Plan de travail pour aider des élèves peu autonomes ?


#1

Bonjour à tous, je souhaite me lancer à la rentrée prochaine dans un fonctionnement respectant les lois naturelles de l’enfant.
J’ai utilisé cette année des ateliers individuels autonomes d’inspiration ou directement issus de la pédagogie Montessori avec ma classe de GS lors de temps spécifiques ou lorsque les ateliers “classiques” étaient terminés. J’en suis satisfaite et souhaite donc aller plus loin.
Voilà mon problème… Je sais qu’à la rentrée j’aurai des MS-GS dont une majorité de GS (la moitié de la classe) qui arrivent de la classe d’une collègue qui avait ces élèves depuis la PS avec un fonctionnement traditionnel laissant très peu de place à l’autonomie (beaucoup de fiches, élèves avec une place attitrée à une table, pas de brevets liés à des activités individuelles, pas d’ateliers en libre service hormis les puzzles).
J’ai donc peur que ces élèves soient perdus par trop de liberté d’un coup ! Je pense donc garder dans un premier temps des ateliers ressources qu’ils connaissent (type perles, pâte à modeler, puzzles, etc.) et instaurer petit-à-petit les ateliers individuels sous forme de plan de travail afin de les guider pour visualiser ce qu’ils peuvent faire ou leur reste à faire avant de nouvelles présentations. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà testé ce type de fonctionnement ? Merci de votre aide !


#2

Bonjour, je te propose une autre grille de lecture: tu auras devant toi des enfants tous différents et tu seras nouvelle pour eux.[quote=“elise13, post:1, topic:4561”]
J’ai donc peur que ces élèves soient perdus par trop de liberté d’un coup
[/quote]

L’autonomie, c’est la liberté ET la responsabilité. On peut vraiment avoir TROP de liberté?

tu penses, (moi aussi), que ton fonctionnement leur apportera beaucoup, pourquoi imaginer qu’ils vont avoir du mal à s’y faire?
Parie sur l’intelligence des enfants, et pense à leur reconnaissance, si tu leur offres une chouette journée de classe.
Un fonctionnement basé sur les lois naturelles n’a pas besoin d’avoir été mis en oeuvre depuis toujours pour être efficace.
Je te souhaite toute l’efficacité que tu souhaites!


#3

Je crois bien en effet que c’est surtout moi qui appréhende le changement ! Merci de cette réponse qui m’aidera j’espère à prendre davantage confiance en moi ET en eux.:slightly_smiling_face:


#4

Je te souhaite de prendre plaisir à faire la classe, et à progresser.
C’est chouette de voir que, nous aussi,on peut prendre notre temps pour avancer!


#5

Par expérience je confirme que le libre choix lorsqu’il est nouveau pour les enfants peut être déstabilisant dans un premier temps. La liberté peut être une conquête qui doit être accompagnée. Prépare toi à ce que certains de tes éléves aient besoin d’activités pratiques pour les aider à acquérir cette autonomie toute nouvelle. Si depuis la petite section on leur dit ce qu’ils doivent faire, ce qui est bien ou pas et où se mettre et si pour certains c’était la même chose à la maison, ils vont devoir être guidés. Cela peut même être angoissant pour quelques uns. Alors y aller progressivement et proposer des activités pratiques comme essorer une éponge, verser de l’eau, laver la table, les ardoises, le linge… me semble être important. Et attends toi aussi à devoir leur répéter encore et encore que c’est super qu’ils connaissent le nom des lettres, mais que cette année pour apprendre à lire, ils vont surtout travailler avec leurs sons.


#6

Oui justement j’écume les vide greniers pour trouver carafes, tasse, théière etc. J’avais déjà cette année quelques activités de vie pratique qui étaient loin d’être inutiles pour certains donc je pensais augmenter mon “stock” d’activités. Pour ce qui est des lettres j’utilise les alphas cette année en combinaison avec les lettres rugueuses ce qui semble bien fonctionner.


