Orientation des enfants vers les différents domaines


#1

Je suis enseignante et suis sur le point de me lancer dans le 100% ateliers individuels de manipulation mais une question me taraude… Pour celles qui le proposent deja depuis un certains temps, les enfants s’orientent ils vers l’ensemble des domaines?
Ma crainte: me rendre compte au bout de qq mois qu’en les laissant totalement libres dans leurs choix certains ne fassent que des arts, que des maths… et ne touchent pas à certains domaines…
Qu’en pensez vous? Des retours d’expérience?


#2

Il est en effet nécessaire de garder un oeil sur les acquis des enfants, ou du moins sur les compétences que tu juges essentielles. Pour cela, la plupart d’entre nous utilise des tableaux de suivi (Voici ceux de Céline). Cela permet de noter discrètement les activités qui ont déjà été présentées, mais aussi les acquis des enfants dans les compétences principales. Tu sais ainsi à tout moment où en est chacun, et ce vers quoi il serait judicieux de le diriger. Si tu vois qu’un enfant ne se dirige jamais vers les activités de langage, sans l’obliger à quoi que ce soit, tu peux lui proposer telle ou telle activité, et c’est bien rare qu’un enfant refuse toutes les propositions !

Laisser l’enfant libre de ses choix ne veut pas dire que l’enseignant ignore TOUT de ce que fait l’enfant. De plus, le travail en autonomie nécessite un étayage de l’adulte, et donc des rendez-vous individuels réguliers entre l’enfant et l’adulte, lors de présentations ou de leçons en trois temps par exemple, qui permettent à l’adulte de se rendre compte (sans que l’enfant ait la sensation d’être évalué) de l’évolution de l’enfant.


#3

Cela fait mal au coeur ( même si je comprends bien les craintes, et les attentes liées au fonctionnement de l’EN) : un enfant qui a envie de jouer avec les maths et rien d’autre, ou de s’intéresser à l’art et rien d’autre, devrait pouvoir le faire ! C’est si important de pouvoir consacrer tout son temps à UNE chose. Peut-être que c’est son projet, sa passion pour toute sa vie et qu’il a besoin d’y consacrer tout son temps pour faire de belles découvertes ! Peut-être aussi que dans un mois, un an, trois ans, il va aller faire un autre domaine et s’y consacrer pleinement. Puis un autre. Puis un autre.
Confiance…:slight_smile:


#4

Il me semble important comme le dit @Leila81 de pouvoir rester attentif à ce que l’enfant ne limite pas ses acquisitions à un domaine , et de le guider vers les différentes activités . Toutes sont complémentaires , les différentes compétences se développent en synergie et se renforcent les unes les autres . Je crains que laisser un ou plusieurs types d’activités de côté trop longtemps ne soit préjudiciable à son développement global .
Le système des tableaux de suivi me paraît répondre parfaitement à cette nécessité et permet à l’enseignant de laisser les enfants naviguer eux mêmes tout en sachant bien dans quelle direction ils vont .


#5

J’entends votre point de vue @papillon. Il ne s’agit pas d’empêcher un enfant de se passionner pour tel ou tel domaine. Ce fonctionnement en autonomie permet d’ailleurs cela plus que n’importe quelle autre organisation de classe. On peut laisser un enfant aller au bout de son idée pendant des heures, des jours, voire des semaines si cela est réellement constructif. Mais il faut bien mesurer le contexte dans lequel l’enfant évolue, et en particulier ce qu’il adviendra de lui dans les autres classes. SI il doit rejoindre l’année suivante une classe traditionnelle, le laisser abandonner tout un pan du programme lui promet des lendemains difficiles !
Si laisser un enfant se consacrer entièrement à tel ou tel domaine dans le cadre du homeschooling par exemple est tout à fait envisageable, le faire au sein de l’EN peut mettre mal à l’aise l’enseignant, l’enfant et même ses parents. Et puis nous parlons des petites classes, quel que soit le projet de vie de l’enfant, ses passions, ses élans, ça ne peut pas lui nuire de savoir lire, écrire et compter, puisque c’est bien de cela dont il s’agit.


#6

J’ai bien conscience que cela ne colle pas avec l’école telle qu’elle est aujourd’hui ! Mais je suis tout de même persuadée que les lois du “unschooling” peuvent s’appliquer à l’école ( à long terme !), pour preuve les écoles démocratiques qui à mon sens peuvent donner une direction ( parmi d’autres !) à suivre pour l’école publique !
Même si on ne peut pas tout changer tout de suite, je me dis que c’est bien d’avoir une direction dans laquelle regarder ! Beaucoup de familles qui pratiquent le “unschooling” sont dans les lois naturelles des enfants depuis longtemps et pourraient être une source d’inspiration… C’est dur d’être patient quand on voit que d’autres possibles existent, sont à portée de main ! :wink:
Mais évidemment, je sais bien que pour le moment, il faut conjuguer révolution et fonctionnement de l’EN, et que pour le moment un enfant doit avancer dans tous les domaines…Mais je crois que c’est une des choses qui me rend le plus triste…J’aimerais tellement que l’on puisse leur faire confiance et les laisser aller là où ils ont envie d’aller, aussi longtemps qu’ils ont envie d’y aller…


