Lois naturelles de l'enfant - En discuter avec l'enseignante de son enfant


#1

Bonjour,

Ma fille est scolarisée en maternelle, au sein d’une moyenne section traditionnelle. Interpellée par son changement de comportement en cours d’année, j’ai réalisé des recherches et je suis tombée sur ce riche forum.

J’ai tout de suite adhéré à la démarche et en 5 mois, j’ai lu le livre de Céline Alvarez, tous les livres de Maria Montessori et je me suis lancée dans des activités complémentaires à l’école. Franchement, je suis épuisée d’avoir eu à mener tout de front mais heureuse lorsque je vois la progression si rapide, sa facilité pour s’approprier les connaissances qui l’intéressent vraiment.

Pour être honnête, je pensais au départ que Céline Alvarez et son équipe exagéraient sans doute un peu. Tout est décrit avec tant de simplicité. Et bien, pour l’avoir testé à mon niveau, il est vrai que c’est aussi simple que cela et je me demande comment cette proposition aussi limpide n’est-elle pas encore proposée à grande échelle. Comme je le disais plus haut, je suis contente mais je me dis que c’est tellement dommage que les autres enfants de sa classe n’en profitent pas.

Après renseignements, toutes les enseignantes de l’école fonctionnent en niveau simple, parfois en double niveau en fonction des effectifs mais toujours selon le modèle traditionnel. D’ici quelques jours, je vais être conviée, avec ma fille, a un entretien de fin d’année pour la remise du carnet de réussites. Je comptais en profiter pour lui expliquer tout ce que nous avons mis en place à la maison avec succès. Sans m’immiscer dans sa pédagogie, je voulais lui proposer pour sa classe tout le matériel que j’ai acheté. Et lui proposer de fabriquer tout ce qui peut l’être, si c’est une option pédagogique qui peut l’intéresser pour l’avenir.

Mon mari pense que ce n’est pas une bonne idée. Qu’avec toute la médiatisation autour du livre, j’aurai sans doute déjà repéré une sensibilité dans nos échanges informels, si cela l’avait intéressée.

Je ne sais pas trop quoi en penser. Je me dis que 30, c’est mieux que 1. Mais bon, je ne veux pas non plus froisser l’enseignante. Que faire? Merci d’avance pour votre aide précieuse. Belle soirée


#2

C’est vraiment une idée adorable, mais comme votre mari je ne suis pas sûre que cela soit si facile à proposer…
Quand je vois que mes collègues, qui sont des personnes que j’apprécie beaucoup, bienveillantes, équilibrées, super gentilles et motivées par leur métier, observent l’esprit ouvert mon aventure, mais ne sont pas prêtes pour autant à chambouler leur pratique, je me dis que l’enseignante de votre fille pourrait très bien rester sourde à votre proposition… elle pourrait penser que ce que vous avez réussi à la maison n’est pas transposable en classe avec 30 enfants, c’est d’ailleurs le discours de beaucoup de monde dans l’Education Nationale, et notamment de beaucoup d’inspecteurs et de formateurs qui dénigrent aussi bien la pédagogie Montessori que l’aventure de Gennevilliers…
Peut-être tâter un peu le terrain avant… ce serait dommage que vous ressortiez déçue ou frustrée de cet entretien, et que l’enseignante de votre fille se sente remise en cause ou déstabilisée… Ceci dit personnellement, j’aurais adoré qu’une maman me propose son matériel et ses compétences de fabrication !


#3

Bonjour

Je pense comme @isa1 qu’il faut y aller tout doucement : certains parents sont tellement dans l’ingérence, que les enseignants en deviennent parfois très réactifs, ou fermés. Ce sont des relations qui ne sont pas simples à gérer, et selon le moment ou les personnes, cela devient rapidement conflictuel. C’est dommage, mais compréhensible.

Pourtant, je trouve ta démarche très positive.

