Bonjour,
J’espère que malgré la longueur de mon message, certains prendront le temps de le lire et de m’apporter des réponses.
Depuis deux jours j’ai découvert @Celine et ce forum avec enthousiasme mais ce matin je m’interroge. Je n’ai pas encore acheté le livre, j’y vais cet après-midi mais j’ai passé mon Week-end à visionner les vidéos et à lire tout ce qui se trouve sur le site.
Je précise bien que je ne porte aucun jugement, je m’interroge juste.
Ses intentions et son travail sont formidables, j’adhère complètement.
Il me semble que le but de ce travail est de prouver que d’autres méthodes pédagogiques peuvent fonctionner à l’école maternelle afin d’inciter l’éducation nationale et les enseignants à revoir leurs modes de fonctionnements pour tendre vers un meilleur développement et épanouissement des enfants de 3/6 ans. Dans le cas de son expérimentation il s’agit d’enfants issus de quartiers difficiles donc qui partent pour la plupart avec un handicap que l’éducation nationale devrait être en devoir de réduire en priorité.
Quand j’ai visualisé les vidéos de Céline, ce qui m’a interpelé en premier c’est le calme qui règne dans la classe. C’est génial d’arriver à un tel résultat avec un groupe d’enfants quand on sait comment les enfants d’aujourd’hui ont du mal à canaliser leur énergie et à vivre harmonieusement en collectivité et combien il est mauvais pour eux d’évoluer dans un environnement bruyant. Les enfants n’ont pas l’air malheureux et je suppose qu’ils ont des temps pour évacuer l’énergie parce qu’ils ne peuvent pas être en permanence dans le contrôle.
Le deuxième détail qui m’a émerveillé, c’est sa douceur, la tendresse qu’on ressent quand elle parle des enfants, la gentillesse et l’amour qui émane d’elle, on la sent bienveillante pour reprendre son terme que je trouve très juste. Même ressenti pour @Anna. Merci à toutes les deux.
Quand je parcours le forum, ce qui m’interpelle c’est la focalisation sur les ateliers et le matériel. Ça me semblent effectivement indispensable pour mettre en place un apprentissage en milieu scolaire, mais qu’en est-il de la posture de l’adulte face à l’enfant qui a, me semble-il en écoutant Céline, une importance non négligeable ?
Mon ressenti est qu’il ne s’agit pas simplement de leur proposer des ateliers, mais de leur apprendre aussi à se poser, à se concentrer, à vivre en harmonie, à se respecter eux et les autres. Il s’agit de leur donner confiance en eux, envie d’apprendre, bref les aider à devenir des êtres intelligents si possible mais surtout qui savent vivre en harmonie et dans le respect de l’autre.
Des parents, des assistantes maternelles, des centres de loisirs interviennent pour mettre en place des ateliers chez eux ou au sein de leur structure, c’est très bien, mais hors apprentissage scolaire quel est le but ?
Stimuler à outrance les enfants ou simplement leur apporter les clés d’une vie en collectivité et en société saine, respectueuse, harmonieuse et bienveillante ce qui me semble être le leitmotiv de Céline ?
La finalité est-elle de faire des génies de tous les enfants, ce qui est impossible, ou de les aider à s’épanouir pour devenir “de bons adultes” ? On peut être bienveillant sans être un génie et à mon avis mieux vaut une personne normale et bienveillantes qu’un génie abject genre Steeve Jobs pour n’en citer qu’un et il y en a beaucoup. Trop d’intelligence ne rime pas toujours avec bienveillance.
A-t-on besoin de matériel pour apprendre aux enfants la gentillesse, la bienveillance, la solidarité ou la vie en collectivité ? Je ne pense pas.