#7

Sujet brûlant qui m’a occupée des mois. Et je ne suis pas certaine d’en être sortie.

Oui, tu peux t’attendre à quelques difficultés. J’en ai connues avec certains Ps et plusieurs Gs. Pas avec les Ms. D’ailleurs, je suis à deux doigts de penser que la Ms est un âge d’or…

On m’a souvent gentiment fait remarquer que les ps avaient besoin de structures et de rituels sécurisants (ce qui est vrai) et que le libre choix était bien difficile à gérer pour eux. Certes.
Après des mois de réflexion, je pense que oui cette autonomie est déstabilisante pour certains et que c’est donc une excellente raison pour la conserver. L’accès à la liberté: une conquête complexe, intime, fondamentale et vertigineuse. Cela signifie qu’il faut se séparer de ses parents et se connaitre suffisamment pour savoir ce qui est bon pour soi.
Tout un programme.
Je pense que ces enfants ont besoin d’aide pour cela. A mon sens, cela ne passe pas par des plans de travail mais par l’environnement: l’espace aménagé, la qualité des relations, le professionnalisme des adultes.
Je tends à améliorer tous ces points. Maintenant, il y a des variables que je ne peux pas ajuster : mes petits locaux, le très lourd effectif…
Alors quand les conditions ne sont pas réunies je comprends ceux qui mettent en place un plan de travail. Je cherche des alternatives pour l’an prochain. Je suis donc en attente de vos retours d’experiences.


#8

Bonjour,
Comme vous, je tends à améliorer les points qui rendront les enfants le plus autonomes possible, et le plus à l’aise dans leur vie.
Mais je pense que ce n’est pas ce fonctionnement qui est difficile à gérer. C’est ce métier, enseignant, qui demande un long apprentissage.
Pourquoi postuler qu’il est plus simple d’organiser des plans de travail, des ateliers fixes et du travail sur fiche.?Pourquoi penser que laisser les enfants apprendre l’autonomie, c’est plus difficile?
Regardons les centaines de collègues qui craquent ou qui sont malheureux en classe, et qui pourtant, travaillent de façon traditionnelle.
La “violence” engendre la “violence”, et le désordre (je parle du grand désordre, pas des petites indisciplines) est bien souvent la réponse à un ordre établi trop contraignant, sans sens.
Citation de Bertolt Brecht :
On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent.
Cette phrase m’a souvent aidée et guidée.
Je revendique ma liberté d’adulte et d’enseignante, mais elle ne vaut que tant que je l’offre aux enfants.


#9

Re bonjour,

Dans un monde parfait, les enfants s’emparent de suite de cette autonomie retrouvée, ils apprennent dans le respect mutuel, ils effleurent le sol pour se déplacer et manipulent délicatement le matériel en chuchotant. :wink:
En fait, chez moi, cela a pris un peu de temps pour obtenir ce résultat, et nous ne l’obtenons pas toujours d’ailleurs. :sweat_smile:

Avec 32 élèves dans une petite pièce pas forcément adaptée, parfois seule, il m’était plus facile d’imposer les activités. Je ne le fais plus, j’ai basculé de l’autre côté de la force hein :stuck_out_tongue: mais oui il y avait un cadre plus sécurisant pour moi, les parents, et surtout l’atsem. Sécurisant ne veut pas dire efficace ou bienveillant.
J’ai lu dernièrement qu’il vaut mieux boiter sur le bon chemin que courir sur le mauvais. Avant je courais :relaxed:

Entendons-nous bien, je ne reviendrai pas en arrière, c’est ce dont les enfants ont besoin, c’est très clair. Mais je ne veux pas mentir à la collègue, cela a été dur. Offrir ou plutôt rendre cette liberté essentielle aux enfants demande beaucoup de réflexion, de temps, d’organisation. Il faut s’y préparer.

Je conseillerais d’être très à l’écoute des enfants mais aussi des atsem, des parents… On se bouscule soi-même quand on révolutionne le système mais on bouscule aussi ceux qui n’avaient rien demandé et n’en sont peut-être pas là dans leur réflexion.