Pour aborder ce sujet, je pense qu’il faut se positionner comme quelqu’un qui s’interroge. Si tu arrives en disant “voilà ce que j’ai mis en place, ça fonctionne, vous devriez essayer” cela risque fort de braquer n’importe quelle enseignante.
En revanche, " j’ai lu ce livre qu’on m’a conseillé pour aider ma fille, mais n’étant pas professionnelle, je ne sais pas quoi en penser. Le connaissez vous ?" Te mets dans une position plus positive et bienveillante. Ensuite tu dis que tu pourrais lui prêter le matériel si elle le souhaite, et tu t’arrêtes là : laisse lui la porte ouverte, libre à elle de revenir vers toi ensuite.

Il est très possible qu’elle ne connaisse pas le “phénomène Alvarez” :wink: … si si, il y en a encore qui ne connaisse pas le forum !!! Si elle est intéressée, elle ira faire quelques recherches. Cela prend du temps pour déconstruire les idées reçues et appliquées pendant des années.
Et comme pour les enfants, cela ne peut fonctionner QUE si la démarche est volontaire.

Félicitation en tout cas pour votre démarche et les progrès de votre puce !
bonne continuation :seedling:


#4

Bonjour @Nina92,

J’entends les réticences évoquées par votre mari et @isa1.
Toutefois, vous ne perdez rien à l’informer que vous avez fabriqué ce matériel au cours de l’année (à vous de voir si vous donnez davantage d’explications) et qu’il est à sa disposition si jamais cela l’intéresse. Peut être qu’elle ne relèvera pas tout de suite, mais au moins le message est passé et la graine est semée :slight_smile: !


#5

Bonjour,

Je vous remercie pour votre retour. Je vais continuer à réfléchir encore un peu pour la formulation. J’en ai encore rediscuté avec mon mari et il est vrai que de manière factuelle, l’objectif serait de semer une graine mais ne pas s’attendre à du changement. En tout cas, pas pour la prochaine rentrée.

Nous nous basons sur une micro anecdote. Une maman que nous connaissons venait de déposer son fils et dit sur un ton humoristique dit :"depuis ce matin, il me fait la révolution. Et mon mari répond dans la foulée “ça tombe bien, il est à l’école”. J’ai vu que la maîtresse a entendu mais est restée fermée. La maman n’a pas fait le lien tout de suite puis a dit "ah la révolution de l’école, le livre de Céline Alvarez. Je ne l’ai pas lu.

De toute façon, je ne me fais plus trop d’illusions. Je pense qu’il y a des enjeux qui me dépassent, des fonctionnements internes que je ne maîtrise pas, une compréhension de l’organigramme pas toujours simple à comprendre pour les parents. En tout cas, si cela ne se met pas en place dans l’école de ma fille, je donnerai tout ce que j’ai à un(e) enseignant(e) qui veut se lancer dès lors que je n’aurai plus l’utilité du matériel. Pour moi, c’est important. La volonté de partager l’expérience de Gennevilliers, l’entraide sur ce forum. Ce sera ma contribution à la diffusion de ces idées. Belle soirée


#6

Bonsoir,
Puis-je vous demander ce que vous avez mis en place à la maison et quel matériel vous avez acheté ?
Il me semble avoir lu dans le livre de Céline que sa démarche fonctionnait dans un groupe d’enfants d’âges différents mais n’était pas adaptée pour un enfant seul et que ce n’était pas la peine que les parents investissent dans du matériel. Pourtant pour votre fille ca a l’air de bien fonctionner.
Merci d’avance.


#7

Bonsoir,

Je propose en fonction de ce qu’elle fait à l’école et en fonction de ses centres d’intérêts du moment. J’essaie de lui donner un tremplin là où l’école s’arrête.

