient des choses interessantes, ça n’était pas compatible avec l’ambiance de classe à laquelle j’aspire. Ça a tout de suite fait baisser le niveau sonore. Maintenant il va falloir que je nourrisse ces enfants de moyenne section car ce que je propose en activités libres ne les intéressent plus trop, et le matériel montessor que je sors progressivement n’est pas encore assez challengeant pour eux.


#7

Tu as été très claire pour moi car j’ai la même réflexion et le même cheminement que toi ! Tous les jours je me martèle qu’il faut que je lâche prise, que ce ne sont que des maternelles et je suis convaincue que ce sont eux qui petit à petit vont me guider vers ce qu’ils veulent apprendre. Nous n’en sommes qu’au début !


#8

Un an d’expérience aussi, mes élèves prennent beaucoup les jeux mais également les activités de maths et les lettres. (Après c’est peut-être moi qui ne suis pas très exigeante…)
Ce que j’ai remarqué qui booste les élèves :

  • au début des présentations bien expliquer ce que les élèves vont apprendre “je vais t’apprendre à compter”
  • en fin de présentation, bien rappeler à l’élève qu’il peut prendre l’atelier quand il veut pour s’entraîner.
  • en regroupement, je sors un atelier “scolaire”, on le fait, mais forcément je n’en interroge qu’un à la fois. Après ça, il y a généralement un élan vers cet atelier, je soupçonne ceux qui n’ont pas été interrogés d’être frustrés et de vouloir vérifier qu’ils savent bien le faire.
  • il y a deux semaines, j’essaie de tirer les vers du nez à une élève qui n’était pas très bien. Elle me sort: “mais maitresse, moi ce que je veux c’est apprendre à lire!” Alors qu’elle ne sortait jamais d’ateliers de lettres. A partir de là, je fais le tour de la classe et demande à tous les élèves MS ce qu’ils veulent apprendre. Toutes les réponses ont été très scolaires (lire, écrire, compter) sauf pour l’une de mes élèves les plus scolaire qui m’a répondu “faire des origamis”. Le fait de formuler le désir, peut-être le fait que je les encourage en leur disant que j’allais les aider, a lancé un énorme élan de motivation. J’ai évidemment adapté les présentations en fonction.

#9

Merci pour ton retour d’expérience. Pourrais-tu décrire un atelier que tu fais en regroupement: quel type d’activité? sur table ou au sol? face aux élèves ou sur ellipse? enfant interrogé devant l’activité ou sur l’ellipse? J’ai peur de perdre l’attention des élèves si je n’interroge qu’un seul enfant.


#10

Merci beaucoup pour te message qui me rappelle effectivement ce que je me dis au fond de moi: même s’ils ne font pas que des maths ou du français, ce n’est pas grave car ils ont un certain niveau, l’an dernier tous mes GS avaient au moins lu une fois un petit livre aux autres et savaient tous compter à plus de 100 et 5 sur 12 à mille! Donc effectivement, c’est très bien qu’ils jouent, c’est de leur âge! Mais je m’interrogeais car certains collègues expliquent que des ateliers comme le cahier de graphisme sont très prisés et pas du tout chez moi, du coup je me demandais si je faisais mal et comment améliorer mes présentations!
Merci pour toutes vos réponses très intéressantes!


#11

Très bonne idée! J’ai effectivement montré le résultat d’un travail avec les formes à dessin en regroupement en présentant sommairement l’atelier et le lendemain 5 enfants sur 12 sont venus me demander de le leur apprendre!
Je vais aussi essayer de leur demander ce qu’ils aimeraient apprendre.


