Quel type d'autonomie en crèche ?


#1

Bonjour,

Merci d’avance à ceux qui prendront le temps de me lire et éventuellement de me répondre malgré la longueur.

Je viens de terminer un stage de 6 semaines dans une petite crèche et ce que j’ai vu et entendu me perturbe. Le choc entre la théorie et la pratique a été très violent. Est-ce lié à ma personnalité ou à cet environnement ?

Je suis souriante, bienveillante et empathique naturellement et je suis aussi très heureuse, ça aide peut-être. Avant de lire Céline, Catherine Gueguen, Isabelle Fillozat, Maria Montessori ou Arnaud Deroo éducateur de jeunes enfants qui prône la bien-traitance en crèche, dont les ouvrages m’ont transportée de joie, j’appelais ça de la gentillesse. Ce tempérament m’a toujours permis d’avoir un excellent relationnel avec mes employeurs, mes collègues et mes clients mais je me demande si dans le secteur de la petite enfance ce n’est pas un handicap.

Je suis donc en recherche de conseils parce que je suis complètement perdue. Enseignants de TPS/PS, comment faites-vous avec les 2/3 ans sachant qu’en crèche la règle est de 1 adulte pour 8 enfants ? J’imagine que comparé à vous c’est le rêve.

Avant je trouvais que l’école à 2 ans c’était trop tôt mais j’en suis à me demander si ce n’est pas mieux que la crèche.

J’ai bien compris l’importance de l’autonomie dans le développement de l’enfant mais je pose la question concernant les crèches donc l’autonomie avant 3 ans.

Un enfant de 1 an ce n’est pas un enfant de 2 ans qui n’est pas un enfant de 3 ans qui n’est pas un enfant de 4 ans qui ne sera pas un adulte avant bien longtemps.

L’autonomie est sur les lèvres de tous les professionnels et dans tous les projets d’établissement. Est-ce pour le bien de l’enfant ou pour le confort des professionnels ?

J’avais cru comprendre que l’autonomie venait assez naturellement dans un environnement suffisamment bon et j’ai pu le constater avec mes propres enfants qui sont aujourd’hui adultes.

Il faut qu’ils soient autonomes pour manger et s’habiller je suis d’accord et quand ils sont prêts ils le font à condition qu’on les laisse faire. Mais jusqu’à quel point faut-il l’imposer et pourquoi s’arrêter là ? Quand les petits de 2 ans veulent ranger leur chaise après le repas, ils sont poussés dehors et empêchés de le faire, c’est pourtant bien de l’autonomie. Quand ils veulent nettoyer ce qu’ils ont renversé avec leur serviette ils se font gronder et on leur dit que la table sera nettoyée plus tard, c’est pourtant bien de l’autonomie.

J’ai vu un petit de 2.5 ans un peu rêveur qui sait s’habiller seul mais qui est trop distrait pour le faire. Il préfère regarder ce qui se passe autour de lui et s’évader dans sa tête, c’est un rêveur. Je pense aussi qu’il aime bien qu’on s’occupe de lui et en crèche il n’en n’a pas souvent l’occasion et comme il est très grand en taille on a tendance à le traiter comme un grand. Un jour, les professionnelles, dont la directrice qui est éducatrice de jeunes enfants, ont décidé qu’il devait s’habiller tout seul, avant on lui mettait le début de la chaussette et il faisait tout le reste même si ça lui prenait beaucoup de temps. Ce jour-là, il est resté assis plus d’une heure à ne pouvoir rien faire tant qu’il ne s’était pas habillé. Il a donc rêvassé pendant une heure et il s’est décidé à le faire à l’heure du goûter parce que sinon il ne pouvait pas aller goûter et cette menace lui faisait visiblement peur.

Quelle est la leçon ? Qu’est-ce que lui apporte l’autonomie dans ces conditions ? Faut-il forcer l’autonomie ou faut-il l’accompagner ? Quand Maria Montessori disait « Aide-moi à faire seul. » que voulait-elle dire ? Aider veut-il dire forcer ?
Définition Larousse :
Forcer : Contraindre quelqu’un, l’obliger à faire quelque chose
Aider : Apporter son concours à quelqu’un, joindre ses efforts aux siens dans ce qu’il fait ; lui être utile, faciliter son action

Ces mêmes professionnelles m’ont expliquées que les enfants devaient apprendre à se gérer seuls et apprendre aussi à gérer les conflits c’est pour cela qu’elles n’interviennent pas tant que ce n’est pas nécessaire c’est-à-dire tant qu’en enfant ne hurle pas parce qu’il a été piétiné, mordu, tapé, poussé ou autre.
Comment se gérer seul et surtout gérer les conflits quand on a entre 12 mois et 3 ans et aucune expérience de la vie dans un univers aussi hostile que la collectivité avec 20 autres enfants ? Ne peut-on pas intervenir avant que cela ne dégénèrent pour les aider à gérer la situation ?

