Bonsoir,
Même si je connais cette réalité, que je ne suis pas surprise en vous lisant, je suis triste, terriblement triste lorsque je pense à tous ces enfants qui subissent cela au quotidien. L’autonomie au service de l’adulte…
J’ai longtemps hésité, mais je sais pour ma part, qu’aujourd’hui je ne pourrai plus travailler avec des enfants qui vivent dans un cadre comme celui que vous décrivez, avec des enfants ou avec des adultes d’ailleurs. Je pense que c’est un choix vraiment très personnel, certains parviennent à trouver leur équilibre en milieu hostile, parce qu’ils se sentent à leur place en faisant différemment, sentent qu’ils peuvent au moins apporter du soutien à ces enfants, et certains ont besoin d’un environnement beaucoup plus conforme à leur convictions pour ne pas se sentir en permanence comme un extraterrestre, un semeur de trouble. On peut être les deux, on peut changer, selon les moments…
Se mettre à faire “comme les autres” pour entrer dans le moule et faire un travail de colibri tout en douceur me semble absolument impossible aujourd’hui : comment forcer un enfant à faire quelque chose, comment l’empêcher de ranger sa chaise, comment lui crier dessus lorsque l’on considère cela comme violent ?? Je pense que cela va vite être invivable, cela reviendrait à cautionner ces violences, et bonjour la conscience !
Les structures sont différentes d’un endroit à l’autre, les alternatives fleurissent, vous pourrez certainement trouver un lieu où la violence sera moindre et où le dialogue sera ouvert. Je pense par exemple aux crèches parentales, avec une belle équipe de parents que vous pourriez vraiment accompagner dans leurs questionnements, une équipe où vous seriez recrutée parce que vous êtes sensibles, empathiques, non violente, que vous avez des références théoriques qui correspondent. Cela me semble tellement plus riche et plus doux comme expérience, que de se confronter à des personnes qui ne sont pas du tout dans une perspective de remise en question et qui sont capables de vous renvoyez que “vous n’êtes pas faites pour ce métier”.
Mais encore une fois, c’est personnel, si vous vous sentez de faire selon vos convictions quitte à devoir supporter le regard malveillant des collègues, vous apporterez certainement du réconfort, de l’écoute, de l’amour à des enfants qui pourront au moins compter sur vous. Même si cela nécessite une sacré dose de courage, cela peut aussi apporter beaucoup de beaux moments, et peut-être au final des remises en question autour de vous.
Moi aussi je suis vraiment inquiète. Il est évident que la petite enfance n’intéresse pas nos dirigeants, il n’y a qu’à voir comme tous les métiers qui s’y consacrent sont considérés…
Bonne suite de réflexion en tous cas…