Activités de langage


#1

N’ayant pas assisté à la formation de juillet, j’ai quelques questions pour la mise en place des activités da langage :

  • Pour la boîte à mots, quels objets utilisez vous pour le son «e» : je pense à oeuf et oeil, qui s`écriraient «ef» et «ey» avec l’alphabet mobile. Est ce que c’est correct ?
    Je me demande aussi quel est le dernier son dans les mots se terminant par un e muet. Par exemple dans gomme le dernier son est «mmm» ou «e» ?

  • J’ai les lettres rugueuses de Nathan, qui sont bleus et vertes. Est ce que vous pensez que c’est gênant d’avoir un alphabet mobile rouge et bleu ? Est il préférable que je le fasse moi même en vert et bleu ? Et je me demande aussi de quelle couleur faire les digrammes. En plus, si je les fais en papier de verre ils n’auront pas la même texture que les lettres rugueuses.

  • Je me demande aussi à quelle étape on explique aux enfants que les digrammes correspondent à 2 lettres.

Merci pour vos conseils.


#2

En ce qui concerne le e muet, je me souviens très bien de ce qui a été dit lors des 3 journées didactiques de juillet puisque je fus l’une des protagonistes de l’échange. Pour Céline Alvarez, “gomme” se terminerait par le son “mmmm”, cette position est celle des manuels de lectures… Or, je suis occitane, je vis en Ariège et dans notre département, nous demandons des croissants et des chocolatines à la boulangerie en prononçant bien le “e” à la fin. En fait, chez nous, il n’est absolument pas muet. Ça s’appelle un régionalisme. Pour moi, le “e” est muet dans “vie”, “soie”… Mais certainement pas dans “gomme”. Le présenter tel quel dans un atelier de langage serait tout à fait artificiel… dans notre cas. Heureusement que je n’enseigne pas en région parisienne ! Ou en Picardie ! Peut être que les enfants auraient l’impression d’apprendre une langue étrangère. Donc, la réponse est ; le prononcez-vous chez vous ? Si non, il doit être considéré comme muet.


#3

“e” : une pièce d’un euro par exemple…


#4

Bon sang ! Mais c’est bien sûr !


#5

Bonjour @Maria,
Je ne sais si tu as vu le sujet concernant la boîtes des petits objets mais cela pourrait peut être t’intéresser.
Pour ma part, je me suis également concentrée sur le sujet afin de préparer mes tiroirs d’objets pour réaliser un atelier plus structuré sur l’analyse des sons.
Cependant, j’ai choisi de réaliser 3 tiroirs en fonction de la localisation des sons. Cela me permet d’aborder tous les sons sans m’arrêter à sa localisation. Ainsi je peux aborder le son “e” avec fenêtre et porcelet.
Je joins ma liste en cours de réalisation. Je vais l’enrichir avec les enfants au fur et à mesure de la période 2.
les boîtes à sons.odt (15,9 Ko)
Pour les couleurs de l’alphabet mobile, personnellement je préférerais le réaliser moi-même ou utiliser un alphabet d’une seule couleur par souci de clarté cognitive. Le principal est que tu utilises un matériel qui fasse sens pour toi et les enfants.
Concernant les digrammes, j’ai choisi de les présenter en même temps que les autres graphèmes car le premier enfant qui s’y est intéressé voulait les sons de son prénom (Amaury). Donc, nous avons décidé de tous les afficher.
Bonne continuation.


#6

Une autre petite astuce pour présenter le e dans toute ses valeurs phonétiques : "une souris verte
Si là les enfants n’entendent pas le son e, alors je rends mon tablier :baby_chick:


#7
  • j’avais les mêmes lettres rugueuses que toi (moins chères pour un début!) et mon alphabet mobile de couleur et de graphie différentes. ça n’a posé aucun problème.

  • pour la boîte de petits objets utilisée en jeu d’analyse des sons, je n’ai pas voulu à tout prix avoir un objet pour chaque son (son d’attaque) car je trouvais ça tellement prise de tête et aussi … au final … un peu artificiel ! les mots commençant par “eee” ou “uuu” et existant en objets de taille à rentrer dans cette boîte sont quasi inexistants!

qu’on parle bien de la même chose : il s’agit de faire de la phono, et non de faire acquérir du vocabulaire (autre activité) donc non je ne sais toujours pas ce que c’est qu’un “unau” ou un “xérus” (que je retrouve dans presque tous les abécédaires pour petits :wink:) je trouvais que la tâche d’analyse phonologique de l’élève était entravée par l’obligation d’acquérir d’abord la nouveauté que représentait ces mots pratiques, mais inusités au quotidien

pour faire découvrir les sons rares en attaque (comme “eee” “uuu”) mais faciles au demeurant (car voyelles), j’attendais que le son d’attaque soit bien reconnu par l’enfant, ainsi que le son final, puis je les leur faisais découvrir à l’intérieur des mots comme “cheeeeval”, “voituuure” “luuuune” “fuuuusée” “ceeerise” “greeenouille” bref, des mots qui font sens pour eux et qu’ils aiment, et des objets faciles à dénicher pour moi ! :mouse:

par contre, cette boîte ne me servait qu’à la phono. pour composer les premiers mots à l’aide de l’alphabet mobile, les enfants pouvaient :

  • décider eux-même quels mots ils souhaitaient composer
  • utiliser des images à leur disposition, prévues à cet effet et rangées dans quelques enveloppes numérotées grosso modo par ordre croissant de difficulté : des sortes de dictées muettes

pochette 1 : "vis bol âne sac bus mur"
pochette 2 : “moto lune farine salade domino lavabo” => je rajoutais le “e” de farine, salade et lune quand l’enfant m’invitais à voir son travail et je lui expliquais que c’était un “e muet” qu’il ne pouvait pas le deviner et qu’on ne pouvait que l’apprendre pour le savoir…puis ils s’en souvenaient globalement très bien et l’expliquaient eux-même à leurs camarades par la suite, ça a “roulé tout seul”! (avec des MS-GS)
pochette 3 : “piano castor cactus sucre table morse”
… etc!

en espérant que cela pourra vous aider, belle continuation!


#8

Merci pour toutes vos réponses. Elles me sont très utiles et le sujet sur la boîte d’objets aussi.
Pour le 2, j’y vois plus clair. En lisant le livre de Céline j’avais compris qu’il fallait commencer par les sons de’attaque pour toutes les lettres et je cherchais donc des mots commençant par le son “e”. Mais en effet, je peux l’introduire plus tard, à partir d’objets bien connus des enfants et ayant un son “e” au milieu.

Pour l’alphabet mobile, je n’ai pas bien compris si les digrammes étaient de la même couleur que les voyelles ou que les consonnes,ou d’une autre couleur (vert comme les digrammes rugueux, mais il me semble qu’il n’y a que 2 couleurs dans l’alphabet mobile). A moins qu’il n’y ait pas de digrammes pour l’alphabet mobile ? Merci pour vos éclairages sur ce point.


#9

Il n’est effectivement pas utile de “voir” tous les sons de façon systématique avec la boîte des petits objets. On cherche à acquérir des compétences qui sont “comprendre que les mots sont constitués de phonèmes”, “apprendre à isoler ces phonèmes, d’abord en attaque et en finale, puis éventuellement un peu en intersyllabique”. Si un enfant arrive à isoler les sons /a/, /i/, /on/ facilement en attaque, il n’y a aucune raison qu’il n’y arrive pas sur les autres sons voyelles. Ce n’est pas comme si on leur apprenait l’existence du /u/ ou du /e/ ! En revanche je trouve intéressant de veiller à travailler les différentes catégories de phonèmes : les voyelles, les consonnes fricatives, puis nasales et liquides et enfin les plus difficiles, les occlusives.

C’est bien d’avoir aussi les digrammes dans l’alphabet mobile, et dans ce cas le mieux c’est de les avoir dans les mêmes couleurs que les digrammes rugueux, vert en général.
Le problème c’est que ça n’existe pas dans le commerce. Il faut donc se le fabriquer soi-même. Perso je l’ai commandé à Auboisdeslettres, et je leur ai demandé de me faire aussi les digrammes (seulement an on in un oi ou gn ch). Comme ils sont fabricants ils peuvent faire ce que l’on veut, contrairement aux revendeurs qui commandent en Chine et qui ne peuvent pas commander hors catalogue fabriquant.
Le gros avantage c’est de pouvoir ainsi coder n’importe quel mot, puisque tous les sons du français sont alors présents. Sinon il faut introduire beaucoup plus tôt que nécessaire la notion de lettre au sein des digrammes, et commencer à donner le nom des lettres (pour faire /an/ tu as besoin d’un “a” et d’un"n"). Alors que si tu as les digrammes dans l’alphabet mobile, tu peux attendre que la lecture ait commencé à s’automatiser avant de parler du nom des lettres, ce qui embrouille moins les enfants.


#10

Bonjour Maria, à Gennevilliers l’alphabet mobile était composé de voyelles rouges, de consonnes bleues et de digrammes verts. Ainsi les enfants qui voulaient écrire le pouvaient, même sans connaître la composition détaillée des digrammes, cela leur permettait d’être plus autonomes. :slight_smile:


#11

Merci, en pleine confection de cet outil, je vais donc y ajouter les digrammes, en vert.


#12

Je suis pleine confection de mes digrammes.
J’ai fait ceux du tableau : ch/ai/ou/an/in/on/gn/oi

Allez vous plus loin encore ? au/eau/et/ph/oin/ … ?


#13

Non ce n’est pas nécessaire. L’alphabet mobile accompagne les enfants dans leurs premiers pas de lecture, ils n’ont pas à ce stade besoin de connaître toutes les déclinaisons d’un son, un seul graphème par son (le plus courant) est suffisant. Ils rencontreront les autres graphèmes avec d’autres outils comme des petits albums de jeunesse, ou les livrets des homophones.
Bon courage pour la fabrication :slight_smile:


#14

Merci je pensais également ne pas aller plus loin…


#15

Bonjour @Maria , il me semble là qu’un digramme “eu” comme dans “peur” serait utile car accepter ef pour oeuf ne fonctionne pas ( dans cette configuration graphique on oralise forcément èf) , euf serait tout à fait judicieux .
Idem pour ey , impossible à lire oeil … Mais là , on se heurte à un deuxième problème , ça devient même complexe car le son y , le fameux yod , est un des plus difficiles . Il me semble qu’on ne peut faire l’économie du “ill” , mais c’est déjà très élaboré … Dans le cas de oeil , euy ne marche pas pour des essais de codage , pas plus que ey …
Le di…trigramme “ill” est il présenté dans la démarche ?
Comment l’enfant encode -il le mot paille par ex ? pay n’est pas satisfaisant car dans ce cas la lettre y fusionne aussi avec le a qui la précède (pour faire ai comme dans payer , rayer ) et seul le “ill” permet de faire /a/ comme dans bailler , caille , caillou etc …
Bref , comment faites vous ?
:sweat:
Une autre petite remarque en passant : dommage pour des échanges clairs que nous n’utilisions pas l’alphabet phonétique (mais il manquerait qqs signes sur les claviers ) car cela peut être signe de confusions : je reviens au fameux yod qui se note normalement /j/ et non pas /y/ , lui même représentant le son “u” …:cold_sweat::cold_sweat:


#16

Bonjour @sylcha,

J’ai commencé à suivre toutes vos interventions sur ce forum qui sont très pertinentes, merci.
Je suis peu spécialisée dans la phonétique mais je m’y intéresse de plus en plus. J’ai d’ailleurs le projet de demander une disponibilité pour éventuellement bénéficier d’une formation en LPC ou autre spécialisation pour les malentendants…
Depuis 5 ans, je suis assez démunie vis à vis des enfants qui ont eu ou ont des problèmes d’auditions.
Je voulais aborder les différents phonèmes avec un signe référent LPC mais je dois avouer que cela demande un entraînement qui n’est pas évident. Je pense qu’une formation reste le plus opportun.
En attendant, je vais afficher ce code dans ma classe au-dessus des tiroirs des sons et graphèmes rugueux. Je ferai l’expérience avec certains enfants, peut être seront ils plus opérants que moi :sweat_smile:
Je désire également utiliser la phonétique avec l’API qui est bien plus clair pour moi. D’autre part, cela permet aux plus grands d’être plus autonomes avec un dictionnaire de langue. Cet alphabet m’a été très utile pour l’enseignement de l’anglais au cycle 3. Je pense que les enfants sont capables de comprendre cette symbolique. En tout cas je vais expérimenter.
J’ai un autre questionnement vis à vis du graphème oi. En API, si j’ai bien suivi, c’est [w] le phonème correspondant. J’aimerais avoir votre avis de spécialiste à propos de ce phonème et du graphème oi. Je suis un peu perplexe et j’hésite à l’afficher pour le moment. Merci.


#17

Bonjour @sophilo & merci pour votre message . Pour le LPC vous avez raison , c’est tout un entraînement si on veut l’utiliser dans le flux de la parole , mais on peut utiliser qqs clefs pour faire une combinatoire visuelle , c’est bien pratique pour obtenir le déclic de l’écrit dans certains cas .
Concernant le OI , ce graphème correspond à deux sons : les deux phonèmes /w/+/a/ donc /wa/ . Ainsi oiseau contient 4 phonèmes /wazo/. Ardoise /ardwaz/. Moineau /mwano/.
Le /w/ (qui est une semi consonne = semi voyelle de même que le yod noté /j/ en API) peut se combiner avec d’autres sons vocaliques . Par ex avec /i/ dans “oui” /wi/ . Wisky /wiski/. Fouine /fwin/ . Couiner /kwiné/.
Avec è (le signe API de ce son n’existe pas sur le clavier , ce qui est bien dommage car pour communiquer sur ce forum ça nous serait bien utile ) ex “couette” /kwèt/ . Mouette /mwèt/.
Moi aussi j’adore la phonétique et je pense vraiment que c’est un outil que tous les enseignants devraient maîtriser , c’est vraiment utile quand on apprend à écrire et lire à des enfants !
J’espère vous avoir éclairée sinon n’hésitez pas je vous redonnerai des exemples .
Il y a aussi le cas intéressant de la 3ème semi voyelle (pas de signe non plus sur le clavier hélas …) qu’on entend dans “puis” “ensuite” “cuite” etc …


#18

Merci @sylcha,
Votre réponse confirme ce que j’avais compris. Cependant, ce qui me gène c’est de qualifier oi comme un digramme. En effet, si j’ai bien compris la définition du digramme ou trigramme, cela fait référence à un phonème. Or le digramme oi fait référence à 2 phonèmes. Je suis un peu pointilleuse mais j’ai besoin de clarté pour moi même être claire avec les enfants.


#19

Eh oui vous avez raison , bigre !..
C’est un cas particulier comme il en existe tant , d’où la difficulté de systématiser une analyse …
En effet , si digramme = un seul phonème , ce n’en est pas un , et on ne peut pas non plus couper oi en deux …
C’est donc quand même très proche d’un digramme comme ch où deux lettres se “collent” pour faire un tout . Dans le cas de oi , deux lettres se collent aussi pour faire un tout plus complexe .
Peut être vaut il donc mieux quand même continuer à le traiter comme un digramme , en l’associant bien à l’enchaînement /wa/.
Il me semble que ça ne risque pas de les embrouiller , mais , c’est vrai , pour la “justesse” de l’analyse , oi est enquiquinant .
Il est très proche de oué , ouè , ouais , oui … qu’on ne peut théoriquement pas décomposer non plus (sauf en poésie) en ou-é , ou-è , ou-i . Proche aussi de oin …
Mais la différence c’est qu’on peut quand même (en ralentissant la transition & en faisant une petite entorse à la fonétik …) lire “joué” : jou-é puis faire la transition de plus en plus vite , idem avec couette : kou-èt puis kwèt , oui : ou-i puis /wi/ etc ( si on lit ouistiti , on voit bien que ça coince en revanche ) alors qu’avec oi , il faut vraiment apprendre d’un coup /wa/ .
Qu’en pensez vous ?
Vous avez soulevé là une question de linguiste … et la linguistique n’est pas une science exacte :mask:
Sèsakèchwèttt !
Et avec l’accent du midi , on aura peut être encore une autre analyse … ( tu as bien jou-é ? oui !)


#20

Voici un petit jeu de devinettes tactiles très apprécié des enfants. Nous y jouons depuis longtemps avec mes élèves de façon improvisée et ils en redemandent à chaque fois !

En voici la règle : un enfant dessine une forme, ou un chiffre ou un son, dans le dos de son camarade et l’autre doit se le représenter mentalement pour le deviner. Il peut s’aider pour cela d’une carte référence sur laquelle sont représentés tous les modèles à deviner.

Ce jeu permet de développer le sens du toucher mais surtout il permet de construire une représentation mentale des formes, des chiffres ou des sons. En feuilletant les catalogues j’ai vu que les éditions oppa en avait fait un jeu de cartes. J’ai donc décidé d’en réaliser un moi aussi (avec l’aide de mon ami gérard qui maitrise vraiment l’outil informatique) !