Les lois naturelles des enseignants sans classe fixe


#1

Bonjour à tous,
Ayant un poste fractionné sur 3 classes (PS-GS, PS-GS et GS) et 2 écoles, je me demande comment je vais pouvoir échapper aux fiches et aux ateliers “traditionnels” de mes collègues. Je suis à 25٪, 25٪ et 50٪ et mes 3 collègues fonctionnent différemment.
Je suis super contente d’avoir un mélange des âges dans mes classes mais au niveau de l’organisation et surtout du matériel, je ne sais vraiment pas comment procéder. Je n’ai qu’un tout petit budget, je ne peux pas fabriquer le matériel en trois exemplaires et je ne peux pas non plus le transporter de classes en classes.
Et je n’arrive pas à trouver d’idées pour favoriser l’autonomie et respecter le rythme et la motivation de mes élèves dans ces conditions là.
Y a-t-il des enseignants en poste fractionné ou des brigades qui auraient trouvé des idées pour faire au mieux dans une situation similaire?


#2

Bonjour!
C’est un sujet que j’ai cherché sur le forum il y a peu ! Cela fait environ 2 ans que je change peu à peu ma manière de travailler. L’année dernière j’étais comme toi sur 3 classes de maternelle. C’est un peu galère car on ne peut pas tout révolutionner et c’est assez frustrant. Je peux te dire comment je procédais, ça pourra peut être te donner des pistes. J’ai mis en place des activités de vie pratique dans les 3 classes, car c’est assez simple à réaliser.

  • pour la classe de PS: c’est là ou j’ai amené le plus de matériel, principalement sensoriel, on travaillait sur des tapis et peu à peu je leur présentais le matériel (après la sieste au début) .
  • pour les ms/gs: activités de vie pratique, puis principalement axé sur les maths/ découverte du monde(matériel maths+puzzle et globe géographie avec projet “tour du monde”)
  • pour les ps/ms:activités de vie pratique et sciences (aimants/flotte/coule…)
    Je gardais aussi des ateliers à inscription : je proposais différents ateliers et ils s’inscrivaient le matin. C’est un bon compromis je trouve.
    Voilà, cette année en PS je vais travailler en ateliers autonomes surtout sur le toucher (plateaux avec objets à trier : lisse/rugueux - piquant/doux etc)
    Voilà j’espère que cela pourrait t’aider. Courage car c’est pas facile de ne pas mettre en place ce que l’on veut !
    Bonne année à toi en espérant que tu trouves un fonctionnement qui te corresponde.

#3

Une instit que je connais avait en postes fractionnés fabriqué plein de “tiroirs” en maternelle qu’elle emmenait d’une école à l’autre tous les jours!


#4

Je ne suis pas dans cette situation, @margue, mais je crois que j’aurais tendance à me focaliser, dans un 1er temps, sur le mi-temps où j’aurais plus de latitude pour mettre en place mes choix.


#5

Merci pour vos réponses. J’ai eu la même “intuition” que toi @ElemCE1 et ma classe à 50/100 est celle qui se passe le mieux pour l’instant. Je me déplace à vélo donc je ne peux pas emporter de tiroirs mais je pense sérieusement à installer des activités autonomes dans un peu toutes les classes, même si je vais surement y passer mes weekend!


#6

Une amie était en poste fractionné. Elle se baladait dans 2 écoles (sur 2 jours. elle était à mi-temps) elle a fait par période des thèmes et elle baladait les activités dans ses sacs. juste 2 sacs d’une classe à l’autre…
En lisant ton mail, je me dis que tu pourrais faire des ateliers sur un thème (ex : grandeurs mesures géométrie) un autre sur les maths, un autre sur le cycle de vie des animaux …en géographie… Et d’une période à l’autre tu fais tourner les ateliers d’une classe à l’autre. … C’est une idée… Elle vaut ce qu’elle vaut… Mais elle peut aussi être un déclencheur… Bon courage…


#7

Bonjour margue,
Je suis dans la même situation que toi. Je n’ai pour le moment que des postes fractionnés. Je fonctionne de manière traditionnelle quasiment toute la journée sauf sur quelques créneaux bien définis. Tu fonctionnes en autonomie totale?
Concernant le matériel les enseignants référents m’ont tous fait une petite place pour que je stocke mon matériel. C’est loin d’être un idéal. Pour le moment je me console en me disant que j’approfondis les lois naturelles de l’enfant en douceur. Je trouve que le plus compliqué et le moins satisfaisant étant l’ambiance.
Je m’applique sur ces temps là (où nous travaillons l’autonomie) à travailler plus précisément ma posture : douceur, bienveillance et cadre…Cela fait 2 années que je fonctionne comme cela et ce n’est pour moi qu’un compromis. Je me console en me disant que même si j’avais une classe je ne me lancerai pas tout de suite dans l’autonomie. De mon côté les choses se passent dans la lenteur et j’avoue que j’y fais très attention car les adultes avec qui je travaille ou ai travaillé me semblent peu ouverts aux lois naturelles de l’enfant. Bon courage à toi


#8

Bonjour !