Lorsqu’elle a commencé à étudier les lettres capitales, j’ai greffé le son des lettres avec les lettres rugueuses. En mixant les 2, elle a su lire en 4 mois. Idem, lorsqu’elle a abordé cercles, triangles…présentation du cabinet de géométrie et des solides. Pour le coup, cela n’a pas fonctionné tout de suite puisque son truc c’était encore les lettres à ce moment là. D’ailleurs, cela ne l’intéressait pas non plus à l’école au moment où cela a été présenté. Par contre, plusieurs mois plus tard, c’est maintenant que ça l’intéresse. Et cela va se traduire par exemple, par un arrêt à chaque poteau de la ville où se trouve des jardinières d’ornement et elle va dire : “regardes c’est une sphère, et ça un cylindre”.

De la même façon, elle connaissait déjà sa frise numérique jusqu’à 30 et demandait à sa maîtresse la suite. On a placé une frise de 100 à la maison puis introduction des tables de Seguin.

Avec l’arrivée du printemps, nous avons beaucoup lu de livres, fais des plantations et observé au parc. C’est ainsi que sont arrivés les puzzles de botanique et zoologie.

A l’école, elle apprend des choses. Tout l’intérêt d’une classe, c’est les échanges entre enfants. Même en simple niveau, ils se distillent entre eux des connaissances. L’autre jour, elle est revenue en me disant :“tu veux que je t’explique ce que c’est les mâchicoulis?” Et c’était un garçon de sa classe qui lui avait appris cela.

Avant j’essayais toujours de lui acheter de très beaux livres, des jeux un peu intelligents et coopératifs. Puis en l’espace de 2 ans, j’ai compris que la meilleure place était au sein de sa classe. J’en ai donc fait don car c’est là que ces outils ont le maximum de bénéfice pour elle et par ricochets, sur les autres enfants. Et moi, j’ai apprécié d’avoir une chambre vidée :wink:

Et sinon, comme elle a un petit frère, elle s’entraîne sur lui pour lui réexpliquer les choses.

Je ne sais pas si je réponds à votre question mais disons que je ne lui fais pas des présentations acharnées, dès qu’elle sort de l’école. Je ne pourrai jamais lui offrir l’émulation d’une classe multi-âge et ce n’est pas le matériel qui fait tout. C’est un support intéressant mais si ce n’est pas le bon moment pour l’enfant, il ne sert à rien. C’est ce que j’ai pu constater sur la géométrie. Lorsque j’observe quelque chose, je saute sur l’occasion.

A ce jour et selon ma petite expérience, le très gros point noir de l’école traditionnelle que je constate pour ma fille, c’est la perte de l’autonomie dans les choix, la comparaison constante avec des enfants de son âge et la validation de l’adulte qui prime sur tout à ses yeux. C’est vraiment dans ce sens, que je vois tout le bénéfice d’un changement pour l’ensemble des enfants et ce qui motive ma démarche. Pour le matériel, j’ai acheté ce qui correspondait aux envies et besoins de mon enfant, en me fiant à la présentation didactique et en choisissant une qualité qui pouvait aussi convenir à une utilisation de classe lorsque je le donnerai.
Belle soirée


#8

@Nina92, vous êtes une maman qui a su parfaitement trouver sa place harmonieusement avec l’école, bravo :clap:
Merci pour votre témoignage.


#9

Merci beaucoup pour votre réponse.
Et bravo pour l’accompagnement de votre fille, je pense que je vais m’en inspirer pour la mienne, qui est entrée à l’école cette année.
Je suis impressionnée que votre fille ait su lire en 4 mois, est-ce que vous avez suivi toute la progression de Céline avec alphabet mobile et mots écrits ou uniquement les lettres rugueuses ? Je ne souhaite pas spécialement que la mienne sache lire rapidement, mais je voudrais qu’elle apprenne à lire avec plaisir. Et malheureusement je vois beaucoup d’enfants dans mon entourage pour qui ça ne se passe pas comme ça en CP.

Par rapport à votre question de départ, je pense que l’enseignante a du s’apercevoir que votre fille savait lire. Vous pouvez partir de ça pour lui parler de ce que vous avez mis en place. Et peut-être mettre en avant le plaisir de votre fille dans ces activités, car certains enseignants peuvent penser que les parents poussent leur enfant pour qu’il soit en avance ou “le premier” (il y a sans doute certains parents qui ont en effet cet objectif).