Comment se développent des enfants de cet âge livrés à eux-mêmes ? Que répondre à une professionnelle qui vous donne comme argument que dans certaines tribus africaines les enfants sont livrés à eux-mêmes très tôt avec juste une tante pour les surveiller ?

Les adultes ne les observent pas. Quand elles ne sont pas dans l’action et qu’elles pourraient enfin se poser au sol pour les observer et les accompagner, elles boivent le café, mangent la galette des rois ou discutent entre elles pendant que les enfants tournent, cherchent une occupation, se disputent, se poussent et se mordent. Comme elles n’ont pas observé la scène, quand elles interviennent elles ne peuvent pas comprendre ce qui s’est passé et elles mettent à réfléchir celui qui a mordu en expliquant à l’autre qu’il doit se défendre et en lui montrant comment pousser son petit camarade. C’est ça l’autonomie, apprendre à pousser tout seul comme un grand ?

Maria Montessori qui prônait l’autonomie disait que le travail du maitre est d’observer et d’encourager les comportements constructifs et de stopper les comportements destructeurs.

Sans observation comment savoir ce qui est constructif ou pas et comment savoir comment a démarré un “conflit” pour bien expliquer comment le résoudre ? J’ai remarqué que bien souvent ce n’est pas de l’enfant qui a mordu ou poussé qu’a commencé le “conflit”. Il n’a fait que défendre son territoire ou ce qu’il avait dans ses mains mais c’est lui qui a mordu donc c’est lui qui est mis à réfléchir.

Au fait, ça réfléchi à quoi un enfant de 2 ans ? A chaque fois que j’ai vu un enfant être mis à l’écart pour réfléchir je me suis posée la question. Soit il hurlait soit il était indifférent mais à aucun moment je n’ai eu l’impression qu’il réfléchissait. C’est simplement la version moderne de la punition. L’expression mettre à réfléchir ou à l’écart est plus politiquement correcte que la bonne vieille punition mais la finalité est identique.

Vous l’aurez compris je suis très déstabilisée. Durant mon stage dans cet établissement qui a pourtant les moyens humains nécessaires pour plutôt bien accompagner les enfants j’ai vu beaucoup de situations qui peuvent sembler anodines mais que j’ai trouvées très dures et très violentes pour des enfants de cet âge surtout quand elles se répètent tous les jours.

J’ai fait l’erreur de m’intéresser dès le début de ma formation CAP petite enfance au développement psychologique et affectif de l’enfant et de lire de nombreux livres sur le sujet. J’ai découvert le travail de Céline Alvarez, Maria Montessori, Catherine Gueguen et Isabelle Fillozat. J’ai élevé mes enfants par instinct avec toutes ces valeurs à l’esprit et je cherchais à savoir comment je pourrais les mettre en pratique dans un contexte professionnel, sur quels arguments je pourrais m’appuyer.

Pour ces professionnelles, j’ai trop lu, j’ai trop de théories, je suis trop gentille, trop sensible, je me contrôle trop, je veux être trop parfaite. Elles m’ont bien fait comprendre que je ne suis pas faite pour ce métier. Depuis des années qu’elles travaillent elles savent ce qu’il faut faire pour que le groupe fonctionne et ce n’est pas dans les livres que ça se trouve mais avec l’expérience. Quand j’ai tenté d’expliquer que je m’intéressais aux neurosciences, ça a été très mal pris puisqu’elles avaient fait une formation sur le sujet et que selon elles il y a à prendre et à laisser et que rien ne vaut l’expérience.

Je suis en partie d’accord, cependant dans la mesure où les découvertes récentes nous expliquent comment faire pour qu’un enfant se développe au mieux pourquoi continuer une éducation par le rapport de force et l’autoritarisme surtout à cet âge où ça n’a aucun intérêt pédagogique et qu’au contraire ça ne fait que nuire au développement du cerveau des enfants. Ils obéissent à court terme mais quels bénéfices pour eux sur le long terme? Si des enseignants arrivent à « tenir » à peu près une classe de plus de 20 enfants avec bienveillance et empathie, et cela semble être le cas en lisant vos témoignages sur ce site, pourquoi ne pourrait-on pas gérer un groupe en crèche avec un adulte pour 8 enfants ?

