Que répondre à un parent perplexe ? Je suis démotivée


#13

Bonjour,

Je ne sais pas comment tu fonctionnes exactement.

Dans le cadre de mon travail par exemple, il y a des points sur lesquels je ne lâche jamais rien car c’est à mes yeux fondamental. Et il y a des points sur lesquels je suis beaucoup plus souple, à l’écoute. En procédant de cette façon, les équipes travaillent sérieusement mais sans trop se prendre au sérieux. Cela permet d’avoir des relations apaisées et une meilleure ambiance.

Retranscris dans le milieu scolaire, je pense que des outils comme celui-là n’a pas une trop une grosse incidence sur ta pédagogie et peut être rassurant pour ce papa:

L’idée serait de trouver des astuces qui ne touchent absolument pas ce qui est fondamental mais de pouvoir aménager ce qui peut l’être.

Parce que bon, quelque soit le métier, une ambiance apaisée c’est tout même primordial :slight_smile:


#14

Bonjour ABC,

Pour ma part, je n’adhère pas à cette affirmation. En effet, l’école est un service public qui doit être accessible à tous. La liberté pédagogique est à double tranchant. Bien sûr, lorsque je lis toutes les contributions sur ce forum, je me dis que le concept est bien utile.

Toutefois, dans mon cas par exemple, ma fille suit un enseignement traditionnel. Une pédagogie basée sur l’idéologie et non sur la science. Pour ma part, je suis mécontente et je considère que ce n’est pas à moi de me chercher une solution.

Je travaille et j’aime mon emploi. Je n’envisage pas un instant de l’arrêter pour faire de l’instruction en famille. Même si j’adore mes enfants.

Par ailleurs, j’ai aussi envie de dire “Halte au sexisme”. Du fait d’être une femme, je gagne moins d’argent que mon mari alors que nous sommes tous les 2 à temps plein, même niveau d’études. Je ne vais pas m’arrêter de travailler 10 ans (l’instruction étant obligatoire de 6 à 16 ans) pour être pénalisée sur la retraite. A l’inverse, j’aimerai bien savoir combien de pères pratiquent l’instruction en famille?Combien de ménages peuvent se passer du plus gros salaire du foyer pour instruire les enfants.

Concernant le changement d’école dans le public, ce n’est pas une mince affaire car la demande doit être motivée. Incompatibilité de pédagogie n’est pas encore un critère retenu :wink:

Dans le privé, c’est un budget supplémentaire que je n’ai pas envie ni vraiment les moyens d’accorder. Au sein d’un pays aussi extraordinaire que la France où nous sommes si chanceux en termes de services publics, avec les moyens alloués colossaux, c’est tout de même dingue de devoir payer pour trouver quelque chose en adéquation avec sa vision de l’éducation. Et séparer encore un peu plus les enfants sur la base du critère financier.

Alors non, les parents mécontents n’ont pas à se débrouiller et à se trouver des solutions. D’autant qu’une solution, il y en a une. Je parle de l’expérience de Gennevilliers. Une expérience de 3 ans réalisée au sein d’une école publique, une carte blanche pédagogique accordée par l’Education Nationale, qui a prévu initialement des mesures scientifiques des résultats. Le modèle a fonctionné et il pourrait être dupliqué. D’ailleurs de nombreux enseignants le prouve quotidiennement.

Alors non, vraiment, les parents n’ont pas à subir mais ils devraient plutôt s’unir et aller voir le premier échelon de la hiérarchie pour aller demander des comptes au lieu de râler contre les enseignants. Oui, prendre des rdv avec les Ien et dire: “Voilà, c’est la fin de l’année. Voici les cahiers de mon enfant. Vous pouvez m’expliquer pourquoi on lui à fait faire telle et telle chose. En lui mettant de la documentation sous le nez et en lui demandant de justifier le fondement scientifique qui guide l’action”

Enfin, vaste sujet qui s’éloigne complètement du post initial, désolée.