Céline explique très bien les étapes de transition, je trouve. Parfois pour atteindre son but, il faut se ménager et faire quelques compromis.

Je pense que le plan de travail peut être conçu comme une étape de transition. Un document qui peut permettre à certains (pas tous) de repérer ce qu’ils peuvent faire (Peuvent et non Doivent) et ainsi guider le choix. Ce rôle de guidage devrait être assuré par la qualité de l’environnement et l’intervention des adultes. Mais quand cela ne peut se faire de façon optimale, oui je crois que le plan de travail peut être un recours.

Finalement je n’en ai pas utilisé.


#10

Bonjour,
Tout ce que tu dis est vrai et résonne juste en moi.
enseigner demande de toutes façons réflexion, temps et organisation.
C’est ce que je voulais dire à Elise13, car quel que soit son choix pédagogique, les choses ne se passeront pas toujours comme elle le souhaite, et, donc, il n’est pas utile de craindre un fonctionnement plus gratifiant, valorisant, intelligent…


#11

Et bien ma réflexion avance, peut-être pas de plan de travail finalement.
Un autre point me taraude même si ce n’est pas le sujet initial de ce poste… Je pense maintenant à la gestion de classe et je me questionne au sujet de mon atsem. Elle a travaillé pendant 15 ans avec une collègue (partie l’année dernière vers une autre école) qui ne lui laissait prendre quasi aucune initiative. Elle était donc aussi habituée à être “dirigée” tout au long de la journée.
Nous nous entendons bien et je lui ai parlé du fonctionnement que je souhaitais adopter, des tâches qui lui seraient confiées, etc. Avez-vous des conseils à me donner pour gérer cette transition avec elle? Je souhaite qu’elle se sente en confiance et ait la possibilité de prendre des initiatives.


#12

Donne lui l’adresse du forum, qu’elle regarde quelques vidéos (celle sur le rôle de l’ATSEM en priorité !)

et dis lui de te poser les questions qui lui viennent : la base, c’est une bonne communication, ouverte et franche.


#13

Bonjour,

Avec mon regard de maman d’un enfant scolarisé en moyenne section traditionnelle, je trouve que le plus difficile à faire c’est de justement de leur rendre cette autonomie, qu’ils ont perdu en très peu de temps. 2 ans d’école, à chaque fois en simple niveau, et ma fille est complètement accro au regard des autres et notamment des adultes. Lorsqu’elle fait quelque chose, elle me demande constamment si c’est bien. Lorsque je botte en touche en constatant de manière factuelle ce qu’elle vient de faire ou en lui demandant ce qu’elle en pense, je vis des conversations lunaires qui s’achèvent souvent par “ce n’est pas mon avis qui compte mais celui des autres, de la maîtresse”. A côté de cela, aucun problème d’apprentissage. Depuis que je propose des choses complémentaires à la maison, c’est l’envolée. Mais pour le reste, je rame franchement. Dans la continuité du propos de Zartine concernant les activités de vie pratique qui sont essentielles, j’ai observé chez mon enfant un désintérêt rapide pour ces activités qui ne représentaient plus aucun challenge à 4 ans et demi. J’ai constaté un regain d’intérêt depuis que je lui propose en activité libre de la couture, des cartes à broder et un métier à tisser rond. Je vis de plus en plus le livre de Céline Alvarez comme une prophétie et je dois admettre que c’est très déprimant en tant que parent. J’ai été très touchée par le passage du livre où elle décrivait des enfants ayant connu le système traditionnel, perdu dans la nouvelle approche de la classe, en quête du regard des adultes pour obtenir une validation de ce qu’ils faisaient. Je pense que dans un tel environnement, elle ne saurait vraiment pas quoi choisir même si elle bénéficiait de multiples présentations différentes. Je suis certaine que vous trouverez la façon adéquate de les accompagner et je me réjouis d’avance que ces 25 enfants croisent votre chemin à la prochaine rentrée :slight_smile: Belle journée