Je comprends qu’on ne puisse pas faire aussi bien qu’on le voudrait comme dans toute profession. Je sais qu’il y aura des jours avec et des jours sans, surtout le vendredi mais c’est pareil avec l’ancienne méthode. Je sais que dans mon travail je vais devoir faire des concessions mais pourquoi expliquer à des futurs professionnels qu’on ne peut pas faire autrement que ce qui se fait depuis toujours et qu’il ne faut pas être trop gentille avec les enfants ni vouloir être parfaite. Je sais qu’on ne peut pas être parfait mais quel mal y a t’il à essayer de tendre vers quelque chose qui s’en approche ?

Je ne vois pas pourquoi je serai obligée de mettre à réfléchir, de crier, de tirer les enfants par le bras pour qu’ils me suivent, les moucher sans leur demander s’ils le veulent bien ou ne pas les moucher du tout, les empêcher de ranger leur chaise après manger, leur dire merci, s’il te plait, de rien, les aider à s’habiller quand de temps en temps ils n’en n’ont vraiment pas envie, quand ils mangent leur remplir la bouche sans leur laisser le temps de souffler entre chaque cuillerée, ne pas les aider à manger sous prétexte d’autonomie et vider leur assiette alors qu’ils ont un peu trop rêver au lieu de manger, ne pas critiquer leurs parents, ne pas boire le café alors qu’ils se réveillent et qu’ils ont besoin de genoux disponibles et d’attention pour se poser 2 minutes le temps de finir de se réveiller, les rassurer quand ils pleurent ce qui le plus souvent ne dure jamais longtemps alors que si on les laisse pleurer ça peut durer très longtemps, leur proposer tous les jours le même jeu en nombre insuffisant, etc… Sans parler de toutes les petites maladresses faites par ignorance ou par habitude, et tout ça avec des tout petits de moins de 3 ans qui ne sont plus vraiment des bébés puisqu’ils marchent mais pas encore des enfants non plus, ils sont entre les deux et j’ai l’impression que cet âge déstabilise les adultes qui voudraient déjà qu’ils se comportent comme des grands.

Peut-on devenir professionnel de la petite enfance en respectant les enfants ? Peut-on individuellement avoir une démarche « bien-traitante » quand le reste de l’équipe n’est pas dans cette démarche ? Est-ce que ça peut perturber le fonctionnement d’une équipe ?

Dois-je renoncer ou me dire que même si c’est très dur pour moi de voir, cautionner et probablement adopter certains comportements, petit à petit je peux faire ma part de colibri et faire changer un tout petit peu les choses ? Comment fait-on pour être différent sans se laisser happer par le système ?

Je viens de finir mon premier stage et je n’ai pas su ou plutôt pas voulu exprimer quoi que ce soit sauf que je trouvais l’univers de la crèche très violent ce à quoi il m’a été répondu que j’étais trop sensible pour travailler dans ce secteur. La sensibilité et l’empathie sont-elles un handicap ? Le problème ce n’est pas que je sois sensible, je suis révoltée mais pas affectée. Je ne peux pas m’empêcher de me mettre à la place des enfants et d’imaginer ce qu’ils peuvent ressentir, j’avais cru comprendre que ça s’appelait l’empathie et que c’était plutôt une bonne chose d’autant que je n’ai pas à me forcer, c’est dans ma nature.

Dans la mesure où je suis en formation et de fait une future débutante, comment confronter toutes ces belles idées à l’expérience des professionnelles que je vais rencontrer sans les heurter et sans remettre en cause leur professionnalisme dont je dois malgré tout m’imprégner ?

De plus en plus d’enfants vont grandir dans les crèches. Doivent-elles continuer à faire de la garde ou ont-elles un rôle éducatif à tenir ? La société et l’école ne se porteraient-elles pas mieux si avant 3 ans les enfants étaient mieux accompagnés ?

Pourquoi néglige-t’on à ce point la toute petite enfance, pourtant si passionnante, y compris beaucoup de parents qui sont pressés que leurs enfants passent le cap des 3 ans ?

J’ai une petite théorie. Avant trois ans, les enfants ne parlent pas, ne se plaignent pas et s’adaptent très facilement à tout même au pire. On peut presque tout leur faire, 5 minutes après avoir pleuré voire hurler ils jouent et rient à nouveau ce qui peut laisser penser qu’après tout ce n’est pas bien grave d’où cette notion de caprices et de colères et cette statistique qui dit que c’est à l’âge de deux ans que sont distribuées le plus grand nombre de fessées. Mais qu’en garderont-ils pour le reste de leur vie ? Quels élèves seront-ils ? Quels adultes deviendront-ils ?

Pourquoi les parents sont-ils si peu exigeant avec la crèche alors qu’ils le sont tant avec l’école ?