Je trouve l’analyse d’Isa très intéressante. Ce père a besoin d’aide, assurément.

Belle soirée à tout le monde :slight_smile:


#15

Je me permets de te répondre pour apporter une petite nuance : la liberté pédagogique, c’est important. Et ça ne devrait pas se transformer en dogme unique, pas même le dogme unique de l’expérience de Gennevilliers. L’enseignante de ta fille est libre de sa méthode et elle fait probablement des choses très bien également. Crois moi que la transition n’est pas facile pour une enseignante. Surtout jeune : elle reçoit une pression pour être “dans les clous” que tu n’imagines même pas.
Aller voir l’IEN ne permet pas un dialogue constructif avec l’enseignante ! Et l’IEN ne sera que très rarement les alliés des lois naturelles crois moi.
Un jour où tu t’ennuies (ça ne doit pas arrivee souvent) essaie de faire une liste d’au moins 10 points positifs de l’enseignement que reçois ta petite. Tu verras que même si cela ne correspond pas avec ton idéologie (ce qui est quelque chose qui risque d’arriver avec la liberté pédagogique) ce n’est pas que du temps perdu.

Ne jugez pas si sévèrement les enseignants : dans le monde de l’éducation nationale, rien n’est simple…


#16

Je pense sincèrement ce que j’ai dit.
Ne pas faire le choix de la difficulté (engager un dialogue avec l’enseignant, accepter sa liberté pédagogique puisqu’on lui a délégué l’instruction de notre enfant, changer d’école, aller vers le privé ou le hors école…), ne donne pas plus le droit d’être mécontent.
L’école est justement un service public et non pas une boutique où l’on achète ce que l’on veut. La consommation, ce rôle de parents-clients mécontents qui se plaignent à la hiérarchie n’est pas à encourager.
Comment réagirais-tu si ta voisine, un membre de ta famille contactait les services sociaux de ta ville pour montrer des photos de ta vie de maman en disant que ce que tu fais n’est pas acceptable ?
Il y a des choses graves et d’autres qui relèvent de la liberté. Il faut savoir garder sa place, celle qu’on a choisie.


#17

Et attention aux stéréotypes de l’homme gagnant plus que la femme, je ne nie pas que cela soit très courant mais je connais beaucoup de contre-exemples. Et dis-toi que quand on veut le bien de ses enfants, certains parents s’en donnent les moyens. Autour de moi, il y a de tout, parents ayant choisi le public, le privé, l’école alternative, le hors école avec ou sans cours par correspondance, des papas ou des mamans au foyer, des parents à temps partiel, des parents à horaires décalés qui se relaient auprès de leurs enfants, des parents solos… La société est pleine de diversité, chaque famille choisit son chemin.
Si seulement l’éducation pouvait reprendre une place centrale dans la vie des gens, autrement que financièrement. Oui, l’éducation coûte cher mais il y aurait moyen de fonctionner différemment. Il suffit de voir avec quelle difficulté parfois un enseignant obtient le droit de contourner le catalogue de fournitures scolaires accepté par sa mairie. Il est quasi impossible d’acheter d’occasion si ce n’est de sa poche.
Courage à vous tous qui œuvrez pour revenir au naturel, à l’élan naturel en observant l’enfant et l’accompagnant au mieux.
Il n’y a pas de programme unique, les enfants sont uniques et chacun de vous aussi.


#18

Bonjour @Babetterave,

Tu as parfaitement raison sur le concept de liberté pédagogique. Et tu as aussi raison sur la pression reçue par les enseignants afin qu’ils soient parfaitement formatés.

Au cours de notre dernier entretien, à chaque fois que je lui posais une question (et vraiment sans énervement ou condescendance), elle m’a souvent répondu que c’était une inspectrice qui le lui avait dit. Quand je lui demandais ce qu’elle en pensait vraiment, elle s’est rangée à l’avis de sa hiérarchie.

