L'hygiène en petite section


#1

J’ai une classe de TPS, PS et MS…et certains de mes PS en sont encore à un stade de patouille-bavouille…(pas ce pb cette année en TPS).
Ça fait un certains temps que je travaille en maternelle et un nez qui coule ou un bisou un peu baveux de m’effraye pas!..mais là c’est vraiment pas glop…ces 2 enfants mettent beaucoup de choses à leur bouche (chez l’un ça ressemble vraiment à de la malice), bavent sur le matériel, ne se mouchent bien sûr pas (mais font des tartines sur leur visage. avec leurs mains…), et même lèchent les tables, les chaises…et se lèchent même parfois mutuellement le visage. leurs écharpes sont toujours machonnées et baveuses (dans le meilleur des cas…)…
Je pense qu’ils ont encore besoin d’appréhender le monde avec leur bouche mais le côté hygiène pose vraiment problème…nous sommes en plein pic de gastro et grippe! …et je dois avouer que parfois ça me dégoute vraiment.
J’en viens à dire des choses pas du tout bienveillantes (tu n’es pas propre, c’est cochon ce que tu fais etc…). J’essaie de rester sur un qualificatif de l’action et pas de l’enfant mais je dérape régulièrement…mon atsem c’est pire…
Des astuces à partager? Des conseils d’organisation? parce que là, je nous sens vraiment très loin de l’enfant ordonné qui se déplace avec grâce et élégance dans la classe…(l’un deux est d’ailleurs très gauche, peu équilibré dans ses déplacements)


#2

Bonjour,
Vous parlez de petite section donc 3 ans, si à cet âge ils mettent de la malice dans ce type de comportement c’est qu’un ou plusieurs adultes y a prêté un peu trop d’attention et/ou que l’hygiène de leur nez est négligée. Ils n’ont pas encore assez d’expérience de la vie pour savoir ce qui est bien ou pas hormis à travers les réactions des adultes. Quelqu’un à l’école ou à la maison est “responsable” de ce comportement.
Ce qui est sûr c’est qu’à cet âge ils réagissent en fonction de leur bien être. Contrairement à ce que certains adultes pensent, un nez sale ça les gène et comme ils réagissent en fonction de la satisfaction de leurs besoins, s’ils sont mal ils réagissent mal pour nous le faire comprendre.
Je travaille en maternelle (AVS), en PS les nez qui coulent et la morve jusqu’au front c’est courant ; apparemment à cet âge ils n’ont pas encore le réflexe de se moucher tout seul, c’est le rôle de l’adulte de leur dire quand il faut le faire et éventuellement de les aider à le faire. Pendant la récréation je suis toujours en train de moucher les petits parce que les autres adultes ne le font pas.
J’ai remarqué que certains enfants ont plus le nez qui mouchent que d’autres car ce sont souvent les mêmes que l’on voit dans la cour avec le visage souillé par un nez négligé, ils sont apparemment plus fragiles.
Peut-être qu’un suivi assidu de leur nez pendant quelques temps leur permettra d’apprécier le plaisir d’avoir un nez propre (ils apprécient vraiment) et ainsi leur donner l’envie de se moucher ou au moins de demander quand ça devient gênant. Ils sentiront que leurs besoins sont respectés par les adultes qui sont responsables d’eux et ça ne peut que leur faire du bien.
Garder son énergie pour un suivi des nez plutôt que pour faire des remarques désobligeantes d’autant qu’à mon avis c’est plus agaçant et plus usant, bien moins utiles et très certainement délétère pour ces petits. C’est plus rapide de prendre un mouchoir et d’essuyer le nez que de faire la morale, donc en plus on gagne du temps et on économise de l’énergie.
J’ai du mal à comprendre comment on peut parler de dégout quand on travaille avec des tout-petits, non je n’aime pas la morve, ni le vomis, ni le pipi, ni le caca, ni certains comportements peu hygiénistes mais après plusieurs mois d’expérience, je n’ai pas encore eu le sentiment de dégoût face à un enfant par contre beaucoup d’adultes me dégoutent par leurs attitudes envers les enfants.
Je sais ce n’est pas bienveillant de dire ça mais j’ai beaucoup de mal à être bienveillante avec les adultes qui ne sont pas bienveillants avec les enfants et en deux ans j’en ai croisé beaucoup trop à mon goût.
Belle journée


