Violence éducative sur les enfants, que faire ?


#1

Bonjour,

Notre fils est victime d’une enseignante qui pratique la pédagogie de la peur. Il est en CE1 , la maitresse les menace pour tout. Elle met un tampon avec un cochon quand c’est mal écrit, à déchiré 2 pages du cahier du jour de notre fils, chifonné une feuille de grammaire sur laquelle il avait passé du temps.En quelques semaines, notre fils a perdu beaucoup d’estime de lui et s’estime nul en maths, pas bon en grammaire.Nous l’avons amené chez la psy mardi et sortons de l’école, un fiasco!!!Nous nous sommes fachés car après avoir entendu “c’est juste des mots, c’est pas de la maltraitance physique”, c’est juste le ressenti de votre fils (et il a eu une petite soeur, donc la maittesse n’ y est pour rien).
Que faire? Vers qui nous tourner?
Merci de votre aide


#2

Bonjour,

Je n’ai pas de réponse à apporter ( même si mon cœur hurle : sortez cet enfant de cette classe au plus vite !), mais plutôt la même question.
Cela faisait quelques temps que je tournais une formulation dans ma tête pour aborder le sujet sur ce forum.

Je n’ai pas d’enfants, et je ne suis pas enseignante non plus…
Mais beaucoup d’enfants ( et de parents) me racontent ce qu’ils vivent à l’école, et ces histoires de petits cochons quand c’est mal écrit, de codes de comportement à colorier, de remarques humiliantes, de punitions en tout genre, de travaux déchirés, de système de bons points et autres récompenses, j’en entends des dizaines et des dizaines à chaque fois que j’ouvre le sujet.

Et la question reste toujours la même : que faire ? Quand les parents ont essayé de discuter, ils se sont entendus dire que c’étaient des méthodes qui avaient fait leur preuve, qu’ils avaient une liberté pédagogiques et que ce n’était tout de même pas les parents qui allaient décider de ce qu’il se passait à l’école. Dans bien des cas, cette tentative de discussion s’est soldée par un regard encore plus négatif porté sur l’enfant, c’est lui qui a subi les conséquences.

Comment discuter sereinement, comment informer un enseignant sans qu’il ne se sente piégé, blessé ? J’ai parfois l’impression qu’à trop vouloir ménager, ne pas faire culpabiliser, on laisse passer beaucoup de choses, beaucoup de violences éducatives…Pourtant, on sait bien que plus on tolère ces “petites” violences, plus notre seuil de tolérance aux violences plus graves augmente…

Comment apprendre à recevoir des critiques constructives, à être dans l’échange, à se remettre en question sans se sentir accusé ?

Même si le dialogue est la plus belle des solutions, lorsque ce n’est pas possible, on peut aussi se dire que l’école n’est pas obligatoire ( ou qu’il y a d’autres écoles), et que sortir son enfant d’une classe où il est humilié et dans laquelle il perd progressivement confiance en lui et plaisir d’apprendre, c’est possible et parfois nécessaire !

Je suis sidérée par les propos de la psy…Je supporte de plus en plus cette minimisation des ressentis et des retours des enfants.

J’espère que tu vas trouver ici des personnes qui pourront t’aiguiller sur d’éventuelles démarches ( possibilité de changer de classe au sein de l’école ? Possibilité de dérogation pour une autre école ?), ou bien qu’un dialogue ( peut-être aussi avec le directeur/la directrice ?) va pouvoir permettre de rétablir un peu de bienveillance dans cette classe ?

Comment réagissent les autres parents ? J’ose espérer que tu n’es pas la seule à ne pas être d’accord avec cette pédagogie de la peur ? Et les autres enfants ? S’ils parviennent à comprendre que cette maîtresse fonctionne ainsi “parce qu’elle ne sait pas faire autrement”, ils pourront peut-être s’entraider, ne pas entrer dans son jeu et la laisser dire sans prendre pour eux ses remarques humiliantes…

Je me souviens d’un petit gars que je gardais ( 8 ans) qui était dans une école Freynet, et qui un jour a eu une remplaçante qui n’était pas du tout formée à cette pédagogie, et plutôt branchée “pédagogie de la peur”. Les enfants n’en ont pas trop souffert parce qu’ils avaient bien compris qu’elle ne savait pas faire autrement, et ils critiquaient avec beaucoup de justesse ses méthodes, et utilisaient entre eux l’humour pour que les enfants humiliés par cette maîtresse ne se sentent justement pas humiliés. Bref, tout cela pour dire que si les discussions avec la maîtresse n’aboutissent pas, il y a peut-être des pistes à chercher du côté de la classe, des copains afin que ton fils puissent être soutenu par le groupe…

Hâte de voir d’autres réponses !


