Manque de soutien de mon Conseiller Pédagogique de Circonscription (CPC)


#1

J’essaie depuis la rentrée d’octobre de mener une nouvelle façon d’enseigner. De faire du “autrement” avec comme livre de chevet “les lois naturelles”. Je suis pleine de doutes mais à bloc.
Je demande l’avis du conseiller péda et voici sa réponse:

“”""Bonsoir Guilène!
Je reviens vers toi après quelques recherches, échanges avec des collègues formateurs, nouvelles lectures et participation aux conférences des 24h de la maternelle.
Je suis au final très perplexe quant à la démarche de Céline Alvarez à adapter au CP. Ce que j’ai pu synthétiser est que sa méthode basée sur les lois naturelles des enfants (notamment sur la motivation intrinsèque) est applicable à la maternelle en y mettant le bémol suivant : il faut que la totalité de la communauté éducative soit impliquée. Là où je ne suis pas d’accord avec ses principes (au même titre que la plupart de mes collègues) c’est que la motivation intrinsèque ne suffit pas dès lors que l’on veut amener les enfants à devenir élèves. La motivation extrinsèque qui est de notre ressort est déterminante dans ce processus de “transformation”.
L’école élémentaire doit s’appuyer sur ce que fait la maternelle qui fait partager des expériences communes pour amener les élèves à ne plus parler “de” mais à parler “sur”. Les élèves qui arrivent ainsi au CP ont cette culture commune qu’il convient d’étirer et de structurer. Les élèves de CP (le passage au CP à cet âge n’est pas le fruit du hasard mais résulte des travaux de chercheurs tel Piaget) ont besoin de fonctionner différemment et doivent pour apprendre respecter la voie suivante : découvrir-s’entraîner-automatiser; ce que la méthode de Céline Alvarez ne permet pas au CP.
Les élèves de cet âge ont besoin avant tout de régularité et de cadre pour pouvoir apprendre, d’autant plus en Education Prioritaire.
L’école a besoin également de fixer un cadre commun et il faudrait pour, que cela fonctionne, que tous les collègues soient impliqués dans cette méthode pour une cohérence tout au long du parcours (sans parler du collège).

J’insiste aussi sur le fait que l’application de cette méthode nécessite sa maîtrise totale!

Pour aller plus loin et t’exposer très clairement mon avis en attendant de te rencontrer comme prévu la semaine prochaine, je pense qu’il est trop tôt pour toi pour t’engager sur cette voie et pour le bien-être de tes élèves-apprenants, il convient de revenir à une méthode plus “traditionnelle”.
Je reste bien sûr disponible d’ici là pour tout échange, et ce, afin de ne pas te laisser seule avec mes perplexités.""""

Merci de m’aider à répondre à ce monsieur qui au demeurant est fort sympathique mais que j’imaginais moins fermé. Moi cela me navre et j’ai besoin de soutien plus que tout. Ce post est en doublon sur Facebook à peu de chose près.

Gag à part: j’ai reçu ce message tout en faisant la queue pour rencontrer Céline en Dédicace au Mans !!!


#2

Bonjour @Guilouvole,
Je suis vraiment atterrée par la réponse de ce conseiller pédagogique. [quote=“Guilouvole, post:1, topic:1748”]
la motivation intrinsèque ne suffit pas dès lors que l’on veut amener les enfants à devenir élèves. La motivation extrinsèque qui est de notre ressort est déterminante dans ce processus de “transformation”.
[/quote]

Quel est le but de l’EN ? Transformer les enfants en élèves ? Ou les guider vers l’autonomie, les émanciper, les aider à trouver leur voie ?[quote=“Guilouvole, post:1, topic:1748”]
ont besoin de fonctionner différemment et doivent pour apprendre respecter la voie suivante : découvrir-s’entraîner-automatiser
[/quote]

Ça sort d’où ce point de vue très personnel ? Ce n’est qu’un choix pédagogique : le traditionnel. En quoi est-ce “la” voie ?

Ah oui, alors pourquoi il n’impose pas cette cohérence aux autres collègues, qui elles travaillent en projet, en tradi, d’inspiration Freinet, en groupes, j’en passe et des meilleures…?

Tu es libre d’utiliser la pédagogie que tu sens la plus appropriée pour tes élèves.
Ce monsieur est peut-être sympathique, mais il est obtus c’est sûr, voire à la limite de l’incompétence: Il est incapable de se mettre à ton écoute et de t’accompagner dans ton cheminement pédagogique, alors que c’est son travail, me semble-t-il.
Bon courage à toi !
Anne


#3

Chère Guilène,

Pardon d’avoir manqué de temps hier soir au Mans pour échanger alors que vous veniez de recevoir cet email. Vous étiez déstabilisée et je le comprends.

