Bonjour,
Comment expliquez vous que le ministre de l’éducation , M. Blanquer, n’ait pas effectué de réforme de la pédagogie en maternelle? Il est pourtant au courant des résultats des recherches menées sur les fonctions exécutives…
Réforme maternelle Blanquer
De nouveaux programmes sont en préparation pour la maternelle. Mais je ne suis pas du tout confiant quant à ceux-ci. Des tests nationaux vont être prévus dès la maternelle, comme ça se fait déjà en CP. Quand on sait ce qu’il en est ! La lourdeur et le manque total d’intérêt pour la classe, l’enseignant, et les élèves. Et le fichage généralisé qui se prépare. Et pour le contenu aussi, je craint un gros retour en arrière, sous prétexte de retour aux fondamentaux.
Les programmes actuels datent de 2015. Ils donnent toute latitude aux enseignants qui le souhaitent d’opter pour une pédagogie centrée sur les ateliers libres autonomes. La bienveillance est au cœur du texte, tout comme l’autonomie. Après chacun l’a plus ou moins intégré dans sa pratique. Difficile de chambouler son organisation de classe. Dans l’enseignement publique, où la liberté pédagogique est garantie, de nombreux collègues sont très ouverts à ces approches et l’adaptent à leur classe.
Bonjour, j’ai vu dans un article du café pédagogique, un document pour évaluer les élèves de maternelle dont les items sont effrayants : “est que l’élève me répond mal quand il est en colère ?” jamais, souvent, parfois. Cela s’adressait à des PS. A qui et à quoi cela va t-il servir ?
Les apports des neurosciences font elles partie de la formation actuelle des enseignants ?
Non mais quoi!!!
Ma fille va entrer en PS en septembre et je croise les doigts pour que l’on tombe sur une enseignante ok… pour moi c’est du bon sens… mais bon…
C’est à se demander pourquoi notre ministre n’est pas capable d’ouvrir les yeux sur les bases à instaurer en maternelle… !
Probablement parce que l’intérêt de l’enfant n’est pas le seul (pas le principal?) intérêt pris en compte. Et l’intérêt/l’écoute des enseignants encore moins.
Ma formation initiale d’enseignant, à l’IUFM à l’époque, date d’il y a plus de 20 ans maintenant. Et notre formation continue officielle est très réduite, de plus en plus chaque année, peu pertinente car très directive. Heureusement que l’on n’enseigne plus comme cela en classe. Les intervenants chercheurs les plus intéressants que j’ai pu écouter l’ont été dans le cadre de formations syndicales, de droit, mais limitées elles aussi.
La formation dont nous bénéficions consiste surtout en de la pédagogie par matière : comprendre le contenu des programmes, élaborer une fiche de préparation de séance, analyser les erreurs des élèves. Pour répondre à ta question : aucune vision globale du développement de l’enfant, ni d’un point de vue historique, ni en psycho, encore moins en neuro-sciences.
Heureusement, nous sommes une grande majorité à continuer à nous former par nous même tout au long de notre carrière, en particulier pour répondre ou anticiper les difficultés que nous pouvons rencontrer dans nos classe. Mais c’est une formation sur le tas !
Comme tous les services publiques dans cette période de rabotage des moyens humains alloués, nous faisons de notre mieux avec les moyens du bord. Et nous ne sommes pas les plus mal lotis : depuis 2013, plus de 13 000 lits ont été supprimés dans les hôpitaux publics ! Pendant ce temps, la fortune des milliardaires français a augmenté de plus de 400%. Sans commentaire
Voila pourquoi je suis suspicieux quant à la réforme maternelle Blanquer à venir. Je n’attends rien de bon. J’attends de voir, au delà des effets d’annonce, si l’école publique reviendra au cœur des priorités de la république française, avec les moyens et les formations nécessaires. J’en doute fort. Il s’agirait semble-t-il plutôt de nous chambouler une fois encore le programme. Sachant que le programme actuel, qui date seulement de 2015, va dans le bon sens et nous laisse une grande liberté pour appliquer une pédagogie de l’autonomie et de la bienveillance.
Merci beaucoup de ta réponse!