Parce que quand ils rentrent de la crèche les enfants ne racontent pas combien de temps ils ont pleuré, combien de fois ils ont été tapé, poussé, dérangé par leurs petits camarades, qu’ils ont été mis à réfléchir, combien de temps ils ont gardé une couche souillée, qu’ils n’ont pas eu assez de jeux à leur disposition et qu’ils ont beaucoup tourné en rond parce qu’ils s’ennuient et cet ennuie-là n’est pas constructif, qu’ils n’ont pas assez mangé faute de temps ou qu’on les a gavé pour qu’ils mangent plus vite ou pire qu’ils ont entendu porter des jugements négatifs sur leurs parents.

Ils sont trop petits pour exprimer tout ça et les parents ne cherchent pas trop à savoir dans la mesure où les professionnelles leur disent que tout c’est bien passé, qu’il ou elle a fait telle ou telle activité, qu’il a bien dormi ou pas, qu’il a bien mangé ou pas. Elles ne disent jamais tout ce que je viens de citer plus haut excepté les morsures parce que ça laisse des traces donc elles sont bien obligées d’en parler. Je crains que les parents n’aient pas vraiment envie de l’entendre parce qu’ils faut bien qu’ils travaillent et que quelqu’un leur garde leur petit et après tout, ce qui se passe avant 3 ans ce n’est pas bien grave, ils sont tellement difficiles à cet âge et ça se rattrapera plus tard quand ils pourront enfin parler avec eux comme avec des adultes. Pourtant, s’ils observaient un peu quand ils viennent à la crèche ils pourraient s’interroger et demander par exemple pourquoi ce petit qui rampe est au milieu des grands qui courent ou pourquoi tel autre pleure tout seul dans son coin ?

Les parents ont le droit de ne pas savoir comment faire avec leurs enfants, parce que c’est vraiment difficile à cet âge, ils apprennent petit à petit, par contre, je pense que les professionnels eux n’ont pas ce droit là justement parce que ce sont des professionnels qui en théorie ont appris et sont payés pour faire un travail et le faire le mieux possible.

Je vous remercie d’avoir consacré un peu de temps à la lecture de ce post un peu long et éventuellement de votre retour. Vous aurez compris que je suis très inquiète quant à la façon dont est gérée en France la question des 0/3 ans.

Belle journée
Nadia


#2

Bonsoir,

Même si je connais cette réalité, que je ne suis pas surprise en vous lisant, je suis triste, terriblement triste lorsque je pense à tous ces enfants qui subissent cela au quotidien. L’autonomie au service de l’adulte…

J’ai longtemps hésité, mais je sais pour ma part, qu’aujourd’hui je ne pourrai plus travailler avec des enfants qui vivent dans un cadre comme celui que vous décrivez, avec des enfants ou avec des adultes d’ailleurs. Je pense que c’est un choix vraiment très personnel, certains parviennent à trouver leur équilibre en milieu hostile, parce qu’ils se sentent à leur place en faisant différemment, sentent qu’ils peuvent au moins apporter du soutien à ces enfants, et certains ont besoin d’un environnement beaucoup plus conforme à leur convictions pour ne pas se sentir en permanence comme un extraterrestre, un semeur de trouble. On peut être les deux, on peut changer, selon les moments…
Se mettre à faire “comme les autres” pour entrer dans le moule et faire un travail de colibri tout en douceur me semble absolument impossible aujourd’hui : comment forcer un enfant à faire quelque chose, comment l’empêcher de ranger sa chaise, comment lui crier dessus lorsque l’on considère cela comme violent ?? Je pense que cela va vite être invivable, cela reviendrait à cautionner ces violences, et bonjour la conscience ! :wink:

Les structures sont différentes d’un endroit à l’autre, les alternatives fleurissent, vous pourrez certainement trouver un lieu où la violence sera moindre et où le dialogue sera ouvert. Je pense par exemple aux crèches parentales, avec une belle équipe de parents que vous pourriez vraiment accompagner dans leurs questionnements, une équipe où vous seriez recrutée parce que vous êtes sensibles, empathiques, non violente, que vous avez des références théoriques qui correspondent. Cela me semble tellement plus riche et plus doux comme expérience, que de se confronter à des personnes qui ne sont pas du tout dans une perspective de remise en question et qui sont capables de vous renvoyez que “vous n’êtes pas faites pour ce métier”.
Mais encore une fois, c’est personnel, si vous vous sentez de faire selon vos convictions quitte à devoir supporter le regard malveillant des collègues, vous apporterez certainement du réconfort, de l’écoute, de l’amour à des enfants qui pourront au moins compter sur vous. Même si cela nécessite une sacré dose de courage, cela peut aussi apporter beaucoup de beaux moments, et peut-être au final des remises en question autour de vous.