Ce message certes plein de bonnes intentions vous demande de ne pas suivre votre élan, et juge à votre place de vos capacités à pouvoir mener à bien un projet qui vous tient à coeur.

Il est sans doute trop tôt mais peut-être pas pour vous : c’est peut-être votre conseiller pédagogique qui n’est pas prêt à accompagner de telles démarches actuellement pour plusieurs raisons qui lui appartiennent.

Voici mon conseil : si votre souhait est de cheminer dans votre classe vers de plus en plus d’autonomie et vers un mélange des âges, ne cherchez pas à convaincre vos conseillers ou supérieurs hiérarchiques. Vous risqueriez de perdre une énergie folle, pour au final, être toujours en désaccord et être surveillée de près. Faites ce que vous sentez juste, mais faites-le sans bruit, dans votre coin, et progressivement. Y aller progressivement est vraiment un point capital - pour vous, pour les enfants et pour vos collègues. Il ne faut effrayer personne, ni vous, ni les parents, ni les collègues, surtout s’ils ne sont pas tout à fait favorables au début. Je vous invite à relire l’article “Les différentes étapes de l’installation” que nous avions écrit à ce sujet.

Nous vous aiderons ici sur le forum en cas de besoin. Nous serons là pour nous réjouir avec vous des beaux moments, de vos réussites et de celles des enfants ; mais également pour chercher des pistes lorsque vous aurez besoin de débloquer des situations. Vous ferez de nombreuses erreurs au début, certes, mais elles seront passionnantes et instructives. Elles sont nécessaires.

L’important est simplement d’y aller doucement et de désamorcer toute situation potentiellement conflictuelle ou stressante. C’est fondamental.

Pourquoi donc pas ne commencer avec quelques activités à proposer en autonomie sur des temps courts (en parallèle d’un fonctionnement traditionnel, après vos activités “classiques”), puis progressivement, à mesure que vous réunirez de plus en plus de matériels, allonger les temps d’autonomie comme nous l’expliquons ici ? Personne ne viendra “vous embêter” avec un tel fonctionnement et vous pourrez expérimenter une transition en douceur ! Cette transition peut même prendre plusieurs années.

Mais vraiment, je vous invite à ne pas rentrer en conflit avec votre conseiller et à vous éviter de longues discussions stériles. Gardez votre énergie pour les enfants, et que la joie qui vous animait hier soir perdure. Elle est précieuse et féconde.

Avec tout mon soutien,
Céline


#4

Merci pour cette réponse qui correspond à celle que je me suis faite moi même. Je crois avoir été gourmande et impatiente qui sont de fait deux “qualités/défauts” chez moi.
Bouleversée par ce que j’ai vu dans le film “demain” sur ce que pouvais être l’école autrement puis révélation avec ton livre j’ai cru que c’était le bon moment de me lancer. (un groupe classe de 20 + une AVS)
Mais l’AVS est en arrêt depuis 10 jours et mes élèves qui adorent choisir ce qu’ils préfèrent ont bien du mal à rester calme. Ils veulent faire les mêmes activités ensemble mais n’arrive pas à s’écouter ou même à s’entre aider. D’autres cherche ma présence sans cesse pour lire ou pour écrire. Ils n’écoutent pas longtemps les présentations de leurs camarades et j’ai aussi une petite pour qui ranger le matériel est comme une torture et si j’insiste un peu elle se braque et se met à pleurer ! Elle peut passer son temps cachée derrière une chaise à bouder puis elle s’invente des activités mais toujours au moment de la récrée où l’heure de manger et ne veut plus sortir de classe !

Du coup je vais opter pour des temps plus tradi que je maîtrise et me garder des temps en autonomie car il s’est passé aussi de très belles choses. Et puis j’ai un collègue de CE2 qui me soutien et des élèves de sa classe (dont ma fils !) vont venir dans ma classe pour encadrer des activités maths ou lecture sous forme de jeux.
Je veux tendre vers ce chemin mais entendre une de mes collègues me dire que je vais “fusiller” mes élèves + la réponse du ce conseiller + ma fatigue à force de cogiter la nuit + une vie de famille (j’ai trois enfants) c’est beaucoup.

En tout cas,je ne veux pas finir comme mon collègue qui était entrain d’aboyer sur une enfant qui ne comprenait pas qu’il fallait deux piques pour faire un u !!!

Je suis désolée, épuisée,dans une sorte de désordre profond mais je suis heureuse d’avoir appris autant !
Merci
Guilène Loizeau


#5

Je te souhaite plein de courage! Fais ce qui te semble juste et qui te permet de trouver ton équilibre. rassure ton conseiller pédagogique avec un fonctionnement semi traditionnel…histoire qu’il te lâche…puis évolue tranquillement à ton rythme!!!

Mon expérience perso: j’ai commencé l’année dernière avec des ateliers autonomes qui suivaient mes ateliers traditionnels, pour évoluer cette année en 100% autonomes…
ma collègue de GS/CP ne semblait pas interessée l’année dernière…s’est acheté le livre de Céline cette année et pense changer de mode de fonctionnement…et mon autre collègue de CE1 et CE2 qui me regardait un peu comme un phénomène, est en train de prévoir des plages de travail autonome avec ateliers montessori dans sa classe 2 matinées par semaine…
ça bouge, mais tout doucement…il faut en parler autour de soi à petites doses, rassurer, informer et les idées font leur chemin…


#6

Oui, plein de courage ! Il en faut et il en faudra encore pour la suite !

Lorsque j’ai démarré ce virage professionnel, j’ai fait ce que te conseille Céline : sans trop de bruit (bon ça fait toujours du bruit quand même une classe en libre choix d’activités autonomes!!:boom: en peu de temps toute ma petite ville semblait au courant :open_mouth:)
Je ne voulais pas effrayer… Bon résultat au bout d’un an : mes collègues (maternelle et élémentaire) ne semblent pas vouloir me soutenir et insistent sur ce qui reste “négatif” à leurs yeux. L’inspection se cache les yeux, sait ce qui se passe dans ma classe mais donne l’impression de ne pas s’y intéresser du tout. Mais au delà de ce manque de soutien, ça va, on ne me mets (pour l’instant) pas de bâtons dans les roues.

Dans une autre circo, une collègue en transition cette année a fait le choix de jouer carte sur table avec l’IEN, résultat : une CPC très intéressée déjà venue filmer sa classe, et une collègue d’une autre école venue y passer la matinée pour observer… et on n’est qu’en novembre!

Tout ça pour dire que nous sommes assez inégalement dotées en terme d’efficacité dans le conseil pédagogique, et que ce n’est pas juste!! Et que c’est pour ça qu’un tel forum est précieux, pour trouver l’énergie de se relever encore et encore ! On va y arriver ! :relieved:


#7

Guilène, je ne peux qu’aller dans le sens de tout ce qui t’a été dit.
En ouvrant ta classe et ton cœur à la hiérarchie, il faut se tenir prêt à obtenir toutes sortes de réactions.

Et même si certains sont convaincus du bénéfice de cette démarche, les inspecteurs et autres conseillers ont du mal à en faire la pub.
Et oui… c’est un renversement de paradigme qu’il faut opérer, une révolution au premier sens du terme. Il faut s’en donner les moyens, cela suppose d’informer les enseignants, de les former également… est-on prêt là haut ?

Marie, je t’envoie toute ma sympathie. Ici, on est soutenu par la hiérarchie, mais pas de vagues surtout, il ne s’agit pas non plus de nous mettre en avant… Mais on a les moyens de travailler et c’est inestimable. Les changements viendront d’en bas, en toute discrétion.


#8

Bonjour,
Je suis assez d’accord pour dire qu’il vaut mieux faire sans passer par la hiérarchie tant que nous avons encore la liberté pédagogique. N’oublions pas que IEN et CPC ont également une hiérarchie qui leur met une énorme pression. Il peut arriver mais c’est bien trop rare qu’un IEN protège ses enseignants.
Je pourrais vous en raconter beaucoup sur les démélés avec la hiérarchie…:rage:
Bref, si vous me permettez un petit témoignage: je travaille en ateliers avec des CP/CE1 (bon d’accord, j’ai eu des petits groupes de 20 maxi) depuis 3 ans et déjà, j’ai constaté de sérieux progrès chez mes petits loulous.
J’ai découvert le travail de Cécile depuis quelques semaines seulement. J’ai un peu hésité mais devant les résultats obtenus et surtout (je suis un scientifique) rassuré par le fait qu’elle cite ses sources, j’ai voulu tenter l’aventure.
Depuis 3 semaines, je donne de plus en plus le choix à mes élèves et je constate des progrès assez impressionnants en particulier chez un CE1 en grande difficulté.
Donc votre CPC se plante royalement quand il dit que ce fontionnement ne convient pas au cycle 2.
Oserais-je dire que cela ne me surprend aucunement…:sunglasses::grin:
Cordialement.
Alain.