#3

@nathalie,
je trouve courageux de ta part de te poser des questions sur tes propres réactions et sur les comportements des enfants qui les déclenchent…
En effet nous sommes humaines, et nos émotions ou nos réactions sont ce qu’elles sont, elles ne sont pas volontaires même si elles en disent plus sur nous-mêmes que sur les enfants… L’important c’est d’abord de se rendre compte de l’inadéquation de certaines de nos réactions à nos propres yeux, et ensuite c’est en en parlant qu’on se donne des chances de trouver mieux la ou les prochaines fois…
Les explications de NadiaL sont très justes et elles pourraient t’aider, si tu arrives à ne pas prendre pour toi la révolte qu’elle exprime face aux comportements systématiquement irrespectueux des adultes de son école envers les plus petits…
J’ajoute que les enfants qui nous posent problème, quelles qu’en soient les raisons, sont aussi ceux qui nous obligent à progresser, à travailler sur nos propres émotions afin d’être en mesure de leur apporter ce qu’ils méritent au moins autant que les autres, à savoir le meilleur de nous…
Et c’est la part de notre métier la plus personnelle et la plus difficile à partager, mais aussi, j’en suis de plus en plus persuadée, la plus importante…
Alors merci d’exprimer ce que tu ressens, merci pour ta parole sincère et vraie !


#4

Je crois que @nathalie a suffisamment démontré sa bienveillance sur ce forum; envers les enfants mais aussi envers les collègues. Et justement aujourd’hui elle vient demander de l’aide sur un sujet qui la dépasse un peu.

De mon côté quand je vois un enfant mettre un objet à la bouche je lui demande d’aller le laver, en expliquant le problème d’hygiene à laisser sa bave sur un matériel commun toute la classe.
Pareil pour un enfant qui suce ses doigts: il doit se laver les mains avant de saisir un objet ou de donner la main, c’est une règle d’hygiène de base.
Pour le problème de nez qui coule, je crois qu’il faut demander aux parents d’apprendre à leur enfant à se moucher tout simplement. Et ensuite c’est vrai qu’il peut être nécessaire de leur dire assez souvent d’aller se moucher. Il faudra peut-être aider un peu au début; personnellement j’aide en verbalisant ce qu’il faut faire. Et si les parents font le travail à la maison, très rapidement un enfant sait se moucher seul.


#5

J’ai cherché dans ma mémoire quand j’ai pu ressentir un profond dégoût devant un comportement enfantin dans ma classe… Et l’anecdote qui m’est venue n’a rien à voir avec la bave ou la morve, mais c’était quand même du dégoût, et j’en avais été la première étonnée…
Un de mes PS était extraordinairement passif en classe, ne s’exprimait que très peu, ni par des pleurs ni par des actions ni par des mots, ne participait à rien, se laissait emmener d’un endroit à un autre sans manifester ni opposition ni intérêt… Il fallait tout lui faire, même ôter ses chaussons ou son manteau, car en fait il passait ses journées à attendre que sa mère vienne le chercher… Pendant tout le premier trimestre j’ai essayé de le rassurer et de l’aider à prendre un peu d’autonomie, sans grand succès… Il était du mois de décembre, il parlait très bien quand il voulait bien le faire, (en présence de sa mère) et ne perturbait pas les autres, je pensais que ça viendrait…
Mais un matin de janvier, où comme tous les jours je l’avais pris par la main pour l’emmener à son porte-manteau pour la récré, cette petite main toute molle, sans volonté, presque sans vie dans la mienne, ce matin-là ce contact physique m’a fait un effet inattendu, assez violent… Oui, cette mollesse, brusquement, m’a dégoûtée, c’était physique… J’ai brusquement lâché cette petite main, comme si elle était brûlante ou plutôt horriblement visqueuse… Et j’ai dit à ce petit garçon que je ne supportais plus de devoir tout lui faire, que maintenant il devait se prendre en main tout seul parce que ce n’était pas normal… Sans crier mais avec une certaine force… Il m’a regardée avec étonnement, sans se départir de son éternel demi-sourire, et puis il est allé tout seul à son porte-manteau… ça n’a bien sûr pas suffi à faire de lui un enfant épanoui en classe, mais cet épisode m’a fait prendre conscience qu’il fallait vraiment faire quelque-chose de plus pour cet enfant, parce qu’arrivé en janvier, son comportement n’avait pas vraiment évolué, ce n’était pas normal… J’avais donc demandé à rencontrer la maman, et… mais c’est une autre histoire…
Je raconte ce moment parce que cette sensation de dégoût qui m’avait prise si brusquement était venue me signaler que je devais changer de point de vue sur cet enfant, et changer de comportement aussi… Il ne souffrait pas seulement d’un petit manque de maturité ou d’une insécurité affective qu’un peu de patience suffirait à dissoudre, non c’était effectivement bien plus sérieux…
Alors je crois que ce que tu ressens, c’est que tes 2 PS ont réellement besoin d’aide, que leur comportement est vraiment la preuve que quelque-chose ne va pas pour eux, et qu’il ne s’agit pas seulement d’un petit retard de maturité non plus… Et si ça arrive maintenant c’est qu’au fond tu sais que si ça n’avait pas été trop grave ils auraient fait l’un comme l’autre plus de progrès depuis la rentrée…
N’hésite pas si tu le sens toujours pareil, à prendre RV avec les parents et/ou à faire appel au Rased ou au psy scolaire… Car ce que tu ressens n’est pas anodin et veut bien dire quelque-chose, pas seulement de toi, (contrairement à ce que j’écrivais plus haut, et je te demande de m’en excuser) mais aussi de ces enfants, grâce à ce que tu en perçois de tout ton être, qui est bien plus profond que l’intellect seul…
Se faire confiance c’est aussi faire confiance à ses propres émotions, les écouter, les accepter, les accueillir et les reconnaître, et aussi en tenir compte, accepter de se poser les questions qu’elles nous mettent en évidence… Fais-toi confiance donc…