Sinon, pour la liste des 10 bonnes choses. Nous l’avons réalisée l’an passé avec mon mari. Je sais que ce que j’ écris est dur mais à part avoir découvert que notre fille avait des aptitudes pour le théâtre, j’en suis déjà à la fin de l’inventaire. Mais pour le coup, ce n’est pas de sa faute. Parce que j’ai plaisir à faire des activités avec mes enfants et lorsqu’elle fait par exemple toute une découverte sur Mondrian, j’avoue passé un peu à côté car j’ai déjà emmené les enfants voir ses toiles au musée.

Mais c’est vrai que c’est essentiel pour les enfants qui n’y ont pas accès.

Mais lorsque à la réunion de rentrée, tu entends des phrases comme :"surtout n’apprenez pas la cursive à vos enfants. Car souvent, c’est comme cela que les enfants tournent leurs lettres à l’envers…Je scrute avec beaucoup d’intérêt les cahiers de mon enfant car elle a plaisir à me présenter ses réalisations. Depuis l’an passé, et c’est une correction que l’enseignante a faite sur le cahier, elle a commencé à tourner ses ronds l’envers après avoir appris les spirales. Des feuilles entières de graphisme qui ne correspondent à aucune lettre réelle.

Je me suis battue tout l’été pour tout remettre correctement en place. Franchement, à qui appartient ce travail?

Je peux admettre mon côté pénible mais sincèrement sur le fond, je pense que vraiment je ne peux pas accepter cela. Je vous parle à travers mon prisme, mais dans sa classe tous les enfants n’ont pas d’aide. Cela vraiment me désole car tous les parents veulent le mieux pour leurs enfants même s’ils n’y comprennent rien.

Pour la question de l’ien, mon but n’étant pas de parler de cette maîtresse. Mais du parcours de mon enfant, durant 3 ans, au sein de l’école maternelle. Un bilan factuel.

Je ne prends pas l’expérience de Gennevilliers comme un modèle idéal. Il n’est qu’un point de départ. Je m’intéresse actuellement à d’autres inspirations pédagogiques. Mais ce que je constate, c’est que même avec des bonnes volontés individuelles des enseignants (et vraiment je les remercient tous d’essayer de faire bouger les lignes au quotidien), c’est le système qui est à revoir. J’étais vraiment triste de lire le sujet à propos des évaluations de CP.

Alors comment signifier que je ne suis pas d’accord avec l’enseignement reçu car il prend pour base, une vieille idéologie?

Râler dans mon coin, ce n’est pas productif. Lorsque j’étais jeune et que je passais mon BAFA, on nous avait demandé qui avait le pouvoir dans un centre de vacances. Unanimement: le directeur bien sûr! Non, ce n’est pas lui. Les animateurs? Non plus. Ce sont les enfants car les plus nombreux et que nous sommes là pour eux.

Celine Alvarez et son équipe ont montré la voie. Des enseignants suivent. Aux parents de trouver un chemin pour faire entendre la voix de leurs enfants. On est complètement hors sujet par rapport à la demande initiale. Je vais réfléchir à une formulation mais je vais lancer un nouveau sujet.

Belle journée à tous :slight_smile:


#19

Bonjour @ABC,

Je me permets de te renvoyer la même question.

Comment réagirais tu si tu conduisais ton enfant à l’hôpital et que le médecin rencontré proposait de réaliser une saignée pour le soigner. Parce que bon, c’était une pratique courante entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Pourquoi ne plus l’appliquer de nos jours?

Peut-être voudrais tu partager tes connaissances et prendre comme base de discussion les dernières recherches scientifiques, pour soigner la pathologie de ton enfant, et non une méthode inefficace.