#3

Bonjour
en effet, ce n’est pas tolérable. Si votre enfant est mal dans cette classe, si vous avez le choix, vous pouvez peut etre le changer d’école. il faut protéger nos enfants.
Bonne continuation,
marie


#4

Le dialogue semble compliqué avec l’école…Et votre fils semble en souffrance, ce qui n’est pas reconnu, je comprends votre détresse.
Il est peut-être possible de faire appel au RASED (reseau d’aide de l’école) et notamment à la psychologue scolaire qui pourra peut-être en discuter plus sereinement avec la maîtresse qui semble sur la défensive avec vous…et lui expliquer ce que ses méthodes ont comme effets négatifs sur les enfants…et peut-être lui proposer des pistes pour changer sa façon de faire.


#5

Chère pingouette,
un peu atterrée par votre message mais aussi par les réponses apportées.
votre enfant va mal ? sortez-le de là… Et les autres alors ? La fuite n’est jamais une solution dans un 1er temps.
Vous avez tenté le dialogue sans succès, cette enseignante travaille dans une école avec un(e) directeur(trice). C’est un interlocuteur possible qui doit vous épauler.
Si ce n’est pas le cas, les enseignants ont un supérieur hiérarchique : l’inspecteur de circonscription. Lui aussi doit vous écouter. N’hésitez pas à rappeler que vous souhaitez avant tout un dialogue pour le mieux-être de votre fils.
Être plusieurs permet parfois d’être plus crédible : si tous les enfants de la classe subissent ce que vous décrivez, il doit y avoir d’autres parents dans votre situation. Vos délégués de parents d’élèves peuvent vous aider à vous organiser en réseau, ils peuvent également jouer le rôle de médiateur avec votre enseignante.
Bon courage à vous et tenez-nous au courant. :wink:


#6

L’un n’empêche pas l’autre.
Lorsque le dialogue n’est pas efficace, et que les démarches sont longues, et risquent de se solder par un échec ( concrètement, vous pensez que cette personne va arrêter sa pédagogie de la peur suite à un dialogue avec sa hiérarchie ? J’ai quelques doutes…), l’urgent peut être en effet de sortir son enfant d’une telle classe. Ce qui n’empêche pas d’encourager d’autres parents à le faire ( le “souci” n’en sera que plus visible), et ce qui n’empêche pas non plus de signaler le motif du retrait à la hiérarchie et de penser aux autres enfants !
Ceci dit ( malheureusement), j’imagine qu’une partie des parents est tout à fait d’accord avec ces pratiques qui sont celles qu’ils appliquent à la maison…

Sortir un enfant d’une classe n’est pas forcément une fuite, cela peut être une nécessité et une urgence. Évidemment, dialoguer est la première chose à faire, mais encore faut-il que ce soit possible et que l’enfant ne subisse pas les conséquences d’une discussion…
Partir n’est pas forcément fuir, cela peut aussi être choisir autre chose pour son enfant, refuser de le laisser dans un milieu clairement hostile.

Lorsque j’étais moi-même à l’école, j’ai eu un maître qui hurlait à longueur de journée, donnait des coups de pieds et tiraient les oreilles des “mauvais élèves”. A côté de cela, c’était un maître qui nous faisait faire plein d’activités, avait beaucoup d’humour, montait des projets géniaux. Alors personne ne s’est alarmé, et nos récits d’enfants n’étaient pas trop pris aux sérieux…d’ailleurs on finissait tous par penser que ceux qui se prenaient les coups les avaient finalement un peu mérité ( bah oui, ils n’avaient pas fait leur travail…). Deux ans après mon passage dans cette classe, 3 familles ont réagi en retirant leurs enfants de l’école ( évidemment, après avoir discuté et fait remonter le problème; ce qui a été long, trop long pour les enfants qui pendant ce temps subissaient encore plus fort le comportement du maître à leur égard). A partir de là, les choses ont bougé (un peu), notamment parce que perdre 3 élèves dans une petite école c’était risquer la fermeture de classe…Pendant ses dernières années, les parents ont été beaucoup plus vigilants, les collègues aussi, et il a ralenti un peu sur les coups. Mais c’est tout…il a continué à venir faire classe tous les jours. Pourtant, la hiérarchie était au courant…

Dialoguer quand on est réellement écouté et qu’il y a les moyens de faire changer les choses, oui. Mais laisser un enfant dans un milieu où il souffre lorsque l’on voit qu’il n’a pas les moyens de mettre de la distance sur le discours de la maîtresse pour ne pas se sentir blessé, même quelques mois, non !


