Quand l'enfant est-il prêt pour son entrée en PS


#1

Bonjour,
Je suis directrice d’école maternelle dans le Haut-Rhin et j’ai inscrit cette année 27 PS pour nos 2 classes (qui totalisent 28 et 30 élèves):sweat:
Mon équipe et moi, nous nous interrogeons de voir arriver, chaque année, de plus en plus d’enfants avec des couches. Nos atsem passent 60% hors de la classe à changer ces enfants (pipi et surtout popos)… et ce, plusieurs fois par matinées pour les mêmes enfants.
Cette année encore, nous avons du mal à faire en sorte que les enfants se passent de leur tétine et de leur doudou pour faire une activité.
Au vu des programmes et du nombre d’enfants par classe, je m’interroge sur le fait que ces enfants ne sont pas prêts à devenir élèves. D’où mes questions: Sommes nous trop exigeants? Pas assez indulgents? Est-ce que toutes les écoles de France voient leurs élèves de PS arriver avec des couches? (évidemment vide juridique sur le sujet à l’Éducation Nationale)…
Il y a une dizaine d’années, l’ancienne directrice refusait les élèves qui portaient encore des couches… qu’est ce qui a changé depuis?
Nous avions discuté avec les parents lors de l’inscription en mars sur l’importance de l’autonomie avant d’arriver à l’école, sur les rites de passages… (quand tu seras à l’école, tu devra laisser ta tétine à la maison etc) . Aujourd’hui, je me retrouve avec des enfants qui tendent le pied ou le bras pour qu’on les habille…:worried:
Qu’en pensez-vous?


#2

Bonjour Stéphanie,
moi aussi je suis dans le Haut Rhin avec des PS/GS depuis 3 ans. et c’est exactement la même galère pour mes PS. L’année dernière, j’ai certain PS qui ont gardé leur couche jusqu’en mars.
Je crois qu’on ne peut plus refuser d’élèves depuis que l’école est devenue obligatoire à 3 ans depuis 2019 . !! Pfffff.
Après moi je me rends compte que j’ai des PS qui parlent très mal qui n’articulent pas et je me dis que ce sont les BB du confinement ceux qui ont vu les masques pendant la toute petite enfance pendant une bonne année en crêche. Mais je me trompe peut-être !!
Et pour le coup de mettre les chaussures /manteau seul, j’ai aussi cela, et ce sont surtout les petits de fratrie où la grande soeur ou la maman fait tout ! Patience, patience ils vont y arriver. J’ai pris mes PS cette année sur un temps de langage pour apprendre spécifiquement à ranger/ mettre ses chaussons/ mettre son manteau seul. Cela commence enfin à se faire.

Bon courage Steph


#3

Sur l’aspect “légal” (tout du moins éclaircissement de Blanquer) https://www.ouest-france.fr/education/ecole/scolarite-l-entree-en-maternelle-n-est-pas-liee-a-la-proprete-02031078-1a33-11ec-af4b-bea41043e391

"Aucune autre disposition législative ne conditionne l’accès à l’école à la maturité physiologique des enfants […] L’acquisition de la propreté ne peut en aucun cas être une condition qui empêche l’inscription et la fréquentation de l’enfant à l’école. L’Atsem et l’enseignant sont appelés à effectuer les gestes d’hygiène nécessaires pour conduire l’enfant à franchir cette étape, dans le respect de sa maturation et de son intimité."​
-> Encore un magnifique “débrouillez vous !”


#4

Bonjour,

Maman, enseignante et très intéressée par ma pédagogie j’ai très vite été interpellée par l’autonomisation des enfants.

Quand mon aînée était à peine âgée d’un mois, la sage femme m’a reprise en me voyant déshabiller ma fille car j’étais trop entreprenante. Elle m’a montré qu’à a peine un mois, il fallait que je laisse le temps à ma fille de plier sa jambe pour enlever un vêtement et de pousser pour l’enfiler. Mon mari a trouvé ça génial et depuis, nous essayons au maximum de laisser a nos enfants la possibilité de faire par eux même.
De part mon expérience, je crois vraiment que chaque apprentissage nécessite du temps et de l’accompagnement et j’ai le sentiment que ces deux choses font cruellement défaut dans notre société. Je n’ai pas l’impression que l’autonomisation des enfants soit mis au centre de leur programme quotidien. On nous prône beaucoup les emploi du temps bien rempli et la consommations d’objets qui ne pousse pas l’enfant dans son apprentissage.
Comment être disponible pour accompagner un enfant vers la propreté quand on est assistante maternelle, qu’on a la responsabilité de 4 enfants en très bas âge et tout un programme à réaliser (sortie au RAM, au parc…)? Comment prendre le temps pour accompagner son enfant à s’habiller quand on dépose son petit bout à 7h30 à la crèche? A quel moment un enfant apprend à boire correctement avec un verre alors que les parents sont invités à acheter toutes sortes de biberons et de tasses (soit disant très ergonomique) dont les modèles varie pour s’adapter à l’enfant jusqu’à ses 6 ans?!..

Personnellement j’ai la chance d’avoir pu m’arrêter pour chaque naissance et d’avoir pu prendre le temps d’accompagner chacun de mes enfants.
Notre troisième n’a pas encore fêté ses deux ans, elle mets sont manteau, ses pulls, ses chaussures et ses chaussettes seule, se déshabille seule, elle boit dans un verre seule depuis ses 15 mois (n’a jamais eu de biberons)…
Quand son grand frère ou sa grande sœur veulent “l’aider” en faisant les choses à sa place elle se fâche en disant “non, toute seule!!”.

Pour le language, je trouve que beaucoup d’enfants ont très peu d’interactions avec les adultes. Par exemple : j’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de voir des enfants sortir de l’école dans une poussette, la tétine à la bouche et le parent au téléphone…

En bref… La société ne pousse pas les enfants a grandir et à s’autonomiser dès le plus jeune âge. Selon moi, les enseignants de maternelles doivent s’adapter à cela en réorganisant les apprentissages des enfants. J’imagine bien que cela complexifie terriblement le travail des instituteurs déjà bien surchargé… Mais malheureusement on ne peut pas faire autrement… Il me paraît compliqué d’apprendre à lire quand on ne sait pas parler ou d’apprendre à écrire quand on ne sait pas tenir correctement un objet…


#5

Bonjour,

J’ajouterai qu’il y a aussi une tendance à respecter le rythme de l’enfant, en tout cas concernant la propreté. Avant, l’école n’était pas obligatoire à 3 ans et le contrat moral pour inscrire son enfant à l’école était qu’il soit propre. Ce n’est plus le cas et les familles ne veulent pas “forcer” sur la propreté de leur enfant.


#6

Ce qu’a dit Blanquer date de la loi sur l’inclusion de 2005. Comme tous les enfants porteurs de handicap doivent être accueillis à l’école depuis cette loi, il est devenu impossible de refuser les autres pour des raisons de non-propreté. @Steph donc attention, il n’y a aucun vide juridique et les parents sont en droit de se plaindre quand on leur demande de garder leurs enfants s’ils ne sont pas propres, les procéduriers pourraient même aller très loin.
Bon courage.