Ce dernier campe sur sa position. Il est médecin et il est convaincu de sa méthode de guérison. Après tout, la prise en charge de la santé relève d’un service public. Si tu acceptes la délégation de la prise en charge de la santé de ton enfant, cela ne te donne à priori pas plus le droit d’être mécontente. Et si tu l’étais au regard de ce diagnostic, peut-être pourrais tu te rendre auprès d’une clinique privée ou reprendre des études complètes de médecine afin de pouvoir soigner sérieusement l’ensemble de ta famille. Parce que l’on pourrait imaginer que pour une rubéole, on puisse s’en sortir autrement qu’avec une saignée.

Quelle différence avec l’école?

Belle journée à toi :slight_smile:


#20

Choisir le domaine de la santé est très intéressant et j’agirais de la même façon bien sûr ! Je choisis l’endroit où j’emmène mes enfants et je réfléchis toujours au suivi proposé.
Si une pratique/méthode nous déplaît mais qu’elle est légale, nous choisissons d’en trouver une autre en changeant de professionnel, de lieu. C’est évident et cela est valable pour l’instruction, la médecine, les loisirs. Je n’hésiterais jamais pour ma part à faire tout mon possible pour que ma famile se sente écoutée, soutenue.
Ainsi, un enseignant (pour revenir au sujet) n’a pas à subir les critiques, jugements sur sa pratique (gardons cela pour les cas préoccupants). Il fait à sa façon dans le respect du cadre fixé par sa hiérarchie. Les parents sont libres de leur choix. Et ce n’est pas au corps enseignant d’assumer le salaire, l’équilibre de couple, le désir de rester une femme active ou je ne sais quoi encore.


#21

Bonjour,

Ce que tu sembles oublier dans ton analyse, c’est que nous sommes à priori 2 personnes qui maîtrisons les codes, qui sommes capables d’aller rechercher des informations, qui peuvent envisager de faire autrement.

Nous ne sommes pas le reflet de la société toute entière. D’autres personnes ne savent pas, ne peuvent pas faire. Ce n’est pas, de façon basique, qu’elles ne veulent pas. La sociologie nous éclaire beaucoup sur ces aspects. Ces familles s’en remettent au service public et il est donc nécessaire qu’il soit de très bonne qualité. Cela ne peut pas être qu’un choix individuel de parents.

Là, où je te rejoins parfaitement c’est que tant que l’enseignant applique les programmes il est en droit de procéder à sa façon pour atteindre les objectifs voulus.

Mais les parents qui inscrivent leurs enfants à l’école ont le droit et même le devoir de s’intéresser à ce qui s’y passe. Ils peuvent demander des rdv pour qu’on leur explique les choix mis en place, ils peuvent essayer d’échanger de façon constructive sur la base de lectures qu’ils font.

Belle journée


#22

Oui c’est cela et tu ne peux espérer plus. Je trouve déplacée l’idée de faire la leçon, de proposer du matériel que l’on sait en désaccord avec la pratique de l’enseignant de notre enfant. Justement tu as raison, on est en droit de se renseigner pour comprendre, et seulement comprendre. Et, en contrepartie, on est en devoir d’accepter ce qui est choisi par l’enseignant.
Le papa dont il est question remet en cause la légitimité de l’enseignant dans sa pratique de classe et ce n’est pas acceptable. Il a le droit de ne pas être d’accord avec l’enseignant mais pas de souhaiter voir sa pratique changer.
Il est certain qu’en cas de désaccord, le parent est dans une position inconfortable et de mal-être. C’est pourquoi, il faut chercher une solution au plus vite.