Je pensais pourtant que les pouvoirs publics souhaitaient s’emparer de ce sujet, et allouer les moyens nécessaires. La sollicitation de M. Cyrulnik pour la remise d’un rapport sur la petite enfance me paraissait être un bon signe. Mais visiblement la mesure du problème n’a pas été prise!
L’argument “fichage” me semble contreproductif et surtout totalement déconnecté de la réalité … nous sommes “fichés” avec nos n° de sécu, de dossiers, nos smartphones, nos ordinateurs … donc ce n’est surement pas la façon d’aborder le problème.
Ce qui me semble plus pertinent est de regarder l’autre côté du “fichage”, son utilité.
Et si les enseignants savaient ce dont leurs élèves ont besoin ?
Et si les élèves étaient mieux accompagnés dans leur parcours ?
Et si on utilisait mieux les ressources mises à notre disposition ?
Et si on accompagnait mieux les enseignants ?
Et si … autant de propositions pour faire avancer les choses dans un sens qui bénéficierait à tous !
Vouloir une école INCLUSIVE est ne pas avoir de vision sur la diversité des profils c’est se mentir, mentir aux familles, mentir aux élèves en les empêchant de donner le meilleur.
Alors OUI à un repérage, NON à un cloisonnage… c’est là où il faudra être vigilant !
Je maintiens que le fichage des élèves, ou repérage si le terme passe mieux, tel qu’il est mis en place, est une lubie de gestionnaire et non une utilité sur le terrain. De quoi avons nous besoin pour suivre au mieux les élèves dans leur diversité ?
De conditions de travail qui nous permettent d’accompagner au mieux les élèves. Au lieu de cela des postes ferment alors que le nombre d’élèves augmentent, c’est le cas depuis des années dans nos petites écoles de campagne. Et c’est une tendance générale au niveau national. J’ai bossé pendant trois ans avec plus de 35 élèves dans ma classe.
De temps d’échanges entre collègues et de travail en collaboration. Au lieu de cela, nous n’avons travaillons chacun cloisonnés dans nos classe car nous n’avons aucun temps de remplacement pour aller travailler en équipe avec des collègues ou prendre du recul en observation dans notre classe. Des expériences comme le travail en co-enseignement devrait être généralisées.
D’un réseau d’aide avec des spécialiste formés qui apportent leur éclairage sur les élèves : médecins, psychologues, enseignants spécialisés. Au lieu de cela, les Rased, qu’il faudrait améliorer et renforcer, sont réduits à peau de chagrin. Les psy ont des secteurs qui ont doublé, elles ne font plus que du secrétariat pour gérer les dossiers d’orientation.
D’une liberté pédagogique accrue pour faire émerger les multiples expériences innovantes telle qu’a pu l’être ce qu’a proposé Céline Alvarez à Genevillier. Au lieu de cela, la formation est sclérosée, et la tendance serait plutôt à nous dicter quels manuels utiliser. Notre expertise est malmenée pour faire de nous de simples exécutants, comme cela nous est demandé dans les évaluations nationales où nous n’avons même plus la main sur l’analyse des données.
Donc NON, je refuse de limiter mon métier à simplement rentrer des données pour alimenter des statistiques. L’observation active des élèves est bien plus utile pour les accompagner dans leurs progrès et leurs difficultés, qui évoluent. Et si, parlons en, la réforme maternelle Blanquer consiste à nous imposer des évaluations nationales dans la continuité de celles qui ont déjà lieu au CP, ce n’est pas ma vision de mon rôle d’enseignant. Les programmes de 2015 mettaient en place un carnet de réussites que chacun a adapté à ses pratiques, ce qui dans le principe me parait beaucoup plus pertinent.
La 1ère chose dont nous avons besoin est de connaitre leur profil. Comment enseigner à un dyslexique si je ne sais pas qu’il l’est … et pour tirer le meilleur parti de cette information, il faut: - de bonnes conditions de travail,
- des temps d’échange (mutualisation des idées et des compétences),
- un réseau d’aide pour mieux appréhender les profils
- une certaine liberté pédagogique pour me permettre d’être créatif, de faire de ma classe un terrain d’expérimentation pour innover dans l’intérêt des élèves.
Connaitre les profils c’est aussi permettre à l’école inclusive de répartir la diversité pour les enseignants (éviter le concentration qui demande plus d’énergie) et les autres élèves (apprentissage de la diversité, tolérance, bienveillance …).