#7

Bonjour,

Si un enfant ne fait qu’une ou quelques activités et ne va pas vers d’autres domaines, ce n’est pas forcément parce qu’une activité le passionne particulièrement et qu’il veut y consacrer tout son temps. Il peut y avoir plein de raisons différentes. Par exemple,il peut choisir une activité qu’il connait et qui le rassure, ou il n’a pas encore acquis l’autonomie dont parle Céline, et qui permet à un enfant de choisir une activité constructive pour lui. Un enfant ayant un problème d’audition non détecté n’ira sans doute pas vers des activités qui sollicitent l’ouïe etc.
Se demander pourquoi un enfant ne va pas vers certains domaines et lui présenter des activités vers lesquelles il ne va pas spontanément (sans le forcer) me semble donc plutôt utile, et peut permettre de déceler des problèmes ou difficultés qui passeraient sinon inaperçus.

Il y a beaucoup de choses intéressantes dans le unschooling mais c’est difficile d’extrapoler à tous les enfants. Les familles qui pratiquent l’IEF en France sont très peu nombreuses (même si elles sont en augmentation) et celles qui pratiquent le unschooling encore moins. Et leur profil n’est pas forcément représentatif de la société française. Par exemple, dans quasiment toutes les familles que je connais qui pratiquent l’IEF ou le unschooling la mère n’a pas d’activité professionnelle, au contraire de la majorité des femmes françaises.


#8

oups…personnellement dans mon entourage toutes les mamans en unschooling ont une activité professionnelle ( et le papa aussi !) et il y a une diversité de plus en grande de familles ! :wink:
Et les écoles Sudbury, même si elles restent une proposition parmi d’autres prouvent que les grandes lois du unschooling peuvent s’appliquer à l’école…

En revanche, je suis d’accord sur les multiples raisons qui font qu’un enfant va se diriger toujours vers un même type d’activité. Veiller à savoir pourquoi, ne pas passer à côté d’une peur par exemple, me semble évidemment important. Mais cela me semble tout aussi important de le laisser réellement choisir ses activités, de ne pas trop vite s’affoler si un enfant passe beaucoup de temps sur une seule activité, et ne pas imposer un domaine pour la simple raison qu’il est au programme et qu’il faut toucher à tout ( en tous cas regarder dans cette direction, vers une école où les programmes n’existeront plus !).


#9

entièrement d’accord avec vous @Marie75 !


#10

Merci beaucoup pour vos réponses qui me rassurent… je commence à preparer doucement tous ces ateliers, les prendre en photo et je réfléchis à la progression et au suivi…début du changement après les vacances de février!


#11

Bonjour, je profite de cette discussion pour parler de mes inquiétudes.
J’ai la sensation que certains élèves n’avancent pas. Certains suivent leur copain comme une ombre, d’autres attendent que le temps passe. Certains sont très demandeurs et apprennent vite. Ils faudrait être à la fois avec ceux qui attendent pour les guider et avec les autres pour montrer les ateliers suivants. Mon Atsem est tout à fait volontaire mais même à 2, on ne peut pas répondre aux besoins précis de 25 élèves… Si on n’est pas avec eux, ça tourne vite au vinaigre.
Je travaille de cette façon depuis septembre et je suis persuadée que les ateliers autonomes respectent au mieux l’'enfant. Pourtant, dans la classe, les élèves prennent rarement les ateliers présentés, dans tous les domaines. Je n’ai pas tous les ateliers disponibles donc, j’ai ajouté des perles, des jeux de construction, des puzzles… C’est comme s’ils étaient blasés, alors que souvent la compétence n’est pas acquise. Peut-être que je ne les motive pas assez ou simplement que je n’arrive pas à présenter le bon atelier au bon moment. Ca a l’air su simple dans les vidéos de Céline…
Sans compter la note de service de pistes et cadrage des ateliers individuels autonomes: 30min dans le silence avec un choix très relatif. Ca met la pression.
Je suis un peu perdue… Merci de votre écoute!


#12

Bonsoir @LGH, Qu’est-ce que c’est que cette note de service de pistes et cadrage des ateliers individuels autonomes ?


#13

ça, ça sent bon le rappel à l’ordre d’un conseiller péda ou IEN un peu récalcitrant … :rage:


#14

Paris ne s’est pas fait en un jour et je ne crois pas me tromper en disant que nous nous sommes tous un peu “cherchés” au début.
Si les enfants ne reviennent pas aux activités, que font-ils ?
Autre chose ? Très bien.
Rien du tout ? Il s’agit de s’interroger sur les activités proposées : sont-elles intéressantes pour eux ? 'Challengeantes" ?
Donne-toi du temps : tant que les activités “classiques” sont présentes dans la classe les enfants se tournent vers elles, peut-être parce que c’est rassurant. Quand tes présentations seront plus nombreuses, certains auront envie de les réaliser et d’autres imiteront ce comportement.
Ne pas oublier que les vidéos de Céline ne sont pas réalisées au tout début des activités pour être plus lisibles.
Quand à la NS on se demande dans quel cerveau obtus elle a germé… C’est sensé nous guider, il ne peut donc y avoir d’obligation à s’y plier.