#6

Je vous remercie de votre réponse. Effectivement, en maternelle, et ça fait 12 ans que j’y travaille, les nez qui coulent sont très courant, cela ne me pose pas de problème! je trouve cela tout à fait normal. J’ai d’ailleurs moi-même 4 enfants, et j’ai essuyé à peu près tout ce qu’on peut faire de moins ragoutant, j’ai le cœur plutôt bien accroché! Je ne pense pas faire partie de ces adultes qui négligent le bien-être des enfants pour des raisons de dégoût ou d’indifférence et je comprends très bien cette révolte que l’on peut ressentir en assistant aux scènes que vous décrivez!
Dans le cas présent, ce n’est pas tant les nez qui coulent qui me gênent, c’est plus cette espèce de manie de lécher tout ce qu’ils trouvent, de machouiller les vêtements…Je suis très proche de mes élèves et je sais qu’à cet âge en particulier, le contact physique peut être rassurant et je n’hésite jamais à faire un câlin à un enfant qui en a besoin, à prendre une petite main d’un autre qui fatigue ou à tâter le front d’un dernier qui me parait fiévreux…Ces deux enfants, auxquels je pense ont aussi besoin de ce contact, l’un a d’ailleurs eu du mal assez longtemps à se séparer de sa maman le matin. Pourtant, j’avoue que ça me gêne parfois ce côté humide et gluant, et mon impatience de les voir grandir se traduit par une forme d’agacement…pas toujours adapté!..L’autre petit garçon a fait une toute petite section avec moi l’année dernière et je ne vois pas d’évolution sur ce point, ce qui me déconcerte pas mal…Tu dois avoir raison @isa1 , si ça me gêne autant que ça dure c’est peut-être que ça ne devrait plus durer…Je dois de toute façon recevoir les parents d’ici les vacances, je leur parlerai alors de mes inquiétudes. Ces deux familles sont en confiance avec l’école, j’ai déjà eu les aînés, je ne pense vraiment pas qu’il y ait un souci d’hygiène à la maison…
Peut être est ce une forme de refus ou de peur de grandir?
Merci en tout cas de vos réponses et de votre compréhension (@Melanie et @isa1)!
Bonne fin de journée!


#8

Bonjour,

Je suis vraiment désolée de vous avoir blessée et je vous remercie pour vos réactions bienveillantes et constructives @isa1 @Melanie @nathalie

Depuis que j’ai découvert l’univers de la petite enfance, j’ai vu tant de comportements inadaptés et révoltants que je commence à avoir du mal à rester bienveillante, j’ai cru comprendre que vous l’aviez compris.