Comme beaucoup ici, j’avais des temps fractionnés l’année dernière, le même type de configuration que toi : 25% (ce1-ce2) / 25% (TPS-PS-MS) / 50% (GS). Avec mes collègues de maternelle, la sensibilité aux ateliers autonomes était ouverte et on a mis en place quelques trucs, même si ce n’était que des tiroirs bricolés avec les moyens du bord et utilisés sur un temps limité, c’était toujours ça.

J’essayais de me concentrer sur l’aspect affectif et relationnel, d’apporter quelques outils aux enfants pour gérer les conflits, leurs émotions et instaurer des règles de bienveillance en classe. Ce n’était vraiment pas simple car les fonctionnements installés étaient très traditionnels, et devoir retirer des minutes de récréation à un élève qui va aux toilettes pendant la classe, ou donner des bons points à la fin de la semaine, ça a été pour moi d’une grande violence.

J’ai eu du mal à m’en détacher, pourtant je pense que c’est indispensable. Dis-toi que ce que tu apporteras à tes élèves sera toujours un petit quelque-chose de gagné, mais essaye de ne pas culpabiliser ou trop te prendre la tête. Avec du recul, on se rend bien compte qu’en tant que complément on n’a pas la main sur la classe, donc je pense que c’est important de savoir garder ses distances et se dire qu’on fera mieux une autre année !

Courage à toi pour tout ça. :slight_smile:


#9

Bonjour,
C’est très rassurant de lire vos messages. J’ai le sentiment d’être moins légitime dans les écoles où j’interviens du fait que je n’y suis qu’une fois par semaine. Ce n’est plus vraiment le sujet de cette conversation mais cela me fait du bien d’aborder ces questions. J’ai lu une autre conversation sur la bienveillance et l’autorité sur le forum. Les discussions y sont très enrichissantes. On aborde le sujet des lois naturelles de l’enfant, du regard que l’on porte sur l’enfance. Et la position de quart ou de mi-temps rend ces questions encore plus sensibles. Comment rester douce et bienveillante à l’égard de ses collègues?
Un travail à faire sur soi-même et sur plusieurs écoles…
Tout comme Océane il m’est arrivé de devoir supporter des situations que me faisaient violence. Comme punir un enfant de son doudou à la sieste car il n’a pas écouté au bon moment…écouter des collègues parler des enfants de manière extrêmement négative, entendre dire que les enfants n’ont plus le goût de l’effort quand j’aimerai entendre : “que vais-je mettre en place dans ma classe pour soutenir l’envie d’apprendre, pour faire jaillir cette soif d’apprendre que les enfants ont naturellement…?” je vois quelques collègues fatigués et qui ne semblent plus aimer ni respecter les enfants(Il me faut quand même nuancer ces propos, car je vois aussi des adultes (enseignants/atsem) qui sont naturellement doux et bienveillants). Et tout cela est extrêmement violent pour moi…Désolée ce n’est pas le fil de la discussion mais il me semble que le matériel n’est rien sans une ambiance propice à l’épanouissement de l’enfant…Et il faut beaucoup d’énergie pour instaurer cela en étant un jour par semaine dans une classe…Pour ma part cette énergie positive je la trouve sur ce forum et j’en profite pour remercier tous ceux qui passent du temps à soutenir ce vaste projet inauguré par C.Alvarez d’une transformation (lente et douce) du système éducatif. Et pour rester positive, j’avoue qu’avec le temps je vis de plus en en plus de petites victoires…


#10

Bonjour à tous et à toutes.
Je tente de faire revivre ce sujet…
Je suis complément de temps partiel pour la deuxième année, mais cela fait 10 ans que j’enseigne et je change chaque année d’école, de collègues, de niveau. Je n’ai pas réussi à faire la rentrée cette année, pour exactement la raison que tu évoques Mollie: je n’avais pas l’énergie que ça demande de se partager en 3 classes, en 2 écoles et de tout reconstruire de nouveau. je suis donc en arrêt et on m’a proposé de demander un temps partiel thérapeutique pour reprendre en janvier à mi-temps.
Peut être que je trouverai l’énergie nécessaire pour reprendre, et d’où mon besoin de discussion. Pendant tout ce temps seule chez moi, il y a deux choses qui m’ont donné envie de reprendre: la lecture du 2nd livre de Céline Alvarez, et l’observation d’une classe Montessori. Le respect de l’enfant, la sérénité des apprentissages, la joie d’apprendre, le lien entre enseignant et enfant, la paisibilité qui se dégage lorsque les besoins sont respectés… C’est ça que je veux, c’est de ça dont j’ai besoin et j’ai une énergie folle à dépenser pour cela.
Mais voilà, en janvier, je vais reprendre sur une ou deux classes, avec des enseignants peu ouverts, plus ou moins bloqués dans leur méthode de lecture (ce sera des CP normalement) et déjà lancés dans leur année.
Comment obtenir un compromis convenable? qui soit motivant et enrichissant? quelles petites choses simples vous ont permis de garder votre motivation? je suis à la recherche des moindres détails qui me redonneront le gout d’y retourner et d’attendre patiemment d’avoir ma classe.
Merci d’avance pour vos réponses!
Malika