Moi aussi je suis vraiment inquiète. Il est évident que la petite enfance n’intéresse pas nos dirigeants, il n’y a qu’à voir comme tous les métiers qui s’y consacrent sont considérés…

Bonne suite de réflexion en tous cas…


#3

Je pense que la directrice de votre crèche de stage avait raison.
Vous n’êtes pas faite pour le métier qu’elle pratique et complètement faite pour le métier pratiqué par la personne citée ci dessus.


#4

Oui je crois que travailler dans CETTE structure ne vous était pas possible mais comme il existe plein de classes et d’enseignants différents , il existe plein de structure petite enfance différentes .
C’est a chacun sans se résigner de trouver sa façon de travailler avec les enfants, même dans une équipe “classique” il existe différentes sensibilité.
Vous finirez par trouver une structure ou vous pourrez travailler à votre façon et si vous arrivez à ne pas entrer dans le jugements de vos collègues, vous pourrez peut être même les amener à évoluer.

Et sinon il ne vous restera plus qu’a créer cette structure petite enfance…


#5

Merci pour vos retours.

Effectivement @zartine je n’avais pas pris cet angle de vue il s’agit bien de deux métiers différents. Je me suis aussi informée sur Emmi Pikler et c’est bien de ça dont je rêve.

@papillon ne vous inquiétez pas, je refuse catégoriquement de faire comme les autres, c’était une boutade, je suis incapable d’être autrement que douce avec les enfants. J’ai malheureusement pour moi une conscience qui ne me permet pas de m’écarter trop de mes convictions. J’ai envie de persévérer et je suis prête à essayer de supporter le regard des autres si j’arrive petit à petit à leur démontrer qu’on peut faire autrement sans nuire au fonctionnement de l’établissement. Vais-je pouvoir ? c’est une autre question mais il me faut bien tenter l’aventure pour savoir si je suis à la hauteur.

@lppdh14 Je n’envisage pas de porter de jugement, ce qui m’a fait le plus râler dans cette structure c’est que les conditions de travail m’ont semblé idéales pour faire autre chose. Dans certains établissements je sais que les conditions de travail sont très difficiles et ça doit être difficile d’être bienveillant quand l’environnement ne l’est pas.
Pour ce qui est de créer une structure, encore faut-il que je commence par devenir une professionnelle compétente et puis cela ne m’intéresse pas, c’est auprès des enfants que j’ai envie d’être, pas dans la paperasse et la gestion des normes.

Bien à vous
Nadia


#6

Merci pour ce long témoignage qui malheureusement confirme la préhistoire de nos comportements y compris par les professionnels qui travaillent tous les jours avec nos enfants.
Je me permets de faire l’éloge du film d’investigation de Michel Meignant et Mario Viena “L’odyssée de l’empathie l’espoir de sauver l’humanité” pour sensibiliser mes amis, ma famille, les écoles où sont scolarisés mes enfants et où tout le monde reste bouleverser par les messages où y est dénoncé :
. les 700 enfants qui meurent chaque année de la violence en France,
. la France, le plays le plus violent d’Europe par Isabelle Filliozat,
. et où y fait l’éloge de la bienveillance avec les bienfaits de l’ocytocyne et les nombreux démarches qui vous donnerons du baume au cœur, de l’assurance dans votre message que vous avez raison de défendre. Ce sera long en France certainement.
Mais nous devons si nous en sommes convaincus rentrer en campagne pour la bienveillance. Ce film est un magnifique support.
Malheureusement, il n’est pas en libre service sur internet, il faut appeler les réalisateurs pour l’acheter.
Bonne campagne et n’hésitez pas à me faire partager ce que vous en avez pensé.
Sincèrement


#7

Dans la mesure où nous sommes plusieurs à nous intéresser au 0/3 ans peut-être pourrions-nous aussi partager nos idées et nos expériences qui pourraient (ou pas) être mis en place en crèche sans investissement, simplement avec un peu de bon sens pour que la vie des enfants qui grandissent en crèche soit plus belle et peut-être celle des parents aussi puisqu’ils retrouveraient le soir des enfants moins stressés.

Je ne suis pas encore professionnelle mais après 6 semaines d’observation, beaucoup de lectures et une grande passion pour les enfants, quelques idées ont germées dans mon esprit sont-elles réalisables en collectivité ?