#23

Juste un petit conseil tiré des quatre accords toltèques, ne pas prendre cela personnellement, et ne pas faire de suppositions, donc le rencontrer pour comprendre ce qui l’inquiète autant.Bon courage


#24

Des feuilles entières de graphisme qui ne correspondent à aucune lettre réelle… cette enseignante suis les programmes qui separent dorénavant très distinctement graphisme décoratif et écriture. C’est ainsi. Je trouve tes posts très, très durs… les enseignants font de leur mieux , en suivant ce qu’ils’pensent être juste. L’expérience de Gennevilliers est probante, mais elle est une parmi des tas d’autres dont les parents n’ont aucune connaissance car moins médiatisées, mais il se passe des choses extraordinaires partout… je travaille en ateliers autonomes depuis trois ans, je t’assure que c’est très difficile et si l’atsem et l’équipe ne me suivaient pas je pense que j’aurai abandonné car tout seul c’est monumental. Et les inspecteurs sont nos supérieurs hiérarchiques, certains sont bienveillants’et à l’écoute, d’autres peuvent te rendre la tâche très compliquée. Et tout le monde n’a pas l’âme d’un révolutionnaire…

Dans ma classe les enfants qui se’ sentent le mieux sont ceux dont les parents sont en phase avec l’école, les enfants moins bien intégrés et à l’aise dans la classe sont ceux dont les parents ralent fréquemment et souhaiteraient décider à ma place de la manière dont on mène une classe, chacun a une idée précise de ce qui est le mieux , et bien entendu les idées foisonnent…


#25

Bonjour @Colorinne,

Si ce ne sont que mes propos que tu trouves très durs, je trouve que cela va encore :wink: Car aujourd’hui, dans notre pays, c’est “40% d’enfants qui sortent chaque année du CM2 avec des difficultés tellement importantes qu’ils n’auront jamais une scolarité normale au collège. 40% chaque année ça fait environ 300 000 enfants qui sont un peu sacrifiés”.

A chaque fois que j’entends cette phrase, cela me pique, limite me fait saigner les oreilles.

C’est ainsi? Mais voyons donc, cela n’a pas d’allure. Pour ma part, je travaille dans le BTP. Si tu entendais que tous les ans, 40% des salariés de ce corps de métier étaient accidentés faute de respect des procédures de sécurité, tu ne serai pas outrée par ce chiffre? Tu te poserais sans doute des questions. Mais quand même, il y a des procédures pourquoi ne sont-elles appliquées? On sait quand même que la gravité a des conséquences sur un chantier. La géologie nous éclaire sur de nombreux aspects.

Heureusement, il y a des gens dont c’est le métier de réfléchir à minimiser les risques. Je te donne l’exemple des fouilles sur terrain accidenté. Si l’on creuse à plus d’1m30 de profondeur, il faut un bardage. C’est la procédure. Il m’est arrivée de dire sur la base de mes connaissances en géologie, sur la base du travail qu’il y avait à faire, que je voulais un bardage à un mètre. Juste pour respecter la vie des gens qui travaillent et ne pas me retrouver à devoir annoncer à une famille. “Ah désolée, monsieur est décédé. Mais vous savez la procédure est légale. C’est 1m30 un bardage”. Mais c’est trop facile.

Nous sommes tous des professionnels d’un domaine. L’Education Nationale et les enseignants qui appliquent les programmes sont garants de la pédagogie et des apprentissages en direction des enfants. Comme je n’invente pas des règles concernant les roches mais que je m’appuie sur des connaissances scientifiques pour faire le travail demandé, sans mettre en danger les personnes avec lesquelles je travaille. Je ne comprends pas que l’on puisse mettre en place une pédagogie, quelle qu’elle soit, sans s’appuyer sur le fonctionnement du cerveau d’un enfant. Et puis après tout, si on est à côté, ben “c’est ainsi”.

C’est comme si tu commandes un gâteau chez le pâtissier pour un anniversaire. On te le donne brûlé et on t’indique: c’est ainsi. Il fallait choisir une autre pâtisserie. Qui le prendrai?

J’ai eu la chance de réaliser une partie de mes études en Norvège, au Québec et en Islande. Au Québec, à la fin de chaque trimestre, on évaluait les professeurs. De façon constructive. Le but étant de savoir comment améliorer la pédagogie pour qu’un maximum d’étudiants bénéficie d’un enseignement de qualité. Qui s’adapte aux besoins de chaque jeune pour lui permettre la réussite. Et attention, je parle d’une université qui avait une entente avec une université française. Pas du privé.