#7

Je vous remercie pour vos messages. Nous ne souhaitons pas le changer d’école, du moins pour l’instant et c’est sa grande crainte. Nous pensons que c’est la double peine et nous souhaitons vraiment faire évoluer les choses.Je sais que ca va être très très difficile, voir impossible, au pire on demandera le changement de classe et il aura sa maîtresse de l’année dernière. Nous ne souhaitons pas le monter contre sa maîtresse, et nous lui avons expliqué ce qui nous dérangeait dans son attitude, et au fond lui aussi puisqu’il a fait en sorte que nous nous apercevions que quelque chose n’allait pas. Il est parti tranquille à l’école ce matin. Il se sait écouté à la maison, il a confiance en nous, c’est sa force.Je suis moins sereine que lui car j’ai peur que la maîtresse le prenne à part pour le manipuler et lui demander des explications (ce que nous lui avons formellement interdit de faire). Mon fils ne va pas mal (il va m^me bien dixit la psy), mais il a perdu des choses que nous l’avons aidé à construire jour après jour avec beaucoup d’amour et de bienveillance. La confiance en soi est importante et je ne laisserai personne l’humilier et le “casser” pour le faire rentrer dans une case.
Voici ce que nous avons exposé à la maîtresse : "A savoir son inquiétude de se voir à nouveau arracher ou chiffonner une fiche ou des pages de son cahier sous justification que le travail rendu n’était pas conforme à l’attente de l’enseignante. Mais aussi, son appréhension à l’idée qu’elle le sanctionne d’un tampon à l’effigie d’un cochon afin de lui signifier que son travail manque de rigueur et d’application. Mal à l’aise et inquiet en voyant trois de ses camarades pleurer la semaine derrière en classe suite à des injonctions de l’enseignante. Son sentiment naissant de se sentir « nul en mathématiques » alors qu’il y a peu il s’amusait avec les chiffres et y prenait plaisir ou encore l’angoisse le matin lorsque le conduit en pleurs jusqu’à l ‘à l’arrêt du car scolaire.
Nous sommes inquiets car nous avons constaté, des difficultés de mémorisation, une perte d’estime de soi et un manque de confiance en lui dans le quotidien.

A ces propos nous n’avons entendu que cynisme. Elle se cache derrière son conseiller pédagogique et le fait que nous sommes les 1ers à nous plaindre.

Afin de vous rendre compte de la gravité de la situation, voici les “perles” de l’enseignante lors de notre conversation : _Des propos comme : « l’éducation c’est la peur de la sanction », « on les menace juste, on ne le fait pas souvent », « il n’y a pas d’autre méthode avec une classe » ,« ce ne sont que des mots cela n’a rien à voir avec de la violence physique », « c’est juste le sentiment de X ce n’est pas grave », « c’est certainement à cause de la naissance de sa petite sœur » nous apparaissent extrêmement violents et d’un autre temps.
A la fin de l’entretien, les solutions proposées nous ont surpris à savoir : la déscolarisation ou un changement d’école.
(extrait du courrier envoyé ce matin en recommandé à la directrice).

Je suis triste car nous sommes seuls (les autres parents cautionnent presque tous ces agissements et ne voient pas le mal) mais refusons que notre fils avance avec la carotte ou la peur de l’adulte.Et je m’inquiète parce que je voie peu d’issue satisfaisante. Les parents d’élèves ne servent à rien dans notre école et se rangent toujours du coté des enseignants. Notre courrier, rejoindra celui que nous ferons à l’issue du RDV avec la directrice qui devrait avoir lieu mardi et hop direct chez l’IEN en recommandé.
Pour les personnes qui le veulent, je peux vous envoyer le courrier.
Merci à tous


#8

Juste pour être sûre de bien comprendre : tu aimerais, pour que ton enfant puisse rester dans cette classe, que la maîtresse cesse d’humilier et de menacer de sanction, ou bien qu’elle parte ( pour aller sévir ailleurs…car je doute que ce soit un motif de renvoi !), c’est cela ? Parce que dans les deux cas, j’ai l’impression que les espoirs sont minces, surtout si les autres parents ne se sentent pas concernés !