Ce forum est pour moi une source d’espoir. Il me conforte dans l’idée que la bienveillance envers les enfants gagne du terrain, et me démontre que certains y travaillent aussi dur que moi alors lire dans un post le mot dégoût à propos d’enfants ça m’a renvoyée à mon quotidien où trop de monde ne respecte pas les enfants. Les nez qui coulent en petite section et dont personne ne se préoccupe dans la cour de récréation sauf moi sont un agacement quotidien qui empiète sur ma réserve de patience pour les enfants.

Je vais de moins en moins en récréation puisque rien ne m’y oblige car voir des enfants de 2 ans et 1/2 - 3 ans avec le visage maculé de morve que je suis obligée d’aller laver parce que leur enseignante et l’ATSEM ne s’en préoccupent pas j’ai de plus en plus de mal. Et quand il fait froid les voir tous pleurer parce qu’ils ont froids et qu’ils sont trop petits pour se réchauffer en jouant parce qu’ils restent dans nos jambes je n’y arrive pas non plus. Essayer de réchauffer dans les miennes leurs petites mains rouges ça me fait mal. Il semblerait qu’il n’y a que ma maîtresse et moi que ça choque. J’ai trop souvent l’impression de vivre au siècle dernier.

Heureusement, la maitresse avec laquelle je travaille en GS/CP est merveilleuse, quand je suis en classe avec elle c’est le paradis et au moins quand il fait trop froid on va en récréation moins longtemps. On s’entend très bien, elle profite de ma présence pour m’utiliser au mieux quand l’enfant dont je m’occupe n’est pas en demande. Comme nous avons la même vision des choses nous n’avons pas besoin de mots pour nous comprendre. Je sais où je dois être dans la classe, ce que je dois faire pour la soulager, quels enfants je dois accompagner et à quel moment. C’est idéal pour débuter même si je sais que je trouverai rarement un enseignant qui partagera ainsi sa classe avec moi en me traitant d’égal à égal jusqu’à accepter mes remarques et mes points de vue comme moi j’accepte les siens, elle m’apprend beaucoup. Je lui ai prêté le livre de Céline et l’Enfant de Maria Montessori.

Je fais un gros travail sur moi pour apprendre à me blinder, à ne pas faire attention aux comportements des autres adultes mais je ne veux pas non plus tout laisser passer ; je trouve que j’ai cautionné beaucoup trop de choses depuis un an que je travaille avec les enfants et je sais que ça va continuer.

Le pire que j’ai cautionné c’est un enseignant qui a frappé les enfants, et oui, il y en a encore. C’était mi-septembre (durant ma toute première semaine d’école c’était mon deuxième jour, pas idéal pour un début) un remplaçant qu’on m’a demandé d’accompagner sur une petite sortie en CP/CE1 (l’école va jusqu’au CE1). En quinze minutes, il a tiré deux oreilles très fort et mis un gros coup de pied aux fesses. J’étais mal, très très très très mal mais je ne pouvais pas réagir devant les enfants. J’ai fini la sortie très mal à l’aise, je lui ai même répondu poliment quand il m’a parlé malgré l’envie de lui hurler dessus qui me rongeait de l’intérieur. En rentrant je suis allée voir une des enseignantes que je connais depuis longtemps (c’est l’école de mon village dans laquelle j’ai fait trois mois de stage l’an dernier). Je ne savais pas comment aborder la question alors je lui ai demandé quel était le niveau de tolérance à ce sujet et quand je lui ai raconté, elle a juste fait ah bon quand même en ajoutant que c’est tolérance zéro. Cet enseignant était vraiment idiot parce que juste après, en récréation il a recommencé dans la cour devant toute l’équipe, il a mis une très grosse fessée accompagnée d’une phrase humiliante. Là on s’est tous regardé mais personne n’a réagi, ni pendant ni après. Personne n’a expliqué à ce petit garçon (qui a de gros problèmes et qui plus tôt c’était déjà fait tirer l’oreille très fort) qu’un adulte n’a pas le droit de le frapper. Ma maitresse était dégoutée, elle a dit qu’elle allait en parler à la directrice mais rien de plus. C’est horrible, de voir un enfant de 6 ans se retenir de pleurer et chercher du regard le soutien d’un adulte parce que c’est ce qu’ils ont tous fait et moi j’ai détourné le regard parce qu’ils auraient vu de la compassion et de la peine dans le mien. Je n’avais qu’une envie c’était les prendre dans mes bras et leur dire que ce n’est pas normal, que quoi qu’il fasse un adulte n’avait pas à réagir ainsi, je n’étais plus dans l’empathie, je suis passée dans la sympathie, c’est humain mais ce n’est pas professionnel mais en même temps, rien ne m’avait préparé à ça et ça n’est pas censé arriver.