Au siècle dernier, je ne dis pas. Mais avec toutes les avancées majeures de ces 20 dernières années, franchement, c’est juste inacceptable.

300 000 enfants par an. Ce chiffre m’empêcherait dormir si c’était mon corps de métier.

Mais le pire dans tout cela, puisque que tu considères que mes mots sont durs, c’est que n’étant pas issue de la maison éducation nationale, j’ai tout de même essayé d’échanger, de communiquer.
Parce que fondamentalement, je ne jeterai jamais la pierre à quelqu’un qui ne sait pas. Mais se mettre des œillères quand on sait, c’est grave.

Parce que c’est briser l’avenir de quelqu’un. Si demain, par flemme, je ne me tiens pas à la pointe des connaissances de ce qui fait de mieux sur les matériaux, les dangers potentiels, je mets la vie d’autres personnes en danger. Ne pas s’appuyer sur les sciences du développement de l’enfant pour proposer des outils d’apprentissage, c’est lui ôter ses chances dans la vie.

Faire de son mieux sur des bases faussées n’est pas suffisant. Si je le faisais, j’en aurai enterré des gens.

Si on s’interroge 2 minutes, toute cette réflexion de s’appuyer sur la science et non sur des croyances s’applique à tous corps de métier. Dès qu’il s’agit d’éducation, il faudrait d’autres règles. A un moment donné, je pense qu’il faut arrêter de se voiler la face.

Belle soirée


#26

Tout ce que tu dis est vrai Nina92… sauf que, quand il s’agit d’éducation, quand il s’agit de nos enfants, la raison n’est pas souvent la première instance utilisée… Ni en tant que parents, ni en tant que professionnels de l’enfance… Même les chercheurs dans ce domaine peuvent être pétris de certitudes et avoir des oeillères que leur ont collées leurs propres enfances… Sans parler des politiques, des décideurs etc…, dont les directives peuvent être contradictoires ou aller tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, dans un mouvement de balancier qui finit par donner le tournis si on ne prend pas un peu de distance par rapport à toutes ces injonctions dépourvues de vraie cohérence…
Donc chacun se débrouille comme il peut, et il n’y a pas en sciences humaines de “procédures” simples, qui relèvent de lois aussi démontrées et depuis si longtemps que celles de la gravité pour reprendre ton exemple…
Il n’y a qu’à voir comment ça se passe en médecine avec les autorisations ou les décisions de remboursement ou non pour certains médicaments, certaines thérapies, pour comprendre que l’intérêt des individus et des populations passe souvent bien loin derrière d’autres considérations, d’autres intérêts… Et bien rares sont les médecins qui prennent le temps de se renseigner vraiment sur les médicaments qu’ils prescrivent, ou qui osent proposer des soins plus efficaces et/ou moins risqués tout en étant moins coûteux que ceux préconisés, au risque d’être mis à l’amande, de voir tout leur service à l’hôpital fermé, ou même d’être radiés de l’Ordre des médecins…
Alors pour revenir au domaine qui nous tient à coeur, à l’éducation, je suis d’accord avec toi qu’il faudrait tenir compte des dernières découvertes en neuro-sciences, mais les recherches dans le domaine de l’éducation et des sciences humaines qui peuvent s’y rapporter sont elles aussi souvent contradictoires, et seules les neuro-sciences affectives, qui sont très récentes, semblent aller toutes dans le même sens de l’efficacité de l’éducation dite positive, alors que la grande majorité de la population, y compris chez les enseignants, n’en a jamais entendu parler… Donc nous ne parviendrons pas à convaincre tout le monde en deux temps trois mouvements, il va falloir du temps, de la patience, et aussi de la bienveillance, y compris pour les adultes qui continuent de faire comme on le leur a appris… Sinon ils se braqueront et ne voudront plus rien écouter, exactement comme les enfants si nous voulons leur faire entrer dans le crâne des valeurs que nous n’incarnons pas…


#27

Bonjour Isa1,

Je suis d’accord avec toi sur tous les points.