#10

Bonsoir.

Merci pour vos encouragements. Même si c’est vrai que cette année a été marquée par des évolutions impressionnantes de ma fille, j’essaie toujours de rester critique par rapport à mon fonctionnement. Tout d’abord, ce que je mets en place se fait à des moments où elle est moins disponible (fin de journée, we) et l’accès au matériel est forcément limité en comparaison à une classe. Je considère donc qu’elle a accès à un choix mais qui est forcément restreint, voir orienté. Rien que par ce point, je m’éloigne de la philosophie de départ. J’essaie juste de faire de mon mieux.

Par rapport à mes observations, il était vraiment important qu’elle réalise des activités de vie pratique mais était assez réfractaire aux propositions qui emballent un enfant de 3 ans.
Lorsque je fais un constat comme celui-là, j’ai toujours en tête que mon temps disponible n’est pas extensible, qu’il est à partager entre plusieurs enfants et que le moteur doit être le plaisir. Voilà une idée par exemple, mise en place durant les sorties au parc: http://www.craftiments.com/2013/06/NatureWeavingCraftandSolarOvenSmores.html
Et comme on rencontre toujours des plus grands et des plus petits, chacun y va de sa créativité et de ses idées, avec finalement un bout de laine.

Donc, je suis très loin des expérimentations qui sont relatées sur ce forum. J’essaie de faire ce que je peux, avec mes contraintes et mes possibilités.

Sur la question de l’acquisition de la lecture, je voudrais vraiment préciser que je ne l’ai vraiment pas poussée dans ce sens. Depuis ses 2 ans, on m’a souvent renvoyé qu’elle avait vraiment investi le langage de façon très importante. Je me disais toujours, qu’elle en était au même niveau que les autres enfants. Qu’il ne fallait pas non plus exagérer.

Par contre, j’étais complètement focalisée sur son manque d’intérêt pour la motricité ce qui m’agaçait franchement. J’étais confrontée à un enfant aux centres intérêts diamétralement opposés aux miens. A 2 ans, je l’ai inscrite à un cours de bébé gym pour la dynamiser un peu. Des parcours fantastiques, du matériel à profusion. Elle faisait le parcours (ou pas d’ailleurs) et attendait avec impatience la fin de la séance pour les chants. Moment qui permettait le retour au calme. Pendant 1 an, son plaisir était de chanter en groupe…durant un cours de sport. C’est à ce moment-là que j’ai arrêté de faire les choses à contre-courant. Pendant toute son année de PS, c’est encore la question du langage qui a été mise en avant par son enseignante. Par rapport à toute son organisation interne, et ce depuis des années, c’est son point d’intérêt. Avoir eu connaissance d’une méthodologie s’appuyant sur les lois d’apprentissage des enfants, au moment où elle en avait besoin, est une chance inouïe. Elle a reçu les clés d’accès à un trésor, le tout dans la facilité, la joie et la bonne humeur. Comment ne pas être reconnaissante et convaincue par le travail qui a été mené par Céline Alvarez et Anna Bisch? Cela faciliterait tellement la vie d’enfants qui ne peuvent pas être aidés à la maison. On parle vraiment d’égalité des chances, d’apprentissages sereins, d’estime de soi.

Ce rendez-vous me stresse un peu car j’ai la sensation que nous avons marqué l’essai avec ma fille. Et qu’il faut (idéalement) le transformer pour qu’il puisse en toucher d’autres.

Ce qui est tout de même très étrange et nous questionne en tant que parents, c’est que l’école de ma fille est situé dans le même département où a été réalisée l’expérience de Gennevilliers. Sur la cartographie, très peu d’écoles publiques recensées. Les freins de l’Education Nationale ont sans doute été tellement puissants, que les initiatives doivent être sans doute étouffées avant de voir le jour.
Parce que franchement, à part être sourd et aveugle, il faut sacrément manqué de bon sens pour ne pas admettre que cela fonctionne.