La première des démarches à avoir à mon avis, avant de penser à des ateliers, est déjà de regarder les enfants, TOUS LES ENFANTS pas uniquement le sien, avec un autre regard. Toujours avoir à l’esprit que quand on regarde un enfant, qu’on interagi avec lui d’une façon ou d’une autre on contribue à sa socialisation et à son développement. Donc être souriant, doux et poli chaque fois qu’on s’adresse à un enfant, il reproduira ses comportements. Plus les adultes seront bons et justes avec les enfants meilleurs seront les enfants et de fait les adultes qu’ils deviendront et donc le monde dans lequel ils évolueront.
Beaucoup d’adultes ont une posture autoritaire quand ils demandent quelque chose à un enfant.
Exemple tout simple mais tellement courant : quand on demande à un enfant de dire bonjour c’est “Tu dis bonjour”, moi je dis “Tu veux bien dire bonjour”, c’est totalement différent. On n’impose pas, on suggère, on lui laisse le choix, c’est un pas vers l’autonomie il me semble. L’enfant a la possibilité de dire bonjour mais c’est lui qui décide et en général il dit bonjour ce qui n’est pas toujours le cas si on impose. “Tu donnes” est différent de “Tu veux bien donner”. Il me semble que Céline donne un exemple de ce genre dans une vidéo.
Combien d’adultes obligent les enfants à faire la bise pour dire bonjour ? Mais moi je ne fais pas la bise, je n’aime pas ça et j’ai le droit ça ne m’empêche pas d’être polie et de dire bonjour. Je trouve très violent d’obliger un enfant à faire la bise surtout à un inconnu. Avec les enfants il y a plein de petites actions anodines qui résonnent avec violence.
Toutes les personnes qui mettent ou envisagent la mise en place d’ateliers ont-elles commencé par analyser leur façon d’interagir avec les enfants ? Se sont-elles demandées si elles font toujours preuve de patience, de constance et de bienveillance avec les enfants ?
C’est la première étape à mon avis ; se lancer sans ces trois qualités est peut-être une erreur et avec les enfants on n’a pas vraiment droit à l’erreur. Si on n’a pas ces trois qualités il convient avant toute chose de faire un travail sur soi. Les enseignants et les professionnels n’ont pas toujours ces qualités de base.
Après, il faut faire une analyse de son projet. Pourquoi je veux mettre en place cette approche pédagogique, avec quel moyen financier et humain, etc. ? Il me semble qu’un des objectifs du livre et d’aider à se lancer.
Peut-être n’ai-je rien compris après tout ? Il s’agit peut-être tout simplement de suivre les lois naturelles de l’enfant pour pouvoir lui faire absorber un maximum de connaissances sans se soucier de ce qu’il en fera mais je ne crois pas.
Maria Montessori avait pour but de conduire les enfants vers un monde meilleur dont ils seraient les bâtisseurs et acteurs et j’ai cru comprendre qu’il en était de même pour Céline qui a la chance que n’avait pas Maria Montessori de vivre en 2017 et de profiter de moyens de communication et de diffusion bien supérieurs.
Pour en revenir au titre du sujet, je crains que si trop de personnes se mettent à faire tout et n’importe quoi il y ait des échecs préjudiciables pour les enfants qui desserviraient la pédagogie au lieu de la servir.
Je crains également que si l’éducation nationale ne s’empare pas assez vite de cette approche au moins pour la maternelle, des personnes bien ou mal intentionnées ne surfent sur la mode des pédagogies alternatives, qui semble se répandre, pour créer des écoles privées. Si trop d’enfants quittent l’école publique alors l’état fera encore moins d’efforts. Ceux qui resteront seront issus des milieux moins favorisés et la France perdra son école publique qui malgré tout ce que les médias tentent de nous faire croire reste encore de très bonne qualité pour un système gratuit il ne faut pas l’oublier, même s’il est un peu vieille France. Comme pour la santé nous aurons un système éducatif à deux vitesses.
C’est un cercle vertueux qu’il convient d’activer et non pas un cercle vicieux.
Bien à vous
Nadia