Bien sûr que ce n’est pas simple. Et ce serait simpliste de dire “yakafokon”.

Mais dès qu’il s’agit de l’école, le fondement scientifique de l’application de telle ou telle méthode n’est pas le principe de base. C’est tout de même un sacré problème.

Comment discuter de quoi que ce soit?

On vient accoler d’autres principes comme la liberté pédagogique, les rythmes scolaires, etc en occultant le principal.

C’est comme construire une maison sans prendre en considération le sol qui va la porter. On monte les fondations. On observe des affaissements mais on fait mine de rien voir et on rajoute les fenêtres. La maison est achevée et les problèmes commencent. On bouche les fissures mais on ne se demande toujours pas comment était la nature du sol et s’il était constructible.

On peut sans doute citer d’autres expérimentations. J’avais beaucoup aimé “Libres enfants de Summerhill”. Mais ce que j’apprécie dans la démarche de Céline Alvarez, c’est que tout son discours se tient sur des fondations scientifiques. Elle parle de la base. Certes, ce n’est pas magique ou parfait. Mais elle a utilisé l’élément de départ qui doit guider n’importe quelle démarche.

Lorsque j’ai discuté avec l’enseignante de mon enfant, j’ai construis mon questionnement sur des bases scientifiques et j’attendais en retour de connaitre sa base scientifique qui assoit sa méthode de travail. C’est là, que je me suis aperçue que nous ne parlions pas de la même chose.

Je dis simplement qu’enseigner à des enfants, doit répondre comme d’autres domaines, à une démarche scientifique qui guide l’action.

Je ne suis pas d’accord pour accepter des argumentations sur une autre base que celle-là. Je pense que c’est parce qu’on continue à accepter de discuter sur d’autres bases que celle-là, et que déjà faire de son mieux sur la base de ses croyances c’est déjà bien, qu’on se retrouve avec ce chiffre effarant de 300 000 enfants par année avec des difficultés multiples.

Belle journée


#28

Ce sont les objectifs de l’école qui sont à redéfinir. Pour moi, l’école devrait encourager l’autonomie, la prise d’initiative. Elle devrait offrir des méthodes et non chercher à remplir de connaissances. Elle devrait préserver la curiosité et l’élan naturel pour apprendre. Amener à la compréhension sans chercher l’exécution. Permettre la pratique, l’expérience libre.
Nous comparons l’enseignement traditionnel au jeu Tetris. Le rythme et le contenu sont imposés et peu importe si tout s’empile n’ importe comment. C’est navrant.


#29

Sont à repenser:
la formation initiale des enseignants
la formation continue des enseignants
les rythmes scolaires
l’adaptation des programmes au monde de demain où la connaissance sera à portée de clic mais pas le discernement, ni le goût de l’effort
les moyens humains offerts pour accueillir des enfants en situation de handicap


et j’en oublie sûrement!
l’extrême bonne volonté de tous les enseignants que j’ai pu rencontrer en tant que maman et en tant qu’enseignante, je ne la remets, quant à elle, pas en question. Est-il normal que nous nous auto formions sur notre temps libre en achetant des livres sur notre budget, en allant sur des forums qui nous conseillent d’autres lectures etc…
Je suis d’accord avec toi @Nina92, personne ne devrait accepter cet échec de trop d’enfants. Tous les enseignants qui sont sur ce forum cherchent des solutions. Et je suis sur d’autres fils de discussions d’enseignants qui, sans forcément faire du Montessori, du Freinet ou d’autres approches scientifiques cherchent des solutions. Echangent sur ce qui fonctionne dans les classes des uns et des autres. Testent des idées… Prennent le risque de déplaire à leurs supérieurs pour faire valoir leurs convictions.