Alors, oui, je vous confirme que pour 25 euros de budget (et encore parce que j’ai choisis de réaliser mes lettres rugueuses sur du bois pour la solidité), lorsque qu’un enfant est prêt et non entravé, il peut apprendre à lire en un temps record. Pour ma part, j’ai suivi à la lettre la progression expliquée dans le livre (lettres rugueuses, alphabet mobile…). Belle soirée à tout le monde!


#11

Bonjour,

Voilà quelques nouvelles de notre rendez-vous d’aujourd’hui. La base de l’échange était le cahier de réussite. J’ai laissé mon mari mené l’entretien car il est plus calme. De fil en aiguille, elle nous a fait part de ses observations et nous a indiqué que notre fille était proche de la lecture. Qu’elle la voyait souvent essayer de décoder tous les mots lorsqu’elle écrit au tableau.

Et là, j’ai adoré la réaction de la gamine :“Non, je sais très bien lire. Mais il n’y avait pas d’étiquettes pour dire que je savais lire. Alors je n’ai pas dit que je savais lire”. Logique implacable d’un enfant.

Elle a admis que cette information allait lui faire revoir la progression à proposer en GS pour ne pas qu’elle s’ennuie avec sa future enseignante. Et qu’après la validation des effectifs, si un double niveau était ouvert cela pourrait être sans doute bénéfique pour gommer l’effet “comparaison entre des enfants du même âge” qui a été très prégnant cette année.

Puis une autre famille est arrivée, alors plus le temps d’ajouter quoi que ce soit.

Conclusion du mari: on avance. Ne soyons pas impatients.

C’est les progrès de notre fille qui parleront pour nous. Ils seront encore plus visibles l’an prochain vu ce que l’on perçoit déjà. Selon lui, il sera temps à la rentrée de proposer à l’enseignante le matériel nécessaire à notre fille, afin d’éviter un travail supplémentaire d’accompagnement spécifique. Argument audible lorsque l’on s’occupe de 30 enfants… Ayant été déjà présenté, notre fille pourrait s’en saisir en toute autonomie au sein de la classe.

Beaucoup de si, dans cette conclusion. Il nous faudrait un terrain favorable à la rentrée. Difficile mais pas impossible.

Je pense que je garderais de cet entretien le souvenir du regard totalement étonné de l’enseignante plongé dans le regard de ma fille. Haute comme 3 pommes, elle ne comprenait vraiment pas du tout le caractère exceptionnel de l’information livrée et tout ceci à moins de 5 ans.

C’était drôle et moi j’ai eu en tête "« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait », Mark Twain.

En tout cas, merci pour votre soutien et votre aide précieuse. Bel été à tout le monde!


#12

Merci pour vos beaux témoignages ! :blossom:


#13

Bonsoir
Je me permets de vous contacter car mon fils nous a appris ce jour, que ces (2) maitresses- il est en MS- interpellent les enfants en les traitant (je cite:) “d’imbéciles”, quand par exemple un élève- pour rappel âgé entre 3,5 et 4,5 ans - glisse dans la classe.
J’en perds mon latin…Comment une maitresse peut traiter ses élèves de la sorte?
Que dois-je faire?
Merci d’avance pour votre aide.
Isabel


#14

Bonjour @Isabel33,
Pourquoi ne pas rencontrer directement la maîtresse et lui parler de vos inquiétudes, avec bienveillance ? Peut-être était-elle fatiguée (la semaine qui précède les vacances est épuisante pour les enfants et les adultes) ? Nous avons tous dit un jour ou l’autre des mots que nous regrettons ensuite. Dites-lui simplement que les mots qu’on utilise pour s’adresser à un enfant ont un impact fort sur lui. Si vous êtes dans la bienveillance et le partage, et non dans l’agression, vous avez toutes les chances d’établir un dialogue constructif !:wink:
Anne


#15

je n’en reviens pas que même ici, ça se transforme en … pour les enseignant(e)s…
je me souviens d’une fois où j’avais demandé à un enfant “d’arrêter de faire l’imbécile” dans le rang… sa mère m’avait sauté dessus “restez polie avec mon fils hein, je sais bien que c’est un p’tit con mais quand même !”