  • Ne pas laisser un enfant quel que soit son âge et quelle que soit la raison pleurer tout seul.
  • Ne pas faire des groupes avec des tranches d’âge trop larges, autrement dit ne pas laisser les enfants qui ne marchent pas ou qui commencent juste à marcher évoluer au milieu des plus grands ou alors avec une très grande surveillance. Les 18 mois/2 ans ne devraient peut-être pas être en permanence avec les 2.5 ans/3 ans parce qu’on ne peut pas leur proposer les mêmes jeux ou activités ni le même rythme de vie.
  • Les coucher dès que la fatigue se fait sentir ou au moins leur proposer un espace pour se reposer.
  • Ne pas être trop dans l’action mais plutôt dans l’observation, l’accompagnement, la disponibilité. Que les adultes soient au sol, disponibles pour un câlin, un jeu, un petit moment de réconfort ou une conversation suivant les besoins des enfants. Ne pas parler entre adultes dans ces moments.
  • Mettre suffisamment de jeux ou activités en libre accès surtout quand on parle de jeux libres et d’autonomie. Les armoires sont parfois pleines de jeux qui sont distribués au compte goutte à des moments choisis par les adules.
  • Profiter au maximum de l’extérieur quand on a la chance d’avoir un espace vert, il vaut mieux les faire courir dehors que faire des parcours de motricité.
  • Parler et sourire aux enfants. Pourquoi faut-il leur parler à minima ?
  • Ne jamais porter de jugement sur les enfants ou leurs parents surtout devant les enfants.
  • Observer les enfants qui ont des comportements “agressifs” pour comprendre et éviter les situations qui les stressent et qui entrainent ce type de comportement, leur proposer, avec pédagogie, une alternative pour gérer leurs émotions et éviter aux autres les morsures et autres souffrances. Il me semble que la qualité de vie serait meilleure pour les enfants et les adultes.
  • Au lieu de leur laver les mains à la chaine au robinet en quelques secondes, leur mettre à disposition des cuvettes et des serviettes pour qu’ils le fassent seuls en prévoyant des tapis au sol pour éviter les glissades sur sol mouillé.
  • Les impliquer dans la vie pratique mais sans les forcer : attraper et ranger son assiette et ses couverts, laver les tables, ranger les chaises et pareil pour les activités, participer à l’installation et au rangement.
  • Il me semble qu’à un âge où ils ne savent pas encore dessiner les coloriages sont inutiles.
  • Mettre à disposition librement un espace pour dessiner sur papier ou tableau plutôt que le faire en activité dessin imposée et chronométrée.
  • Mettre à disposition des livres en libre accès adaptés aux différentes tranches d’âge dans un coin pour pouvoir se poser de temps en temps. La crèche l’a mis en place et les enfants adorent, ça leur permet d’avoir un coin calme et par moment ils arrivent à être seul ce qui est important pour certains. Les livres étaient des livres à raconter plus qu’à regarder et ils étaient un peu trop fragiles.
  • Les activités dirigées ne sont peut-être pas si indispensables que ça, elles sont sources de frustrations et de pleurs pour ceux qui doivent attendre leur tour et pour ceux qui voudraient bien continuer quand il faut laisser sa place. Avant 2.5 ans elles ne me semblent pas nécessaires si l’environnement est assez fourni en jeu et qu’ils participent à la vie pratique.
  • Leur laisser le temps de prendre leur temps.
  • Ne pas vivre avec un chronomètre. Est-ce indispensable de respecter les horaires en permanence ?
  • Eviter les frustrations inutiles sous prétexte de leur apprendre à gérer la frustration, la crèche c’est déjà une très grande frustration.
  • Quand ils atteignent l’âge du non, leur laisser un peu la possibilité de dire non, il parait que c’est important pour construire leur personnalité. Ne pas les gronder parce qu’ils disent non, à 2 ans c’est normal. Il me semble que c’est Isabelle Fillozat que j’ai entendu dire que si on laisse passer cette période en acceptant suffisamment de non et en évitant de rentrer en conflit, elle ne dure pas longtemps.
  • Ne pas faire de différence. Essayer d’accorder autant de temps à tous y compris à ceux qui sont très discrets et qu’on a tendance à oublier.
  • Ne pas perdre de vue qu’ils sont tout petits et que même s’ils comprennent les mots ils ne les interprètent pas comme des adultes et ils ne savent pas gérer leurs émotions.
  • Et oui, à cet âge il faut répéter, répéter, répéter et encore répéter tous les jours la même chose, c’est normal, ça ne sert à rien de s’agacer, donc être très patient.

Et comme le dit Céline, beaucoup d’amour.

Voilà quelques idées qui me semblent simples mais qui peut-être ne sont pas si simples que ça à appliquer dans le cadre de la collectivité.

Bien à vous
Nadia


#8

@zartine Merci, merci et encore merci. J’étais passée à côté du rapport Giampino dont je viens de terminer la lecture. Il me conforte dans mes idées et dans mon choix et me laisse espérer que je vais rencontrer des professionnels informés qui œuvrent dans la même direction.

Belle journée
Nadia


#9

Bonsoir

Effectivement @NadiaL , la plupart de tes propositions me semblent pertinentes et applicables dans la plupart des crèches mais cela nécessite forcément une prise de conscience du personnel qui ne leur est pas enseignée en formation CAP notamment.