Donc, changement de classe, ou changement d’école, ou plus d’école me semblent les seuls changement possibles, avec l’autre option qui est de ne pas changer et de continuer comme cela, en faisant de ton côté tout ce que tu peux pour protéger ton enfant et lui faire comprendre que ce qu’il vit, et voit, en classe n’est pas normal, qu’il s’agit de violence éducative.

Je comprends que tu sois triste et inquiète, il y a de quoi !

Est-ce que l’un d’entre vous pourrait faire un résumé des procédures possibles à mettre en place ( une fois qu’un parent a parlé avec le professeur et le directeur et qu’il n’a pas été entendu, et que les violences continuent) ? Comment faire lorsque l’on est isolé et que les autres parents ne sont pas dérangés par cette violence ?

Comment signaler ces violences sans être dans la dénonciation, comment aider ( s’ils le souhaitent) ces professeurs convaincus que l’éducation c’est la peur de la sanction ? On sait bien qu’ils sont convaincus qu’ils font cela “pour le bien” des enfants…mais tant qu’on continue à leur confier des enfants les yeux fermés ou presque, comment les aider à comprendre que ces bonnes intentions n’apportent rien de bon ?


#9

Je vous conseille de contacter les représentants des parents d’élèves et les autres parents de la classe. Certains parents ne sont peut être pas au courant de ces pratiques. Ma nièce a eu un enseignant maltraitant physiquement et aucun enfant n’a rien dit pendant longtemps. Quand un enfant a enfin parlé à ses parents, il a averti les autres parents et les langues se sont déliées. Les parents ont vu le directeur, écrit à l’IEN et l’enseignant a changé d’école à la rentrée (oui je sais on ne l’a pas viré !).


#10

Bonjour,

Comment dire? Je suis très, très en colère de lire de tels messages, je suis une grande grande militante contre la violence psychologique et verbale. Il n’y a, oui, pas de violence physique mais la violence verbale est d’autant plus destructrice que la violence physique lorsque qu’il s’agit de l’estime de soit.
J’ai écrit un article là dessus car on impose aux parents une éducation bienveillante et les enfants rencontre la violence au sein de l’école.
Donc il faut ce rapprocher des parents d’élèves et faire votre petite enquête et amasser un maximum de témoignages écrits , allez aussi auprés des parents des anciens élèves. Ou était l’enseignant avant, si il est nouveau et pourquoi un changement d’école?

Vous pouvez commencer par contacter la direction de l’école. Si la réponse obtenue ne vous paraît pas suffisante, vous pouvez ensuite contacter l’inspecteur de votre circonscription.
N’hésitez pas à faire voir l’enfant auprès du psychologue et faire un certificat médical en fonction de ce que l’enfant livrera au psy.

bon courage et surtout ne laissez pas passer, Faite aussi bien comprendre à l’enseignant que c’est facile d’impressionner un enfant mais par contre vous vous n’êtes pas impressionnable et que vous avez des recourts.


#11

Bonjour,
Les parents d’élèves ici ne servent à rien. C’est écrit dans le CR du conseil d’école tous les ans que les problèmes entre parents et enseignants sont à traiter en direct.
Il y a du nouveau…qui ne m’inspire rien de bon.
Aujourd’hui à 8h30 j’ai appelé la directrice pour avoir un rdv (vu que nous n’avions pas de ses nouvelles depuis la fameuse réunion avec l’enseignante et c’est son jour de décharge) et elle m’a éjectée direct vers l’IEN (car vu ce qu’il s’est passé jeudi elle a des consignes et n’ pas le droit de nous recevoir).!!!Quand je lui ai demandé si elle avait lu notre courrier, envoyé en recommandé avec AR elle m’a dit qu’elle n’était pas aller le chercher. C’est une honte! Dans n’importe quel autre secteur d’activité si il y a un problème avec un salarié et que quelqu’un se plaint au N+1, ce dernier s’informe des faits et contacte le “le plaignant”. Ici sous prétexte que nous nous sommes fachés avec l’enseignante mais que nous n’avons JAMAIS j’insiste menacé (je suppose que c’est pour ça qu’elle ne nous reçoit pas), la directrice ne prend pas la peine d’entendre ce que nous avons à dire. Je suis écœurée.
J’ai pris contact avec les PEEP car je ne souhaite pas être seule dans cette histoire. Auriez vous des conseils à me donner? J’ai le sentiment que c’est nous qui allons payer l’incompétence de cette enseignante!!!Ou puis je trouver du soutien?
Merci à vous