#16

Bonjour @isa1,

Je comprends votre frustration, ce n’est pas toujours facile de faire face aux questions/critiques des parents, en tant qu’enseignant. Cependant, il est aussi légitime et sain que les parents se posent des questions et puissent en discuter avec les enseignants. Il me semble qu’@Isabel33 était justement dans la démarche de savoir quelle était la meilleure façon d’aborder le sujet. Je ne crois pas que ce forum soit un “tribunal”, en tout cas je ne l’espère pas.

Si tel ou tel message vous paraît partir dans une démarche accusatoire, merci de le signaler aux modérateurs. Si ce n’est pas le cas par contre, je vous demanderai de bien vouloir ne pas utiliser de termes tels que “tribunal” qui peuvent avoir tendance à crisper le débat. N’hésitez pas à éditer votre message si vous pensez pouvoir trouver une tournure qui laisse plus de place à la compréhension mutuelle.

Je vous souhaite une belle journée et de belles fêtes de fin d’année :blush:


#17

et personne ne va dire à cette maman, et à toutes les autres qui ont envie d’en faire autant, que venir demander des explications “bienveillantes” pour un oui pour un non comme ça, et sur de tels fondements, (je viens d’apprendre de la bouche de mon fils aujourd’hui…) c’est impensable !
moi la maman “bienveillante” qui demande un rendez-vous avec ce genre de sujet, je lui parle gentiment certes mais d’abord je cherche à savoir s’il y a un vrai problème quelque-part…


#18

Bonsoir

… il me semble que si une enseignante traite les élèves d’imbéciles, IL Y A un vrai problème, là, tout de suite …
Evidement, il peut - comme le souligne @kej - s’agir d’un mot qui aurait dépassé la pensé à un moment de fatigue, mais, s’agissant de 2 personnes différentes, il y a matière à s’interroger.

Certes, en tant qu’enseignante, vous trouvez pénible cette demande puisque vous n’envisagez pas qu’elle soit légitime. Je ne doute pas qu’il vous semble impensable qu’une collègue parle avec ces mots à des élèves, puisque nous œuvrons pour le respect des enfants. Malheureusement, il est inutile de se voiler la face : cela existe encore.
Et si personne n’en parle, cela ne se sait pas, et ne risque pas d’évoluer dans le bon sens.

Je ne sais pas sur quels autres fondements vous voulez que les parents se basent autre que la parole de leur enfant ?

Je pense que @Isabel33 est plus dans une démarche de demande d’aide et de tentative d’évolution justement. Il est dommage que vous ne l’entendiez pas.
Le conseil de la demande de rendez-vous est celui que j’aurai fait également : la discussion est toujours la base de bonnes relations.
Il est important que l’enfant constate que ses parents ne cautionnent pas ce langage qui n’a pas lieu d’être. Si les enseignantes ne réalisent pas l’importance de l’attention qu’elles doivent porter à leur langage, il est bon de leur signaler que les élèves en sont choqués… cela réveillera peut être leur flexibilité cognitive ?