Tu es inquiète pour l’avenir de ta fille comme bien des mamans, c’est tout à fait légitime. Pourtant, tout ne se joue pas en une année et tout ne se joue pas en classe. Quand j’ai lu le livre de Céline Alvarez, je me sui dit plus d’une fois: “en fait, c’est exactement ce que j’ai fait avec mes enfants!” et mes enfants, qui ont eu un enseignement classique, réussissent TRES bien au collège et au lycée aujourd’hui. Ta fille réussira tout aussi bien, j’en suis sûre!

belle journée à toi et à ta fille


#30

Des bases scientifiques… mouais… Mais lesquelles au juste ? Les “scientifiques” eux aussi se gargarisent parfois de certitudes, croyant dur comme fer qu’ils sont parfaitement objectifs, oubliant qu’ils sont des humains et des sujets avant d’être des chercheurs, et qu’on ne trouve que ce qu’on cherche… La subjectivité est incontournable, surtout si ne la prend pas en compte, même et peut-être surtout en sciences humaines…
Et puis un prof d’école n’est ni un chercheur, ni un scientifique, ni même un ingénieur ; c’est quelqu’un qui a la responsabilité d’un groupe d’enfants pendant un temps donné, on va dire une année scolaire, qui doit assurer leur sécurité, d’abord, et ensuite qui doit les amener à un certain seuil de connaissances ou de compétences, défini par les programmes nationaux, et qui n’a aucune formation digne de ce nom, il faut bien le dire… Il faut voir l’indigence des sessions de formation, qu’elle soit initiale ou continue… Il faut voir les soit-disant résultats de “recherches pédagogiques” dont on nous abreuve, qui coupent les cheveux en quatre et partent d’à priori confus et tout sauf éclairants au regard des réalités du terrain auxquelles nous sommes confrontés jour après jour…
Un prof d’école c’est un personnel de terrain, qui ne compte ni son temps ni son énergie, qui doit tout apprendre de ce qui est important et utile tout seul ou en tout cas en dehors des cursus de formation établis, et qui fait souvent preuve d’un investissement personnel que personne n’imagine ni ne comprend (à commencer par les conjoints)…


#31

@isa1,

En sociologie par exemple et sur d’autres sujets, j’avais lu des choses très intéressantes sur la posture à adopter en tant que chercheur. J’ai spontanément en tête Bourdieu qui a écrit des choses passionnantes. Je vais essayer de retrouver des suggestions de lecture pour ceux que cela intéresse . Car justement, il y a souvent une opposition entre les sciences dures et les sciences qui sont dites péjorativement “molles”, alors qu’il y a tout un protocole scientifique hyper solide en sciences humaines.


#32

Oui ça peut être intéressant, théoriquement sans doute, mais je te rappelle que les profs d’école ne sont ni des chercheurs ni des scientifiques, que nos classes ne sont pas des laboratoires, que ni nous adultes ni nos élèves ne sommes pas non plus des objets d’études scientifiques, et que les protocoles dont tu parles ne peuvent guère nous aider sur le terrain…
Nous avons besoin d’exemples comme celui de Céline, et de soutien dans nos expérimentations… Comme pour les enfants, chaque adulte qui est en chemin pour apprendre (et dans ce métier on apprend au moins autant qu’on enseigne) doit partir de là où il est, en s’inspirant de personnes et d’expériences réelles, et si ce n’est en se sentant guidé ou soutenu, au moins en ne se sentant pas sans cesse critiqué, jugé et dévalorisé… que ce soit sur des bases “scientifiques” ou autres…
Et j’ajoute que la pédagogie préconisée dans les ESPE se dit scientifique elle aussi, s’appuyant sur des recherches en “sciences cognitives” le plus souvent…
Alors quelle science est plus pertinente que l’autre en éducation ? Perso je pense que ce sont les neuro-sciences affectives, mais tout le monde n’est pas de mon avis, et surtout pas chez les fomateurs de l’EN…