#12

Bonjour Pingouette,
je compatis de tout coeur !
Mais tu sais, la directrice n’est pas le N+1 des enseignants de son école… le N+1 c’est l’inspecteur de circonscription… donc je pense que c’est effectivement lui (ou elle) que tu dois rencontrer… si la directrice a eu pour consigne de ne pas vous recevoir, ça ne peut venir que de l’inspection… c’est bizarre comme consigne, nous on a toujours plutôt celle de maintenir le dialogue tant que c’est possible… mais là, ça veut dire que l’inspecteur est prêt à communiquer avec vous à la place des enseignants de l’école… donc n’hésite plus, il a déjà été mis au courant de ce qui s’est passé par les enseignantes, maintenant il doit vous écouter vous… je pense que si tu lui parles comme tu l’as fait sur ce forum il t’entendra… que fera-t-il concrètement, je ne sais pas, mais là je dirais qu’un entretien s’impose…
Courage !


#13

Bonjour,

Les enseignants ne sont pas au dessus des lois:

“Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail.”

Article 222-33-2-2 du Code Pénal

La première chose que je vous conseille est de soustraire votre enfant à l’influence néfaste de ce professeur, au moins temporairement. Si votre enfant va très mal, vous pouvez demander un arrêt de travail auprès d’un médecin, ce qui permettra à votre enfant de se reposer, de se sentir reconnu dans sa souffrance et soutenu. Un arrêt de travail peut être indiqué en cas de graves souffrances psychologiques et sociales (typique du harcèlement), pas seulement pour une maladie.

Ensuite d’écrire une lettre à l’administration de l’établissement, décrivant les faits:

_ ce qui constitue selon vous du harcèlement: tampon avec un cochon, pages déchirées ou chiffonnées, propos méprisants, etc. etc.,
_ les conséquences de ce mauvais traitement: dépréciation de l’estime de soi, entrevu avec un psychologue, arrêt de travail, etc.

La qualification juridique:

“Ceci constitue une infraction à l’article 222-33-2-2 du Code Pénal” et vous citez l’extrait de l’article.

La demande:

“Je demande donc à l’administration de prendre toutes les mesures nécessaires afin de faire cesser le harcèlement de mon fils. Je me tiens à votre disposition pour régler à l’amiable ce problème entre notre famille et vous. Mais je vous préviens que si cet enseignant s’obstine à humilier et à rabaisser mon fils, je n’hésiterais pas à saisir le tribunal administratif pour obtenir réparation.”

Cette lettre est ce qu’on appelle un “recours gracieux” et l’administration a deux mois pour y répondre. Au bout de deux mois sans réponse, la requête est considérée comme rejetée (et vous êtes en droit de saisir le tribunal administratif).

Mais en pratique, il est probable que l’administration cherchera à arrondir les angles; en outre, si d’autres enseignants apprennent que ce professeur a conduit un élève à un arrêt temporaire de scolarité, cela lui fera une sale réputation. On peut espérer que la pression administrative, sociale et familiale permettra d’obtenir un changement dans son comportement.

Vous avez également le “recours hiérarchique” qui consiste à écrire à l’académie… mais c’est une autre histoire.

Par contre, le tribunal administratif est une menace un peu abstraite car la procédure est extrêmement longue et compliquée.


#14

J’ajoute que le régime des punitions n’est pas libre:

Les punitions doivent s’inscrire dans une démarche éducative partagée par l’ensemble de la communauté éducative. Il appartient au chef d’établissement de soumettre au conseil d’administration les principes directeurs qui président au choix des punitions applicables, dans un souci de cohérence et de transparence

[Circulaire n° 2014-059 du 27-5-2014]

Les principes directeurs qui devront présider au choix des punitions applicables figurent dans le règlement intérieur.

Circulaire n° 2011-112 du 1-8-2011

Les punitions infligées doivent respecter la personne de l’élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l’égard des élèves.

Circulaire n°2000-105 du 11-7-2000

Chaque professeur de peut pas faire sa petite tambouille personnelle au niveau des punitions: le maintien de la discipline engage l’ensemble de la communauté éducative, dont font aussi partis les parents; il est formalisé, au moins dans les grandes lignes, dans le règlement intérieur.

Certaines punitions, et mêmes certaines “attitudes” des professeurs, sont interdites à la fois réglementairement et légalement.


#15

Attention, les textes cités ne concernent que les établissement du secondaire, c’est à dire les collèges et les lycées. Il n’y a ni conseil d’administration, ni chef d’établissement dans les écoles, qui ne sont d’ailleurs pas des établissements au sens juridique du terme.


#16

Vous avez raison, @Leila81, mais ces circulaires sont une indication claire de la politique de l’Éducation Nationale en matière de respect mutuelle des élèves et des enseignants.

Si “toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l’égard des élèves” sont interdites pour des enfants de 10 ans, elles le sont a fortiori pour des enfants plus jeunes.

J’ai moi-même été humilié par des professeurs, et ça ne m’a pas réussi. C’est pourquoi je voulais apporté mon aide aux parents qui tentent de défendre leurs enfants. Ça m’a beaucoup manqué lorsque j’étais petit.


#17

Et quels sont les textes sur lesquels on peut s’appuyer pour la maternelle et le primaire ?
Cela pourrait être utile pour accompagner des personnes qui souhaitent faire remonter des cas de harcèlements, ou de violences physiques…


#18

Déjà, il y a les textes du Code Pénal qui s’appliquent aussi lorsque la victime est un enfant: si votre patron vous traite régulièrement de porc, s’il déchire votre travail devant vos collègues et que vous tombez en dépression, nul doute qu’un juge considérera qu’il s’agit de harcèlement. Pourquoi cela devrait être différent lorsque le coupable est un professeur et la victime un enfant? Donc à mon avis, l’article 222-33-2-2 du Code Pénal s’applique.

Pour les agressions physiques il y a l’article 222-13:

Les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises :

1° Sur un mineur de quinze ans ;

2° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ;

[…]

11° Dans les établissements d’enseignement ou d’éducation ou dans les locaux de l’administration, ainsi que, lors des entrées ou sorties des élèves ou du public ou dans un temps très voisin de celles-ci, aux abords de ces établissements ou locaux ;

[…]

Les peines encourues sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende lorsque l’infraction définie au premier alinéa est commise sur un mineur de quinze ans par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur le mineur. Les peines sont également portées à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende lorsque cette infraction, ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours, est commise dans deux des circonstances prévues aux 1° et suivants du présent article. Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsqu’elle est commise dans trois de ces circonstances.

Notons au passage que cet article condamne aussi les agressions physiques commises par les élèves sur les professeurs (4° bis).

Notez aussi que je ne suis pas juriste et qu’il s’agit simplement de mon avis personnel.

J’ajoute enfin qu’il est important de s’en tenir aux faits et de ne faire aucune supposition – surtout si vous portez plainte. Dans le cas de pingouette, les faits semblent avérés – mais c’est loin d’être toujours le cas.


#19

Chère Pingouette,
Votre école est dotée d’un règlement intérieur, n’y a-t-il pas un paragraphe sur le bien-être à l’école ou la bienveillance de l’équipe enseignante ?
Comme isa1, j’ai de sérieux doutes sur la consigne de l’Inspecteur. Il est temps de prendre contact avec lui, ne serait-ce que par téléphone.
Bon courage,


#20

Bonjour,
Les nouvelles sont mauvaises. A ce jour, nous n avons pas encore réussi à caler le rdv avec l IEN, mais avons eu la désagréable surprise de recevoir un courrier de l inspecteur de circonscription lui-même. Il n’y est question que de l attitude agressive de mon mari (que nous avons déploré par courrier le lendemain)et des poursuites auquel il peut être soumis. Je m interroge sur ce courrier. Menaces? Plainte déposée parce qu’ un parent s inquiète pour son enfant? Le mépris de l enseignante et son comportement inacceptable envers les enfants n est pas abordé.
Que faire? C’est grave. Merci pour vos conseils et votre soutien.