Bonjour,
Je vais suivre attentivement ce sujet parce qu’il m’intéresse aussi.
Tout d’abord, je pense que même si nous œuvrons avec les meilleurs intentions du monde, des connaissances solides sur le développement de l’enfant et un enthousiasme à toute épreuve …
nous ne maîtrisons pas tout.
Même avec le meilleur matériel, des effectifs normaux, des adultes en suffisance pour répondre aux besoins d’enfants en bas âge (conditions qui sont rarement requises), je suis certaine que des choses nous échapperaient. Les enfants n’arrivent pas dans nos classes telles des pages blanches, ils ont un vécu scolaire, familial, une histoire personnelle à porter.
Ceci étant dit, il ne s’agit pas pour moi d’abandonner, mais de garder cela en tête pour avancer en toute lucidité.
Je vous livre mon constat/ressenti du moment, assez subjectif donc :
Il y a les enfants “empêchés de penser”, leur fardeau personnel envahit leurs pensées et dévore leur énergie.
Pour ceux-là, il est primordial que la classe soit un refuge, sécurisant, constant. Céline Alvarez, et d’autres avant elle, mettent un point d’honneur à faire de la classe un espace lisible, clair, ordonné, et vivant … c’est tout à fait bénéfique pour tous les élèves et surtout pour ceux dont l’esprit est encombré.
Il y a les enfants formatés. Qui ne vivent que dans le regard des autres et ont appris dès le plus jeune âge à quémander l’assentiment de l’adulte. C’est bien/ c’est pas bien. Alors, leur laisser le choix, c’est vertigineux.
Certains sont complètement parasités par leur rapport aux écrans. Céline Alvarez en parle très bien.
J’observe aussi quelques enfants un peu “blasés”, consommateurs. Mais ceux-là, arrivent généralement tôt ou tard à s’intéresser aux activités, pas à toutes, de façon moins “magique” sans doute, mais ils y parviennent.
Au début de l’année, certains enfants décrits ci-dessus n’entraient vraiment pas dans les apprentissages. C’était déroutant, et je me disais qu’un fonctionnement plus classique leur aurait davantage servi…
Mais finalement, beaucoup sont entrés dans la danse … et avancent bien.
Certains demeurent un peu à côté. Je ne pense pas qu’un fonctionnement directif leur aurait apporté davantage finalement. Ils auraient peut-être acquis plus de compétences sur le papier, mais leur “problème” aurait été juste étouffé l’espace d’une année pour mieux resurgir plus tard.
Je crois que ce qui est à la fois merveilleux et terrifiant quand on suit cette démarche naturelle, c’est que l’on voit réellement les enfants, tels qu’ils sont et non tels qu’on aimerait qu’ils soient.
Bon, je n’apporte pas de solutions, plus des pistes de réflexion… et j’ai hâte vous lire!