La seule qui me semble dommage, c’est de se priver de l’évolution libre et de l’exemple des plus grands, mais il est sur que pour que cela se passe bien il faut une vraie attention à chacun de la part de l’équipe.

La seule chose qui n’est pas toujours applicable car elle nécessite un gros effort de la part des équipes c’est les sorties quotidiennes car ce n’est pas toujours adapté, les enfants n’ont pas toujours des habits pour aller dehors et cela veux forcément dire qu’il faut les habiller puis déshabiller.
Mais rien n’est impossible et dans la structure que l’on est en train d’ouvrir les enfants iront tous les jours dehors et les parents le savent et doivent habiller leurs enfants en conséquences et en sont ravis.

Pour les coloriage en accès libre moi cela me parait tout a fait possible et bien à tout age ils y prennent plaisir.

Pour le reste oui c’est une évidence pour nous aussi, de l’affection, du respect de leur besoins et rythme individuels, des explications douces pour permettre aux enfants d’évoluer à leur rythme…


#10

Bonjour Nadial,

Votre témoignage me touche.

Mais en tant que parents… Nous faisons confiance en la crèche… comment peut-on deviner que quelque chose ne se passe bien, si l’on nous dit que tout va bien.
Nous ne pouvons pas réellement savoir…

Bon courage pour la suite de votre parcours.

Géraldine


#11

Je fais actuellement des études d’auxiliaire de puériculture et je suis choquée de la non-bienveillance de certaines professionnelles. Je vais continué ma formation car j’ai une envie forte de bienveillance envers les 0-3ans mais je ne sais pas où je vais travailler diplômé… :frowning: cela dit j’ai trouver un stage (mon dernier de l’année) dans un crêche montessori hâte de voir comment ça se passe…


#12

@Cindy Quelle chance !!! Tu devrais rencontrer des professionnelles bienveillantes et respectueuses des enfants. Pour travailler avec les enfants il faut les respecter au même titre que les adultes, ce ne sont pas des êtres humains moins respectables.
Bonne continuation
Nadia


#13

C’est évidement tout ce que je peux souhaiter à Cindy malheureusement l’étiquette Montessori reste parfois une étiquette…La dernière crèche dite “Montessori” dans laquelle je suis allée n’avait rien de plus que quelques étagères de matériel, une seule personne était formée à la “méthode” ( et on pouvait se demander comment) : enfants punis, isolés, conseils donné aux parents sous mes yeux " si votre enfant mord, mordez le à votre tour"… bref, l’étiquette ne fait pas toujours tout, malheureusement, et en particulier avec le nom “Montessori” …:frowning:


#14

Bonjour @papillon, malheureusement je m’en doute d’autant que pour moi l’étiquette Montessori en crèche ne veut pas dire grand chose, je préfèrerai une appellation crèche bien-traitante mais j’essaie de garder espoir que certains établissements affichant ce type d’étiquette soit moins mauvais que les autres ou au moins essaient d’aller dans ce sens. Par contre ce que je crains à lire vos témoignages c’est que la crèche dans laquelle je suis allée soit loin d’être un cas isolé. Il semblerait qu’il y a vraiment un problème avec les professionnels de la toute petit enfance.
Belle journée


#15

Bonjour !
Oh pour sûr il y a un vrai problème oui !
Déjà parce qu’avant au moins un an, il me semble que la vie en collectivité n’est vraiment pas du tout adaptée…même lorsqu’il y a bien traitance, ou devrait au moins être limitée à quelques heures/semaines.
La bien traitance, je l’ai trouvée dans quelques crèches parentales, où les parents étaient hyper investis, où l’équipe avait été choisie par les parents…Ailleurs, c’était toujours du pire au moins pire, des personnes formidables mais noyées au milieu d’une masse au discours dogmatique et violent, habitées par la peur…
Ceci dit, j’ai tout de même l’impression que les choses bougent, que de moins en moins de parents acceptent tout en fermant les yeux, et que la formation commence à bouger aussi, un peu…Non ?


#16

Bonjour,

Je suis tout à fait d’accord sur l’âge minimum mais la société est ce qu’elle est et malheureusement les deux parents veulent et/ou doivent travailler soit pour des raisons financières soit pour des raisons sociales soit parce que certains ne trouvent pas un bébé intéressant fut-il le leur. Ils préfèrent que d’autres prennent en charge cette période de 0 à 3 ans et après c’est l’école qui prend le relais. J’ai rencontré beaucoup de collègues pressées de reprendre le travail parce qu’elles s’ennuient à la maison avec bébé.