#19

Je pense comme Kej et Hélène que la première chose à faire est de prendre rendez-vous avec les maîtresses.
L’enfant a peut-être entendu “imbéciles” dans la phrase citée par isa1 “arrêtez de faire les imbéciles” comme on pourrait dire “arrêtez de faire les petits fous”. Ce qui, à mon avis est totalement différent que de dire à un enfant ; “arrête, imbécile !”.
Lors de ma première année d’enseignement, un enfant de PS avait raconté à ses parents que je faisais une marque rouge sur les enfants qui n’étaient pas sages. Le père était venu dès le lendemain matin, calmement, entendre ma version. Grâce à cette attitude, j’ai pu lui expliquer que pour un jeu, j’avais fait un rond de couleur au feutre sur le dos de la main de chaque enfant et que son fils était dans le groupe rouge.
Le fait que le père vienne me parler sans à priori a permis de clarifier les choses et de désamorcer une situation qui aurait pu compromettre le lien avec cette famille.
Cela m’a également fait comprendre que ce qui pour nous, adultes, avait un sens qui nous semblait limpide, pouvait être interprété totalement différemment par les enfants. D’où l’attention constante que nous devons porter vis à vis des termes que nous utilisons. Attention qui ajoute à la fatigue ressentie en cette fin d’année chez tous les enseignants et qui peut parfois se relâcher sans faire de nous de mauvaises personnes.
Donc, rencontrer ces enseignantes, communiquer pour le bien-être de tout le monde ; enfants et enseignants.


#20

@isa1 Un adulte ( peu importe que ce soit un enseignant, un parent, un passant…) peu traiter un enfant d’imbécile sous le coup de la colère, de la fatigue, de l’épuisement, mais dans ce cas, il peut se reprendre, présenter des excuses, réparer cette maladresse. Si l’enseignante de ce petit s’était excusée, si c’était arrivé occasionnellement, et cela avait été bien réparé, il n’y aurait certainement pas eu lieu de faire remonter l’histoire…
Un enseignant qui ne peut plus s’empêcher de sortir ce genre de commentaires, qu’il le fasse avec humour ( ce qui ne blessera pas forcément moins certains enfants), par conviction éducative, ou tout simplement, comme dans la plupart des cas, par épuisement…devrait peut-être remettre en question sa place au sein d’une classe. Et cela ne serait absolument pas condamnable, ni signe d’échec ou d’incapacité ou je ne sais quoi…c’est juste normal, tout le monde devrait pouvoir se retirer, un petit moment, un long moment, ou changer de voie lorsqu’il sent qu’il n’en peut plus…
Donc, oui, c’est le genre de chose que l’on ne devrait pas laisser passer au sein d’une classe et qui me semble nécessiter un dialogue. Si c’était l’enfant qui disait à son enseignante qu’elle était imbécile, est-ce que celle-ci n’en parlerait pas aux parents ?
Le travail que tu fais dans ta classe est formidable, cela transparaît dans tout ce que tu racontes, j’adore te lire et me dire que oui, il y a des classes où les enfants sont respectés ! Malheureusement, ce n’est pas ainsi partout…
Ce n’est pas jeter la pierre à qui que ce soit que de reconnaître qu’il y a des classes où la violence est présente. C’est simplement avoir conscience que cela vient non seulement d’un manque de formation et d’information, et d’une violence éducative qui se transmet de génération en génération et dont on hérite…

Depuis jeudi dernier, jour du vote de la loi “égalité et citoyenneté”, les parents doivent s’abstenir « de toutes les formes de violence : physiques, verbales et psychologiques » pour éduquer leurs enfants.
Encore une fois, l’idée n’est d’enfoncer personne, ni les parents, ni les enseignants, mais au contraire de veiller ensemble à ce que ces violences disparaissent…

Une enseignante traite un enfant d’imbécile, ses parents peuvent aller lui expliquer que cela a blessé l’enfant, inviter l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il a ressenti, et dire que cela n’est pas acceptable. Et dans l’autre sens, une enseignante peut intervenir et dire que ce n’est pas acceptable lorsqu’à la sortie des classes un enfant se fait traiter de “petit con” par ses parents ou se prend une gifle. Même si cela ne mène à rien en apparence, l’enfant aura entendu un autre son de cloche, aura été entendu par l’un ou pas l’autre, et cela n’est pas rien…
Si personne n’ouvre le dialogue " par respect des choix d’autrui", la violence ne va jamais cesser…J’ose espérer que cette nouvelle loi et la campagne d’information prévue vont aider à aller dans ce sens. Sans accuser, on peut informer…et dire stop. Que ce soit à un enseignant ou à un parent, ou à un passant.