Le jeudi, après deux très mauvaises nuits et un très mauvais mercredi, je suis allée voir la directrice, que je connaissais depuis deux jours, pour lui dire à quel point j’étais écœurée et révoltée. Elle m’a répondu qu’il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait, qu’elle allait lui en parler mais aucune remontée aux autorités alors que nous étions trois adultes témoins. Et oui, directrice nouvellement en poste qui ne veut pas faire de zèle, alors quelques enfants malmenés ça ne compte pas, ce ne sont que des enfants, préserver un collègue et sa carrière c’est plus important. Pourtant elle est vraiment très gentille et bienveillante. Le pire c’est que nous avons fait comme si c’était normal auprès des enfants. Aucun discours sur le fait qu’un adulte n’a pas le droit de frapper un enfant et encore moins sur le fait qu’il faut en parler pour être protégé. Donc si parmi les élèves il y a un enfant battu (pire si c’est un de ceux qui ont été frappés) et bien nous l’avons conforté dans l’idée que c’est normal, que les grandes personnes ont le droit de frapper les enfants. J’ai honte de moi et je crois que je ne pourrai jamais me le pardonner même si cela ne m’empêche pas de vivre et ne me perturbe pas plus que ça, c’est en moi et j’y pense de temps en temps. Peut-être que ça me touche particulièrement parce que je suis issue d’une famille violente et que la violence faite aux enfants m’est insupportable. Je n’arrive toujours pas à croire que ce soit possible, qu’un enseignant lève la main sur ses élève et que toute une équipe dont moi cautionne ça en 2017.

Je ne peux pas m’empêcher de penser à ma lâcheté, parce que c’est bien de cela dont il s’agit, je pouvais moi en tant qu’individu responsable de mes actes dénoncer cet enseignant qui va très probablement recommencer ailleurs jusqu’à ce qu’un enfant se plaigne à ses parents. Mais croira-t’on la parole d’un enfant s’il n’y a pas d’adulte témoin et les enfants parleront ils ? Les nôtres n’ont pas parlé, ils n’osent même pas dire à leurs parents quand un enseignant les frappe. Je connais personnellement les parents d’un des enfants, depuis je leur dis bonjour vite fait mais je n’arrive pas à discuter, trop honte et trop peur de parler.

J’ai honte, je n’ai rien dit parce que je venais juste d’être recrutée comme AESH et que je ne voulais pas d’ennuis avec l’inspection mais les enseignants qui eux n’avaient rien à perdre surtout s’ils agissaient tous ensemble n’ont rien dit non plus. Et pourtant dans l’équipe il y en a trois très bienveillants.

Donc tous les jours je travaille avec des enseignants, y compris ma maîtresse qui est vraiment très bien, qui ne dénoncent pas un collègue qui est violent avec les enfants et je ne parle pas du personnel municipal et du maire qui ne doivent pas connaître l’existence du mot bienveillance, alors oui, je manque de plus en plus de bienveillance envers les adultes ; je les tolère, j’arrive à les côtoyer dans un cadre professionnel mais j’ai du mal à être tolérante et bienveillante en dehors de l’école et quand je viens flâner sur ce forum je ne suis pas à l’école donc tolérance zéro.

Je m’excuse pour cette digression et pour la longueur mais c’était pour vous expliquer ma réaction épidermique. Le mot dégout prononcé SUR CE FORUM par un enseignant qui parle d’un enfant ça me fait bondir parce que ça me ramène directement aux petits de l’école pleins de morve que personne ne mouche ni ne lave et à toutes les situations difficiles dont je suis le témoin muet et passif. Je suis vraiment désolée, je tâcherai de ne plus réagir ainsi, de ne plus laisser mes émotions guider ma pensée.