Il faut se mettre à la place des parents à qui on ne dit pas à quoi ressemble la vie en crèche, on en fait même un portrait assez idyllique avec un discours sur le beau projet pédagogique, l’éveil et la socialisation, comment peuvent-ils imaginer un instant ce que vit leur enfant ? Certains parents n’ont surtout pas envie d’imaginer, sinon aller au travail serait une souffrance, ils préfèrent se convaincre que c’est bien pour lui et tant pis si c’est lui qui souffre. C’est politiquement incorrect de dire ça, mais comment expliquer la situation ? Si les parents s’intéressaient à ce que vit leur enfant ils pourraient faire pression sur les établissements et la situation changerait peut-être mais après tout 3 ans dans la vie d’un humain qu’est ce que ça représente, c’est si vite passé et ils oublient si vite à cet âge ? Par contre à l’école, ces mêmes parents sont sur le dos des enseignants au moindre petit “problème” ; la crèche peut faire ce qu’elle veut avec leur petit mais pas l’école. C’est bizarre d’autant que les maitresses sont bien plus pédagogues que les professionnels de la petite enfance et que l’école s’est gratuit alors qu’à la crèche ils paient.

Pour ce qui est de la formation, elle ne m’a rien apporté d’autre que des normes d’hygiène et de sécurité, le développement physique, la conduite d’une activité ou d’un soin mais point de psychologie ou de pédagogie. Je sais à quel âge sortent les dents, à quel âge il marche, à quel âge il acquiert les différents types de préhension, comment est constitué son épiderme, son système digestif, son cerveau au sens anatomique mais rien sur le fonctionnement du cerveau et l’impact de nos comportements sur son développement psychologique, affectif et intellectuel.
J’ai fait le pas de me documenter dans ce domaine sur internet et en achetant de nombreux ouvrages d’hier et d’aujourd’hui mais je pense que peu de personne en formation ou en poste font cette démarche excepté les éducateurs de jeunes enfants, mais malheureusement ce ne sont pas eux qui sont au contact des enfants.

A partir de l’année prochaine le nouveau CAP accompagnement éducatif petite enfance viendra remplacer le CAP petite enfance. Espérons que ce n’est pas juste une question de vocabulaire et qu’une place bien plus importante sera donnée à l’éducation dans le programme.

Belle journée
Nadia


#17

Bonsoir
nous sommes des professionnels de la petite enfance qui essayent de travailler avec des enfants acteurs dans le respect de leurs besoins et de leur rythme.
Nous avons eu la chance d’être suivi par notre administration.Et surtout d’être accompagné par une méthode de travail basée sur l’observation et la réflexion d’équipe: la pédagogie interactive .

Il est possible de travailler autrement en équipe et de casser la routine pour être sans cesse dans un esprit de recherche et de réajustement de nos pratiques.

Nous essayons maintenant de diffuser cette approche portée par l’ IEDPE au départ.


#18

Bonsoir NadiaL,

Tout ce que tu décris est du vécu aussi pour moi.

Pour connaître, en tant qu’assistante maternelle agréée, le milieu collectif et pour avoir de l’expérience pour préparer une VAE d’auxiliaire, j’ai travaillé pendant mes congés en tant que bénévole, dans une petite crèche associative.

L’autonomie y était le mot d’ordre : au moment de l’habillement, le repas, le change, … régime pour les tous petits également. Moi qui avais l’habitude (depuis 20 ans d’expérience) de “cocoonner” mes petits que j’accueillais, j’étais très déroutée et parfois même choquée de ce que le personnel encadrant exigeait des tout-petits : un exemple (parmi de nombreux autres) qui me revient : une petite d’à peine 2 ans (qui avait très peu d’appétit) renverse son assiette de repas (fourni par les parents) : elle a dû faire de son mieux pour le ramasser à la balayette, le jeter à la poubelle ! Et elle avait terminé son repas (pas de plat de substitution dans cette crèche). Elle a terminé difficilement son repas en mangeant un 1/2 yaourt. Cet évènement n’a évidemment pas été relaté aux parents le soir.

Je pourrais décrire d’autres situations qui se déroulaient au cours d’une journée.

J’ai eu également une très très mauvaise expérience en école maternelle où l’enseignante pratiquait littéralement une VEO sur les enfants. Je n’ai pas pu cautionner ce genre de comportement. J’ai démissionné.

Quand je vois l’engouement qu’a suscité Céline et tous les scientifiques des neurosciences sur les professionnels de la petite enfance, j’espère que les choses vont changer mais j’ai peur que cela soit très long …

En tout cas, je ne souhaite pas du tout à terminer mon cursus pour valider ma VAE d’auxiliaire. Je retourne travailler “chez moi”.


#19

Bonjour, je ne comprends pas le mot VEO.!


#20

Violence Educative Ordinaire

… ah ces fanas des sigles !!!