#12

Je ne fais les regroupements qu’en ellipse, donc je suis toujours assise par terre avec eux, et si je prend un plateau, je le pose par terre devant moi. Je peux prendre tout type d’ateliers. Si c’est un atelier d’activité pratique, je me contente de travailler le vocabulaire.
Si c’est phonologie ou lettres rugueuses, j’arrive à leur faire faire en groupe. (Par exemple, je prend une lettre rugueuse “qu’est-ce que c’est ça?” L’un répond. On répète tous ensemble le son. Lorsque j’ai trois lettres rugueuses devant moi, je recommence avec les trois mêmes.)
En ce qui concerne les maths, par contre, je peux prendre un atelier (par exemple les fuseaux), réexpliquer la consigne, et demander à un élève de faire une partie de l’atelier (dans mon exemple, il mettrait un fuseau dans la case 1, deux fuseaux dans la case 2 et trois fuseaux dans la case 3 et on s’arrête là). Evidemment, il s’agit d’un regroupement alors à chaque fois que l’élève a fait quelque chose, on le montre à tout le monde, si il se trompe, on demande à tout le monde comment il pourrait faire pour se corriger etc.
L’attention en regroupement est toujours compliquée à maintenir et se travaille tout au long de l’année. Mais l’idée c’est de choisir un élève qui y arrive déjà bien, car l’important est d’attirer l’attention de tous sur l’atelier, pas d’enseigner une nouvelle compétence à un élève devant tous ses copains.


#13

Bonjour,
Je viens seulement en deuxième période de rapatrier les jeux de construction dans la classe. Depuis la rentrée, ils étaient restés dans la salle de motricité en libre accès, mais seulement pendant un temps le matin d’activités libres dans cette salle, à côté des parcours. J’ai pu ainsi mettre en place le fonctionnement de classe tranquillement en première période, avec quelques activités choisies et volontairement très limitées. Sans l’excitation que génère les constructions, qui sont très attractives et se jouent souvent à plusieurs.

L’objectif que je fixe pour les jeux de construction est que les élèves trouvent à s’organiser. C’est à dire, qu’il mettent en place une démarche précise et construite pour arriver à leur fin. Travailler dans le calme, étape par étape, dans l’ordre, sans que ce soit le bouzou !

Pour cela, j’impose des règles strictes.

  • Les construction restent autour de la caisse de jeu, un élève par côté, donc à quatre maximum pour les grandes caisses, à deux maximum pour les petites caisses, ou seul si un élève sort un jeu et souhaite travailler seul.
  • Rien ne traîne au sol, à part les construction. Le matériel démonté, et jamais écroulé !, est rangé dans la caisse au fur et à mesure. Si c’est le bazar, on range tout avant de reprendre ses constructions en cours.
  • Les discussions autour des construction se font à voix basse, poliment, et en rapport avec le travail. On ne prend jamais le matériel qu’un élève a préparé ou construit, on lui demande gentiment et c’est lui qui nous le donne, ou pas.
  • On peut préparer son matériel avant de construire en le triant, en le rangeant, en le comptant. On le mets pour cela de côté. Personne n’a le droit de prendre le matériel ainsi préparé. On pourra transporter son matériel dans une barquette pour aller construire plus loin.
  • Ceux qui construisent à partir d’une fiche modèle sont prioritaires. Les élèves qui construisent librement doivent s’arranger pour leur libérer le matériel nécessaire. On pourra construire à plusieurs en s’organisant, en se répartissant les tâches.

Voici les fiches du matériel actuellement à leur disposition. Les objectifs visés se lisent marche par marche, de bas en haut. Sachant que les plus petits ne feront pas toutes les consignes, ils resteront souvent en construction libre, sans modèle à suivre. Je n’ai pas encore fait de fiches de construction étape par étape. Juste des modèles, avec d’un côté une photo de la réalisation finie, et de l’autre côté démonté avec tout le matériel nécessaire.

Constructions Arche romane.pdf (43,8 Ko)
Constructions Engrenages.pdf (58,8 Ko)
Constructions Mobilo.pdf (39,6 Ko)
Constructions Blocs.pdf (75,7 Ko)
Constructions Technico.pdf (112,8 Ko)
Constructions Flexo.pdf (100,9 Ko)
Constructions Lego.pdf (242,7 Ko)

Je suis curieux de savoir comment vous gérez les jeux de construction dans vos classe, de quel matériel vous disposez, et comment vous le présentez aux élèves. C’est pourquoi j’ai réactivé cet ancien sujet de discussion. A vous … :slightly_smiling_face: