Violence éducative sur les enfants, que faire ?


#11

Bonjour,
Les parents d’élèves ici ne servent à rien. C’est écrit dans le CR du conseil d’école tous les ans que les problèmes entre parents et enseignants sont à traiter en direct.
Il y a du nouveau…qui ne m’inspire rien de bon.
Aujourd’hui à 8h30 j’ai appelé la directrice pour avoir un rdv (vu que nous n’avions pas de ses nouvelles depuis la fameuse réunion avec l’enseignante et c’est son jour de décharge) et elle m’a éjectée direct vers l’IEN (car vu ce qu’il s’est passé jeudi elle a des consignes et n’ pas le droit de nous recevoir).!!!Quand je lui ai demandé si elle avait lu notre courrier, envoyé en recommandé avec AR elle m’a dit qu’elle n’était pas aller le chercher. C’est une honte! Dans n’importe quel autre secteur d’activité si il y a un problème avec un salarié et que quelqu’un se plaint au N+1, ce dernier s’informe des faits et contacte le “le plaignant”. Ici sous prétexte que nous nous sommes fachés avec l’enseignante mais que nous n’avons JAMAIS j’insiste menacé (je suppose que c’est pour ça qu’elle ne nous reçoit pas), la directrice ne prend pas la peine d’entendre ce que nous avons à dire. Je suis écœurée.
J’ai pris contact avec les PEEP car je ne souhaite pas être seule dans cette histoire. Auriez vous des conseils à me donner? J’ai le sentiment que c’est nous qui allons payer l’incompétence de cette enseignante!!!Ou puis je trouver du soutien?
Merci à vous


#12

Bonjour Pingouette,
je compatis de tout coeur !
Mais tu sais, la directrice n’est pas le N+1 des enseignants de son école… le N+1 c’est l’inspecteur de circonscription… donc je pense que c’est effectivement lui (ou elle) que tu dois rencontrer… si la directrice a eu pour consigne de ne pas vous recevoir, ça ne peut venir que de l’inspection… c’est bizarre comme consigne, nous on a toujours plutôt celle de maintenir le dialogue tant que c’est possible… mais là, ça veut dire que l’inspecteur est prêt à communiquer avec vous à la place des enseignants de l’école… donc n’hésite plus, il a déjà été mis au courant de ce qui s’est passé par les enseignantes, maintenant il doit vous écouter vous… je pense que si tu lui parles comme tu l’as fait sur ce forum il t’entendra… que fera-t-il concrètement, je ne sais pas, mais là je dirais qu’un entretien s’impose…
Courage !


#13

Bonjour,

Les enseignants ne sont pas au dessus des lois:

“Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail.”

Article 222-33-2-2 du Code Pénal

La première chose que je vous conseille est de soustraire votre enfant à l’influence néfaste de ce professeur, au moins temporairement. Si votre enfant va très mal, vous pouvez demander un arrêt de travail auprès d’un médecin, ce qui permettra à votre enfant de se reposer, de se sentir reconnu dans sa souffrance et soutenu. Un arrêt de travail peut être indiqué en cas de graves souffrances psychologiques et sociales (typique du harcèlement), pas seulement pour une maladie.

Ensuite d’écrire une lettre à l’administration de l’établissement, décrivant les faits:

_ ce qui constitue selon vous du harcèlement: tampon avec un cochon, pages déchirées ou chiffonnées, propos méprisants, etc. etc.,
_ les conséquences de ce mauvais traitement: dépréciation de l’estime de soi, entrevu avec un psychologue, arrêt de travail, etc.

La qualification juridique:

“Ceci constitue une infraction à l’article 222-33-2-2 du Code Pénal” et vous citez l’extrait de l’article.

La demande:

“Je demande donc à l’administration de prendre toutes les mesures nécessaires afin de faire cesser le harcèlement de mon fils. Je me tiens à votre disposition pour régler à l’amiable ce problème entre notre famille et vous. Mais je vous préviens que si cet enseignant s’obstine à humilier et à rabaisser mon fils, je n’hésiterais pas à saisir le tribunal administratif pour obtenir réparation.”

Cette lettre est ce qu’on appelle un “recours gracieux” et l’administration a deux mois pour y répondre. Au bout de deux mois sans réponse, la requête est considérée comme rejetée (et vous êtes en droit de saisir le tribunal administratif).

Mais en pratique, il est probable que l’administration cherchera à arrondir les angles; en outre, si d’autres enseignants apprennent que ce professeur a conduit un élève à un arrêt temporaire de scolarité, cela lui fera une sale réputation. On peut espérer que la pression administrative, sociale et familiale permettra d’obtenir un changement dans son comportement.

Vous avez également le “recours hiérarchique” qui consiste à écrire à l’académie… mais c’est une autre histoire.

Par contre, le tribunal administratif est une menace un peu abstraite car la procédure est extrêmement longue et compliquée.


#14

J’ajoute que le régime des punitions n’est pas libre:

Les punitions doivent s’inscrire dans une démarche éducative partagée par l’ensemble de la communauté éducative. Il appartient au chef d’établissement de soumettre au conseil d’administration les principes directeurs qui président au choix des punitions applicables, dans un souci de cohérence et de transparence

[Circulaire n° 2014-059 du 27-5-2014]

Les principes directeurs qui devront présider au choix des punitions applicables figurent dans le règlement intérieur.

Circulaire n° 2011-112 du 1-8-2011

Les punitions infligées doivent respecter la personne de l’élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l’égard des élèves.

Circulaire n°2000-105 du 11-7-2000

Chaque professeur de peut pas faire sa petite tambouille personnelle au niveau des punitions: le maintien de la discipline engage l’ensemble de la communauté éducative, dont font aussi partis les parents; il est formalisé, au moins dans les grandes lignes, dans le règlement intérieur.

Certaines punitions, et mêmes certaines “attitudes” des professeurs, sont interdites à la fois réglementairement et légalement.


#15

Attention, les textes cités ne concernent que les établissement du secondaire, c’est à dire les collèges et les lycées. Il n’y a ni conseil d’administration, ni chef d’établissement dans les écoles, qui ne sont d’ailleurs pas des établissements au sens juridique du terme.


#16

Vous avez raison, @Leila81, mais ces circulaires sont une indication claire de la politique de l’Éducation Nationale en matière de respect mutuelle des élèves et des enseignants.

Si “toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l’égard des élèves” sont interdites pour des enfants de 10 ans, elles le sont a fortiori pour des enfants plus jeunes.

J’ai moi-même été humilié par des professeurs, et ça ne m’a pas réussi. C’est pourquoi je voulais apporté mon aide aux parents qui tentent de défendre leurs enfants. Ça m’a beaucoup manqué lorsque j’étais petit.


#17

Et quels sont les textes sur lesquels on peut s’appuyer pour la maternelle et le primaire ?
Cela pourrait être utile pour accompagner des personnes qui souhaitent faire remonter des cas de harcèlements, ou de violences physiques…


#18

Déjà, il y a les textes du Code Pénal qui s’appliquent aussi lorsque la victime est un enfant: si votre patron vous traite régulièrement de porc, s’il déchire votre travail devant vos collègues et que vous tombez en dépression, nul doute qu’un juge considérera qu’il s’agit de harcèlement. Pourquoi cela devrait être différent lorsque le coupable est un professeur et la victime un enfant? Donc à mon avis, l’article 222-33-2-2 du Code Pénal s’applique.

Pour les agressions physiques il y a l’article 222-13:

Les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises :

1° Sur un mineur de quinze ans ;

2° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ;

[…]

11° Dans les établissements d’enseignement ou d’éducation ou dans les locaux de l’administration, ainsi que, lors des entrées ou sorties des élèves ou du public ou dans un temps très voisin de celles-ci, aux abords de ces établissements ou locaux ;

[…]

Les peines encourues sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende lorsque l’infraction définie au premier alinéa est commise sur un mineur de quinze ans par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur le mineur. Les peines sont également portées à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende lorsque cette infraction, ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours, est commise dans deux des circonstances prévues aux 1° et suivants du présent article. Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsqu’elle est commise dans trois de ces circonstances.

Notons au passage que cet article condamne aussi les agressions physiques commises par les élèves sur les professeurs (4° bis).

Notez aussi que je ne suis pas juriste et qu’il s’agit simplement de mon avis personnel.

J’ajoute enfin qu’il est important de s’en tenir aux faits et de ne faire aucune supposition – surtout si vous portez plainte. Dans le cas de pingouette, les faits semblent avérés – mais c’est loin d’être toujours le cas.


#19

Chère Pingouette,
Votre école est dotée d’un règlement intérieur, n’y a-t-il pas un paragraphe sur le bien-être à l’école ou la bienveillance de l’équipe enseignante ?
Comme isa1, j’ai de sérieux doutes sur la consigne de l’Inspecteur. Il est temps de prendre contact avec lui, ne serait-ce que par téléphone.
Bon courage,


#20

Bonjour,
Les nouvelles sont mauvaises. A ce jour, nous n avons pas encore réussi à caler le rdv avec l IEN, mais avons eu la désagréable surprise de recevoir un courrier de l inspecteur de circonscription lui-même. Il n’y est question que de l attitude agressive de mon mari (que nous avons déploré par courrier le lendemain)et des poursuites auquel il peut être soumis. Je m interroge sur ce courrier. Menaces? Plainte déposée parce qu’ un parent s inquiète pour son enfant? Le mépris de l enseignante et son comportement inacceptable envers les enfants n est pas abordé.
Que faire? C’est grave. Merci pour vos conseils et votre soutien.


#21

Bonjour Pingounette,
Je réitère le conseil d’Isa. Il y a manifestement de l’incompréhension de part et d’autre. Si vous ne voulez pas que la situation s’envenime, mais qu’au contraire elle s’apaise, il faut absolument renouer le dialogue, et ce dans l’intérêt de votre fils. Apparemment les enseignantes se sont senties, à tort ou à raison, agressées.Elles ont donc fait appel à leur supérieur, l’inspecteur, qui les protège. Je ne pense pas que l’inspecteur soit allé jusqu’à porter plainte sans vous rencontrer avant, mais si il l’a fait, ce n’est certainement pas parce qu’un parent s’inquiète pour son enfant mais plus sûrement parce qu’un parent a été violent envers un enseignant. C’est donc à vous maintenant d’essayer de faire entendre dans le calme votre point de vue auprès de cet inspecteur. Si des mots ont dépassé votre pensée, c’est à mon avis le moment de présenter des excuses, cela aide toujours à renouer le dialogue, même si vous estimez être dans votre droit en exigeant de la bienveillance envers votre fils.
Je vous soutien pleinement dans votre demande d’une attitude bienveillante de la part de l’enseignante, et je suis sûre que vous devriez obtenir un RV auprès de l’inspecteur, qui est probablement débordé. Avez-vous les coordonnées d’une association de parents d’élèves pour que quelqu’un vous assiste dans vos démarches ?


#22

Vous pouvez écrire au Ministre de l’éducation nationale, sans hésiter de joindre des copies, sans être agressif et en appuyant sur votre désarroi. Peu importe la longueur du courrier, il est de son devoir (légal) de vous répondre dans le mois qui suit , lui ou son cabinet.
J’ai déjà effectué ce genre de demarche avec deux autres ministères pour un autre problème. Mes problèmes se sont “vite” résolus. Je n’avais pas omi de faire connaître ma démarche à l’ensemble de mes interlocuteurs et de signaler ceci au ministre aussi. Ainsi, chacun se doit de prendre ses responsabilités.
Pour vous, je n’en doute pas, vous craignez des éléments conséquents pour votre enfant.


#23

Bonjour à tous,

Je poursuis le sujet du " que faire ? ".
J’aimerais moi aussi savoir “que faire” et aussi accompagner plusieurs personnes témoins de violence éducative et qui aimeraient se faire entendre…ce qui n’est pas évident du tout.

En tant qu’animateur, ATSEM, AVS, il arrive tout de même bien trop souvent que l’on se heurte à des enseignants qui ont des pratiques violentes, des paroles extrêmement blessantes, autant envers les enfants qu’envers nous…qui ne somme “que” des animateurs, ATSEM, AVS…

En ce qui me concerne, ayant eu cette année l’opportunité de travailler avec des enfants mais en dehors des écoles, j’ai décidé de faire une pause. Mais j’ai plusieurs amies qui sont animatrices, AVS ou ATSEM, et qui se retrouvent dans de situations délicates. Pour faire court, soit elles se décident à se soumettre à toutes les consignes du professeur, soit elles s’en vont.
Outre le fait de risque de perdre leur emploi, elles voient bien que quoiqu’il arrive, qu’elles fassent un signalement au risque d’être virées ou harcelées, ou qu’elles restent, les enfants vont continuer à subir les mêmes humiliations.

Je précise bien que :

1/ elles ont toutes évidemment tenté le dialogue avec l’enseignant et/ou avec le directeur/directrice mais sans que cela ne change quoique ce soit, pire cela a, dans deux cas, entraîné un signalement…fait par l’enseignant qui accuse son ATSEM dans un cas, son AVS dans l’autre, d’être incapable et inadapté à ce travail/ de l’empêcher de travailler comme il faut… ( j’ai conscience que ce sont des enseignants qui usent de moyen particulièrement pervers, et que c’est sûrement rare d’en arriver là, mais peut-être moins que je ne le pensais).

et 2/ l’idée n’est pas de dénoncer, de juger, mais uniquement de signaler, d’entraîner une prise de conscience d’une nécessaire formation pour ces personnes qui ne savent pas faire autrement que hurler sur les enfants, empêcher un enfant hyperactif de se lever de sa chaise, priver de récré, donner des lignes, et utiliser la peur pour avoir une classe en apparence calme et silencieuse ( liste non exhaustive). Non seulement pour les enfants, mais aussi pour ces enseignants qui ont besoin d’aide, et qui, pour en arriver là, doivent aller bien mal.

Parce que j’ai été dans cette situation, parce que j’y serai certainement à nouveau confrontée, j’aimerais vraiment connaître les textes sur lesquels s’appuyer, les personnes à contacter lorsque l’on est témoin de violence au sein d’une école et que clairement on ne peut plus rien attendre des collègues, du directeur. Allez frapper plus haut, oui mais chez qui exactement, et comment faire pour que cela ne nous retombe pas dessus ?
Peut-être que des permanences juridiques sur ce thème existent ?

Il y a les syndicats, les parents d’élèves, mais si cela est effectivement une vraie piste, le fait est qu’eux non plus ne reconnaissent pas toujours la violence éducative comme une violence, ou minimisent. Et est-ce qu’un syndicat peut aider une AVS ou ATSEM ou un animateur d’ailleurs ?

Quand je pense que même une enseignante qui use de fessées, de gifle et d’humiliations avec des petites sections a simplement été changée d’école suite à un signalement de l’ATSEM qui a elle perdu son poste et se retrouve sans ressources ( cas d’une amie), je perds un peu confiance…

Je ne suis pas sûre qu’il y ait de véritables réponses ( peut-être des textes quand même ? j’ai farfouillé mais étant en dehors du système je ne sais pas exactement à quoi me référer), car chaque situation est différente, mais je voulais attirer l’attention sur ces personnes qui sont témoins et peinent à se faire entendre ( et respecter !).

@pingouette, j’ai ouvert le sujet initial, si cela pose souci, je peux en ouvrir un autre. Mais je pensais que cela pouvait être intéressant d’avoir une page " ressources pour intervenir en cas de violence éducative", que ce soit pour les parents, les animateurs, AVS, ATSEM, ou enseignants qui sont aussi témoins de ce qu’il se passe dans l’école d’ailleurs…


#24

Je pense que la solution réside dans une réforme profonde de L’Education Nationale. Je suis moi-même consterné et “soumis”.


#25

Une totale révolution même ! Mais en attendant…?


#26

Je partage la réflexion d’Etienne, la solution s’est le changement qui est en train de s’opérer lentement au sein de la société (parents et enseignants). Les violences éducatives sont un mal qui ronge notre société, et il est indispensable d’arriver à un changement profond. Ce changement va forcément prendre du temps. Les adultes violents avec les enfants ne le sont pas de leur fait, ils le sont en temps que produit de la société dans laquelle ils ont été élevés et dans laquelle ils vivent. Ils ne le font pas par calcul ou par perversité. Le changement est là, mais il va prendre des années, et même plus sûrement des générations.

Je comprends le désarroi des adultes qui sont confrontés à la violence que subit leur enfant, mais je ne crois pas qu’on puisse régler le problème en s’en prenant directement à l’adulte concerné, sauf bien-sûr dans le cas de violences caractérisées reconnues par la société et pour lesquelles des sanctions pénales existent. Pour tout ce qui est VEO (violence éducative ordinaire), le problème est bien plus vaste.

Les VEO ne sont pas les seuls dilemmes auxquels les parents sont confrontés. On pourrait évoquer par exemple l’alimentation. Tout parent devrait se préoccuper de ne pas donner de poison à son enfant n’est-ce pas ? Dès qu’une mère est enceinte elle devrait cesser immédiatement d’ingérer les perturbateurs endocriniens (présents dans pratiquement tous les emballages et dans l’eau), les pesticides (présents dans tous les aliments)… et probablement une bonne part des additifs alimentaires (présents dans tous les aliments industriels). Le font-elles ? Peuvent-elles le faire ? sont-elles des criminelles ? Et les parents devraient faire très attention à l’alimentation en particulier des tout-petits. Mais même si vous cultivez vos légumes, ce que bien peu de gens peuvent se permettre, ils puisent dans la terre les pesticides que le voisin utilise dans ses champs. L’eau des rivières que nous buvons est pleine des hormones de synthèse que nous ne savons pas éliminer (la pilule contraceptive par exemple, vous la prenez ?), et l’eau en bouteille est pleine de molécules de plastiques de bouteille (sans compter la pollution engendrée par le fait de boire de l’eau en bouteille, mais ça c’est pas grave n’est-ce pas ? tant pis pour les autres du moment que l’eau et bonne… et tant pis même si nous sommes ces autres). Ne parlons pas bien-sûr des plats préparés, des biscuits, et crime parmi les crimes, des confiseries (bientôt Noël, vous allez manger des chocolats ? En donner à vos enfants ? Acheter une bûche glacée ?). Alors quoi ? nous nous empoisonnons, et nous empoisonnons nos enfants, c’est un fait. Je comprends le désarroi des parents qui empoisonnent un peu plus chaque jour leur enfant en leur donnant à manger, mais qui le sachant le font quand même, par facilité, parce que c’est presque impossible de faire autrement, parce que l’idée même de l’accepter remettrait trop de choses en question.

On peut aller plus loin encore en parlant de l’utilisation du pétrole. Les millions de morts que provoque cette utilisation par les guerres qu’elle provoque (ça c’est pas grave c’est loin de chez nous) et la pollution qu’elle génère, là c’est ici, mais on préfère fermer les yeux et donner de la Ventoline aux enfants. Alors quoi ? On revend sa voiture ? on évite la consommation à outrance de produit manufacturés à l’autre bout du monde (matériel Montessori, smartphone, t-shirt Décathlon…), on fait réparer ses appareils électroménagers, même si ça coûte le double d’un neuf, voire on s’en passe ? Ben non, on fait plaisir aux enfants, on va leur commander des jouets tout neufs à Noël parce que qu’on va quand même pas leur prendre des jouets que d’autres ont utilisé avant eux, et puis c’est tellement pratique, deux clics et hop c’est livré !

Toute cette démonstration pour arriver au constat suivant : notre société humaine dans son ensemble dysfonctionne. Il y a de quoi déprimer gravement tous les parents du monde. Et rien ne sert de tomber à bras raccourcis sur un malheureux instit qui passe ses nerfs sur les enfants, ce qui est inadmissible, mais qui n’est que la partie visible de l’iceberg. Nous devons prendre nos responsabilités au sens large pour que l’Humanité s’améliore. La tâche est tellement vaste que nous nous sentons comme une mouche dans une toile d’araignée. Nos mouvements deviennent irréfléchis et contre productifs.
J’aime la position des colibris : on ne peut pas éteindre tout seul l’incendie, mais on peut faire sa part. Prendre les transports en commun, cultiver ses légumes, organiser un repas de quartier, changer de pratique auprès des enfants (et des adultes), changer de métier, jeter sa TV, s’engager en Politique, se cultiver, acheter local, s’affranchir de la mode… les petits pas que chacun peut faire sont innombrables.
Et pour ce qui est du reste, eh bien on est là, on ne peut pas se téléporter dans un autre monde qui serait parfait, où personne ne chercherait à écraser personne, où l’argent ne serait pas source d’injustice, et où le progrès ne provoquerait pas catastrophe sur catastrophe. On ne peut pas avoir ce monde idéal pour nos enfants, on peut juste essayer de faire une part qui est à notre portée pour qu’il avance dans le bon sens… et transmettre cette philosophie à nos enfants pour qu’à leur tour ils fassent la leur. Et surtout cessons de reprocher au voisin la part qu’il ne fait pas, avec un peu de chance il verra celle que l’on fait, ça lui ouvrira les yeux et il fera la sienne à son tour.


#27

J’aime beaucoup ta façon de penser Leila, et je la partage !
Nous aussi, en tant qu’instit, on est souvent confronté à des parents dont les méthodes d’éducation autorisent et provoquent de la violence, sur leurs enfants d’abord, et sur nous aussi, directement ou par contre-coup… Mais sauf cas exceptionnel, cette violence n’est pas criminelle, elle n’est souvent pas consciente et les parents en question sont surtout des parents aux prises avec 1000 difficultés et qui ne font que ce qu’ils peuvent… comme nous tous…
Et pour en revenir à la violence éducative à l’école, avant d’être le fait d’enseignants aux méthodes dangereuses ou déplaisantes, elle est d’abord le fait de l’institution… Classes surchargées, enseignants et personnels divers non formés, sous payés et qui n’ont pas le droit de se plaindre, dont les réelles difficultés ne sont pas entendues et ne doivent même pas être formulées…
Mon Ien, il y a quelques années, m’a interdit de “communiquer sur mes difficultés aux parents”, alors que mon ATSEM (la seule de l’école) serait absente et non remplacée pendant 2 jours… “Vous êtes une professionnelle et vous devez pouvoir assumer cette situation temporaire”… J’avais 30 PS/MS particulièrement remuants, et j’étais en larmes devant cette Ien qui n’a pas changé d’avis pour si peu… Bien sûr que non, je ne pouvais absolument pas assumer seule 30 PS/MS pendant 2 jours ! ça voulait dire plus d’ateliers, plus de motricité à part des rondes (salle trop petite pour 30), plus de récréation et plus de sieste non plus l’après-midi… on aurait fait quoi ??? Je me suis fait arrêter par mon médecin, les parents qui le pouvaient ont gardé leur enfant à la maison et les 5 ou 6 qui sont venus ont été accueillis dans les classes de primaire…
Et cette semaine, quand la psy scolaire est venue à ma demande observer des enfants dans ma classe, que je trouve bruyante et épuisante, elle m’a dit qu’elle n’avait encore jamais vu de classe de maternelle aux effectifs si chargés et aussi calme ! Quand je lui ai demandé ce qu’elle pensait de mes 2 PS complètement ingérables, qui enfreignent toutes les règles 100 fois chacun dans la matinée, elle m’a dit que oui ils sont en souffrance, mais qu’elle voit tellement pire !
Sachant que les classes maternelle surchargées, c’est de plus en plus fréquent, (notre inspecteur d’académie prône ouvertement la surcharge des effectifs, jusqu’à 35 élèves en maternelle pour lui c’est normal, voire souhaitable !), je me demande si l’immense majorité des classes maternelles de France ne sont pas des foires d’empoigne, où les enfants et les enseignants s’épuisent mutuellement à tenter l’impossible…


#28

Mais est-ce que notre part de colibri ne peut pas être justement d’empêcher une personne de détruire la confiance, l’enthousiasme, et les capacités des enfants ? Non pas en accusant cette personne de quoique ce soit bien évidemment, mais simplement en refusant de fermer les yeux et de parler, d’intervenir, de protéger l’enfant.

J’ai toujours été dans une démarche d’exemple, en montrant que l’on pouvait faire différemment, que l’on pouvait s’adresser aux enfants autrement qu’en leur donnant des ordres, en respectant leurs émotions, en les écoutant, en leur parlant comme on aimerait qu’on nous parle. Et oui, cela porte parfois ses fruits, et je suis convaincue que c’est le meilleur chemin à suivre. Montrer, partager, s’installer dans une proposition différente sans chercher à convaincre qui que soit, ni à se comparer à qui que ce soit.

Cependant, il arrive parfois d’être témoin de grandes violences, répétitives, et là, attendre que la société change ne me semble juste pas possible, et mon message parlait bien de ces débordements de violences ! On peut espérer que les choses bougent petit à petit quand on pense “global”, mais quand on a sous les yeux des enfants en souffrance, on ne peut pas attendre que le monde change !

Comment ne pas essayer de faire quelque chose quand on assiste, au sein d’une institution, à ce qui s’apparente fort à du harcèlement adulte/enfant, que toujours le même enfant se retrouve à être puni, humilié, rabaissé, privé de récré, privé de repas ?
J’ai tout à fait conscience que ces bourreaux le sont parce qu’ils sont aussi victimes, mais est-ce une raison pour ne pas agir, pour laisser ces enfants payer les conséquences ? Si on avait l’assurance de pouvoir rester et de pouvoir parler à l’enfant, le réconforter, lui apporter une autre vision, ok, mais nos statuts précaires font que l’on ne reste pas et que si l’on manifeste un tant soit peu son désaccord, on nous dit que la porte est grande ouverte, ou l’on nous rappelle que l’on n’est “que” animateur, atsem, avs…et que nous n’avons pas vraiment notre mot à dire ( sans généraliser, il arrive évidemment que l’on soit considéré avec respect, mais j’ai souvent noté un grand changement dans les rapports lorsque je disais, alors que j’étais là pour surveiller la sieste et la cantine, que c’était pour financer mon doctorat, soudain ma parole méritait d’être écoutée!)

Quelles sont justement ces limites reconnues dans le cadre institutionnel ? cela m’intéresse parce que je me demande si, par exemple, priver un enfant de repas/d 'accès aux toilettes/ de récréation/ du droit de se lever pour aller chercher un mouchoir sous prétexte qu’il n’a pas un comportement adéquat, est “légal” ? Je ne parle même pas de la violence ordinaire d’une classe, mais bien de violences qui frisent la maltraitance ( et qui ailleurs seraient clairement de la maltraitance d’ailleurs).
J’ai vu des adultes sortir de leurs gongs, se mettre à dire des horreurs, puis se reprendre, s’excuser, expliquer à l’enfant qu’il a dit cela parce qu’il était énervé, qu’il le regrette. Les enfants voient bien que les adultes sont épuisés, débordés. Ce n’est pas là le souci. Le souci c’est quand on assiste à des commentaires humiliants récurrents, des tirages d’oreille, des privations, des menaces…

Je n’arrive pas à me dire que l’on n’a pas le choix. Je crois que l’on a toujours le choix, peut-être pas d’avoir un mode de vie parfaitement écologique, une alimentation parfaitement saine, une communication parfaitement non violente, mais au moins de tendre vers un mieux.

En revanche, quand je vois un enfant qui s’en prend plein la figure en classe, je ne peux pas ne pas me sentir concernée, me taire et attendre que les choses bougent…
Et si un professeur se sent trop mal devant sa classe, il peut démissionner, un enfant lui, n’a pas ce droit…Un professeur a le droit de craquer, de s’énerver parce qu’il y a trop d’enfants, que son travail est impossible, mais quand c’est un enfant qui ressent ce même mal être et qui déborde parce qu’il n’en peut plus d’être humilié, d’être avec 30 enfants de son âge, d’être sans arrêt interrompu, lui n’a pas le droit de dire stop…
Personnellement, psychologiquement, je ne peux pas assister à cela sans intervenir, sans chercher à me demande ce que je peux faire. Parler, dialoguer, oui, mais quand on n’est pas écouté ? Et quand cela n’a aucun effet ?

J’aime beaucoup les colibris, je suis absolument d’accord avec ce que tu dis Leila, mais je pense aussi que c’est notre part à tous de veiller au bien-être des enfants, et qu’à force de se taire, parce qu’on fait déjà notre part, parce que c’est tout le système qu’il faudrait changer, parce qu’on n’est pas superwoman, parce qu’on a peur de blesser, on laisse passer des choses que l’on ne devrait pas laisser passer. Il y a certainement un équilibre à trouver entre l’attente d’une révolution globale et des petites mesures concrètes de protection des enfants…non ?

Si personne ne témoigne, personne ne saura ce qu’il se passe réellement, si personne ne témoigne, on va continuer à penser que veiller au respect des enfants n’est pas une priorité…
Et pour que la révolution de l’école puisse se faire, outre un changement global de la société, il faut aussi une prise de conscience collective, entre les enseignants, les parents, et tous les accompagnateurs, des violences existantes, une volonté commune de ne plus fermer les yeux sur les trop nombreux dérapages qui sont parfois bien compréhensibles mais pas excusables pour autant…


#29

Je suis d’accord avec toi Papillon.
Il y a deux choses à faire pour obtenir un changement:

  • d’une part essayer d’être exemplaire, et accompagner les personnes souhaitant modifier leur comportement.
  • d’autre part dénoncer les abus. Les enseignants maltraitants, et nous savons tous qu’ils existent, ne doivent pas continuer à agir en toute impunité. Il faudrait donc que la maltraitance soit clairement définie. Or en France elle ne l’est pas.

#30

Merci de ta synthèse efficace !:slight_smile:
Il me semblait qu’au moins la maltraitance était clairement définie dans les institutions, donc les écoles, et qu’il était peut-être possible de s’appuyer sur des textes, mais si ce n’est pas le cas, c’est peut-être en effet une des première chose à faire…:frowning: