"Radio-Récré" Une radio collégienne (1981-89)


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Je viens de lire dans La Dépêche du Midi du dimanche 8 janvier l’article élogieux de Sébastien Dubos au sujet de Ramdane Touhami (page 12), ce jeune Montalbanais que j’ai bien connu et à propos duquel je voudrais vous faire part de ces quelques réflexions qui débordent largement de son cas emblématique.
Ramdane faisait partie des jeunes animateurs de Radio-Récré, la radio collégienne que j’avais fondée et dirigée au collège de Villebourbon à Montauban de 1981 à 1989. J’avais remarqué dès la 6 ème ce petit Ramdane d’une intelligence vive et d’une assurance remarquable pour un enfant de son âge. C’est pourquoi je l’avais choisi avec deux autres enfants pour interviewer le Premier ministre Jacques Chirac qui inaugurait une école à Albias. En voici un bref compte-rendu :

__La fine équipe de Radio-Récré_**

__« Ça y est ! Le voilà, le Premier ministre ! C’est Jacques Chirac, il arrive en hélicoptère ! » Ces cris d’enthousiasme sont de Damien Formento. Il fait partie de la petite équipe de Radio-Récré spécialement désignée pour ce reportage.
Nous sommes à Albias, Tarn-et-Garonne, aux portes de Montauban, le 18 mars 1987 en régime de cohabitation : Mitterrand est à l’Elysée, Chirac est à Matignon. Il est venu inaugurer une école primaire.
L’équipe de reportage est composée de Damien Formento, Sandrine Prunet et Ramdane Touhami. Tous trois collégiens de 6ème à Villebourbon et très actifs à Radio-Récré. Les volontaires ne manquaient pas. J’ai choisi les plus jeunes car je pensais qu’avec eux nous passerions partout. Bingo ! toutes les autres radios « des grands » ont été refoulées au delà des barrières de sécurité. Seule, la nôtre a été autorisée à venir au contact.
Les seuls à pouvoir rester au pied de la tribune, les seuls à pouvoir interviewer le premier ministre après son discours. Nos deux magnétos avaient fait le plein. A la fin, d’autres radios professionnelles viennent nous demander, comme c’est l’usage, à faire des copies de magnéto à magnéto.
Le lendemain matin, alors que je suis dans ma salle de bain, le téléphone sonne. C’est mon homologue fondateur d’une radio d’un collège de Rambouillet : « Il y a tes gosses sur France-Inter ! Ils interviewent Chirac »

Ce jeune Ramdane s’est distingué à Radio-Récré pendant ses quatre années de collège. Il avait notamment participé à un débat avec Albert Jacquard dont un extrait avait été diffusé par France Culture. Il était du reste de tous les débats et ses interventions ne manquaient ni d’à-propos, ni d’enthousiasme. Je savais que son parcours lycéen ne l’avait pas emmené très loin.
Et c’est ce qui m’amène à vous livrer ces quelques réflexions.

Comment notre système éducatif peut-il laisser partir de tels talents sans les avoir repérés ni encouragés ? Je connais un autre cas, un ancien collégien de Villebourbon prénommé Mohamed. Lui aussi a été lâché dans la nature sans bagage. Il a repris de lui-même des études : collège+lycée+université et il enseigne aujourd’hui dans une université de la région parisienne. Alors, pensera-t-on, Ramdane, Mohamed, des victimes du racisme ? Pas sûr : il y a de nombreux autres cas qui n’ont rien à voir avec les précédents. Ainsi l’école 42 à Paris, fondée par Xavier Niel (patron de Free) qui forme en trois ans des développeurs informatiques de très haut niveau. Après une très sévère sélection de la première promotion de ces petits génies, on s’est aperçu que 40% d’entre eux n’avaient aucun diplôme.
Il y a urgence à repenser notre système éducatif. Ce débat ne concerne pas que les enseignants et le gouvernement mais tout le monde : tous les autres personnels non-enseignants, les enfants, collégiens et lycéens, les parents et les autres citoyens. La réflexion doit non seulement porter sur les moyens, les horaires, les méthodes, les programmes, les attentes, mais sur tout le reste : l’architecture, le matériel, le mobilier, la décoration et … Les salaires !
Voilà ce que m’inspire le cas Ramdane Touhami. Je suis à peu près sûr que si on lui demandait son avis sur tout cela, il aurait encore des idées novatrices. Mais il fonctionne actuellement sur un mode planétaire et il a bien d’autres préoccupations que celles du système éducatif français.
Mais en cherchant un peu, je pense qu’on en trouverait d’autres Ramdane autour de nous avec des étincelles dans la tête et qu’il serait bien dommage de les laisser s’éteindre.
Jean-Claude Drouilhet


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Merci pour le partage de cette histoire…