Belle journée


#9

Tout va bien NadiaL, ta révolte est bien compréhensible et tu n’as pas à t’excuser de ressentir des émotions, ni de les exprimer comme tu le fais…
Ici on se parle, on essaie de s’écouter et de s’entraider sans se juger… On apprend à éviter de juger les enfants, les parents, les collègues, et on apprend aussi à ne plus se juger soi-même si sévèrement…
Je ne sais pas non plus comment je réagirais si j’assistais à des scènes comme celles que tu nous as décrites de la part d’un collègue remplaçant… Et je ressentirais sûrement aussi tout ce mélange de colère, de culpabilité et d’impuissance… Parce que moi non plus, comme toi et comme tes collègues de l’école, je ne saurais pas quoi faire, j’imagine que je resterais interdite aussi… Personne n’est préparé à ça, ce sont des sujets qui ne sont jamais abordés dans nos formations… Alors que ce devrait être le B A BA de la formation de tout enseignant, et même de toute personne au contact d’enfants…
Mais c’est ainsi, les enseignants sont formés, (quand ils le sont) comme des techniciens en pédagogie cognitive, et c’est ridiculement restrictif… On nous établit des “protocoles” et il faut faire des exercices d’alerte en cas d’ incendies, d’inondations, et même d’attentats, mais on ne parle jamais de ce qu’il faut faire quand la violence fait irruption dans l’école en provenance d’un de ses acteurs, que ce soit un élève ou un enseignant… Si ce sont des parents qui deviennent violents dans l’école, là on nous dit quoi faire, on doit le signaler à notre hiérarchie et on peut porter plainte… ce qui reste très insuffisant à mon avis… Mais sinon, on doit se débrouiller comme on peut, sans espérer rien de bon de la part de nos supérieurs hiérarchiques, qui ne sont pas plus formés ni armés que nous pour faire face à ce genre de situations…
Et ce n’est pas le statut de fonctionnaire ou pas qui empêche de réagir… C’est la violence elle-même qui produit cet effet de sidération sur ses victimes et sur ses témoins…
Je ne suis pas sûre que ce que je te dis là soit de nature à pouvoir t’apaiser, mais c’est le but : ce n’est pas de ta faute si tu as été le témoin impuissant de scènes de violence éducative plus qu’ordinaire… ce n’est pas de ta faute si tu n’as pas su comment réagir… C’est toute notre société qui ne sait pas comment réagir, qui ne veut même pas savoir que ça existe et que c’est un problème…
Chacune à notre niveau, tout ce que nous pouvons faire c’est, comme tu le fais, en parler, oser en parler… Il faudrait peut-être une “affaire Weinstein” de la violence éducative pour que la société toute entière accepte de voir la réalité et se pose enfin les bonnes questions…
Belle fin de journée à toi NadiaL…


#10

Pas d’inquiétude!! En relisant mon premier message, je comprend l’interprétation que vous avez pu en faire! Surtout avec les situations auxquelles vous êtes et vous avez été confrontée…
J’ai envie de vous dire de garder cette révolte en vous, cette émotion, de continuer à la partager car ce que vous décrivez est révoltant et ne devrait être toléré par personne!
Bonne fin de journée!


#11

Peut être pourriez-vous suggérer aux parents l’achat de bracelets à mâcher ?
Vous pourriez leur proposer des auto-massages du visage, avec éventuellement des balles texturées pour qu’ils travaillent leurs sensations.


#12

Quand tu verras les parents demande leur si ces petits ne sont pas confrontés trop Souvent ou trop longtemps à la télévision. Avant 3 ans je connais trop de parents laissant leur bout de chou devant cette fameuse télévision, tous les spécialistes s’accordent à dire que les effets sont désastreux avec un ralentissement voire des régressions très importantes sur le plan moteur et psychomoteur. Dans ma classe, l’arrêt des écrans pour 2 élèves ( notamment le matin et le soir) a eu des retentissements quasi immédiat, les parents ne me croyaient pas…ils ont fini par me remercier.
C’est une piste, biensûr ce n’ est pas la seule.
Ps : nous sommes toutes confrontées un jour ou l’autre au dégoût ( bien humain), généralement je ris de moi même, car les pauvres petits n’y sont pour rien. Bise