Bonjour à tous,
J’ai assisté à une conférence de Catherine Gueguen pendant laquelle une question bien intéressante a été posée sur le choix des livres pour les enfants de moins 5 ans.
Déjà, il y a quelques années, une amie qui était alors en formation Montessori en Angleterre, m’avait dit que les contes, les histoires qui font peur ( même un peu) étaient bannis de la bibliothèque de la structure où elle était en stage. Exit méchants loups, sorcières et monstres cruels !
A l’époque, j’avais trouvé cela exagéré car les enfants à qui je lisais des histoires réclamaient encore et encore certains livres où il y avait pourtant ces personnages peu sympathiques.
Année après année, j’ai tout de même sélectionné, et force est de constater que depuis quelques temps, je fais particulièrement attention.
Les propos de Catherine Gueguen m’ont confortée dans mon choix.
Elle nous a expliqué que ces histoires ne sont pas adaptées au cerveau d’un enfant de moins de 5 ans environ, parce que son cerveau ne peut pas gérer la peur, qu’il n’a pas de recul…
Non, cela ne l’aide pas à mettre des mots sur ces peurs la plupart du temps, car au contraire cela lui apporte d’autres peurs, qui n’étaient pas les siennes et dont il se serait bien passé !
Elle dit que l’on s’étonne que les enfants n’arrivent pas à s’endormir parce qu’ils ont peur des monstres, du loup etc mais que c’est nous qui avons apporté ces personnages trop tôt !
Elle a évidemment aussi expliqué que certains allaient jusqu’à utiliser ses personnages pour faire obéir les enfants, mais je passe là-dessus, parce que sur ce forum, je pense que tout le monde est convaincue que cette pratique est néfaste !
Quelqu’un est intervenu : " oui, mais pourtant, ce sont eux qui les demandent, et redemandent…"
Et là, sa réponse m’a vraiment interpellée.
Un enfant qui se sent en sécurité, un enfant qui connaît les émotions, avec qui on en parle beaucoup, qui est autorisé à montrer ses émotions, ne choisira pas un livre qui lui fait peur, et il saura dire non, il saura aussi dire qu’il préfère sauter un passage par exemple.
Mais un enfant qui n’a pas cette capacité là, qui est déjà coupé en partie de ses émotions, va simplement être fasciné par un livre qui lui fait peur, et quand on est fasciné, on peut demander à voir encore et encore…cela ne veut pas dire que cela est bénéfique.
J’en suis arrivée à la conclusion que si l’on peut laisser un enfant choisir sans souci ses livres à la maison s’il est accompagné, que ses émotions sont acceptées et reconnues, dans une classe, où il y a des enfants particulièrement fragiles, il faudrait être vraiment prudent…et garder les personnages effrayants pour les années suivantes, où là, ils auront toute leur place.
Voilà, je voulais simplement partager cette réflexion qui, je trouve, ne coule pas de source…
Dans la salle, à l’issue du débat, j’en entendu beaucoup d’adultes se souvenir de tel ou tel livre qui les avait traumatisé, et je me suis dit que ce n’était pas anodin quand même…